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BOSNIE-HERZÉGOVINE


rent aussi le titre d’évêques de Marcane. Le premier à adopter cette double dénomination fut le franciscain Nicolas de Raguse en 1322, p. 293. Par une lettre pontificale du 24 mai 1891, la métropole de Sarajevo et l’évêché de Banjaluka restèrent définitivement attachés à la province ecclésiastique de Bosnie, et l’Herzégovine, considérée comme une province autonome, fut détachée de la juridiction ou suprématie du métropolite de Sarajevo. 3° L’Église orthodoxe ru Botnie.

Si le catholicisme en Bosnie trouvait son appui naturel auprès des rois de Croatie et de Hongrie, l’Église orthodoxe y était sous la tutelle des rois serbes. Les origines de l’orthodoxie bosniaque auraient besoin d’être élucidées. Nous savons seulement que jusqu’à la seconde moitié du xive siècle il n’y avait pas d’évêque orthodoxe en Bosnie. Goloubinski, p. 570. Il n’y en eut pas, même lorsque Tchestav, au e siècle (927-949), réunit sous son sceptre les principautés de la Narenta, de Zachlumie, de Trébinje et de Dioclée. Sans doute une partie de la population était orthodoxe ; mais les adhérents du schisme ne constituaient qu’une minorité infime en présence des catholiques bien nombreux surtout au XIIe et au XIVe siècle. Markovic, t, iT, p. 135 ; Kharusine, p.237.L’évêque de Rascie, Ililarion, Les évoques et métropolites de lïascie, Glas srpske kraievske Akademije, Belgrade, 1901, t. util, p. 10-15, exerçait sa juridiction sur les orthodoxes bosniaques, et il continua à l’exercer jusqu’à la fondation de l’archevêché de Serbie (1212). Etienne Douchan (13211355), s’étant emparé de la Bosnie, lorça les habitants de rite latin à se convertir à la foi orthodoxe et à recevoir un second baptême. Goptcévic, Serbien und die Serben, Leipzig, 1888, 1. 1, p. 262-263. En 1376, la contrée sise aux bords du Lim et de la Drina lut conquise par les bans bosniaques. L’évêque serbe de Dambar prit alors le litre d’évêque de Bosnie, et réunit sous sa houlette les dissidents de rite grec. L’Herzégovine aussi fut d’abord soumise à l’évêque orthodoxe de Rascie ; plus tard elle eut un archevêque dit de Zachlumie. On ne sait pas au juste où était sa résidence. Goloubinski suppose que ce fut Névésinje, aux bords de la Zalonska (p. 583). Au xve siècle, l’évêque de Dambar résidait à Milochévo, célèbre monastère situé dans le pachalik de Novi-Ba/.ar, à deux heures de Priepolije. Sous le joug de l’islam, il transféra son siège à Sarajevo. Ce fut alors que l’Église orthodoxe commença à avoir en Bosnie la prépondérance sur l’Église romaine. Quelques milliers de bogomiles grossirent ses rangs. Au xvie siècle furent érigées les métropoles de Zvornik et de Trébinje. A une date incertaine, le métropolite de Zvornik transféra son siège à Touzla, celui de Trébinje s’établit au monastère de Duzi et, en 1763, à Mostar. Markovic, t. il, p. 435. Ces évêchés étaient placés sous la juridiction primatiale du patriarcat d’ipek (1346), uni en 1459 à celui d’Ochrida, et rétabli en 1557 par le visirMéhméd Sokolovic. Kharusine, p. 273. En 1620, les orthodoxes de Bosnie, pressurés par les Turcs, émigrèrent en masse en pays hongrois ; une nouvelle émigration (40000 personnes ) se produisit sept années plus tard ; en 1737, 40000 personnes passèrent de nouveau en Hongrie. Ibid., p. 173-174. L’Église serbe, considérablement réduite, se trouva désarmée contre les ambitions du Phanar. En 1765, le patriarche Samuel (1763-1708) eut un lirman qui l’autorisait à soumettre à son autorité tous les prélats orthodoxes de l’empire. Gédéon, llarptap/ixot Ilivaxe ; , Constantinople, 1890, p. 660. Le patriarcat d’ipek fut supprimé eu 1706. Silbernagl, Verfassung und gegenwârtiger Bestand sâmmtlicher Kirchen des Orients, Landshut, 1865, p. 154. Les orthodoxes de Bosnie-Herzégovine tombèrent alors sous la domination « lu Phanar. La hiérarchie grecque considéra les nouvelles éparchies comme une source de revenus. On vendil à l’encan les s (le Sarajevo, de Zvornik et de Moslar. Les prélats qui les gouvernaient n’avaient d’autre souci que celui

de s’enrichir, et dans ce but se livraient à la simonie la plus éhontée. Kharusine, p. 277.

