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BAIUS


l’année suivante, comme dans sa déclaration de 1569 ; plaintes qui n’eurent pas d’écho ; car, si l’intention n’était pas hérétique, l’erreur D’en était pas moins grave et dangereuse, puisqu’elle tendait à détruire la vraie notion du sacrilice proprement dit. liellarinin, Refutatio Bail, fol. 247 sq. ;.De eucharistia, 1. Y, c. n ; Linsenmann, op. cil., p. 2tô sq.

IX. PROPOSITIONS RELATIVES A LA SATISFACTION ET AUX PBINES TEMPORELLES.

10. Solutio pceriae temporalis, L’acquittement de la peine

quæ i »Ccato dimisso sœpe matemporelle, qui demeure sou iii t. et corporis resurrectio vent après le pardon du péché,

proprie nonnisi meritis Christi et la résurrection du corps ne

adscribenda est. De meritis doivent être proprement attri operum, 1. I, c. IX. bues qu’aux mérites de Jésus-Christ.

50. Quando per eleemosynas Quand, par nos aumônes et

aliaque pœnitentiæ opéra Deo nos œuvres de pénitence, nous

satisfacimus pro pœnis temposatisfaisons à Dieu pour les

ralibus, non dignum pretium peines temporelles, nous ne lui

Deo pro peccatis nostris offerioffrons pas une digne compen mus, sicut quidam errantes ausation pour nos péchés, comme

tumant (nain alioqui essenms, quelques-uns le pensent à tort :

saltem aliqua ex parte, reautrement, nous serions en

demptores) ; sed aliquid faciquelque façon nos rédemp mus, cujus intuitu Christi sateurs ; mais nous faisons des

tisfactio n<iliis applicatur et œuvres en vue desquelles la

communicatur. De indulgensatisfaction de Jésus-Christ

tiis, c. vin ; Baiana, p. 113. nous est communiquée et appliquée.

60. Per passiones sanctorum Nos péchés ne sont pas pro in iinlulgenliis comniunicatas prennent rachetés par les souf non proprie redimuntur nostra fïances des saints qui nous

delicta ; sed per communionem sont communiquées par les in charitatis nobis eorum passiodiligences ; mais leurs souffran nes impertiuntur, ut digni sices nous sont appliquées par

mus, qui pretio sanguinis la charité qui nous unit à eux,

Christi a pœnis pro peccatis afin que nous soyons dignes

debitis liberemur. De induld’être délivrés, par le prix du

gentiis, ibid. ; Baiana, p. 114. sang de Jésus-Christ, des peines dues à nos péchés.

77. Satisfactiones laboriosæ Les satisfactions laborieuses

justilicatorum non valent exde ceux qui ont été justifiés ne

piare de condigno pœnam tempeuvent pas expier de condi poralem restantem post culpam gno la peine temporelle qui

condonatam. Baiana, p. 123. reste après la rémission delà coulpe.

Toutes ces propositions se rapportent à une idée que Baius développe dans le chapitre vin du traité De indulgentiis. Il se demande en quel sens on peut dire que les indulgences sont accordées par les mérites des saints, ceux-ci n’étant pas rédempteurs. Il ne faut point entendre par là, répond-il, qu’aucun saint puisse être auprès de Dieu propitiation pour nos péchés, qu’il puisse mériter en justice, justo judicio, que nos péchés nous soient réunis ; car Jésus-Christ est l’unique rédempteur et sa passion seule est un juste prix pour nos péchés. Mais Dieu attache la rémission des péchés et des peines temporelles aux mérites des saints et aux œuvres satisfuctoires des justes, comme Jésus-Christ attachait les guérisons corporelles à la foi des malades. Viennent alors les propositions 59* et GO, dont les deux autres ne sont qu’une expression différente. Pour mieux comprendre la pensée di l’auteur, il est hon de connaître ce qu’il dit, dans sa grande apologie, pour défendre la proposition 10e : « Pour pouvoir parler proprement de récompense, il faut un mérite de condigno absolument indépendant ; » ce qui ne saurait se dire des mérites des saints ou des œuvres expiatoires des justes, d’après la doctrine même du concile de Trente, sess. XIV, c. VIII. Den/.inger, Enchiridion, n. 783.

