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BULGARIE

lement fermé pendant la guerre. Rouvert en 1878 et refermé de 1880 à 1883, il vit bientôt le cycle des études monter de trois à quatre et à cinq ans pour redescendre ensuite à quatre. Depuis 1894, le séminaire de Samokof, qui est le seul établissement d’instruction cléricale en Bulgarie, est passé sous l’autorité du saint-synode, alors qu’il dépendait jusque-là du gouvernement. Il rereçoit des élevés payants et des boursiers ; tous vivent dans la pension et portent l’uniforme. Le cycle des études comprend quatre classes et dure normalement quatre ans ; on n’est pas reçu après l’âge de 18 ans. A la rentrée de septembre 1901, le séminaire comptait 188 séminaristes, dont 113 boursiers contre 75 payants ; les premiers seuls sont tenus d’embrasser l’état ecclésiastique, mais, comme les ordres sont conférés au plus tôt à 27 ans, tous sont loin de garder fidèlement leurs promesses. Du reste, le séminaire de Samokof est appelé d’ici peu de temps à disparaître.- Le 13 avril 1902, en présence de S. A. le prince Ferdinand Ier et des principaux dignitaires de l’Église bulgare, a été posée à Sofia la première pierre du futur séminaire bulgare, qui doit remplacer prochainement celui de Samokof. Voir l’article très documenté L’école théologique de Bulgarie, dans les Échos d’Orient, 1903, t. vi, p. 74-82, qui donne l’historique de ce séminaire avec le programme détaillé de son enseignement. Le séminaire de Chichli, à Constantinople, qui est destiné à favoriser le recrutement du clergé bulgare pour les églises comprises dans la Turquie d’Europe, date de 1884. Il se trouvait alors à Prilep en Macédoine ; de là, il émigra en 1889 à Andrinople et l’année suivante à Constantinople, dans le quartier du Pbanar, où se trouve la cathédrale de l’exarque. En 1892, les études étaient perfectionnées et les cours distribués en six années. Vers 1894, le séminaire quittait les rives de la Corne d’Or pour s’installer sur les collines de Chichli, dans une demeure véritablement princière. C’est là qu’il se trouve encore à l’heure actuelle, comprenant une centaine de séminaristes, soumis à l’autorité directe de l’exarque et suivant les programmes de théologie en usage dans les séminaires russes.

Deux séminaires, n’ayant pas même 280 étudiants, dont la moitié à peine embrasse l’état ecclésiastique, on trouvera sans doute que ce n’est guère suffisant pour une Église qui comprend plus de quatre millions de fidèles. Encore si les études étaient proportionnées aux besoins de l’époque ! Mais que peut-on apprendre en trois ou quatre ans de séminaire, sans avoir reçu une formation préalable ? Aussi, ne faut-il pas s’étonner que le clergé bulgare soit resté au-dessous de sa mission et qu’il perde chaque jour un peu de la considération que le peuple avait pour lui. Les offices religieux ne sont plus suivis, les jeûnes ecclésiastiques ne sont pas observés, le monde officiel affiche envers la religion une indifférence méprisante, quand ce n’est pas une hostilité déclarée. Grâce aux innombrables gymnases de l’État, impies et révolutionnaires, l’athéisme pénètre les masses et l’on a vu les instituteurs de tout un département se réunir on congrès, en 1902, et voter la destruction de toute religion. L’athéisme des instituteurs bulgares, dans les Échos d’Orient, 1903, t. vi, p. 332-335. En dehors des livres liturgiques et de quelques ouvrages d’apologétique, le clergé n’a rien produit et se tient à l’écart du mouvement intellectuel qui révolutionne les masses. Il y a pourtant quelques bonnes revues, dont l’existence est aussi éphémère que celle des feuilles, et quelques bons journaux. Mentionnons, parmi les revues, les Vesti (Nouvelles), organe de l’exarchat, depuis 1890 ; le Tcerkoven Vestnik, organe du saint-synode, depuis 1900 ; le Svetnik, depuis 1888 ; le Pravoslaven Propovednik, depuis 1893 ; le Zadroujen Troud, depuis 1902. Enfin, n’oublions pas une entreprise de longue haleine, due aux soins du saint-synode : la traduction de toute la Bible, faite sur la version russe des Écritures de 1876, et destinée à remplacer la version bulgare, faite sur la Bible protestante qui remonte à une vingtaine d’années. Voir Traduction bulgare de l’Écriture sainte, dans les Échos d’Orient, 1901, t. iv, p. 245-247.

