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BANQUE


Terscs. Suivant le genre de transactions auquel ils se livraient, les banquiers de Grèce se divisaient en plusieurs catégories. Les trapézites avaient pour spécialité les dépôts, les comptes courants, les virements et autres opérations de caisse. D’autres s’adonnaient au change et à l’épreuve des monnaies, c’étaient les àp-fjpay-oiêo ;, appelés aussi xo/Xuêiaraî et y.ïpjj.oc : i<7Tac ; enfin le prêt d’argent, sous ses formes variées, revenait aux 8avei<rcat, Toxtoraî ou yyr, o-xi. D’ordinaire, le banquier grec ne travaillait point avec son propre capital, mais il faisait fructifier les dépôts qui lui étaient confiés ou bien empruntait des fonds aux capitalistes, il est à remarquer que dans toute l’antiquité, et en Grèce en particulier, la profession de banquier était frappée de discrédit et se trouvait abandonnée aux esclaves affranchis ou aux étrangers.

A Athènes, les trapézites avaient leur table dans X Agora ; sous leurs ordres se trouvaient des employés de plusieurs sortes : c’étaient d’abord les fondés de pouvoir, È-i/.af^asvo :, puis les délégués à certaines affaires particulières, les Trps76e’jTa’!, enfin les serviteurs ordinaires, jcaîSeç, recrutés dans la classe des esclaves.

Que la lettre de change, sous sa forme juridique actuelle, ait existé en Grèce, c’est extrêmement douteux, il n’en est pas moins certain qu’on faisait usage de lettres de crédit permettant d’éteindre les dettes et de transporter de l’argent au loin. A côté des banques privées, se fondèrent de bonne heure des banques d’État, 8ï)|/.otna zçiâiiiÇyL ; on en rencontre à Athènes, Cyzique, llion, Tinos. Les temples eux-mêmes faisaient aux banques particulières une concurrence redoutable. Les riches sanctuaires de Delphes, d’Éphèse, de Délos et de Samos engageaient dans des entreprises publiques ou privées une partie des capitaux considérables formant Je trésor du temple.

Egypte.

Dans le pays des Pharaons, la banque

fut très florissante sous le règne de Ptolémée ; elle avait adopté l’organisation grecque. Un assez grand nombre de banques d’État étaient répandues sur toute la surlace « lu territoire : à Thèbes, Diospolis la Grande, Hermonithes, Memphis, Arsinoé, etc. A la tête de ces établissements est placé un directeur, rpaitsÇfrriï, parfois on en compte plusieurs qui se remplacent chaque année. Le directeur a sous ses ordres un sous-directeur, ô uapa, et un fondé de pouvoir, 6 /eipiarr) ;.

Home.

Le plus ancien vestige des banquiers à

Rome se trouve dans le fait de la concession des tabernse, au forum, qui leur fut accordée en 210 avant J.-C. Appelés par Plante trapezitx ou danistæ, ils reçurent ensuite le nom d’argentarii. L’emplacement assigné’sur le forum aux bureaux, tabernse, des banquiers était compris entre le temple de Castor et la basilique Julia ; de là ces désignations que l’on rencontre dans les inscriptions latines : Argentarius post sedem Castoris ab sex areis, de foro vinario, nunimularius de Circo Flaminio, de basilica Jidia, etc. L’établissement de banque n’était pas, comme de nos jours, désigné par le nom du propriétaire, la firme ou la raison sociale, mais les Romains considéraient l’industrie comme incorporée à la taberna. On retrouve cette substitution verbale dans les formules qui expriment la banqueroute : a foro cedere, abire, mergi, a foro fugere.

Comme en Grèce, on distinguait à Rome plusieurs catégories de banquiers. Les mensarii, fis mensularii sous l’empire remplissaient les fonctions du tpaweÇiT » ic, les nummularii, comme les âpYupafio160(, étaient chargés du change et du contrôle des monnaies. Le cycle (fis affaires de banque, à Home, comprenait le change des monnaies, la garde et la fructification des dépôts d’argent, les diverses opérations de caisse et les comptes courants. Le transport de fonds à distance pouvant s’effectuer par la permulalio pecuniæ, ou le

receptutn argentarii, sortes de lettres de crédit assez semblables à la lettre de change actuelle. Les banquiers taisaient encore aux Romains somptueux ou besogneux des prêts d’argent sur gage ou sur signature.

