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BONOSE

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Epist., xvi, P. L., t. xx, col. 515 sq. Les seconds, au contraire, seront prives de ces privilèges et réduits à la communion laïque ; si l’archevêque Anycius et ses collègues ont montré d’abord plus d’indulgence, ce n’était là qu’une mesure de faveur, conseillée par la prudence et motivée par les circonstances. Epist., xvii, c. ni sq., ibid., col. 530 sq. Pour l’interprétation exacte de cette décision, voir le Monitum, ibid., col. 521 sq. ; dom Ceillier, op. cit., t. vu. p. 514 sq. Saint Innocent parle de lionose comme d’un personnage qui n’existe plus ; on en peut conclure que l’hérésiarque mourut vers la fin du iv ou le début du Ve siècle.

II. Les bonosiens.

A en juger par les monuments patristiques et conciliaires qui nous sont parvenus, l’influence de Bonose paraît s’être exercée à peu près exclusivement dans les contrées occidentales où régna l’arianisme germanique.

D’un premier groupe de témoignages, il résulte que, du v au VIIe siècle, les bonosiens niaient la divinité de Jésus-Christ, et cela dans un sens qui permettait de les rattacher aux photiniens ou de les confondre avec eux. Dans les Statuta Ecclesise antiqua, attribués couramment à un IIe concile d’Arles, mais qui semblent n’être qu’une compilation de décrets antérieurs au milieu du Ve siècle, le canon qui commence ainsi : Bonosiacos autem ex eodem errore venientes, fait suite au canon 16e, où il s’agit des photiniens. Hefele, Hist. des conciles, trad. Delarc, l. il, p. 488. Gennade, parlant d’un livre composé à la fin du IVe siècle par l’évêque espagnol Audentius contre les photiniens, s’exprime ainsi : contra photinianos qui nunc vocantur bonosiaci. De scriptoribus eccles., c. xiv, P. L., t. lviii, col. 1068. Une vingtaine d’années plus tard, en 512 ou 513, saint Avit de Vienne, faisant un parallèle entre les eutychiens et les bonosiens, restreint l’erreur de ces derniers à la négation de la divinité du Christ et, par allusion, les rattache encore à Photin : Illi (bonosiani) Christo divinitatis honorem tantummodo adimunt, isti eutychiani) et corporis verilatem. Pholinus hominis personam nos adorare deridet, hic (Eutyches) nebulam. Epist., iii, P. L., t. lix, col. 216.

Quelques témoignages espagnols du vif siècle mettent en relief une conséquence de cette erreur où le point de contact entre le bonosianisme et le photinisme est particulièrement sensible : négation de la filiation divine naturelle, et affirmation d’une filiation purement adoptive. Saint Isidore de Séville signale un ouvrage depuis longtemps perdu, un Liber responsionum de Justinien, évêque de Valence sous le roi goth Theudis ; la seconde question traitée avait rapport aux bonosiens, qui Christum adoptivum filium, et non proprium dicunt. Dr vins Ulustribus, c. xxxii, P. L., t. xcix, col. 1099. Parlant à son tour des bonosiens, dans son catalogue des hérésies, saint Isidore se sert des mêmes termes, et fait remonter la secte à l’évêque Bonose, a Bonoso quodam episcopo exorti. Elynwloq., 1. VIII, c. v, n. 52, ibid., col. 302. Ce fut contre cette erreur que h’XI’synode de Tolède inséra, en 675, dans son symbole l’affirmation de la filiation divine de Jésus-Christ, filiation naturelle, non pas adoptive : Hic etiam Filins Dei natura est fdius, non adoptivus. Hefele, op. cit., t. iii, p. 654. Cette erreur bonosienne ne doit passe confondre avec l’adoptianisme, qui parut un siècle plus tard en Espagne ; car Félix d’Urgel et Elipand de Tolède, les chefs de cette nouvelle secte, distinguaient dans Jésus-Christ le Dieu et l’homme, en attribuant au Dieu la

filiation naturelle et a l’ho te la filiation adoptive,

tandis que les bonosiens refusaient au Christ toute libation naturelle, el de ce chef étaient anathématisés par les adoptianistes, comme on le voit par la lettre d’ÉHpand < l’abbé Fidelis. /’. £.., t.xcvi, col.919 ; Hefele, op. cit., i. v, p. 69, 80 sq. ; Madrisi, diss. IV, n. 4, P. L., t. SCIX, col. 558 sq.

