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BONAVENTURE (SAINT)


Ces questions avaient été laissées dans l’oubli il y a trois siècles. Seule la question sur la pauvreté avait été imprimée séparément, et encore ses éditions étaient très imparfaites. C’est le P. Fidèle de Fanna qui les a arrachées à cet abandon assez difficile à expliquer. Cet écrit, en effet, ne manque pas d’importance ; il mérite d’être rangé parmi les ouvrages principaux de saint Bonaventure. D’ailleurs son authenticité n’est pas douteuse ; les critères intrinsèques suffiraient à eux seuls à la prouver. La doctrine, la méthode, le style, tout témoigne manifestement que ces questions sont sorties des mains du docteur séraphique, ce qui d’ailleurs est confirmé par des preuves extrinsèques. L’authenticité des questions De scientia Christi et De mysterio Trinitatis se prouve suffisamment par un manuscrit de la bibliothèque Vaticane, n. 612, qui date du XIIIe siècle, et par le témoignage de Pierre-Jean Olivi, f 1298, contemporain de saint Bonaventure. Cf. S. Bonaventurse Opéra, t. v, p. iv sq. Les témoignages en faveur de l’authenticité des questions De perfectione evangelica ne sont pas moins évidents. En eflet, l’authenticité de la question sur la pauvreté a été reconnue par tous les critiques, Icc. cit., p. vi, et puisqu’elle fait partie d’un ouvrage dont toutes les questions sont connexes, on doit l’attribuer tout entier à Bonaventure, loc. cit., p. xiv.

Cette question sur la pauvreté est la réfutation du livre de Guillaume de Saint-Amour, De periculis novissimorum temporum. Par la Replicatio adversus objectiones postea factas, ajoutée à cette question, t. v, p. 149, nous savons que Bonaventure a réfuté cet ouvrage dans ses cours, et que Guillaume de Saint-Amour fit plusieurs objections contre sa doctrine, recueillie d’une manière insuffisante par les écoliers. C’est alors que Bonaventure rédigea le texte de cette question en ajoutant la réfutation des objections. Cf. t. v, p. VI sq. Ces objections autrefois inconnues ont été imprimées, t. v, p. viii-x. Pour leur réfutation, cf. t. v, p. x sq., p. 149 sq. Il est probable que cet ouvrage de Bonaventure a été consulté à Anagnia où Alexandre IV fit examiner le livre de Guillaume de Saint-Amour en 1256. Cf. t. v, p. vin.

Deux de ces Quæstiones disputatæ, en raison du caractère original qu’elles présentent, méritent une mention spéciale. La première est celle De mysterio Trinitatis. Elle est traitée suivant une méthode particulière. En effet, Bonaventure démontre dans les deux premiers articles, Deuni esse, esse verum indubitabile, et Deuni esse trinum, esse verum credibile. Puis dans sept questions, il prouve autant d’attributs de Dieu et démontre que ces attributs se concilient avec la Trinité, quod possunt stare cum Trinilale. La seconde est celle dans laquelle il traite de l’obéissance due au souverain pontife, De perfectione evangelica, q. IV, a. 3. Elle est remarquable à cause de la solidité des arguments par lesquels Bonaventure prouve, mieux que ne l’ont fait les autres scolastiques, les prérogatives et surtout l’infaillibilité du pape.

3° Breviloquium, t. V, p. 11)9-291. — Cet ouvrage, après une introduction qui traite de l’Écriture sainte et de la manière de l’expliquer, comprend sept parties : De Trinilale Dei ; De creatura ntundi ; De corruptela peccati ; De incarnatione Verbi ; De gratia Spiritus Sancli ; De medicina sacramentali ; De statu finalis judicii ; ce n’est qu’une somme condensée de son commentaire sur le livre des Sentences.

4° Itinerarium mentis in Deum, t. v, p. 293-313.