XIII. Statistiques religieuses. —

L’exarchat bulgare, se trouvant compris à la fois dans la principauté de Bulgarie et dans l’empire ottoman, nous allons successivement indiquer la situation qu’il occupe présentement dans ces deux Etats, d’après les statistiques les plus récentes qu’il nous a été possible de réunir. Ce faisant, nous donnerons par la même occasion les chiffres de la population qui reviennent aux divers cultes pratiqués aujourd’hui en Bulgarie.

1° La superficie totale de la principauté de Bulgarie s’élève à 95 704 kilomètres carrés, dont 62 789 pour la Bulgarie du Nord et 32 915 pour la Roumélie orientale. D’après le dernier recensement, paru à l’Officiel du 10 mai 1903, la Bulgarie compterait 3 744 283 habitants, ce qui représente une moyenne de 38 habitants par kilomètre carré. Cette population se subdiviserait ainsi d’après la nationalité : Bulgares : 2 887 860 ; Turcs : 539 656 ; Tziganes : 89 549 ; Roumains : 75 235 ; Grecs : 70 887 ; Juifs : 32 573 ; Tatares : 18 856 ; Arméniens : 13 926 ; divers : 15 741.

D’après la religion, la population bulgare comprendrait : 3 019 296 orthodoxes, qui se subdivisent en plusieurs groupes ; 48 024 chrétiens, distincts des orthodoxes, comme catholiques, arméniens, protestants, etc. ; 643300 musulmans et 33 663 israélites. Le tableau qui suit donnera une idée d’ensemble :

Bulgares orthodoxes 
2 842 650
Roumains orthodoxes 
75 155
Grecs orthodoxes 
70 759
Orthodoxes de diverses nationalités 
30 732
Catholiques latins et uniates 
28 569
Protestants 
4 524
Arméniens grégoriens 
13 809
Musulmans turcs, tatares, etc. 
613 300
Israélites 
33 663
Divers 
1 112

D’après une statistique de 1897, voici quel serait l’état respectif de ces différents cultes, par rapport au nombre d’églises, de chapelles, de prêtres, etc. ; j’y ajoute le chiffre de la population, pour que le lecteur ait une vue d’ensemble :

fidèles. églises. chapelles. monastères. prêtres. moines. religieuses.
Bulgares 
Grecs 
Roumains 
Catholiques 
Arméniens 
Protestants 
Musulmans 
Israélites 

2 842 650
70 759
69 959
28 569
13 809
4 524
643 300
33 663

1 788
113 » 
27
5
29
1 374
42

107 »  »  »  »  »  »  »

93
12 »  »  »  »
8 »

1 906
145 » 
45
6
32
1 662
67

185
14 »  »  »  »  »  »

312 »  »  »  »  »  »

J’ai pris la statistique du gouvernement, bien que les termes d’églises, de prêtres et de monastères soient absolument impropres pour certains cultes, notamment pour les cultes protestant, musulman et isra élite. On remarquera sans doute, aussi, que l’Église catholique ne figure pas dans ce tableau sous les rubriques : monastères, moines et religieuses, bien qu’elle possède en Bulgarie nombre de maisons monastiques, ainsi qu’on pourra s’en convaincre en lisant le paragraphe qui lui est consacré.