Un autre groupe de témoignages se rapportent à la pratique baptismale des bonosiens ; témoignages moins nombreux, et de plus discordants. Quelques auteurs affirment que la formule dont se servaient ces hérétiques ne renfermait pas l’invocation de la très sainte Trinité, et que, par suite, on devait baptiser les bonosiens qui entraient dans l’Église catholique. Gennade, De ecclesiasticis doginatibus, c. lii, P. L., t. lviii, col. 993 ; S.Grégoire, Epist., 1. XI, epist. lxvii, P. L., t. lxxvii, col. 1206. (Même texte dans l’édition des Monumenta Gcrmanix historica.) Au contraire, le canon’17e déjà cité des Statuta Ecclesise antiqua suppose que les bonosiens, comme les ariens, conféraient le baptême au nom de la très sainte Trinité, quos sicut arianos baptizari in Trinitate manifestum est. Saint Avit, dans ses fragments contre les ariens, dit que les catholiques, en recevant même les bonosiens et autres hérétiques, ne rejettent pas leur baptême, s’ils répondent qu’ils ont été baptisés au nom des trois personnes divines : eut (baplismati ) honorem suum etiam in bonusiacorum aliorumque receptione servantes, si se in nomine Patris et Filii et ISpiritus Sancli baptizatos esse respondcanl. P. L., t. lix, col. 311. En présence de ces témoignages discordants, des érudifs, comme Tillemont et dom Ceillier, ont cru à une erreur de fait de la part des anciens auteurs qui rejettent le baptême des bonosiens ; Gennade et saint Grégoire, après lui, auront trop complètement confondu ces hérétiques avec les photiniens, et en conséquence attribué aux premiers tous les errements des seconds. Hypothèse possible, mais insuffisamment établie. Un troisième texte de saint Avit ouvre la voie à une solution différente, et peut-èlre meilleure. Dans une Ici Ire, adressée entre les années 514-516 à Sigismond, fils et héritier présomptif du roi Gondebaud, l’évêque de Vienne attire son attention sur une ordination récente, qui aurait fait de la secte bonosienne une communauté religieuse distincte de celles des catholiques et des ariens, qusc bonosiacorum pestem ab infernalibus latebris e.vcitalam, catholicis arrianisque certantibus introduisit ; mieux vaudrait pour le bien du catholicisme que la petite secte restât, comme auparavant, confondue avec l’arianisme, quse cette si adhuc, ut cœpcrat, soeietalis arrianx communioni immixta est, claret gloriosior sub principatu vestro nosler triumphus. Œuvres complètes de saint Avit, édit. U. Chevalier, Lyon, 1890, Epist., XXVII, p. 170 ; cf. Monumenta Gertnaniie historica. Auctores antiquissimi, édit. R. Peiper, Berlin, 1883, t. vi, p. 262. (Ces deux textes corrigent la version fautive bonorum pestent, P. L., t. lix, col. 246.) Il semblerait donc que, grâce aux points communs qu’elle avait avec l’arianisme et le photinisme, la secte bonosienne ait eu assez d’élasticité pour pouvoir osciller, dans la pratique, entre ces deux camps ; la formule baptismale aura subi le contre-coup de ces variations. Il fallait bien, du reste, que les bonosiens eussent sur le baptême des idées particulières, puisqu’en 538, le IIIe synode d’Orléans prononce une excommunication d’un an contre le juge qui n’aurai ! pas arrêté les bonosiaques ou tout autre hérétique coupables d’avoir rebaptisé un catholique. Can. 34 (al. 31), Monumenta Germain, e historica, Leges, Concilia, Hanovre, 1893, l. i, p. 83 ; cf. Mansi, Concil., Florence, 1673, t. ix. col. 19. Un concile, qui se tint à Clichy, près Paris, le 27 septembre 626 ou 627, après avoir constaté avec joie que la foi catholique régnai ! désormais dans toute la Gaule, se contenta de recommander à la vigilance des pasteurs ce qui pouvait encore rester de bonosiaques ou d’hérétiques cachés, si qui tanien bonosiaci mit occulta heretici esse suspicantur, Monumenta Germanise, ibid.,

p. 197. A partir de la fin du vue siècle, en Oaule comme en Espagne, il n’est plus question des bonosiens.

En dehors des témoignages anciens et des ouvrîmes cités au cburo de cet article, voir Baronlua-Pagi, Annales ecclesiastici,