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CAJÉTAN

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néralice de Cajetan se rattachent à l’histoire du temps et l’on doit les signaler pour mémoire. C’est ainsi qu’il eut à intervenir dans les affaires de la congrégation de Saint-Marc de Florence à la suite du mouvement créé par l’action de Jérôme Savonarole, A. Gherardi, Nuovi documenlie studi inlorno a Girolamo Savonarola, Florence, 1887, p. 336 ; dans le meurtre judiciaire des dominicains de Berne, G. Rettig, Bie Ùrkunden des Jetzcrprozesses (Archiv des historischen Vcreins des Kantons Bern, Berne, 1886, t. xi) ; N. Paulus, Ein Justizmord an vier Bominikanern begangen. Aktenmâssige Bevision des Berner Jetzerprozesses vom Jahre 1509, Francfort, 1897 ; R. Steck, Der Berner Jetzerprozess (1507-1509) in neuer Beleuchtung, Berne, 1902 ; dans la querelle des humanistes avec les théologiens de Cologne, N. Paulus, Bie deutschen Bominikaner im Kampfegegen Luther (1518-1563), Frihourg-en-Brisgau, 1903, p. 89. Ce fut Cajétan qui fournit au roi d’Espagne Ferdinand, par l’intermédiaire de Jules II, les premiers missionnaires espagnols qui partirent pour l’Amérique et en commencèrent l'évangélisation. V. M. Fontana, Monumenta dominicana, Rome, 1675, p. 410 ; A. Touron, Histoire générale de l’Amérique, Paris, 1769, t. i. p. 213 ; A. Rose, Les dominicains en Amérique, Paris, 1878. Enfin, pendant le concile de Lalran (1512-1517), les prélats témoignant de leur mauvais vouloir à l'égard des ordres mendiants, ceux-ci remirent au maître général des frères prêcheurs leurs intérêts et le soin de leur défense, ce dont Thomas de Vio s’acquitta avec succès, mais non sans difficulté. Martène, Amplissima collectio, t. iii, col. 1264-1267.

Le généralat de Cajétan fut pour l’ordre dominicain un des plus féconds, et son successeur, Garcia de Loaysa, pouvait dire en prenant possession de sa charge : Predecessor quantus extiterit et nostis et novi. 1s enim collapsum ordincm sapienlia, virtute et prudentia instauravit, ut præclara ejus gesta omittam, qui : commune Ecclesisecommodum attulerunt, elntulto amplius expectantur allatura, cum dignis ejusdem meritis ad senatum illum supremum eveclus est. Prxfuit is ut diligentissimus pater, lotis incumbens viribus subditorum saluli atque titititali ordinis, ob quod et satis et opus fore mihi non dubilo ejus semper inhserere vestigiis, et csepta sectari ; atque utinam mihi desuper concedatur ut dignus inveniar tanti patris ac ducis operum emulator, ut ordinem ab eo ereclum servare, ab eo tutatum manutenere, ac décore ditatum sub ejusdem alis servare valeam. Monum. ord. præd. Itisl., t. ix, p. 157.

3° Le conciliabule de Pise-Milan (1511-1512) et le concile de Lalran (1512-1517). — La politique de Jules II à l'égard de Venise lui ayant aliéné la France et l’empire, Louis XII et Maximilien se prévalurent du serment fait par Jules II, le jour de son élection, de convoquer un concile dans l’espace de deux ans, pour le sommer, à la fin de 1501, de tenir sa parole. Cette tentative d’intimidation n’ayant pas abouti, cinq cardinaux rompirent avec le pape et convoquèrent (16 mai 1511), de concert avec le roi de France et l’empereur, un concile qui de-~ vait s’ouvrir à Pise le 1 er septembre. Il n’y tint que trois sessions du 4 au 12 novembre. Paquier, Jérôme Aléandre, p. 59.

