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BENOIT DE NURSIE


lité, qui avait eu pour lui de grands avantages, devint une cause de faiblesse. Les vocations diminuèrent, ne furent pas toujours surnaturelles. Les offices, à commencer par la charge abbatiale, furent transformés en bénéfices. Le zèle disparut. L’ignorance envahit un grand nombre de cloîtres. Les papes, pour arrêter les progrès de la décadence, encouragèrent la tenue des chapitres provinciaux et l’organisation qui en résultait. Les collèges bénédictins, érigés autour de quelques universités, entretinrent une certaine culture littéraire. Des moines ne montèrent pas sans dignité sur le trône pontifical : Clément VI et le B. Urbain V.

Pour sortir de cet affaissement il fallut attendre les congrégations bénédictines, dernière forme de l’organisation des monastères entre eux. Voici les principales :

/II. coxgrégatio.s béxéuictines. — L’Union de Bursfeld (1440), qui finit par compter 136 monastères d’hommes et 42 de femmes, ne réussit pas, malgré diverses tentatives, à englober tous les bénédictins de langue allemande. Il y avait eu déjà autour des abbayes de Castel et de Melk, dans l’Allemagne du Sud, un mouvement réformateur très accentué. Après le protestantisme, on vit surgir de nouvelles congrégations allemandes : de Saint-Joseph en Souabe, des Saints-Anges de Bavière, de l’Immaculée-Conception en Suisse, celle d’Alsace et celle de Hongrie. Les monastères autrichiens, qui restaient isolés, eurent un centre dans l’université bénédictine de Salzbourg. Voir col. 617-620.

Dom Louis Barbo fonda à Sainte-Justine de Padoue en Italie une congrégation, approuvée par Martin V en 1417, qui s’étendit à tous les monastères de l’Italie et à l’abbaye du Mont-Cassin dont elle prit le nom (1505). Ses rapports fréquents avec la cour romaine mirent ses religieux à même de rendre les plus grands services à l’Église. Le collège Saint-Anselme, fondé à Saint-Paul-hors-les-Murs à la fin du xvir 3 siècle, fut l’une de ses institutions les plus heureuses.

En Espagne, la congrégation des claustrales végéta en Aragon et en Catalogne. Il en alla tout autrement de la congrégation de Saint-Benoit de Valladolid, fondée autour du monastère de ce nom pendant le XVe siècle. Elle finit par embrasser toutes les abbayes espagnoles. Ses moines surent se faire une place très honorable par leurs travaux et leur enseignement dans les universités. Leur collège Saint-Vincent de Salamanque et l’abbaye-université de Yrache jouirent d’un grand renom. La congrégation du Portugal, avec ses dépendances brésiliennes, sortit de Valladolid (vers 1500).

La congrégation anglaise est, elle aussi, une fille de la congrégation de Valladolid. Elledut établir ses monastères sur le continent, en Erance surtout. Elle se fit une place honorable auprès de l’université de Douai. Ses membres se consacraient, au péril de leur vie, à l’évangélisation de l’Angleterre. Plusieurs reçurent, au XVIIe siècle, la palme du martyre.

La réforme monastique commença en Erance par la congrégation de Chezal-Benoit, fondée en 1505. Les guerres de religion et surtout les abus de la commende arrêtèrent son développement. La congrégation des Exempts de France, établie à la suite du concile de Trente, ne donna que des résultats médiocres. Tout autre fut le sort de la congrégation de Saint-Vanne en Lorraine, due à l’initiative de dom Didier de la Cour (1C00). Elle engloba tous les monastères de cette province et quelques-uns des provinces voisines. Son meilleur titre de gloire est d’avoir donné naissance à la congrégation de Saint-Maur. Il n’y en eut pas de plus justement célèbre dans tout l’ordre bénédictin. Approuvée par Grégoire XV (1621), elle réunit à elle la plupart des abbayes de France. Son centre fut à Saint-Germaindes-Prés à Paris.

Mékitar († 1749) fonda une congrégation bénédictine arménienne. Voir t. i, col. 1917-1918, et Mékitar.

DICT. DE TIIÉOL. CATHOL.