Il est étonnant d’entendre Baius invoquer l’autorité du concile de Trente, non pour en appuyer l’enseignement, mais pour le méconnaître et le dénaturer. Sans doute, c’est par Jésus-Christ et en Jésus-Christ que tout homme mérite et satisfait, et pour cela même nous ne

sommes jamais, même partiellement, nos rédempteurs ; mais il n’en est pas moins vrai que les bonnes ouvres, appuyées sur les mérites et les satisfactions de l’unique rédempteur, ont elles-mêmes une valeur intrinsèque dans l’ordre du mérite et de la satislaction. Et quand ces bonnes œuvres se trouvent jointes aux conditions voulues, rien ne s’oppose à ce qu’elles soient une juste compensation pour la peine temporelle due au péché pardonné, et par conséquent à ce qu’elles aient une valeur méritoire ou satisfactoire de condigno. En exigeant que la valeur même des actes soit indépendante de tout autre principe, Baius a confondu avec la simple satisfaction de condigno ce qu’on appelle satisfaction en toute rigueur de justice ; ou bien encore, il a confondu le mérite et la satisfaction qu’on a par sa propre vertu avec le mérite et la satisfaction qu’on a par participation à la vertu d’un autre, Jésus-Christ dans le cas présent. Du reste, par suite de ses idées erronées sur le fondement du mérite dans l’état présent comme dans l’état de justice originelle, le docteur lovaniste ne pouvait pas concevoir cette valeur intrinsèque que les bonnes œuvres des justes doivent à la grâce de Jésus-Christ, les pénétrant en quelque sorte et les informant dans l’ordre du mérite et de la satisfaction. La doctrine catholique lui devenait, sur tous ces points, inintelligible. Corps de doctrine, c. Xiv, Baiana, p. 180 sq. ; Bellarmin, De pœnitentia, 1. IV, c. vu sq. ; Vasquez, Comment, in Sum. tlieol., III a, q. xciv, a. 1, dub. 3.

72. Omnes omnino justorum affiietiones sunt ultiones peccatorum ipsorum : unde et Job et martyres, quæ passi sunt, propter peccata sua passi sunt. Annot., 16, in Censur. Sorbon.

Baiana, p. 120.

73. Nemo, praiter Christum, est absque peccato originali : hinc Beata Virgo mortua est propter peccatum ex Adam contractum, omnesque ejus

Toutes les afflictions des justes, sans exception, sont des châtiments de leurs péchés ; ainsi ce que Job et les martyrs ont souffert, ils l’ont souffert pour leurs péchés.

Personne, excepté Jésus-Christ, n’est exempt du péché originel ; la sainte Vierge est donc morte à cause du péché qu’elle avait contracté en affiietiones in bac vita sicut et Adam, et toutes les afflictions aliorum justorum fuerunt ultioqu’elle a éprouvées ici-bas, ont nés peccati actualis, vel origi- été pour elle, comme pour les nalis. Ibid. ; Baiana, p. 121. autres justes, des châtiments

du péché actuel ou originel.

Ces deux propositions se trouvent parmi celles qui furent déférées aux universités de Paris d’abord, puis d’Alcala et de Salamanque. Les remarques de Baius sur la censurede la Sorbonne montrent qu’il avait enseigné, ou du moins qu’il tenait cette doctrine, puisqu’il la défend, comme il le lit encore plus tard dans l’apologie adressée à Pie V. Baiana, p. 26 sq., 120 sq. L’important est de déterminer sous quel rapport elles ont été condamnées. Un point est incontestable ; elles l’ont été du moins pour celle thèse absolue, énoncée d’une façon générale dans la proposition 72e et appliquée à la très sainte Vierge dans la proposilion l’A', que toutes les afflictions des justes sont les châtiments de leurs péchés. Pour parler avec Suarez, « on ne peut dire sans témérité que toutes les afflictions des justes, des martyrs, de Job lui-même, ont été la punition de leurs fautes ; c’est là une assertion sans fondement et, qui plus est, contraire aux saintes Ecritures. Le péché originel est bien d’une certaine façon l’origine et la causede toutes les pénalités de cette vie, en ce sens qu’il a mis l’homme dans l’état de passibilité ; mais il ne s’ensuit pas que toutes nos. afflictions ici-bas sdient proprement la peine de ce péché, surtout quand il a été remis. Il est également feu* qu’elles soient toujours la punition de péchés actuels ; Dieu en envoie souvent ou en permet, dans la disposition secrète de sa providence, non pour punir des péchés commis, mais pour (’prouver la patience, comme ce l’ut le cas de Tobie et surtout de Job, ou pour manifester ta