En présence de ce mouvement schismatique, Jules II consulta le maître général des frères prêcheurs pour savoir quelles mesures il devait prendre. Cajétan lui conseilla de lutter contre le synode de Pise, et de convoquer lui-même un concile. Flavius, op. cit., p. 901. Dans cette entreprise, acceptée par Jules II, Thomas de Vio prêta au pape le plus utile appui. Dès le 6 septembre 1511, il adressait à tout l’ordre une circulaire par laquelle il défendait, sous les peines les plus graves à tous ses religieux de prêter leur concours aux entreprises schismatiques de Pise. Begistre de Cajétan,

fol. 55. Il envoyait d’ailleurs au couvent dominicain de Sainte-Catherine, le plus influent de Pise, plusieurs religieux de valeur, qui organisèrent la résistance contre le conciliabule. Ils furent assez heureux pour entraîner les autres réguliers et le clergé séculier lui-même. Le concile dut quitter Pise et se transporter à Milan. V. Marchese, Scritti vari, Florence, 1860, t. i, p. 356.

Cajétan, de son côté, attaqua vigoureusement les prétentions de l’assemblée de Pise par son traité Auctoritas papæ. et concilii sive Ecclesise comparata, Rome, 19 novembre 1511. Le coup porta. Le 10 janvier 1512 les prélats, rassemblés à Milan, déférèrent l'écrit de Cajétan à l’université de Paris pour en obtenir la condamnation ; et le 19 février, le roi de France appuyait leur demande. On désigna une commission pour procéder à cet examen, mais les délégués ne purent se mettre d’accord. Un jeune docteur, Jacques Almain, entreprit la réfutation de Cajétan avec son Libellus de auctoritate Ecclesise, Paris, 1512. Cajétan y répondit aussitôt par son Apologia tractatus de comparata auctoritate papee et concilii, Rome, 29 novembre 1512. Paquier, op. cit., p. 59. La faculté de théologie de Paris ne procéda pas, contrairement à ce que l’on dit d’ordinaire, à la condamnation de l’ouvrage de Cajétan. Elle prit connaissance, le Il juin 1516, des lettres du roi de France, qui lui enjoignaient de ne pas s’occuper davantage de l’ouvrage de Thomas de Vio. Elle déclara respectueusement surseoir à l’affaire. L. Delisle, Notice sur un registre des procès-verbaux de la faculté de théologie de Paris pendant les années 1505-1533, Paris, 1899 (Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxxvi), p. 39.

Jules II convoqua un concile à Latran pour le 19 avril 1512. Ainsi que nous l’avons indiqué plus haut, le maître général des frères prêcheurs eut à y défendre contre les prélats les intérêts des ordres religieux qui l’avaient commissionné à cet effet. Dans la solennité de la seconde session, le 16 mai 1512, Cajétan prononça un discours devant le concile. Après avoir répudié les entreprises schismatiques de Pise, il arrêta ses regards sur le concile de Latran, et fit entendre de graves vérités aux Pères. Elles témoignent chez l’orateur d’une connaissance claire des besoins de l'Église de son temps, de beaucoup d’indépendance, et d’un sentiment très vif des dangers que courait alors la société ecclésiastique. « Et maintenant, disait-il, je ne puis en aucune façon merallier à ceux des Pères qui, ayant entendu le seul nom de concile, estiment aussitôt qu’ils ont fait une œuvre sainte et utile… Nous sommes en un temps où l’on attend et où il est nécessaire de faire beaucoup : par-dessus tout, réformer l'Église, restaurer les mœurs déchues, étouffer les commencements de schisme, convertir les infidèles, ramener les hérétiques, fortifier les bonnes lois et les sanctions qui intéressent toute la chrétienté… Il faut, mes Pères, pourvoir à ces choses avec application ; il faut les établir rapidement et avec un soin extrême : aujourd’hui je ne puis dissimuler ces exigences, ni sous aucun prétexte les passer sous silence. » Opuscula, t. iii, tr. I, orat. vi.

Cajétan intervint encore dans les affaires du concile à l’occasion du décret de condamnation de l’averroïsme et de la question de la conception immaculée de la B. Vierge Marie. Nous signalons pour mémoire la délégation que Thomas de Vio avait reçue du duc Georges de Saxe (9 lévrier 1513) de le représenter au concile. Brieger’s Zeilschrift fur Kirchengescliichte, t. iii, p. 603, 606 ; W. Buddee, Nikolaus von Schônberg, Greisswald, 1891, p. 3.

4° Cajétan cardinal (1517) et légat pontifical en Allemagne (1518-1519). — Cajétan ne put achever de gouverner l’ordre des frères prêcheurs jusqu’au chapitre de la Pentecôte de 1518. Le cardinal Alexandre Farnèse envoyé le 3 mars comme légat en Allemagne, étant