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BOLINGBROKE — BOLLAND


a toujours cru. Mais ce Dieu quel est-il ? Nous ne pouvons nous le démontrer qu’infiniment puissant et sage : la nature ne nous le montre que tel. Nous n’avons pas le droit de le dire juste et bon : autrement, ce serait nous amuser à transporter en lui nos facultés et faire de lui « un homme infini » . C’est par un faux raisonnement de ce genre que l’on a cru à la providence : « Tout ce que Dieu fait est grand et bon en soi, mais ne parait pas toujours tel, si nous le rapportons à nos idées de justice et de bonté. » Somme toute, Dieu est un admirable architecte, rien de plus.

Et l'âme de l’homme ? Il y a des phénomènes intellectuels, donc il y a dans l’homme une faculté pensante. Mais il ne faut pas chercher plus loin : il n’y a pas de science distincte de l’esprit ; l’esprit relevé de la physique et de l’histoire naturelle comme le corps.

"Y a-t-il une vie future ? Bolingbroke semble y avoir cru pour lui-même et dans ses écrits il ne la nie pas. Mais sa philosophie peut très bien s’en passer. Ni sa conception de Dieu, ni sa conception de l’homme n’entraînent l’existence d’une vie future. Sa conception de la loi morale, du vice et de la vertu ne la suppose pas davantage : il y a une loi morale universelle, mais qui ne repose pas uniquement et nécessairement sur la volonté divine ; la vertu trouve en elle-même sa récompense, et le vice, son châtiment dans sa perversité.

Ces idées n’ont rien d’original, mais elles étaient exposées avec une telle clarté, une telle verve, qu’elles eurent grande influence. Elles sont contenues dans les Lettres à M. de Pouilly, écrites en français en 1720 ; Pensées sw la religion naturelle ; Limite de la connaissance humaine ; Réflexions sur les principes innés de la morale, et dans la Correspondance. Ces ouvrages, Bolingbroke ne les avait pas publiés, pour ne pas se nuire auprès de son parti. Mais son exécuteur testamentaire, David Mallet, les publia avec tous ses autres écrits sous ce tilre : Œuvres complètes de Henri Saint-Jean, vicomte de Bolingbroke, 5 in-4°, Londres, 1753-1754. Ses écrits philosophiques, sous le nom d’Essais, remplissent à peu près les 3e et 4e volumes. A peine ces Œuvres avaientelles paru que, devant le scandale causé, le grand jury de Westminster les condamna comme hostiles à la religion, à la morale et à la paix de l'État. Et plusieurs écrivains, Leland, Clayton, Warburton, etc., se mirent bientôt en devoir de les réfuter.

On a ajouté à l'édition de David Mallet 2 vol. de correspondances et de papiers d'État trouvés par G. Parke en 1798. Goldsmith a donné une édition plus complète des œuvres de Bolingbroke, 8 in-4°, Londres, 1809.

En dehors des ouvrages déjà indiqués, l’on a de Bolingbroke en français : 1° Lettres historiques, politiques, philosophiques et particulières, trad. par le général Grimoard avec un Essai historique sur la vie de Bolingbroke, 3 in-8°, Paris, 1808 ; 2° Pensées sur différents sujets d’histoire, de philosophie et de morale, etc., recueillies par Prault fils, 8 in-12, Paris, 1771, ouvrage dans lequel l'éditeur a souvent altéré les opinions de Bolingbroke.

Cook, Memoirs of Bolingbroke, 2 in-8°, Londres, 1836 : Lestie Stephen, llistory of enylish thowjth in the eighteenth century, 1876, 1. 1, c. ni ; t. il, c. x ; Thomas Macknight, The life of Harry Suint-John, viscount Bolingbroke, Londres, 1803 ; Voltaire, Œuvres, passim (voir la table générale et analytique des matières de l'édition Firmin-Didot, 1876, t. xiii) ; Ch. de Rémusat, L’Angleterre au xviiie siècle, études et portraits, 2 in-8°, Paris, 1856, t. i ; li. Harrop, Bolingbroke, in-8°, Londres, 1884 ; L. Carrau, La philosophie religieuse en Angleterre depuis Locke jusqu'à nos jours, c. iv, in-8° Paris, 1888 ; F, Vigoureux, Les Livres saints et la critique, Paris, 1886, t. il, p. 152459.

C. Constantin.

    1. BOLIVAR (Jean de)##


BOLIVAR (Jean de), dominicain espagnol, professeur à la première chaire de théologie à l’université de Salamanque. Mort au commencement du xvine siècle. — SalmantinsB lectures in quibus preecipuæ frequen tioresque thomisticæ scholtp cotttroversise prompte ac perspicue enodantur, 2 in-fol., Salamanque, 1701.

Quétif-Echard, Script, ord. prxd., t. il, p. 770 ; Hurtcr, Nuinenclator literarius, t. ii, col. 649.

