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BERNARD (SAINT)

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« Recourez donc : ’i Jésus le médiateur par excellence, s’écrie le saint abbé, à Jésus qui est toujours exaucé par son l’ère ; et si la majesté divine vous effraie, recourez | à Marie, » In Nativit. Maria, n. 7. « Rendez grâces à celui (]ni, d.ms sa pieuse commisération, vous a procuré une médiatrice en qui vous n’avez rien à redouter, o Dominica infra octav. Assumpt., n. 2. « Elle aussi, j’ose le dire, sera exaucée à cause de la dignité de sa personne, le Fils exaucera sa mère, et le Père exaucera son Fils. Mes petits entants, voilà l’échelle des pécheurs ! C’est là ma suprême confiance, c’est la raison de toute mon espérance. » In Nativit. Mariai ; n. 7. Et dans un débordement de foi, l’abbé de Clairvaux entonne cette touchante prière du Memorare, que les siècles suivants devaient achever et qui est devenue comme la respiration de l’Église universelle. « Vierge bénie, que celui-là taise votre miséricorde, qui vous a jamais invoquée en ses nécessités, sans avoir été exaucé. » Sileat misericordiam tuant, Virgo beata, si guis est qui invocatam te in necessitatibus suis sibi meminerit defuisse. In Assumpt., serin, iv, n. 8. Pour plus de détails, voir Vacandard, Vie de saint Bernard, t. ii, p. 87-95 ; Hânsler, op. cit., p. 33-64.

Intercession des saints.

Bernard n’a pas restreint à la sainte Vierge sa théorie de la médiation. Comme Marie, tous les saints, les apôtres en particulier, sont, suivant sa pensée, des médiateurs de second ordre : mediatores, quibus secure me commitlere passion… quia mediantibus Mis ad Ulum Mediatorem ascendere potero, qui venit pacificare per sanguinem surùm et quse in cselis, et quse in terris sunt. In festo SS. Pétri et Pauli, serin, i, c. i, P. L., t. clxxxiii, col. 405. Nul ne s’est attaché plus que lui à mettre en lumière le dogme de la communion des saints. A cet égard ses panégyriques de saint Malachie et de saint Victor sont particulièrement instructils. Nous détacherons seulement ces quelques lignes de son second sermon sur saint Victor : « Il repose, le vieux soldat, tranquille dans les douceurs de la paix qu’il a conquise. Il est sans inquiétude pour lui-même, mais non pas pour nous ; car, croyez-le bien, en secouant la poussière de la chair, il n’a pas rejeté’les entrailles de l’amour. Pour se revêtir de son habit de gloire, il ne lut pas obligé d’oublier notre misère et sa miséricorde. Ce n’est pas une terre d’oubli qu’habite l’âme de Victor… La largeur du ciel dilate les cieurs et ne les rétrécit pas ; elle ne rapetisse pas les affections, elle les agrandit. Dans la lumière de Dieu on apprend ce qu’on ignore, on ne désapprend pas ce que l’on sait. Fh quoi ! les anges viennent au secours des hommes ; et ceux qui sortent de nos rangs ne sauraient plus compatira des souffrances qui ont été leurs propres soutfrances ! » In natale S. Victoris, serai, ii, c. iii, P. L., t. clxxxiii, col. 371-375.

VII. ANGÉLOLOGIE. — Voir t. i, col. 1225-1226.

Nature des anges. —

Bernard estime que les anges ne peuvent communiquer avec nous sans le secours d’un corps. In Cantica, serm. v, n. 2, P. L., t. clxxxiii, col. 799. Mais par nature ont-ils un corps, ou sont-ils simplement spirituels ? Bernard n’ose se prononcer sur la question. Ibid., n. 7. Plus tard il revient sur le même sujet. Mais, après avoir déclaré que les anges ont dis corps éthérés, corpore mthereos, il se reprend comme s’il craignait d’être allé trop loin. « Il y a, dit-il, quelques docteurs qui se demandent non seulement d’où viennent les corps angéliques, mais même s’ils existent. » Puis il ajoute : « Si l’on veut ranger ce point parmi les opinions discutables, je n’y mets pas d’opposition. » ! >< consider., 1. V, c. îv. n. 7. Évidemment s’il tolère la doctrine de la spiritualité absolue, il incline, avec saint Augustin, à donner aux anges un corps quelconque,

Organisation des anges.

