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BANQUE


contraire aux prescriptions de la morale : l’une et l’autre représentent un service onéreux qui mérite une juste rémunération. L’intérêt qui est le prix du loyer de l’argent, la commission qui est la rétribution d’un service rendu ne devront pas dépasser les limites du juste prix. L’n pratique et dans les circonstances ordinaires, il suffira de se conformer au taux courant en usage parmi le.- banquiers honnêtes.

Le banquier fait le commerce de l’argent, il est aussi souvent le mandataire de son client : il devra donc s’abstenir de toute manœuvre frauduleuse ou dolosive et ne pas nuire sciemment ou par imprudence aux intérêts de ses clients. Par conséquent il ne doit pas recommander des valeurs véreuses, avariées ou franchement mauvaises. Quand la banque émet elle-même une valeur, elle ne saurait, sans manquer à la plus élémentaire justice, tromper le public sur la qualité du titre. Comme elle a le même intérêt au succès de l'émission d’une mauvaise affaire qu'à celui d’une affaire excellente, la tentation est grande. Ne touche-t-elle pas dans un cas comme dans l’autre les mêmes commissions ? Bien plus, les commissions sont d’autant plus fortes que l’affaire présente plus d’aléa.

Les manœuvres frauduleuses ne sont pas rares dans les émissions de titres ou valeurs. Les syndicats de banquiers se chargent à forfait d’une grande quantité de titres. Attiré par une réclame retentissante, le public se presse aux guichets et n’obtient des titres qu'à un prix élevé. La société financière en garde la majeure partie dans ses caisses, elle fait publier que la souscription a été plusieurs lois couverte, le cours monte et les banquiers écoulent leur stock de titres à des prix très rémunérateurs.

Les banquiers sont souvent engagés dans des spéculations de bourse, mais alors leur intérêt peutse trouver en opposition directe avec celui de leurs clients. Si, par exemple, un grand établissement de crédit a pris position à la hausse sur une certaine valeur, il est de son intérêt qu’il y ait beaucoup d’acheteurs afin d’augmenter Ils différences en sa faveur. Dès lors le siège social donnera l’ordre de conseiller aux clients d’acheter. La banque joue ainsi contre ses clients et si elle est puissante, plus nombreuse est sa clientèle, plus elle a de chance de gagner. Mais, au moment où elle réalisera ses bénéfices, la baisse se produira au détriment des clients.

Les bénéfices importants que réalisent les sociétés de crédit proviennent des placements qu’elles opèrent, des spéculations auxquelles elles se livrent. Ces opérations offrant toujours des risques et parfois des dangers, la responsabilité du banquier vis-à-vis de ses clients : actionnaires, obligataires ou déposants, peut se trouver gravement engagée. En effet, les placements à long terme exigent une grande immobilisation de capitaux, et il faut prévoir le cas où les déposants viendraient en même temps réclamer leurs fonds. De plus, lorsqu’une société de banque souscrit ferme des titres qu’elle a l’intention de revendre, il peut arriver que le public refuse d’acheter. S’intéresse-t-elle dans des syndicats, dans des participations ? la liquidation peut être difficile. Si elle fournit des fonds à une société particulière pour la mettre plus tard en actions, le public, au moment de la souscription, ne restera-t-il pas sourd aux pressantes invitations qui lui sont faites'.' Dans tons ces cas et d’autres semblables, la banque n’a fait autre chose que d'échanger l’argent de ses actionnaires ou de ses déposants contre iln papier qu’elle ne peut pas vendre, immobilisant ainsi ses ressources disponibles. Alors, l’heure des responsabilités dangereuses a sonné, les bénéfices espérés s'évanouissent, les frais généraux continuent à courir, diminuant rare ni, el la situation devient grave.

Certains banquiers de bas étage, véritables aigrefins de la Qnance, promettent aux déposants des intérêts.ian tastiques : 20, 30, 40 p. 100 et même davantage. Ils ne peuvent réaliser de pareils bénéfices. Quand ils les réalisent, c’est en jouant à la Bourse un jeu effréné et souvent malhonnête. Aussi bien il n’est pas rare de les voir, après avoir servi pendant un certain temps les intérêts convenus, disparaître en emportant la caisse, ou échouer sur les bancs de la police correctionnelle. Confier son argent à des escrocs de ce genre, c’est coopérer à une mauvaise action et cela n’est pas permis. Rappelons ici que l'Église défend d’une manière toute particulière aux clercs de pratiquer le commerce, soit par eux-mêmes, soit par participation.

La haute banque internationale pèse d’un poids très lourd dans la vie politique et économique des nations, soit pour l'émission des emprunts, soit pour la conversion des dettes publiques, soit pour le paiement des emprunts ou indemnités de guerre. Maîtresse du crédit international, elle le dispense à son gré, à des conditions souvent draconiennes. On a vu de nos jours les barons de la finance ruiner des États par les emprunts à jet continu, faire échouer les émissions de rente dans certains États qui voulaient secouer leur joug, s’enrichir de la guerre et modifier à leur avantage les conditions de la paix. Par leur association qui s'étend sur toutes les places commerciales, par les capitaux considérables dont ils disposent, ils peuvent provoquer la hausse des valeurs ou des denrées, déterminer des crises monétaires en raréfiant l’or : ils sont les maîtres du marché mondial !

Les grands établissements modernes de crédit drainent les capitaux et les font aftluer dans le grand réservoir central qu’est le siège social à Paris ; en sorte ique la banque et le commerce de province deviennent île plus en plus exsangues. Les industriels et les commerçants ne trouvent plus le même appui qu’autrefois chez les banquiers particuliers dont cette concurrence a limité les profits. C’est ainsi qu’il devient difficile d’organiser en province une affaire industrielle ou commerciale exigeant un million, par exemple, avec les ressources locales ; il faut recourir aux grands établissements de crédit. Ceux-ci prélèvent de grands avantages qui sont une lourde charge pour l’affaire. Au point de vue social, la disparition du banquier local, connaissant parfaitement le milieu, inspirant confiance, conseiller, ami souvent, de ses clients, est certainement regrettable.

Les abus et les fraudes qui peuvent se commettre dans le commerce de banque, ne doivent point empêcher de reconnaître l’utilité et la nécessité de ces établissements ; il serait à la fois nuisible et injuste de réclamer la suppression de tous à cause de la faute de quelques-uns. Que la banque soit utile en répartissant le crédit, en faisant fructifier l'épargne des capitalistes les plus humbles, en procurant une circulation de capitaux plus intense et plus régulière, en facilitant enfin au commerce les recouvrements et les paiements, c’est une vérité qui ressort avec évidence de l’explication îles opérations de banque. D’autre pari, dans l’ordre économique actuel le crédit est l'âme de l’industrie et du commerce. Un organisme est donc nécessaire pour faire les avances, mettre le capital au service du travail ; cet organisme, c’est la banque.

I. Histoire de la banque.

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