Cet état de choses dura jusqu’au moment de l’occupation autrichienne (1878). Le gouvernement autrichien, rendu maitre de la contrée, conclut avec le Phanar une convention (<jvu.6aTi :) qui sur des bases nouvelles organisait l’Eglise orthodoxe bosniaque. Aux termes de cet accord, les évoques orthodoxes de Bosnie-Herzégovine étaient maintenus dans la jouissance des privilèges inhérents à leur dignité. La nomination des prélats aux sièges vacants (toujours d’après les clauses de la convention ) est du ressort de l’empereur d’Autriche. Le gouvernement est tenu néanmoins de notifier au Phanar le nom du nouvel élu. Si le choix tombe sur un candidat inconnu au patriarche, l’évêque du diocèse où le candidat exerce son ministère et auquel il est incorporé, est tenu de témoigner par écrit que celui-ci est apte à remplir les fonctions de sa haute dignité. L’Autriche paie au Phanar une redevance annuelle de 58000 piastres en or (presque 12 000 francs) ; les évoques des deux provinces annexées reçoivent un traitement, et sont déchargés de toute contribution pécuniaire vis-àvis du patriarche grec. Arc/iiv für katholischen Kirchenrecht, 1891, p. 437 ; Pappadopoulos, ’II a-JYy.povo ; Upapytoc Tf|Ç ôpOoào^ou àva~o).tX7 ; < ; èv.Y.’/.^aia ;, Athènes, 1895, t. i, p. 84-86.

Ce document est daté du 8 mars 1880. Il souleva dans l’hellénismedeviolentescolères. Pappadopoulos, p. 84-86 ; ’EiuotoXt) pôxjærj Eyceêo-j ; ôpOoôoijou rpo ? xbv oixouliêvixôv IlaTptâpXT.’, Athènes, 1900.

Les bogomiles en Bosnie-Herzégovine.

L’hérésie des bogomiles apparut dans ces deux provinces à la fin du xiie siècle. Goloubinski, p. 568. Ces hérétiques gagnèrent les sympathies du peuple par l’organisation démocratique de leur Église et la simplicité de leur culte. Diehl, p. 322-323. Le ban Kulin (1168-1201) embrassa la nouvelle hérésie, et bientôt 10000 Bosniaques suivirent son exemple. L’évêque catholique Daniel se sépara lui aussi de l’Eglise romaine, et refusa de se soumettre au métropolile de Dalmatie. W’ulkan de Croatie informa Innocent III (1199) du danger qui menaçait l’Eglise romaine : Hxresis moi modica in terra régis Hungariæ, videlicet Bassina, pullulare videtur. Theiner, Mon. slav., t. I, p. 6 ; Franik, Die Luge auf der Ilalkanhalbinsel zu Beginn des 13 Jahrhunderts, WissenschaftlicheMitth. ft. v, p. 320-321. Innocent III exborla le roi de Hongrie à combattre les bogomiles bosniaques, connus sous le nom de patarins. Il se plaignit surtout de la conduite de Kulin, qui (patarenis) non solum tutum latibulum sed et præsidium contulit manifesta m. Ibid., p. 15. En même temps, le pape envoyait en Bosnie son légat, Jean de Casamaris, pour aviser aux moyens les plus aptes à la conversion des hérétiques. Ibid.

Jean de Casamaris alla remplir la mission qui lui était confiée. Son zèle trouva un vaste champ de travail. Le catholicisme était en pleine décadence. Les églises tombaient en ruines ou étaient dévastées par les bogomiles. Le légat du pape s’efiorça de guérir les maux de l’Église bosniaque. Il réunit un synode à Poili sur la Bosna (1203). Kulin, par ses délégués, s’engagea par serment à vivre dans la dévotion au siège de Rome. Farlati, t. iv, p. 46 ; Fessier, Geschiclde von L’ngarn, Leipzig, 1867, t. i, p. 329.

Mais l’hérésie, loin d’être étouffée, grandit dans la lutte et envahit l’Herzégovine toul entière. Kharusine, p. 150. Honorius III (12-21) recommandait à Acontius. légat du saint-siège, de prendre des mesures énergiques contre les bogomiles, qui relut laniie nudatis mammis calulos snos lactant dogmatizando palam suapravitatis errores. Theiner, Mon. Hung., t. i, p. 31. l’ourles ramener à la foi catholique, il invitait le clergé hongrois à prêcher la croisade. Fessier, t. i. p. 329. En 1231, selon Grégoire IX, le nombre des hérétiques s’était