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BRYENNIOS


t. il. p. 401, 502 ; Opéra, t. i, p. -’. Cependant, tout porte à croire que le nom de Bryennios n’était pas patronymique pour notre théologien. Lui-même, en signant ses lettres, prend soin d’ajouter qu’on l’appelle Bryennios, -h É7ra>vv|j.o7, tyjv èttîxXyiitiv, Opéra, t. iii, p. 131, 162. ce qui donne à croire que ce n’est pas son nom véritable. Syropoulos, en racontant les tentatives d’union entre Rome et Byzance sous Manuel II Paléologue (1391-1425), mentionne un moine Joseph, né dans le Péloponnèse, et versé dans la connaissance du latin. Ce moine, qui accompagna à Rome Jean Eudémon, légat de l’empereur, est appelé Bladyntéros : tov BXaS’jvTÉpo’j, toû yefovoTOC’JUTEpov uovcr/oO, y.ai Tcoar, ? u.ET(i>vo[xa<76£vroç, o ; rv ïI. t ?, ? IlsXonovv^ffO’j, tt, v XaTmxvjV iteuaifi£U(j.évo ; ôtà-Xextov, -/ai axtfXoudoç eiç’Puiirjv Èysy^vet toO E-jSaiixovo-’IcoâvvT). Vera historia unionis non verse inter Grœcos et Lalinos, La Haye, 1660, p. 6. Syropoulos lui donne aussi lepithète louangeuse de maître, SiÔaTxaXoç. Ibid., p. 13, 84, 120, 273. Bulgaris identifie Joseph Bladyntéros avec Joseph Bryennios, et Meyer confirme son sentiment par des raisons plausibles. Dans cette hypothèse, le nom de famille du moine Joseph serait Bladyntéros ; rè7ruivu(j.ov de Bryennios fut donné à Joseph, lorsqu’il embrassa la vie monastique. Cette identification est loin d’être prouvée ; elle n’a que la valeur d’une simple hypothèse.

Nous manquons de renseignements détaillés sur la jeunesse et les études de notre théologien. Ses lettres nomment comme ses maîtres et ses mécènes Démétrius Cydonius, le grand sacellaire Théodore Méléténiotes, et le grand chartophylax Jean Holobolos. D’après Georges Scholarios, il fut l’élève de très bons maîtres : KXatov îe StSaa-xàXiov à’picro ; u.oc8ï]Tr| ; YEyovwç. Dosithée, Tôp.oç àyâmi ;, Jassy, 1698, p. 8 ; Opéra, t. ï, p. ç’. Bryennios s’adonna spécialement à l’étude de l’Écriture sainte et des Pères, quoiqu’il eût cependant des connaissances variées et approfondies en philosophie, en dialectique et dans les sciences naturelles. Ses œuvres témoignent de sa grande érudition. Le patriarche Nil (1380-1388) l’envoya à Crète en 1381 (et non en 1375, comme le dit Meyer) en qualité de prédicateur et d’exarque de la Grande Église. Arsène, op. cit., p. 90. L’île de Crète était alors sous la domination de Venise, qui. pour des raisons politiques, se montrait intolérante à l’égard des orthodoxes, et ne permettait pas aux évêques grecs de s’y établir. Arsène, L’Eglise grecque dans l’île de Crète durant la domination vénitienne, Pravoslavnoe Obozrienie, août 1876, p. 51. Par suite, c’était une charge de confiance qu’on donnait à Bryennios. Elle lui avait été accordée à cause du renom qu’il s’était acquis à Constantinople comme prédicateur de la cour. Ses sermons, nourris de pensées bibliques et rédigés dans un style souple et harmonieux, étaient très goûtés par la noblesse et le clergé. Dans son nouvel emploi, il travailla avec zèle à confirmer les orthodoxes dans leurs croyances et à neutraliser parmi eux l’infiltration des idées catholiques. Ses succès oratoires lui suscitèrent des amitiés et des inimitiés. Ces dernières se produisirent surtout lorsqu’il ne craignit pas de blâmer l’immoralité et le relâchement des mœurs du clergé 1 orthodoxe. Il se crut obligé d’avertir le patriarche des scandales qui régnaient et le patriarche prit des mesures pour châtier les coupables. Ceux-ci, pour se venger, traitèrent Bryennios d’iepcxaT/iyopo ; (délateur du clergé), Opéra, t. iii, p. 39, et s’acharnérent tellement contre lui, qu’il dut quitter l’île après un séjour de vingt ans environ. Quelques-uns de ses meilleurs travaux, par exemple son premier dialogue sur la procession du Saint-Esprit, et ses réponses à plusieurs questions remontent à cette époque. De retour à Constantinople, il se retira au monastère de Stoudion. Dans une lettre à un ami crétois, nommé Joseph, il retrace le bonheurqu’il goûte après l’exil forcé (èÇopfa) de Crète. Opéra, t. iii, p. 178-179. Il n’est pas astreint à