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BUDDAS — BUFFIER


richesses. N’ayant ni enfant ni parents, elle acheta un petit garçon de sept ans, nommé Cubricus ou Corbicius, qu’elle affranchit et adopta. Cinq ans après, elle mourut laissant à son (ils adoptif la fortune et les livres de Scythien et de Buddas. Cubricus se fit nommer Manès et répandit avec succès en Perse les erreurs de ses prédécesseurs et le dualisme. Il prétendait avoir composé lui-même les livres écrits par Buddas.

Quelques critiques du xvine siècle, tels que Isaac de Beausobre, Histoire critique de Manicltée et du manichéisme, 1734, t. i, p. 54-55, après Hyde et Bochart, constatant que les dires des anciens éc’rivains ecclésiastiques sur Térébinthe et Manès coïncident en plusieurs points, avaient déjà proposé l’identification de ces deux personnages. Des critiques du xixe siècle, s’appuyant sur des documents syriaques et arabes, ont donné à cette identification une base plus certaine. Par une série de déductions qu’il serait trop long de reproduire, ils ont démontré que TepÉêiv60 ; des textes grecs n’était pas un nom propre, mais simplement la transcription grecque du qualificatif araméen tarbilhâ, l’élève, le disciple. Le Fihrist al’ûlum, 1. IX, 1, terminé en 988 et édité par Flùgel, Leipzig, 1871, t. i, p. 327-338, dit que Manès a été en religion rubbija, le disciple, de son père. Les Grecs ont pris TepïôivBo ; pour un nom propre et en ont fait le nom d’un personnage intermédiaire entre Scythien et Manès. Il faut donc supprimer Térébinthe ou Buddas et reconnaître en lui Manès lui-même. Quant à Scythien, qui a été pris aussi pour un nom propre, c’est un nom d’origine, ex Scythia quidam, et il faut identifier le personnage qu’il désigne avec le propre père de Manès, nommé Fàtak en arabe, IlaTexioç en grec et Patik en syriaque. Par conséquent, Buddas, ou Baddos, BaiSx ;, ne diffère pas de Manès. Il a eu le Scythe Fàtak pour père selon la nature et pour maître en doctrine. Voir Manès.

Acta disputationis S. Archelai cum Manete, n. 51-53, P. G., t. x, col. 1517-1520 ; S. Cyrille de Jérusalem, Catech., VI, n. 22-24, P. G., t. xxxiii, col. 576-580 ; S. Épiphane, Hser., lxvi, n. 1-3, P. G., t. xlii, col. 29-36 ; Théodoret, Hser. lab., i, 26, P. G., t. lxxxiii, col. 377-381 ; Socrate, H. E., I, 22, P. G., t. LXVII, col. 136-137 ; Photius, Contra manichxos, 1. I, n. 12, P. G., t. cil, col. 32-37 ; Pierre de Sicile, Hist. manichseortim, n. 11, 12, P. G., t. civ, col. 1257-1260 ; K. Kessler, Mani. Forschungen icber die manichàische Religion, Berlin, 1889, t. I, p. 21-86 (voir dans l’introduction de cet ouvrage, p. xxm-xxv, d’autres travaux du même historien sur se sujet) ; Id., Mani. Manichàer, dans Realencyct opàdie fur protestantisehe Théologie und Kirche, 3- édit., Leipzig, 1903, t. XII, p. 199-202.

E. Mangenot.

    1. BUFFIER Claude##


BUFFIER Claude. — I. Vie. II. Ouvrages.

I. Vie.

Né à Varsovie, de parents français, le 25 mai 1661, il fut élevé en Normandie, où sa lamille était venue se fixer, et naturalisé Français. Aussi avait-il coutume de dire, en souriant, qu’il lui en avait coûté cinq cents livres pour se faire Normand. Il acheva ses études au collège des jésuites à Rouen et entra au noviciat de la Compagnie de Jésus le 9 septembre 1679. Après avoir enseigné très brillamment la grammaire et les belles-lettres au collège Louis-le-Grand, à Paris, il fut pourvu d’une chaire de théologie à Rouen. Jacques-Nicolas Colbert, alors archevêque de cette ville, ayant recommandé à son clergé différents ouvrages suspects de jansénisme ou de gallicanisme, comme la Morale de Grenoble, le Rituel d’Aleth, les Résolutions de M. de Sainte-Beuve, la Somme de M. de Merbes, et plus expressément la Théologie dogmatique et inorale de Noël Alexandre, le P. Buflier publia aussitôt un opuscule destiné à susciter de vives polémiques, sous ce titre : Difficultez proposées à M. l’archevêque de Rouen par un ecclésiastique de son diocèse sur divers endroits des livres, et surtout de la Théologie dogmatique du I’. Alexandre, dont il recommande la lecture à ses curez, in-12 ; s. 1., 1696. Le P. Alexandre répondit par

