Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée
713
71
BENOIT DE NURSIE


charie ; on vit dans ce monastère des moines illustres : le B. Carloman et le roi des Lombards Didier. Saint linpoire le Grand est le plus connu des entants de saint Benoît en Italie.

Au VIIe siècle, la règle de saint Benoit était suivie dans la plupart des monastères tramais, mue a celle de saint Colomban et à des traditions locales. Ces monastères furent très nombreux ; par leurs écoles, l’apostolat monastique et des services de toutes sortes, ils servirent efficacement l'Église. On peut citer Luxeuil, Saint-Germain de Paris, Saint-Germain d’Auxerre, Micy, Saint-Calais, Jutnièges, Fontenelle, Saint-Evroul, SaintRiquier, Saint-Médard de Soissons. De ces monastères sortirent un grand nombre d'évêques, d’apôtres et de saints. Le gouvernement restaurateur de Charlemagne affermit la pratique de la règle de saint Benoit dans toute l'étendue de l’empire. Louis le Débonnaire, pour continuer son œuvre, s’appuya sur saint Benoit d’Aniane. De nouveaux monastères furent fondés ; les anciens reçurent un éclat nouveau. Les écoles monastiques prospérèrent. La plus célèbre fut celle de Tours, sous la direction d’Alcuin. Parmi les moines écrivains ou théologiens de cette période, il convient de nommer avec le B* Alcuin (f801), Loup de Perrière († 862), saint Adbalard († 826) et Wala ({-836), abbés de Corbie, Angilbert, abbé de Saint-Riquier, Angilram, abbé à Sens, Anségise, abbé de Fontenelle, saint Paschase Badbert, Gottschalk, Béginon de Prum, Adon de Vienne, etc.

Les monastères espagnols acceptèrent la règle de saint Benoit à une époque qu’il est difficile de déterminer. Ce fut avant l’invasion sarrasine. Les moines, qui, de la Catalogne et du nord de la péninsule, poussèrent leurs abbayes vers le sud avec la conquête, lui étaient soumis.

Saint Augustin de Cantorbéry l’introduisit en Angleterre, où elle eut de la peine à supplanter les traditions du monachisme breton. Dans un grand nombre de diocèses, les moines formèrent le clergé de l'église cathédrale, dont leur abbé étail l'évêque. Après avoir travaillé activement à la conversion des habitants, ils prirent en main l’organisation des paroisses. Les propagateurs de la règle bénédictine parmi les Bretons leur firent adopter les usages romains et ils leur donnèrent cet amour filial du pape, qui eut, dans les pèlerinages à Borne, sa manifestation ordinaire. Ces relations avec Borne contribuèrent beaucoup au développement des études et au progrès de la civilisation. L’archevêque Théodore de Cantorbéry (f690), saint Benoît Biscop (f690), fondateur de.larrow et de Wearmouth, saint Wilfrid, évêque d’York (-{-709), Bède le Vénérable (-J- 735) sont les moines les plus illustres de l’Angleterre. Leurs cloîtres envoyèrent de nombreux apôtres à l’Allemagne. Le monastère d’York eut une école célèbre, d’où est sorti Alcuin.

Les moines de Luxeuil, saint Colomban et saint Gall commencèrent l'évangélisation des Alamans. D’autres moines venus de fiance et d’Angleterre poursuivirent cet apostolat au milieu des peuplades germaines, avec la protection du saint-siège et des princes francs. Il y eut parmi eux des bénédictins. De nombreux monastères se fondirent dans ces contrées où ils devinrent des foyers intenses de civilisation chrétienne. Les plus connus sont Saint-Gall, Reichenau, Murbach, Fulda, la Nouvel le-Corl pie. Parmi ces apôtres on peut citer saint Pirmin (f753), saint Boniface (-J-754), saint Willibald (J- 787), saint Anschaire, qui évangélisa surtout les Scandinaves, et saint Adalbert († 997), l’apôtre de la Pologne et de la Prusse. Sous Louis le Débonnaire et ses successeurs les monastères de Fulda et de Saint-Gall furent des centres de vie intellectuelle, lialian Maur, llaymon d’Halberstadt, les Ekkehard et les Notker honorent par leur science les cloîtres de cette époque.

