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RERGIER — BERNARD (SAINT)

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seule théologie scolastique. Les écarts du philosophisme du xvin c siècle ne sauraient justifier une omission aussi considérable.

3. On ne peut admettre d’une manière absolue cette assertion : « La preuve de la religion la plus convaincante pour le commun des hommes est la conscience ou le sentiment intérieur. Il n’en est aucun qui ne sente qu’il a besoin d’une religion qui l’instruise, qui le réprime, qui le console. Sans avoir examiné les autres religions, il sent par expérience que le christianisme produit en lui ces trois effets si essentiels à son bonheur ; il en trouve donc la vérité au tond de son cœur. Ira-t-il chercher des doutes, des disputes, des objections comme font les sceptiques ? Si on lui en oppose, elles feront peu d’impression pour lui ; le sentiment intérieur lui tient lieu de toute autre démonstration. » Art. Scepticisme, t. vii, p. 318.

4. On sait que, sur la question des doctrines gallicanes, Bergier ne s’élève point au-dessus des préjugés malheureusement trop communs à son époque. Art. Gallican, t. iii, p. 332 ; art. Infaillibilistes, t. iv, p. 200 sq. ; art. Roi, t. Vil, p. 181 sq.

2° Au point de vue de la méthode, nous nous bornerons aux deux remarques suivantes :
1. Bergier ne s’est point proposé d’exposer scientifiquement l’enseignement théologique ni de démontrer son accord avec les autres sciences, mais simplement de réluter les attaques des philosophes du xviiie siècle contre le fait de la révélation chrétienne et contre les dogmes qu’elle propose à notre croyance. Bergier reste exclusivement sur ce terrain, quelle que soit la matière qu’il traite, dogme, morale, histoire, criticisme biblique ou patristique. On peut lui reprocher d’avoir ainsi restreint sa défense ; mais on doit juger l’œuvre elle-même d’après le plan qu’il s’est tracé. D’ailleurs, bien que la position des ennemis de la révélation chrétienne soit actuellement changée et que leurs objections aient revé*tu une forme nouvelle, la défense de Bergier, même aujourd’hui, n’est point sans valeur. —
2. La critique de Bergier subit l’influence de son temps et de son milieu ; sur beaucoup de points, parfois très importants, elle se ressent de l’insuffisance des ressources documentaires et de l’imperfection des méthodes régnantes. Mais quels que soient les détauts constatés par la critique contemporaine, il reste à Bergier le mérite d’avoir été le premier initiateur d’une œuvre en elle-même très utile, que chaque siècle devra réédifier avec l’appoint de matériaux nouveaux et de méthodes plus perfectionnées.

Rohrbacher, Histoire universelle de l’Église catholique, Paris, 18V<, t. XXVII, p. 383 sq. ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspl’uck, 1895, t. iii, col. 270 sq. ; Kirchenlcxikon, 2’édit., Fribourg-en-Brisgau, 1883, t. ii, col. 408 sq. ; Herzog-SclialV, A rfli’jious chcyclopxdia, Edimbourg, 1883, t. i, p. 241 !  ; Notice historique sur Bergier, en tête du Dictionnaire, édit. Migne, Paris, 1800, t. I, col. 9-16.

E. DlIULANCHY.

BÉRITAUT. Voir Alexandre de la Passion, t. i, col. 785.

BERLENDI François, théologien italien de l’ordre des théatins, né le 23 août 1678, mort à Venise le 21 juin 1746, a donné un travail important Délie oblazioni ail’allare disserlalio slorico-teologica, in-4o, Venise, ITIC !, 1 71 J(i. lue troisième édition en a été publiée en latin sous le titre : De obiigationibus ad allare communibit.s et pecnlinribits, hoc est, missx stipendii intégra secundum selales dispositio : dissertalio historico-theologica, edilio prima latina post duas italicas cnicNiliiiior et auctior novis inquisitionibus, anirxadversianibus ait/ne figuris, in-’r, Venise, 1743.

Hurter, Nomenclator, t. ii, col. 10.">8. Voir Concina.