toutes les observances de la vie mo nastique. On lui laisse une certaine liberté. Ses relations avec la cour sont très cordiales. Il passe ses jours dans la prière, l’étude et des conversations intéressantes avec les gens de lettres et les philosophes. Dans sa cellule, qui donne sur le jardin, il médite les saintes Écritures. Toutefois cette paix ne fut pas de longue durée. Il dut reprendre en 1404 la prédication à la cour. En 1405, le patriarche Mathieu I" (1397-1410) l’envoya à Chypre avec le titre de vicaire (to-otyjpyjtï-ç) pour travailler à ramener les orthodoxes uniates sous la houlette des pasteurs de Byzance. Philippos Gheorghios, Eio^o-eiç t<TTOptxoù îtept Tr, < ; èxxXiriafrxçTTJc K-Jrtpo-j, Athènes, 1875, p. 62 ; Gédéon, Ilarpiap/cxot Ilfvaxe ;, Constantinople, 1890, p. 463464 ; Hackett, A history of the orthodox Church of Cgprus, Londres, 1901, p. 141. Au xme siècle, en effet, bon nombre de Chypriotes avaient reconnu la primauté du saint-siège, et s’étaient soumis à la juridiction de l’archevêque latin. Lequien, Oriens christianus, t. H, col. 1043. La mission de Bryennios était secrète, et il n’en rendit compte que sept années plus tard dans ses considérations sur les moyens de ramener les Chypriotes dans le giron de l’Église orthodoxe. Il y présida un concile réuni sur une montagne dans l’église du monastère rôiv’Aa-a>p.aT<ov. Les actes de ce concile encore inédits ont été découverts en 1885 par M. Papadopoulo Kérameus. Bevenu à Constantinople. il reprit sa prédication à la cour. Selon Bulgaris, aux travaux du ministère il joignait l’enseignement public. Il traduisit du latin plusieurs ouvrages, et il publia en latin et en grec (êv êxarépa tyj yXcômri) des grammaires et des traités de rhétorique pour la jeunesse. Opéra, t. Ht, p. e’. Selon Meyer, il accompagna Jean Eudémon au concile de Constance. Maimbourg, Histoire du sc/tisme des Grecs, Paris, 1677, p. 518 ; Zhisman, Die Unionsvcr/iandlungen scit dent Anfange des xv Jahrhunderts bis : um Concil von Ferrare, Vienne, 1858, p. 6 ; Démétrakopoulos, ’IaTopia toO a/J.<ji., xio ; tïjç Xomvtxrj ; exxXT)ff(a ; ànô xr, ç ôpOoSô^o-j éXXïivixïjç, Leipzig, 1867, p. 99. En 1419, il écrivit son discours sur l’union des Églises, et aussitôt après commença au palais impérial ses 21 sermons sur la sainte Trinité. Les Latins eux-mêmes allaient l’entendre, et admiraient son éloquence. Il eut des conférences publiques avec les légats du pape Martin Y (1417-1431) et trouva un adversaire sérieux dans le savant dominicain André, archevêque de Bhodes. Après la mort de Manuel II (1425), il continua à exercer une influence considérable à la cour. Jean VIII Paléologue, à l’exemple de son père, l’avait en grande estime. Byzance, enserrée de plus en plus par les Turcs, agonisait, et Jean Paléologue (1425-1448), pour retarder sa ruine, renouvelait avec Rome les tentatives d’union. Suivant la coutume de ses devanciers, il faisait miroiter aux yeux du souverain pontife l’extinction du schisme en vue d’obtenir des secours d’hommes et d’argent. Bryennios qui portait au fond du cœur une haine vivace contre Rome, n’approuva pas la politique de l’empereur. 11 s’éloigna d’une cour dont l’orthodoxie lui était devenue suspecte et retourna en Crète. Ses derniers jours s’écoulèrent dans l’obscurité. Nous ignorons la date de son départ de Constantinople et celle de sa mort. Il mourut probablement avant l’ouverture du concile de Ferrare. Gennadios Scholarios a fait sou éloge. /’. G., t. clx, col. 681. Le dominicain Maxime Chrysoverghes reconnaissait en lui un des flambeaux de l’Eglise orthodoxe : o>ç É’va TriXat ç(oaTr, piv tt, ç èxx), r, a : a ; SoijâÇo’jai. Opéra, t. I, p. 411. Marc d’Éphèse, en dictant son épitaphe, l’appelait source d’éloquence divine : ©Eïjydpoç (îpûffeç, colonne très ferme de la vérité, 6 orîpp6raTo ; tïiî àlrfitiaz ot’jXo ;, lumière très resplendissante de l’orthodoxie, yavÔToixo ; 6pQo801| : aî X-jyvo ;, maître sûr pour ceux qui sont dans la voie de l’erreur, 60v[iaTlffT*|Ç àxpi&ôï 7r/.ava)|xÉvoi ;. Opéra, I. III, p. e’. Dans ses écrits, Bryennios se révèle a la fois théologien et érudit. IL