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CABADOS Y MAGI, religieux espagnol de l’ordre de Notre-Dame de la Merci, mort le 25 septembre 1797, fut professeur à l’Académie de Valence et publia Institutiones theologicae in usum tironum, 4 in-4o, Valence, 1784.

Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1895, t. iii, col. 257.

B. Heurtebize.

CABALE. — I. Travaux sur la cabale. II. Nature, objet, méthode, histoire. III. Principaux documents. IV. Doctrine. V. Critique.

I. Travaux sur la cabale. — L’existence de la cabale n’a été connue qu’à la fin du xiiie siècle, par la publication du Zohar ; mais, pour diverses raisons, sa vraie nature et son objet propre sont restés très longtemps ignorés. Dès son apparition, en effet, elle excita l’étonnement et l’admiration de la plupart des savants de l’époque, chrétiens ou juifs, et fut très diversement appréciée. Aux yeux des uns, elle passa pour une science extraordinaire sinon supérieure à tous les systèmes philosophiques connus ; car, par certains côtés, elle rappelait les plus hautes spéculations de l’Orient, de la Grèce et d’Alexandrie. Aux yeux des autres, elle avait dû jouer un rôle dans l’introduction du christianisme dans le monde, et elle conservait encore assez d’efficacité pour faciliter à la raison l’acceptation de la foi. Beaucoup n’y virent qu’un jeu propre à amuser ou une source d’exploitation de la crédulité publique. Cette diversité d’appréciations provenait d’un examen trop rapide et trop superficiel ou de vues intéressées et apologétiques. Et c’est faute de n’avoir pas soumis tous les documents à une étude approfondie, objective et critique, qu’on ne parvint pas à saisir ce qu’elle est en réalité et qu’on n’en retint pour des siècles qu’une notion incomplète et erronée.

Le premier qui signala l’existence de la cabale à l’Europe chrétienne, R. Lulle (✝ 1315), la salua comme une espèce de révélation divine, la prit pour la clé des sciences occultes et la crut destinée à rendre les plus grands services à la cause catholique. Ars magna. Valence, 1515 ; De auditu kabbalistico, Paris, 1578. Ce dernier sentiment fut partagé par Marsile Ficin (✝ 1495) qui, au début de la Renaissance, se sentit attiré par les idées platoniciennes et néoplatoniciennes qu’elle renferme, et par Pic de la Mirandole (✝ 1494) qui, rêvant d’un accord parfait à établir entre la philosophie et la révélation, crut son rêve réalisé par cette science nouvelle. Conclusiones cabalisticæ, Rome, 1486. Pour Jean Reuchlin (✝ 1522), elle forme avec le pythagorisme la source où les anciens docteurs avaient puisé la sagesse ; car il découvre une étroite filiation entre ses doctrines et l’enseignement de Pythagore, De arte cabalistica, Haguenau, 1517, et il prétend que toute philosophie religieuse procède des livres hébreux. De verbo mirifico, Bâle, 1494. Le juif converti Paul Ricci soutient dans son Isagoge in cabbalistarum eruditiones et introductoria theoremata cabbalistica, que la cabale, existant déjà du temps de Notre-Seigneur, prépara la voie au christianisme naissant ; il la prône dans son De agricultura cælesti comme un excellent instrument de conversion pour ses anciens coreligionnaires et il s’efforce de démontrer aux talmudistes que tous les dogmes chrétiens se trouvent dans l’Ancien Testament. En fait, plusieurs juifs attribuèrent leur conversion aux révélations de la cabale.

Ce qui contribua encore à égarer l’opinion, ce fut le travail des cabalistes modernes qui, attachés à la lettre beaucoup plus qu’au fond de la doctrine, se servirent de la cabale pour étayer leurs propres théories. Partagés, à partir du xvie siècle, en deux écoles rivales, fondées en Palestine, l’une par Moïse Cordovero, l’autre par Isaac Luria (Louria ou Loria), ils délaissèrent de plus en plus les spéculations de pure métaphysique au profit d’une thaumaturgie fantastique et puérile. Ces deux chefs d’école furent, par leurs rêveries, « la source d’une nouvelle littérature cabalistique encore plus riche en apocryphes et en ténébreuses divagations que l’école du XIIIe siècle. La cabale, comme un poison subtil, se glissa dans les veines du judaïsme et l’infecta tout entier. » Th. Reinach, Histoire des Israélites, Paris, 1884, p. 221. Cordovero et Luria exercèrent une influence aussi considérable que néfaste dans les divers domaines de la théologie, de la philosophie, des sciences occultes et du mysticisme ; ils accaparèrent l’attention du monde savant. Et trop souvent c’est à travers leurs œuvres que les catholiques, comme les juifs, apprirent à connaître et se mirent à juger la cabale, au lieu de recourir à un examen direct des documents et de consulter les cabalistes primitifs, particulièrement ceux qui vont de Saadia ben Joseph (✝ 942) à Nachmanide (✝ 1270). Aussi, à côté d’aperçus curieux et de rapprochements suggestifs, combien d’appréciations, de jugements, d’hypothèses, divergents ou contradictoires, au milieu desquels on cherche vainement la réponse à la question de savoir ce qu’était réellement la cabale !

D’un autre côté, par les combinaisons bizarres de nombres et de lettres qu’offre parfois la cabale, les illuminés, les mystiques, les théosophes, les partisans de l’occultisme, l’exploitèrent comme une mine. Agrippa de Nettesheim (✝ 1535) y puisa pour son De occulta philosophia, Anvers et Paris, 1533. L’alchimiste Paracelse (✝ 1541) l’introduisit dans le domaine de la médecine et l’appliqua, concurremment avec l’astrologie, à l’étude de la physiologie humaine. Jacob Bœhme (✝ 1621), Robert Fludd (✝ 1637) et Van Helmont (✝ 1644) en firent le point d’appui de leur théosophie.

Des efforts cependant avaient été tentés pour pénétrer le secret de la cabale. Pistorius (✝ 1608), par exemple, entreprit une vaste enquête sur les œuvres des cabalistes ; malheureusement il la laissa inachevée. Son Artis cabalistiæ… scriptorum, Bâle, 1587, renfermait certaines œuvres de cabalistes modernes, telles que le De agriculturade Ricci, p. 1-195 ; le De arte cabalistica et le De verbo mirifico de Reuchlin, p. 609-730, 873-979 ; un commentaire des thèses de Pic de la Mirandole sous ce titre : Archangeli minoritæ interpretationes in selectiora cabalisticarum dogmata ex commentationibus Pici Mirandulani excerpta, p. 735-868.