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BUCK

BUDDAS

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Vatican, le P. De Buck, qui y fut envoyé on qualité de lliéologien du R. P. Beckx, général de la Compagnie de Jésus, composa un mémoire De exemptione régularium conservanda et confirmanda, in-8°, Bruxelles, 1869, que la brusque interruption du concile ne permit pas de présenter aux Pères de l’assemblée. Dans le même ordre d’idées se placent trois autres opuscules du P. De Buck : De solemnitate prsccipue paupertatis religiosæ, Bruxelles, 1862 ; Solution amiable de la question des couvents, in-8°, Bruxelles, 1863 ; De l’état religieux en Belgique au XIXe siècle, dans les Actes du Congrès catholique de Malines, 1861. La question de la réunion des Églises fit aussi l’objet des constantes préoccupations du P. De Buck. C’est pour atteindre ce but qu’il écrivit, dans la revue anglaise The Rambler (septembre 1859, p. 370), l’article intitulé : On exter/ial dévotion to holy departed men, et dans les Études de théologie, de philosophie et d’histoire de Paris, ces quatre autres : Le D T Pusey et son nouveau programme d’union avec l’Église catholique, 1866, n. 1 ; Physionomie et force du parti puséiste, 1866, n.3 ; The People’s Hyninal, ibid. ; Du mouvement ritualiste en Angleterre, 1868, n. 1. En ce qui concerne l’union avec la Russie, le P. De Buck s’associa intimement aux efforts des PP. Gagarin et Martinov et publia sur ce sujet : La Russie sera-t-elle catholique" ? dans les Précis historiques, 1856 ; Essai de conciliation sur le dogme de la procession du Saint-Esprit, dans les Eludes de théologie, etc., 1857, n. 2 ; Essai de conciliation sur le dogme de la vie future, ibid., 1858. Ces tentatives et ces écrits du P. De Buck, de même que ses relations avec le comte de Montalembert et M9 r Dupanloup et l’attitude prise par lui dans la question dite du catholicisme libéral, ne furent pas toujours interprétées en bonne part et on alla même jusqu’à l’incriminer auprès du souverain pontife. On peut voir dans la notice nécrologique du P. Victor De Buck, Acta sanctorum, t. il de novembre, que le savant religieux n’eut pas de peine à démontrer la pureté de ses intentions et la sûreté de sa doctrine. On méconnut aussi et on dénatura sa pensée dans la délicate controverse soulevée par son écrit sur le vase de sang : De phialis rubricatis quibus martyrum romanorum sepulcra dignosci dicuntur obserrationes V. D. R., Bruxelles, 1855. C’est ainsi qu’on peut lire dans Barbier, Dictionnaire des ouvrages anontjmes, 3e édit., t. iv, p. 1219, qu’il « n’existe que cinq exemplaires de ce livre, les autres ayant été détruits par ses supérieurs » . Cf. Guillette de l’Hervilliers, dans les Annales de philosophie chrétienne, lévrier 1864 ; H. de l’Epinois, dans la Revue des questions historiques, 1867, t. n. Pure légende, l’ouvrage, n’étant pas destiné au commerce ni au grand public, n’a été tiré qu’à un petit nombre d’exemplaires, il n’est pas plus exact de dire que le P. lie Buck tomba, dans ce travail, sous les foudres du décret de 1668 de la S. C. des Rites. Jamais le P. De Buck n’a contesté que le vase de sang lût un signe caractéristique de la tombe des martyrs, mais il a soulevé un doute sur le point de savoir si la matière colorante trouvée dans certaines fioles était, oui ou non, partout et toujours du sang. Dans son pays. le P. De Buck mérita la reconnaissance de ses concitoyens catholiques par la publication d’un commentaire de doctrine très éclairée sur les Principes catholiques et la constitution belge, Bruxelles, 1869. Une autre publication théologique importante du 1’. De liuck fut celle des Vindicte liullerinianse, Bruxelles, 1873, où il défend contre les Vindicim Alphonsianee îles l’eres rédemptoristes l’enseignement du R. P. Antoine Ballerini. Voir col. 130-131. La collaboration du P. Victor De Buck à l’œuvre bollandienne lui considérable. Pendant lest rente-six années qu’il s’y dévoua avec une ardeur infatigable, il rédiga la majeure partie des t. viii-xiii d’octobre. En ruèiiie temps, il vulgarisait, dans un grand nombre de