I ses Éclaircissements des prétendues difficultez proposées à Monseigneur Varchevesque sur plusieurs points importants de la morale de Jésus-Christ, s. 1., 1696. Colbert, de son côté, exigeait une rétractation que Buflier se refusait à fournir avant d’avoir soumis à Rome le différend. Par une Lettre pastorale de Monseigneur Varchevesque de Rouen au sujet d’un libelle publié dans

| son diocèse, intitulé : Difficultez proposées, etc., in-4°, Rouen, 1697, la brochure du P. Buffier fut condamnée et l’auteur envoyé à Quimper-Corentin par ordre du P. Guillaume Ayrault, provincial de France.

Cette dernière mesure n’impliquait nullement condamnation. Au reste, pour éclairer ce point d’histoire assez mal exposé par les derniers biographes du P. Buffier, voici les principales propositions extraites de la Théologie dogmatique du P. Alexandre et soumises par le professeur de Rouen à une critique courtoise, mais solidement motivée : « C’est un péché mortel que de recevoir la tonsure indignement, » c’est-à-dire, comme l’explique lui-même le P. Alexandre, sans être en état de grâce. Theol. dogm., t. v, c. iii, a. 14, reg. 21. « C’est un péché mortel à tout ecclésiastique de jouer ou de voir jouer aux dés, aux cartes, ou atout autre jeu que ce puisse être. » Ibid., t. v, c. v, reg. 4. « Pour que le péché nous soit imputé, il n’est pas nécessaire que nous ayons fait attention qu’il y avait du mal en ce que nous faisions. » Ibid., t. vii, c. iv, a. 1, reg. 65. « C’est un péché mortel que d’assister à la messe les jours de dimanche ou de fête, lorsqu’on a de l’attache à quelque péché mortel. » Ibid., t. ix, c. v, a. 5, reg. 9. Buflier défendait aussi le probabilisme incriminé par Alexandre et relevait des propositions comme celle-ci : « C’est une opiniâtreté criminelle et un péché mortel que de prélérer aune opinion vraie et plus probable celle qui est iausse ou moins probable et de la suivre dans la pratique.. Car c’est s’appuyer sur son propre jugement sans vouloir croire le meilleur avis. » Ibid., t. vii, c. v, a. 18, reg. 6. Tandis que le grand public prenait vivement parti dans la querelle, même le public féminin, comme on le voit par la très curieuse Lettre d’une dame de qualité à une autre dame sçavaate, au sujet des difficultés proposées à M. l’archevêque de Rouen, in-8°, Mons, 1697, le P. Buffier obtenait de ses supérieurs l’autorisation de faire le voyage de Rome et de plaider sa cause devant les tribunaux ecclésiastiques. Il n’eut pas de peine à se justifier pleinement et, après un séjour de quatre mois, il revint à Paris, où il fut associé au Journal de Trévoux,

i de 1701 à 1731.

Le P. Buffier était un homme spirituel et bon, très apprécié dans le monde poli et savant. Il mourut de délai I lance naturelle et d’une légère apoplexie, le 17 mai 1737, à l’âge de soixante-dix-sept ans, avec la réputation d’un écrivain habile, élégant, féru d’érudition et d’esprit.

II. Ouvrages.

Outre un certain nombre d’articles publiés dans les Mémoires de Trévoux, le P. Buffier a laissé près de cinquante ouvrages sur des sujets ascétiques, philosophiques, historiques, littéraires et artistiques. Il convient de mentionner spécialement et par

, ordre de matières :

Ouvrages de religion et de piété.

Exposition des

preuves les plus sensibles de la vraie religion, in-12, Par ris, 1732, insérée au t. ix des Démonstrations évangéliques de Migne, Paris, 1844 ; Addition au traité du P. Buffier sur les preuves les plus sensibles de la religion, dans les Mémoires de Trévoux, 1732, p. 957-972 ;

| Réflexions chrétiennes pour les jeunes gens qui entrent dans le monde, in-12, Paris, 1708, ouvrage attribué à

tort au P. Bretonneau (cf. Sommervogel, Bibliothèque de

la C’e de Jésus, t. ii, col. 346) ; Verilez consolantes du christianisme pour tous les jours du mois, in-16, Paris, 1710 ; 2e édit., in-16, Paris, 1718 ; 4e édit., in-24, Paris,

I 1718 ; 5e édit., in-12, Namur, 1764 ; Le véritable esprit

I et le saint emploi des fêles solennelles de l’Église, in-12 »