11. Heurtebize.

BERMAN Jean-Pierre, naquit le [ « janvier 1793, à Virining, paroisse de langue allemande, qui appartint au diocèse de Nancy de 1802 à 1874 et fait maintenant partie du diocèse de Metz. Dès le jeune âge il manifesta le désir de devenir prêtre ; ses parents, de condition très modeste, s’imposèrent de lourds sacrifices pour favoriser sa vocation. Il commença ses études au petit collège ecclésiastique d’Insming (canton d’Albestrof), les acheva au grand séminaire de Nancy, et reçut l’ordination sacerdotale en 1816. Il fut successivement vicaire à Fénétrange, 1816-1819 ; curé de Niderstinzel, 1819-1824 ; missionnaire diocésain, sous la direction de l’abbé Rohrbacher, 1824-1826 ; curé à Glonvilleet à Cirey, 1826-1828. Après ces douze années d’un ministère très varié et toujours très chargé, il fut nommé professeur de théologie morale au grand séminaire de Nancy. Il remplit cette fonction pendant vingt-cinq ans, sauf deux années d’interruption à la suite de la révolution de 1830. En 1853, il occupa une slalle de chanoine titulaire à la cathédrale de Nancy, et mourut le 15 mai 1855. Il avait fondé, en 1838, une œuvre qui subsiste encore à Nancy, pour la préservation des filles sans place. Comme elle recueillait à l’origine surtout des domestique^ de langue allemande, on l’appelle : l’œuvre de Sainte-Marie des Allemandes.

Ouand Berman commença d’enseigner au séminaire de Nancy, on y suivait comme manuel classique la Théologie de Bailly, mise depuis à l’Index par décret du 7 décembre 1852, parce qu’elle était fortement imprégnée de jansénisme. Voir col. 27. Les opinions morales de l’auteur, ordinairement très sévères, ne plaisaient guère au nouveau professeur ; il les rectifiait et leur opposait les solutions de saint Alphonse de Liguori. Bientôt il estima plus sage de renoncer complètement à Bailly et dicta à ses élèves des définitions, des thèses nouvelles, des applications pratiques, qui à la fin constituèrent des traités complets. Puis il rédigea ces traités en forme méthodique, et les fit autographier en quatre fascicules pour les distribuer au séminaire et au dehors. Enfin, il profita des loisirs de ses dernières années pour les faire imprimer. Sept volumes parurent presque simultanément, sous ce titre général : T/ieologia ex S. Liguorio et aliis probalissimis auctoribus methodice digesta et seminariorum cursui accomnwdala. En voici le détail : De. actibus hunianis, de legibus, de peccatis, Paris et Nancy, 1854 ; De Decalogo, 1854 ; De jure et contraclibus, 1854 ; De censuris et irregularitatibus, 1854 ; De psenitentia, A8ô’t ; De malrimonio, 1854 ; De sacrosancta eucharistia, 1855. Ces traités sont écrits dans un esprit prudent et ferme, réellement inspiré de saint Liguori et des meilleurs auteurs probabilistes. Toutefois ils ne furent pas longtemps classiques, même au séminaire de Nancy, pour deux raisons. D’abord ils sont trop longs. Sept volumes pour un manuel classique de morale, n’est-ce pas trop ? Ensuite ces traités sont diffus, surchargés à l’excès de distinctions, de divisions, sous-divisions, questions subsidiaires, corollaires, etc., à tel point que les idées générales sont noyées dans le détail. L’esprit de synthèse manque à l’auteur. Les traités de Berman, le De pœnitentia en particulier, pourront toujours être consultés avec fruit, mais ils ont été bien dépassés par les manuels classiques qui furent édités depuis. Le grand mérite du professeur de Nancy, à notre sens, est d’avoir un des premiers réagi avec énergie et constance contre les doctrines d’un rigorisme exagéré qui avaient cours dans beaucoup de séminaires de France, pendant le premier tiers du XIXe siècle.

Poirine, [.es vertus d’un suint prêtre ou vie de M. Berman, Nancy, 1870.

A. Beuqnet.

1. BERNARD (Saint), abbé de Clairvaux. —
I. Vie.
II. Œuvres.
III. Lutte contre Abélard.
IV. Doctrine.
V. Caractère particulier et influence de cette doctrine.

I. Vie.

Saint Bernard, le dernier des Pères, que l’Église honore ù la fois comme saint et comme docteur,