II. RÉFORMES l i ORDRES.

Le X' - siècle, ('prouvé par les conséquences des invasions normandes et de l’effondrement de l’empire carolingien, vit le relâchement et la

ruine détruire de nombreux monastères. Il surgit alors de saints rélormateurs pour reprendre l'œuvre interrompue de saint Benoit d’Aniane : saint Odon de Cluny (-f 941), saint Abbon de Fleury (f lOOi), saint Conrad, évêque de Constance († 975), saint Wolfgang de Batisbonne (-j-994), saint Gérard de Brogne (-J-957), saint Jean de Gorze (f971), saint Dunstan, archevêque de Cantorbéry (-j-988), etc. L’ne renaissance rajeunit bientôt les monastères ; les anciens ne suffisaient pas. On dut en fonder un grand nombre d’autres. Cette el’llorescence se manifesta dans toute l’Europe latine ; elle suivit les croisés en Orient, Nous sommes à l'époque de la féodalité. Les monastères cèdent au besoin de se grouper autour d’abbayes puissantes, dont elles pratiquent l’observance et acceptent la tutelle. Ils forment les ordres. C’est une évolution très importante dans l’histoire monastique.

i° Ordre de Cluny. — Fondée par Guillaume d’Aquitaine et placée sous la protection du siège apostolique, l’abbaye de Cluny en Bourgogne prit un développement et une influence considérables sous le gouvernement des quatre grands abbés Odon, Mayol (f984), Odilon(† 1039)et Hugues († 1109). Des monastères riches et puissants adoptèrent ses observances en France et à l'étranger : Fleury, SaintGermain d’Auxerre, Saint-Denis de Paris, Saint-Bénigne de Dijon, Moyen-Moulier, SaintVanne de Verdun, Fécamp, Marmoutier, Tulle, Sarlat, Aurillac, La Béole, Saint-Paul-hors-les-Murs, laCava, Lérins, Sahagun, Ona, Hirsauge, etc., etc. Quelques-uns de ces monastères et d’autres qui s’y adjoignirent formèrent dans la suite le véritable ordre de Cluny, qui, sous le gouvernement de l’abbé de Cluny comme supérieur général, l’autorité des chapitres généraux et les visites, dura, au milieu de bien des vicissitudes, jusqu’au XVIIIe siècle.

Autres ordres.

Les nombreux prieurés qui gravitaient autour des grandes abbayes, formaient avec

elles des ordres moins étendus que celui de Cluny. La Chaise-Dieu, fondée en 1046 par saint Bobert, compta sous sa dépendance près de 300 maisons en France, en Espagne et en Italie ; celle de Cluse en eut plus de 100 ; celle de la Grande-Sauve, 70. On peut encore citer celles de Saint-Géraud d’Aurillac et du Bec en Normandie. Plusieurs de ces monastères, arrivés à une telle puissance, étaient de fondation récente.

Durant cette période l’ordre bénédictin atteignit l’apogée de son développement et de son influence religieuse, politique et sociale. Il fut le meilleur auxiliaire des papes dans la querelle des investitures et dans la lutte contre la simonie et le concubinage des clercs. Ses membres aidèrent les rois de France dans leurs efforts pour former autour de leur autorité l’unité nationale. Les sciences, les lettres, les arts, toutes les formes de la civilisation, furent en honneur dans leurs monastères et leur voisinage. Quelques-uns des papes qui jetèrent le plus d'éclat sur l'Église romaine appartinrent à l’ordre de SaintBenoit, Silvestre II, saint Grégoire VII et le B. Urbain II. Cet ordre donna des hommes d'État comme Suger. Les écoles monastiques, fréquentées par une multitude d'étudiants séculiers, préparèrent la voie aux universités du moyen âge. La plus célèbre fut celle du Bec où enseignèrent tour à tour Lanfranc et saint Anselme. Il faut donner les noms de quelques-uns des bénédictins qui illustrèrent davantage leur ordre par leurs travaux : Anselme et Lanfranc, qui viennent d'être cités, Herbert, Guiberl de Nogent(† 1124), Rupert de Deutz († 11351, Yves de Chartres, Aymoin, l’auteur de l’Historia Francorum, Abélard, Pierre le Vénérable, Raoul Glaber, Sigebert de Gembloux, Eadmer de Cantorbéry, Léon d’Ostie, Bauldryde Bourgueil, Mathieu Paris de Saintvlban, Banni les femmes sainte Elildegarde, Hroswitha, sainte Gertrude et sainte Mech tilde.

Avec le X1II° siècle et l’apparition des ordres mendiants, commence le déclin de l’ordre de Saint-Benoit. Son union trop intime avec l’organisation de la féoda-