— Cet ouvrage, qui a été écrit pour promouvoir la dévotion et la contemplation (prolog., n. 4) et qui part des créatures pour s’élever jusqu’au créateur, peut être considéré comme une œuvre mystique, Cependant, dans la nouvelle édition, il a été rangé- à bon droit parmi les écrits scolastiques, parce que les sujets à considérer sont

empruntés à la science philosophique et théologique, t. v, p. 314. Il est indispensable pour étudier la philosophie de saint Bonaventure. Aussi M. Amédée de Margerie, après avoir prouvé par des extraits de Y Itinerarium mentis in Deum que Bonaventure se place au premier rang des philosophes par sa profonde et complète démonstration de l’existence de Dieu (cf. Essai sur la philosophie de saint Bonaventure, Paris, 1855, p. 86115), appelle-t-il cet ouvrage « une des plus belles consécrations, que la philosophie ait fait à Dieu de toutes les facultés humaines » . Op. cit., p. 118. Cet écrivain reconnaît cependant que ce livre « contient, à côté de la partie philosophique consacrée à démontrer rationnellement l’existence de Dieu, une partie théologique, qui a pour objet le mystère de la sainte Trinité, et qu’aux trois modes de connaissance par lesquels s’exerce la raison naturelle, notre auteur en ajoute trois autres qui peuvent être considérés comme les mêmes facultés éclairées par la foi » . Op. cit., p. 95, note 2.

Bonaventure divise l’ouvrage en sept chapitres : De gradibus ascensionis in Deuni et de speculatione ipsius per vestigia ejus in universo ; De speculatione Dei ix vestigiis suis in hoc sensibili mundo ; De speculatione Dei per suant imaginent naturalibus potentiis insignitam ; De speculatione Dei in sua intagine donis gratuitis reformata ; De speculatione divinæ unilatis per ejus nomen primarium, quod est esse ; De speculatione beatissimæ Trinitatis in ejus nomine quod est bonum ; De excessu mentali et mystico in quo reçûtes datur intellectui, affectu in Deum per excessum totaliter transeuute.

5° De reductione artium ad theologiam, t. v, p. 319325. — Le titre de cet ouvrage n’est pas ancien et ne s’applique pas bien au sujet traité. Dans lés manuscrits on trouve les titres : Sermo fratris Bonaventure ; Sertuo fralris Bonaventure de opère superiori ; Sermo bonus et utilis ; Sermo Bonaventure de septem artibus mechanicis ; Tractalus de divisione scientiarum ; Liber… de ortu scientiarum. Sabaralea, Supplementum, p. I i(>, col. 2, fait cette remarque : Posset vel débet appellari de illuminationibus, agit enint de sex illuminations bus hujus vitse. Cꝟ. 5. Bonaventurse Opéra, t. v, p. xxxiii. En effet, Bonaventure, dans cet opuscule, divise les sciences d’après les six lumières de cette vie, à savoir : de lumine sacrse Scripturx ; de lumine cognitionis sen~ sitivse ; de lumine artis mechaniese ; de lumine philosophise rationalis ; de lumine pliilosophiee naturalis ; de lumine philosophiez moralis, qui sont suivies de illumiuatione glorise, t. v, p. 321 sq.

6° Collationes in flexæmeron àive illuminationes Ecclesise, t. v, p. 327-449. — Le titre n’est pas de saint Bonaventure. Aussi il est différent dans les manuscrits et les éditions : Illuminationes Bonaventure de operibus vu tlierum ; Lumitiaria Ecclesise sive illuminationes sive de quinque visionibus ; Illuminationes Ecclesise in Hexæmeron. Sixte de Sienne, Bibliotheci sancta, Naples, 1742, t. i, p. 346, dit qu’on l’appelle De luminaribus Ecclesise, sive de illuminationibus, sive ( ! < quinque visionibus, <jitia in eo potissintum exponuntur quinque illse visioncs Dei comprehensse in ea sententia Moysi : Vidit Deus quod esset bonum, etc., quinquies (’.') in jirincipio Geneseos repelila.

L’intention de saint Bonaventure n’était pas cependant d’expliquer le premier chapitre de la Genèse. Par allusion à ce chapitre, il se proposait d’expliquer septem gradatim ascendentes illuminationes. qu’il appelle visioncs ; mais avant qu’il eût achevé la cinquième vision, le travail fut interrompu par l’élévation de l’auteur an cardinalat.

L’ouvrage se compose de 23 sermons ou plutôt conférences scientifico-réligieuses, dans lesquelles Bonaventure enseigne à ses auditeurs les vérités les plus sublimes de la théologie spéculative et mystique, en vue