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BINAGE — BINIUS


voile. La messe terminée, ou bien il laisse le calice sur l’autel, ou bien il le porte à la sacristie et l’y garde en un lieu décent et terme, ou enfin il le met dans le tabernacle en le laissant toujours, dans les trois hypothèses, sur le corporal. S. C. des Rites, 16 septembre 1815, clans Gardellini, n. 4365, Rome, 1825, t. v, p. 201 ; S. C. de la Propagande, Collectanea, p. 300 ; cf. de Ilerdt, Sacræ liturgiae praxis, n. 284, t. i, p. 344. — 2° Mais si le prêtre bine dans deux églises différentes, il n’est plus obligé comme autrefois de se servir du même calice. La S. C. des Rites qui, le 16 septembre 1815, avait ordonné l’usage d’un seul calice, a réformé, le Il mars 1858, sa décision précédente, et a autorisé la coutume, établie de divers cotés, d’employer deux calices. Elle a fait par suite rédiger une instruction, dont nous avons déjà rapporté le début. Au sujet de la purification du calice, elle règle ce qui suit : Après le dernier Évangile, le célébrant, debout au milieu de l’autel, découvre le calice, qui est resté sur le corporal, et prend les quelques gouttes du Précieux Sang, s’il en remarque au fond du calice, par le même côté qu’à la communion. Puis, il met dans le calice au moins autant d’eau qu’il y avait mis de viii, et après l’avoir promenée sur la paroi intérieure, il la verse, toujours du même côté, dans un vase préparé pour la recevoir. Il essuie ensuite le calice avec le purificatoire, et il quitte l’autel. Son action de grâces faite, ou bien il conservera cette eau, s’il doit célébrer dans la même église, pour la prendre le lendemain avec la seconde ablution ; ou bien il en imbibe du coton ou de l’étoupe qu’il brûlera ensuite ; ou bien il la laisse s’évaporer à la sacristie ; ou bien, il la jette dans la piscine. Décréta authentica, n. 3068. Toutefois, une décision, du 9 mai 1893, autorise le prêtre à emporter, dans un vase décent, la purification du calice de la première messe, pour la prendre avec la seconde ablution de la dernière messe, lbid., n. 3798. Voir la Revue des sciences ecclésiastiques, octobre 1903, p. 330-337.

Ces matières sont longuement et savamment exposées par Benoit XIV, dans sa bulle Declarasti, du 16 mars 1740, Bcncdicti XIV Bullarium, Venise, 1778, t. ir, p. 7 sq. Voir, en outre, pour la partie historique, Thomassin, De veteri et nova Ecclesiæ disciplina, part. III, 1. I, c. I.xxii. n. 6, Paris, 1679 ; Pontas, Dictionar. casuum conscientise, v° Missa, cas. 15, Venise, 1757, t. ii, p. 554 sq. ; Lupus, Synodorum generalium ac provinciaiiutn décréta et canones, Venise, 1735, t. v, p. 147-156. Pour la partie théologique, les Salmanticcnses, Theologia moralis, tr. V, De sacrificiel missx, c. v, punct. i, n. 12, Madrid, 1717, t. i ; Suarez, In III’™, disp. LXXX, sect. iii, Paris, 1801, t. xxi, p. 774 sq. ; Bouix, De parocho, part. IV, c. VI, Paris, 1885, p. 401-471 ; Ballerini, Opus Iheolo’jicum morate in Buscmbaum nicdullam, tr. X, De sacramentis, sect. iv, De eucharistia, c. IV, . n. 302, p. 773 sq. ; Schmalzgrueber, Jus ecclesiasticum universum, 1. III, lit. xii, De celebratione missarum, § 2, n. 40-43, Naples, 1738, t. iii, p. 456. Pour l’ensemble de la question, lire surtout Lucidi, De visitatione sacrorurn liminum, c. iii, § 11, a. 4, De facultate binandi, Rome, 1883, t. I, p. 463471 ; t. III, doc. 38, p. 250-374 ; doc. 43, p. 401-411 ; il y donne in extenso la bulle de Benoit XIV, Declarasti, du 16 mars 1746, et l’importante instruction de la S. C. de la Propagande du 24 mai 1870 ; Gasparri, Tractatus canonicus de eucharistia, Paris, 1897, t. i, p. 266-291 (avec la bulle Declarasti, t. ii, p. 411-424) ; Many, Prælectiones de missa, Paris, 1903, p. 55-75 (avec la bulle de Benoit XIV et l’instruction de la S. C. des Bites, du Il mars 1858, p. 368-387).