brochures et d’articles de revues, les résultats les plus intéressants de ses recherches hagiographiques. C’est ainsi qu’on doit au P. De Buck un excellent traité de dévotion à la passion de Notre-Seigneur : Passieboecksken, Bruxelles, 1851, qui fut traduit en diverses langues, et bon nombre de vies populaires de saints, sans compter une foule d’articles sur des points d’histoire et d’archéologie. On en trouvera l’exacte et complète énumération dans la Bibliothèque de la C<e de Jésus, du P. Sommervogel. Le P. Victor De Buck mourut à Bruxelles, le 23 mai 1876.

F.-X. De Ram, Compte rendu des séances de la Commission rayait* d’histoire, 3* série, 1861, t. H, p. 1U2-192 ; C. Sommervogel, Bibliothèque de ta C" de Jésus, 1891, t. II, col. 318-328 ; fC. De Smedt, S. J., ] De P. Victore De Buck, en tête des Acta sanctorum, t. n de novembre, avec portrait.

J. Van den Gheyn.

    1. BUDDAS##


BUDDAS, partisan de la doctrine des deux principes, maître et vraisemblablement père de Mani ou Manès, le fondateur du manichéisme. Les Pères de l’Église et les écrivains ecclésiastiques, dont les témoignages seront indiqués dans la bibliographie de cet article, ont rapporté avec plus ou moins de détails les origines historiques du manichéisme. Leurs renseignements, convergents pour le fond, ne diffèrent que sur quelques points et sont manifestement dépendants l’un de l’autre. Les anciens se répètent à peu de chose près et donnent unanimement à Manès deux prédécesseurs de ses erreurs. Buddas, le maitre immédiat de Manès, avait été lui-même esclave et disciple d’un Sarrasin, nommé Scythien, contemporain des apôtres d’après les Acta disputationis S. Archelai cum Manete, n. 51, P. G., t. x, col. 1517, et élevé en Arabie sur les confins de la Palestine. Instruit dans la langue grecque et les sciences humaines, il alla dans l’Inde et s’y enrichit par le négoce. Son commerce l’amenait souvent dans la Thébaïde, dans les porls voisins de la mer Bouge et notamment à vElam, où les marchandises de l’Inde étaient vendues aux Romains. Dans un de ses voyages à Ilypsole, ville de la Thébaïde, il épousa une femme perdue, qu’il avait tirée du lupanar et affranchie. Sous l’influence de cette femme, il s’instruisit dans les sciences des Egyptiens et connut les doctrines d’Empédocle et de Pythagore. Raisonnant lui-même sur l’enseignement de ces philosophes, il en tira la doctrine des deux principes contraires, l’un bon et l’autre mauvais. Il écrivit quatre livres intitulés : Mystères, Chapitres, Érangile et Trésors. Les Acta disputationis S. Archelai attribuent la.composition de ces livres au disciple de Scythien. Ce dernier était adonné à la magie. D’après saint Cyrille de Jérusalem, Catech., VI, n. 22, P. G., t. xxxiii, col. 576, il serait venu en Judée et y aurait répandu ses erreurs. En se livrant à des opérations magiques, il tomba du toit de sa maison et se tua. Il n’avait qu’un seul disciple, nommé Terbinthe ou Térébinthe. Celui-ci hérita de la fortune et des livres de son maitre. Parce qu’il était connu et condamné en Judée, il s’enfuit en Babylonie, qui (’tait alors une province du royaume de Perse, abandonnant la femme de Scythien et n’emportant que ses richesses et ses écrits. Craignant d’être découvert, il changea de nom et se lit appeler Buddas, BovôSà ou RoùoSa ;. Il discutait avec les prêtres de Mithra, en particulier avec Parcus et l.abdacus, et leur exposait sa doctrine des deux principes créateurs. Réluté victorieusement par ses adversaires, il ne lit aucun adepte, sinon une vieille veuve chez qui il demeurait. Il se disait fils d’une vierge et prétendait avoir été élevé par un ange sur les montagnes. Voulant en imposer au peuple par quelque action d’éclat, il monta au faite de la maison et tenta par des moyens magiques de s’élever dans les airs ; mais comme Scythien, sou maître, il tomba malheureusement sur le sol el se tua. La vieille femme l’ensevelit et hérita de ses