Une caractéristique du commerce de banque à Rome, c’est la législation et la jurisprudence rigoureuse et détaillée à laquelle était soumise cette profession.

L’État romain n’établit pas, comme cela se faisait en Orient, des banques publiques, mais, dès le temps de l’empire, il exerçait sur les banquiers un contrôle sévère. Sous l’empereur Adrien, les argentarii et les nummularii furent confiés à la juridiction du prsefectus urbis.

il. MOYEN AGE. — L’invasion des barbares, en même temps qu’elle faisait disparaître en grande partie le commerce et l’industrie, anéantit sur toute la surface du vieux monde romain l’organisation llorissante des banques. Cependant, la multiplicité inextricable des monnaies, le fréquent changement de cours, les empreintes douteuses, le titre variable, tout cela exigeait dans les règlements de compte des personnes compétentes, ce furent les changeurs de profession qui firent revivre l’industrie de la banque. Pendant longtemps, le commerce de banque fut restreint exclusivement au change des monnaies.

Avec les croisades, le commerce et les affaires de crédit prennent un développement considérable. Celte évolution amène la formation d’une classe spéciale de prêteurs d’argent, l’institution des dépôts et la circulation de l’argent par la lettre de change. Les premiers prêteurs de profession furent les juifs ; l’usure, défendue aux chrétiens, était pratiquée par les fils d’Israël qui, toujours tolérés par l’Église, se voyaient pillés ou protégés par les seigneurs féodaux, suivant les intérêts ou les nécessités du moment. Pendant longtemps, les juifs gardèrent le monopole du commerce de l’argent ; mais, peu à peu, la concurrence se dressa contre eux du côté des chrétiens. Elle prit naissance en Italie, où le commerce était llorissant. D’autre part, les Italiens étaient les banquiers de la cour romaine, pour centraliser et faire rentrer les revenus du saint-siège. C’est à Gènes que se fondèrent les premières banques et de là se répandirent dans d’autres villes d’Italie. Dès lexiie siècle, les changeurs de Gênes prennent le nom de banchieri et, graduellement, étendent leurs opérations à toutes les affaires de change et de crédit qui constituent la banque moderne. Vers le xiie siècle, ils poussent leurs transactions au delà des Alpes. Ce furent d’abord les habitants des villes de Lombardie, ensuite ceux de Cahors, qui furent les fournisseurs attitrés du crédit en France, en Angleterre, en Allemagne. Pendant longtemps le nom de « Lombards » ou de « Cadurciens » désigna les manieurs d’argent. Ceux-ci furent remplacés au xiiie siècle par les Toscans et au xive par les Florentins. Mais il est curieux d’observer que le nom des fondateurs de la banque est resté’attaché au grand centre du crédit mondial qu’est actuellement le Lombard-Street de Londres.

Grâce aux nombreux dépôts qui affinaient dans leurs succursales, les banquiers italiens purent, au xiv 8 siècle, prêter de grosses sommes d’argent aux rois de France et d’Angleterre. A la fin du moyen âge, tandis que le juif était relégué dans le crédit inférieur — crédit à la petite semaine, crédit sur bardes et sur meubles — la puissance de l’argent s’incarnait dans les.Médicis pour y demeurer jusqu’au xvi° siècle.

/II. xvi » siècle. — Les grandes découvertes géographiques du xvie siècle eurent pour résultat de transporter le centre du trafic d’exportation de la Méditerranée à l’Océan atlantique. Dès lors, le commerce de l’argent et du crédit prit un essor considérable et brisa toutes les barrières dont il avait été entoure au moyen âge. A celle croissance trop rapide du mouvement des