P. Mandonnet.

    1. BOLKHOVITINOV Eugène##


BOLKHOVITINOV Eugène, célèbre théologien et historien russe. Né dans le gouvernement de Voronèje en 1767, Bolkhovitinov suivit les cours de l’Académie ecclésiastique de Moscou (1785), et ses études achevées, occupa la chaire d’histoire au séminaire de Voronèje. En 1799, à la suite de la mort de sa femme et de ses enfants, il renonça au monde et embrassa la vie monastique. En 1880, il tut appelé en qualité de recteur à l’université de Saint-Pétersbourg. On lui confia en même temps l’enseignement de la philosophie, et grâce à ses conseils, les meilleurs élèves de l’université éditèrent des travaux importants sur la théologie et sur l’histoire de l'Église russe. Le P. Gruber, S. J., ayant présenté à Paul I er (1796-1801) un projet concernant l’union dos catholiques avec l'Église orthodoxe, Bolkhovitinov, sur la demande du métropolite de Moscou, écrivit son E.ramen canonique relatif au pouvoir du pape sur l'Église chrétienne (1800). Il prit vivement à partie les doukhobortzy, dont il réfuta les doctrines à plusieurs reprises. Vicaire de Novgorod en 1804, évêque de Vologda en 1808, et de Kalonga en 1816, archevêque de Pskov en 1816, métropolite de Kiev en 1822, Bolkhovitinov ne cessa pas de travailler jusqu'à sa mort (23 février 1837). On lui doit un grand nombre d’ouvrages surtout dans le domaine de l’histoire de l'Église russe. Son essai historique sur la hiérarchie russe (1827) est très estimé. A ses écrits de polémique ci-dessus mentionnés, il faut ajouter ses sermons, et son dictionnaire des écrivains ecclésiastiques russes (Slovar pisatéléi rossiiskikh dukhovnago tchina), Saint-Pétersbourg, 1818, 1827. Les théologiens y occupent une place importante.

Souvorov, Notices historiques sur les prélats de Véparchle de Vologda, dans le Bulletin de l'èparchie de Vologda, 1868, n. 0 ; Ivanovski, Matériauxpour servir à la biographie d’Eugène Bolkhovitinov, Saint-Pétersbourg, 1871 ; Bolkhovitinov dans la taure Pétcherski de Kiev, Directoire des curés de village (Roukovodstvo dliiaselsckikh pastyréi), 1868, t. ii, n. 26, p. 267-276 ; n. 29, p. 373-382 ; Kniazev, Eugène Bolkhovitinov, archevêque de Pskov. Chronique ecclésiastique (Tzerkovnaïa Liétopis), 1868, n. 1 ; Malychevskys, Eugène Bolkhovitinov, recteur de l’Académie de Jure, Mémoires ou Travaux (Troudy) de l’Académie théologique de Kiev, 1867, t. iv, p. 567-650, 659670 ; Ponomarev, Matériaux pour servir à la biographie de Bolkhovitinov, jkirf., 1867, t. iii, n. 8, p. 253-293 ; Tikhonravov, Vie d’Eugène Bolkhvitinov, dans le Messager russe (Bousskii Viestnik), 1862, t. lxxxi, n. 5, p. 1-38 ; Pliilarète, Aperçu sur la littérature ecclésiastique russe, p. 411-444 ; Ikonnikov, Essai de bibliographie russe, Kiev, 1821, t. I, p. 240-241 ; Méjov, Bibliographie historique russe, Saint-Pétersbourg, 1882, t. il, p. 179-182 ; Polétaiev, Travaux du métropolite Eugène concernant l’histoire de l'Église russe, Kazan, 1889 ; Chmourlo, Le métropolite Eugène comme érudit, Saint-Pétersbourg, 1888 ; Id., Catalogue des écrits d’Eugène Bolkhovitinov, Saint-Pétersbourg, 1888 ; Speranski, L’influence littéraire d’Eugène Bolkhovitinov, dans le Messager russe, 1885, n. 4-6 ; Nikolajovski, Les travaux et l'érudition de Bolkhovitinov dan* le domaine de l’histoire de l’Eglise russe, Khrisiianskoe Tchlènie, 1872, n. 7, p. 375-430 ; Picvnitzki, La prédication d’Eugène Bolkhovitinov, Troudy de l’Académie de Kiev, 1867, n. (MO ; Tikhonravov, Mémoire sur la polémique du métropolite, Engène contre les doukhobortzy, Lectures de la Société d’histoire et d’antiquité russes, 1874, n. 4, p. 137-145 ; Dobroklonski, Histoire île l'Église russe, Moscou, 1*93, t. iv, 253-250 ; Andn jevski, Dictionnaire encyclopédique, Saint-Pétersbourg, 1893, t. XI, p. 411-413.

A. Pai.mii.iu. BOLLAND Jean, de la Compagnie de Jésus, donna son nom à la célèbre collection des Acta sanctorum dite des bollandistes. Voir t. i, col. 330 332. Il naquil à Julémont (diocèse de Liège), le 13 août 1596, d’une famille originaire du village voisin de Bolland, dont elle