T. Ortolan.

    1. BINET Etienne##


BINET Etienne, jésuite français, né à Dijon, en 1569, entra au noviciat en 1590. Recteur du collège de Rouen, supérieur à Paris, provincial de Champagne, de Lyon et de France, il mourut en 1639. Il écrivit de nombreux ouvrages de dévotion : abrégés de vies de saints, traités ascétiques. De ces écrits nous citerons seulement ceux qui ont trait davantage à la théologie : La fleur des Psaumes de David, Rouen, 1615 ; La pratique solide du saint amour de Dieu, Mons, 1623 ; Réponse aux demandes d’un grand prélat louchant la hiérarchie de l’Église, Pont-à-Mousson, 1625, ouvrage où il expose et défend les

droits des religieux par rapport au ministère des âmes ; De l’état heureux et malheureux des âmes souffrantes en purgatoire, Paris, 1626 ; Le riche sauvé par la porte dorée du ciel, Paris, 1627 ; Du salut d’Origène, Paris, 1629 ; Le grand chef-d’œuvre de Dieu ou les perfections de la sainte Vierge, Paris, 1634. La plupart de ces ouvrages ont eu plusieurs éditions et traductions, ils rappellent par l’onction et la suavité ceux de saint François de Sales dont le P. Rinet avait été le condisciple et l’ami au collège de Clermont.

Sommervogel, Bibl. de ta C" de Jésus, t. I, col. 1488-1505 ; Sotwel, p. 747 ; Jennesseaux, Pré/ace de l’ouvrage du P. Binet : Marie, chef-d’œuvre de Dieu, Paris, 1864.

H. DUTOUQUET.

    1. BINIUS ou BINI Séverin##


BINIUS ou BINI Séverin, né à Randelraidt, au pays de Juliers, en Westphalie. Élève de l’université de Cologne, il tut, durant plus de vingt ans, professeur de philosophie et de théologie au gymnase de SaintLaurent ; il était à cette époque licencié en théologie. D’abord chanoine de Sainte-Marie ad Gradus de Cologne, il devint, au début du xvif siècle, chanoine de l’église collégiale de Saint-Géréon de la même ville, enfin plus tard, chanoine de la métropole. En 1618, il était doyen de la faculté de théologie de l’Académie de Cologne. Il mourut, dans cette ville, en 1641.

L’ouvrage capital de Rinius est la collection de conciles intitulée : Concilia generalia et provincialia, quolquot reperiri potuerunt ; item epistolse decretales et Romanorum ponlificuni vilæ, 4 in-fol., Cologne, 1606. La dernière collection de conciles qui eût été publiée auparavant était celle de Surius ; elle était déjà un grand progrès sur les ouvrages de Merlin et de Crabbe. Binius la reprit en sous-œuvre et, aidé des savants dont il va être question, il put, au bout de trois années de labeur acharné, faire paraître son œuvre. Surius avait donné les vies des papes d’après le Liber pontificalis du pape Damase et d’Anastase le bibliothécaire ; Binius maintint ces biographies, y ajouta les renseignements biographiques fournis par les chroniqueurs, et traita d’une laçon critique les fables et les faux récits attribués aux papes Damase, Grégoire VII, Sylvestre II, Jean VIII, Alexandre III, Adrien IV et Jean XXII.

Pour les décrétales des papes, Binius utilisa fort justement l’édition qui en avait été donnée par Carafa sous le titre : Epislolaruni decretalutm summorum ponlificuni ^ in-fol., Rome, 1591. Toutefois, il arrêta à Urbain II la collection des décrétales afin de ne pas paraître publier un bullaire. Pour ces décrétales, et en général toutes les pièces, il s’en tint aux arguments d’authenticité et à la critique des textes telle qu’il la trouva dans les ouvrages de Baronius, de Pistorius, de Fronton du Duc et des meilleurs manuscrits. Il laissa intact le texte des décrets donnés par Gratien, mais comme il y rencontra des erreurs d’attribution, il rectifia celles-ci, et, par des notes, en éclaircit le sens. Assez généralement d’ailleurs il fit précéder chaque concile d’un court sommaire indiquant le lieu du concile, la date, la cause de sa tenue, le nombre d’évêques qui y assistèrent ; après l’édition des actes, il ajouta des notes explicatives. Lorsque les actes du concile étaient perdus, il les remplaça par des mentions et des renseignements historiques tirés des chroniqueurs contemporains.

La partie qui concernait l’Espagne fut des mieux traitées, car outre le texte de Surius, Binius avait à sa disposition l’ouvrage de Loaisa intitulé ; Colleclio concilioruni Hispaniæ, in-fol., Madrid, 1593. Rinius utilisa le texte de Loaisa, qui avait édité pour la première fois plusieurs conciles d’Espagne, notamment celui de Mérida et plusieurs de Tolède, et il reproduisit les notes de cet auteur. Binius put encore se servir, également pour l’Espagne, des notes recueillies, en 1565, par Valerius Serenus de Louvain, dans les archives de Tolède et d’autres villes ; ces notes demeurées inédites avaient été