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BOLLAND — BONA


avait pris le nom. Jean Bolland entra dans la Compagnie de Jésus, à Anvers, le 12 septembre 1612. Après avoir achevé le cours de sa formation religieuse, littéraire et théologique, il fut, pendant cinq ans, préfet des études à Malines. Quand Rosweyde mourut le 5 octobre 1629, Bolland fut appelé à Anvers pour continuer l'œuvre, projetée par celui-ci, de publier en dix-sept volumes un recueil d’Acta sanctorum. Pendant cinq ans, Bolland s’occupa seul à mettre le travail sur pied et à recueillir les documents nécessaires. Il modifia sur deux points principaux le plan de Rosweyde : chaque vie serait précédée d’un commentaire complet discutant et résumant les données des Actes ou des documents, et sous le nom de saints il entendait comprendre tous ceux qu’un titre public de culte plaçait dans les martyrologes particuliers et locaux. En 1643, Bolland fit paraître, avec le P. Godefroid Henschen qui lui avait été associé en 1635, les deux premiers volumes contenant les Acta sanctorum de janvier, et quinze ans plus tard, en 1658, les trois volumes de février. Dans l’intervalle, Bolland avait fondé et organisé la bibliothèque et les archives de la société, qui devaient devenir si fameuses dans les annales de l'érudition. Si son âge et ses infirmités ne lui permirent pas de répondre à l’invitation d’Alexandre VIII, qui l’engageait vivement à explorer l’Italie et en particulier les trésors historiques du Vatican, il envoya à sa place ses deux compagnons, les PP. Henschen et Papebroch. Toutefois, ce fut Bolland qui régla leur itinéraire, avec tant de sagacité que ce voyage scientifique de neuf mois constitua pour longtemps une des plus précieuses ressources des travaux des bollandistes. Trois ans après le retour de ses compagnons, le 29 août 1665, le P. Bolland fut nappé d’apoplexie à la porte du musée qu’il avait créé, et il succomba le 12 septembre suivant. Outre son active collaboration aux six premiers volumes des Acta sanctorum, on doit au P. Bolland une traduction de l’italien en latin de l’histoire de la persécution du christianisme au Japon : Narratio persecutionis adversus christianos excitatse in variis Japonise regnis, in-8°, Anvers, 1635 ; une vie de saint Liboire : Yila S. Liborii episcopi, in-8°, Anvers, 1640, et le Brevis tiolitia Belgii ex Actis sanctorum januarii et februarii, in-8°, Anvers, 1658. On a parfois attribué à Bolland le fameux ouvrage Imago primi sœciiti, publié en 1640 par les jésuites belges pour célébrer le premier centenaire de la fondation de leur Compagnie. C’est à tort, mais Bolland proposa le plan et surveilla l’exécution, ainsi que l’impression de l’ouvrage.

D. Papebroch, De vita, operibus et virtutibus Joannis Bollandi, en tête du t. imartii, des Acta sanctorum ; Foppens, Bibliotheca belgica, p. 584 ; Paquot, Mémoires, in-fol., t. ii, p. 238 ; Goethafs, Lectures relatives à l’histoire des sciences en Belgique, t. I, p. 184 sq. ; Pitra, Études sur la collection des Actes des saints, c. n-vn ; Gachard, Mémoire sur les bollandistes, dans le Messager des sciences historiques de Gand, 1835, t. iii, p. 100 sq. ; J.-J. Thonissen, dans la Biographie nationale, t. i, col. 630-641 ; C. Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. i, col. G85.

J. Van den Gheyn.

    1. BOLLANDISTES##


BOLLANDISTES. Voir Bolland, col. 950-951, et Acta sanctorum, t. i, col. 330-332.

    1. BOLOTOV Basile##


BOLOTOV Basile, théologien et historien russe, très versé dans la connaissance des langues orientales, naquit dans le gouvernement de Tver en 1854. Élève (1875) et ensuite professeur à l’Académie théologique de Saint-Pétersbourg, Bolotov s’est rendu célèbre par un grand nombre d’ouvrages rédigés dans un esprit éminemment critique. Il est mort le 17 avril 1900. Citons parmi ses écrits : La doctrine d’Origène sur la Trinité, Saint-Pétersbourg, 1879 (thèse de doctorat) ; cf. K/tristianscoe Tchténie (Lecture chrétienne), IS79, n. 1-2, p. 68-76 ; Le récit de Dioscore sur le concile de Chalcédoine, ibid., 1884, n. 11-12, p. 581-625 ; 1885, n. 1-2,