Pendant les xvie, xviie et xviiie siècles, l’ordre de Saint-Benoit fournit à l’Église un nombre considérable d’hommes éminents et d’écrivains distingués. La liste suivante, tout incomplète qu’elle est, peut en donner une idée. Les Espagnols Antoine Pérez († 1637) et le cardinal d’Aguirre (-j-1699) ; Beding, abbé d’Einsiedeln († 1692), et le cardinal Sfondrate de Saint-Gall ; dom Bernard Lataste, l’adversaire des jansénistes, et dom Gall Cartier furent de grands théologiens. La théologie des moines de Saint-Gall compte parmi les plus estimées. Genebrard († 1597), l’Italien Isidore Clari (f ! 555), l’Anglais Léandre de Saint-Martin (fl636), Pierre Sabatier († 1742) et surtout dom Calmet (fl757), lurent réputés comme exégètes. Cajétan († 1650), Yepes, Bucelin(fl681), Bacchini († 1721), Maichelbeck († 1734), Bernard Pez († 1735), Bessel (fl749), Légipont (fl758), Ziegelbauer, Gerbert, abbé de la Forêt-Noire, Marquard Hergott furent des érudits et des historiens. Parmi les écrivains ascétiques, il convient de citer Louis de Blois, Clavenau et Garcia de Cisneros. Deux Espagnols du xviu 8 siècle méritent une mention spéciale, à cause de leur immense savoir, Feijoo et Sarmiento.

C’est en France que la science bénédictine fut le plus dignement représentée. Les mauristes se signalèrent surtout par leurs nombreuses et doctes éditions des Pères de l’Église et des documents relatifs à l’histoire ecclésiastique et nationale, et par leurs travaux sur l’histoire monastique. A côté de Mabillon et de Montfaucon, qui sont les deux membres les plus célèbres de cette congrégation, il faut citer : Luc d’Achéry (-{-1685), Thomas Blampin († 1710), Bouillart, Bouquet († 1754), Chantelou(† 1664), Clémencet († 1778), Coustant († 1721), Delfau (f ! 676), Durand († 1770), Estiennot (f ! 699), Félibien, Fonteneau, Garet (fl694), Garnier (fl725), Gerberon (fl711), Lamy (-j-1711), Lobineau, Maran (fl762), Martène (fl739), Martianay (fl717), Massuet († 1716), Ménard († 1664), Le Nourry (ꝟ. 7 24), Buinart († 1709), Bivet, de Sainte-Marthe († 1725), de la Bue († 1734), Tassin, Thuillier, Touttée († 1718), Vayssette. Le jansénisme trouva dans cette congrégation des partisans dévoués ; Gerberon est le plus connu. Dans la congrégation de Saint-Vanne, Calmet († 1757), Ceillier (-j-1761), et Petitdidier (fl728), l’adversaire des gallicans et des jansénistes, se sont acquis une grande célébrité.

Le gallicanisme parlementaire et le joséphisme inaugurèrent, contre les moines et tous les religieux, une opposition qui aboutit aux ruines accumulées par la Révolution française et ses conséquences en Europe. Néanmoins la renaissance de l’ordre bénédictin ne s’est pas longtemps fait attendre au xixe siècle. Voici son état au début du XXe siècle : congrégation du Mont-Cassin ou de Sainte-Justine de Padoue, 14 monastères ; congrégation anglaise, 4 et de nombreuses missions ; congrégation suisse, 6 ; congrégation de Bavière, 8 ; du Brésil, 11 ; de France, 10 ; américano-cassinienne, 8 ; deBeuron, 6 ; helvéto-américaine, 4 ; cassinienne de la Primitive observance, 26 ; autrichienne de l’Immaculée-Conception, 10 ; autrichienne de Saint-Joseph, 6. On compte 8 autres monastères qui n’appartiennent à aucune congrégation.

Chaque congrégation est présidée par un supérieur général et gouvernée par un chapitre général. Léon XIII a établi une fédération de toutes ces congrégations sous l’autorité d’un abbé primat, élu pour 12 ans (1893). Le primat réside dans l’abbaye-collège de Saint-Anselme à Rome. En Allemagne, Suisse, Belgique, Angleterre et Amérique, un collège, destiné à l’éducation de la jeunesse, est annexé aux principales abbayes. Un grand nombre de moines se livrent aux travaux apostoliques. Il s’est même fondé près de Landsberg en Bavière une congrégation de Sainte-Othile (1887) spécialement vouée à l’évangélisation des nègres du Zanzibar.

C’est surtout par leurs œuvres littéraires que les béné II. - 23