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BONNE FOI — BONNETTY


qu’elle devrait être d’après le plan divin, un secours ajouté à la faiblesse de l’homme individuel pour l’aider à mieux développer ses facultés et à tendre à sa lin dernière. S. Thomas, De regimine principum, 1. I, c. xiv sq. Elle devient plutôt pour les individus un redoutable obstacle à la connaissance de la vérité et à la pratique constante du bien. Témoin les sociétés païennes antiques ou modernes si difficiles à ramener à la vérité et au bien, sans parler de sociétés autrefois catholiques et actuellement soustraites, dans leur vie publique, à toute influence du christianisme ou même en lutte ouverte avec lui.

b. La vérité intégrale est le plus grand bien d’une nation même au point de vue temporel. Dans l’ordre actuel de la providence, cette vérité intégrale n’est autre que la vérité catholique. Plus une société y conforme toute sa vie publique, plus elle s’approche de sa véritable perfection, plus elle recueille ces immenses avantages même temporels indiqués par Léon XIII dans ses encycliques, particulièrement dans l’encyclique Immortelle Dei du 1 er novembre 1885. Au contraire, en s’éloignant pratiquement de la vérité catholique, une société diminue ou perd totalement ces incomparables avantages et s’expose, en même temps, à des maux d’autant plus graves que les erreurs auxquelles elle se livre sont elles-mêmes plus considérables. Cf. Lettre apostolique de Léon XIII, Prseclara gratulalionis du’20 juin 1891.

2° Obligations gui peuvent en résulter pour ceux qui doivent veiller an bien individuel ou commun. — 11 ne peut être question du sujet de bonne foi théologique, tant qu’il persévère dans son état d’inadvertance morale. Le problème se pose seulement pour ceux qui ont à remplir envers lui quelque devoir de justice, de correction paternelle ou de simple charité commune, comme le confesseur pour ses pénitents, les parents à l’égard de leurs enfants, le supérieur vis-à-vis de ses sujets, un pasteur des âmes relativement à ses enfants spirituels ou tout fidèle suffisamment instruit envers ceux qu’il peut prudemment et efficacement aider de ses avis ou de ses conseils, d’une manière privée ou publique, quelle que soit la torme particulière que revête son enseignement écrit ou parlé. Ces obligations seront étudiées à leurs places respectives. Nous rappellerons seulement à titre d’indication, que le devoir ainsi imposé par la charité même commune est plus impérieux dans les grandes nécessités spirituelles où les intérêts de tant d’âmes et ceux mêmes de la société tant spirituelle que temporelle sont mis en péril. Cf. Encyclique de Léon XIII, Sapienlisc c/iristianæ, du 10 janvier 1890.

E. DUBLANCHY.

    1. BONNET Antoine##


BONNET Antoine, jésuite français, né à Limoges en 1634, entré dans la Compagnie de Jésus en 1651. Professeur de philosophie, recteur successivement de plusieurs maisons, il mourut à Lunelen 1700. Ses ouvrages théologiques sont : Du culte religieux que l’Eglise catholique rend aux choses saintes, Toulouse, 1688 ; Dissertatio de timoré pœnitente, Toulouse, 1694 ; Dissertalio de indulgentiis et jubilœo, Toulouse, 1696 ; Quæslio moralis an ignoranlia invincibilis licitum reddat usum opinionis minus probabilis in concursu probabiUoris et tutioris, Posnaniæ (Toulouse), 1697.

Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. i, col. 17441745.

H. DUTOUQUET.

    1. BONNETTY Augustin##


BONNETTY Augustin. — I. Biographie. IL Écrits. III. Sens des propositions auxquelles il dut souscrire.