p. 9-34 ; L’union djs Abyssins avec l’Eglise orthodoxe, ibid., 1888, n. 3-4, p. 450-462 ; Les controverses théologiques dans l’Eglise éthiopienne, ibid., 1888, n. 7-8, p. 30-62 ; n. 1 1-12, p. 775-832 ; Libère, évêque de Rome, et le concile de Sirrnium, ibid, , 1891, n. 3-12. Bolotov a surtout éclairci les origines du christianisme en Perse : tout ce qu’il a écrit sur ce sujet a paru dans le Krislianoscoe Tchténie, organe ofliciel de l’Académie théologique de Saint-Pétersbourg. On lui doit aussi une traduction russe de l’ouvrage d’Overbek : La prééminence incontestée de l'Église orthodoxe sur toutes les autres confessiotis chrétiennes. Bolotov y a prodigué ses notes et éclaircissements. La Reçue internationale de théologie, organe du vieux catholicisme suisse, dirigé à Berne par l’apostat E. Michaud, a publié en 1898 un article très important de Bolotov sur le Filioque. Le théologien russe, distinguant entre un dogme et une opinion4héologique, pose en principe que le Filioque n’est qu’une opinion soutenue par les Pères de l’Occident même aux premiers siècles de l'Église. Les Orientaux, l'école d’Alexandrie en particulier, tenaient que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils : ils raisonnaient en théologiens. Saint Augustin et ses disciples déclaraient à leur tour que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Ils arrivaient à cette conclusion par des arguments tirés de la métaphysique. Ce n’est donc pas le Filioque qui empêcherait l’union des Églises. L’unique obstacle à cette entente, c’est la papauté que l’on doit regarder comme le véritable ennemi de la chrétienté.

Roubtzev, Basile Basilévitch Bolotov, essai biographique, Tver, 1900 ; Brilliantov, L’enseignement et la carrière scientifique de Bolotov considéré comme historien de l’Eglise, hh/'istianskoe Tchténie, avril 1900, p. 467-497 ; Bulletin de l'éparchie de Tver, 1900, n. Il ; Messager d’Europe (Viestnik Evropyy, juillet 1900, p. 416-418 ; Touræv, Basile Bolotov, Journal du ministère de l’Instruction publique (Journal ministerstva narodnago prosviechtchéniia), octobre 1900, p. 81-101 ; Mélioranski, Basile Bolotov, Chronique Byzantine (Vizantiiski Vréménik), 1900, p. 614-620 ; Messager ecclésiastique (Tzerkovnyi Viestnik), 1900, n. 16. Cette dernière revue contient la liste complète des écrits de Bolotov, p. 498-500.

A. Palmieri.

    1. BONA Jean##


BONA Jean, théologien et cardinal. Né à Mondovi, Piémont, le 12 octobre 1609, d’une ancienne tamille française, entra dans l’ordre des feuillants en 1625, émit ses vœux solennels au couvent de Pignerol le 2 août 1627, professa la théologie et la philosophie à Rome, se distingua tellement par sa science et sa piété éclairée, qu’il fut élu successivement prieur, abbé et trois fois général des feuillants, nommé cardinal le 29 novembre 1669, il faillit même être élu pape ; il mourut saintement à Rome le 28 octobre 1674.

Parmi ses nombreux ouvrages d’ascétisme et de liturgie, il faut citer : 1° Psallentis Ecclesisc harmonia. Tractalus historiens, symbolicus, asecticus de divina psalmodia (un chapitre particulier y traite de l’alléluia), in-4°, Rome, 1653 ; Paris, 1663 ; 2° De rébus liturgicis, in-fol., Rome, 1671 ; in-4°, Paris, 1672 ; cet ouvrage fondamental sur l’origine des rites et des prières de la messe, sur l’usage du pain fermenté ou azyme dans l'Église occidentale, a été de nouveau publié en 1676 sous le titre de : Rerum liturgicarum libri 11, cum disquisilione de azymo et fermentato, Paris ; trad. franc, par l’abbé Lobry, 2 in-8°, Paris, 1856 ; 3° Via compendii ad Deum per motus anagogicos et preces jaculatorias, Rome, 1657 ; 4° Manuductio ad cselum, medullam confinons SS. Patrum et veterum philosophorum, Rome, 1658 ; in- 18, I’ruxelles, 1663, 166't ; traduit plusieurs fois en français sous des titres un peu différents, et en d’autres langues ; 5° De discretione spirituum liber unus, Rruxelles, 1671 ; Rome, 1672 ; Paris, 1673 ; Venise, 1673 ; trad. franc., in-12, Paris, 1675, 1701 ; 6° De sacri/icio nrissse tractatus asecticus, continens praxim attente, dévote et reverenler eclebraudi, Rome,