L’abbé de Clairvaux, qui copie saint Grégoire le Grand, adopte l’ordre suivant pour les neuf ordres angéliques : les anges, les archanges, les vertus, les puissances, les principautés, les dominations, les trônes, les chérubins, les séraphins. In Cantica, serin, xix ; De consider a tione, 1. V, c. iv, n. 7.

Perfections des anges.

Les Pères n’étaient pas d’accord sur la connaissance que possèdent les bons anges. Saint Augustin leur accorde la vision béatifique et la connaissance anticipée du mystère de l’incarnation. Saint Bernard au contraire semble avoir douté que les anges aient été initiés à ce mystère, sauf l’archange Gabriel qui reçut mission de l’annoncer à la sainte Vierge. Super M issus est. homil. i, n. 2. On lui fit un grief de cette doctrine. Hugues de Saint-Victor l’avertit amicalement de ce que l’on considérait autour de lui comme une erreur. Lui mit-il sous les yeux la doctrine de saint Augustin’.' Au moins est-il sur que Bernard abonda dans le sens de ses critiques. Il déclara seulement que l’ignorance des anges portait non sur le mystère même, mais sur les circonstances de lieu, de personne, etc. Traclatus X, c. v, n. 18-21, P. L., t. clxxxii, col. 1042-1046. Cette justification n’est qu’à moitié’satisfaisante.

Occupation des bons anges.

Contrairement au pseudo-Denys, Bernard enseigne nettement que tous les anges sont les missionnaires de Dieu. Super Missus est, homil. i, n. 2. Si le Christ est venu nous servir, dit-il, pourquoi répugnerait-il aux anges les plus sublimes d’imiter celui qu’ils servent dans les deux ? De S. Miehæle, serin, i, n. 2.

Les anges gardiens. — Voir t. i, col. 1226.

Satan et les démons. —

Bernard examine, avec ses contemporains et les Pères, quel a été le péché de Lucifer : Similis ero Altissimo. A-t-il réellement prétendu être l’égal de Dieu ? Bernard lui reproche d’avoir voulu usurper un titre qui n’appartient qu’au Fils du Très-Haut. Super Missus est, homil. iii, n. 12. Aussi a-t-il été’châtié promptement de son orgueil. Il fut précipité du ciel, avec ses suppôts. Mais qu’était l’enfer où il tomba’.' Saint Grégoire, suivant en cela saint Augustin dans l’interprétation de II Pet., ii, 4, avait admis que l’enfer n’était autre que notre atmosphère. Saint Bernard lit bon accueil à cette doctrine. Diabolus in pomam suam locttm in aère isto médium ititer cselum et terrain île cœlo cadens sortilus est, etc. In Cantica, serm. liv, n. 4. Fidèle en outre à l’opinion de saint Augustin, liernard estime que les démons sont exemptés du supplice du feu jusqu’à la fin du monde : Jam diabolo ignis paratus ; etsi nondum illepreecipitatus iti ignem. In transita Malachise, serm. i, n. 4.

Cf. Turmel, Histoire de l’angélologic, dans la Rente d’histoire et de littérature religieuses, 1899, t. iv, p. 217 sq.

VII. L’ÉGLISE.

L’arche sainte dans laquelle Dieu offre un asile et le salut à l’humanité tout entière, c’est l’Église catholique et romaine. Nul, plus que Bernard, n’a voué à cette Eglise un culte tendre, profond et dévoue’.

Hiérarchie.

1. Le pape.—

Les pages qu’il consacre à exalter la dignité du successeur de saint Pierre sont parmi les plus belles de son traité De consideratione, /’. /.., t. clxxxii. col. 727 sq. Qu’est-ce qu’un pape ? Les termes manquent pour le dire : « Il n’a pas son égal sur la terre, qui parem non habet. » Ibid., 1. I. c. il, n.. Les grands hommes de l’Ancien Testament ont montré en figure sa future gloire et son incomparable autorité. Dans le Nouveau il éclipse toute grandeur : « Il est Pierre par la puissance ; par l’onction, il est Christ. » Ibid., 1. II, c. viii, n. 15. (’es fonctions en impliquent beaucoup d’autres que Bernard énumère à la lin du livre IV" : s Considérez, dit-il au souverain pontife, que vous devez être le modèle de la piété, le champion de la vérité, le défenseur de la loi, le docteur des-