I. Biographie.

Ne le 9 avril 1798 à Entrevaux au diocèse de Digne, il se destina d’abord à l’état ecclésiastique, étudia la théologie à Digne, puis se décida pour la vie séculière qu’il résolut de mettre tout entière au service de l’Église, surtout en défendant et en propageant la philosophie chrétienne. En 1830 il fonda les

Annales de philosophie chrétienne où il ne tarda pas à soutenir les doctrines traditionalistes et à attaquer l’enseignement de la philosophie tel qu’il se donnait alors dans les séminaires". Entré en 1836 à YUniversilé catholique récemment fondée par les abbés Gerbet et de Salinis, il dirigea seul cette revue à partir de 1810, tout en gardant la rédaction des Annales. Dans ces deux revues, Bonnetty, bien qu’animé des plus droites intentions, soutenait chaleureusement le fidéisme et le traditionalisme contre ce qu’il appelait le rationalisme. Le II juin 1855, la S. C. de l’Index jug-ea nécessaire de lui demander impérativement une adhésion absolue à quatre propositions exprimant nettement la vraie et sûre doctrine sur ces matières. Bonnetty se soumit sans aucune réserve. Nous étudierons plus loin ces propositions. En même temps qu’il dirigeait ses revues, Bonnetty publia quelques ouvrages. Il resta toujours fidèlement soumis à l’Église catholique. Il mourut le 29 mars 1879.

IL Écrits. — Outre les nombreux articles qu’il écrivit dans ses deux revues jusqu’à l’année de sa mort, il publia : 1° Beautés de l’/iistoire de l’Eglise, présentant par ordre chronologique ses combats, ses triomphes et les traite les plus propres à instruire/ ! in-12, Paris, 1841 ; 2° Table de tous les auteurs édités par le cardinal Mai, Paris, 1850 ; 3° Documents historiques sur la religion des Romains et sur la connaissance qu’ils ont pu avoir des traditions bibliques par leurs rapports avec les Juifs, 4 vol., Paris, 1867-1878 ; 4° Dictionnaire raisonné de diplomatique, 2 vol. ; 5° une traduction annotée de l’ouvrage du jésuite Prémaré, missionnaire de Chine, mort en 1735, Vestiges des principaux dogmes chrétiens, tirés des anciens livres chinois, avec reproduction des textes chinois, 1879.

III. Sens des propositions auxquelles il dut souscrire, sur l’ordre de la S. C. de l’Index du Il juin 1855. Denzinger, Enchiridion, doc. cxxx.

1. Etsi fides sit supra ratioBien que la foi soit au-dessus

nem, nulla tamen vera dissende la raison, il ne peut cepen sio, nullum dissidiura inter dant se trouver entre elles au ipsas inveniri unquam potest, cun désaccord réel, aucun dis cum ambae ab uno eodemque sentiment, puisque toutes deux

immutabili veritatis tonte, Deo procèdent d’une seule et même

optimo maximo, oriantur atque source immuable de la vérité,

ita sibi mutuam opem ferant. Dieu infiniment parlait, et

Encycl. P. P. PU IX, 9 nov. qu’ainsi elles se portent un

1846. mutuel secours. Encyclique de Pie IX du 9 novembre 1846.

La phrase fidèlement extraite de l’encyclique précitée se termine ainsi dans le texte de 1846 :

… atque ita sibi mutuam opem

ferant ut recta ratio fidei veritatem demonstret, tueatur,

defendat ; fides vero rationem

ab omnibus erroribus liberet,

eamque divinarum rerum co gnitione mirifice iIlustret, con(irmet atque perficiat.

… et qu’elles s’entr’aident mutuellement de telle sorte que la droite raison démontre.soutient, défend la vérité de la foi, tandis que la foi délivre la raison de toutes les erreurs, et l’éclairé, l’affermit et la perfectionne

merveilleusement par la con naissance des choses divines.

Cette conclusion nous manifeste le sens complet de la proposition incidente : atque ita sibi mutuam opem ferant.

Suivant Bonnetty, l’homme, dans quelque état qu’il se trouve placé, ne possède en réalité qu’un principe de connaissance pour les vérités de la religion naturelle, telles que l’existence de Dieu, l’existence de la loi naturelle, l’immortalité de l’âme et l’existence d’une autre vie. Ce principe de connaissance n’est autre que la révélation divine manifestée à l’homme par l’intermédiaire de la tradition. Dépourvue du secours de cette tradition, la raison, entièrement laissée à elle-même, est absolument incapable de découvrir ces vérités. Elle ne peut que tomber dans l’erreur, si elle essaie de dépasser en