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BENOIT XII

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et Patthis) qitando tu fueris ronstmimatus, ut tune possint accipert mer cèdent ; Homil., xxxix. in epist. 1 ad Corinth., n. 2 : absque carne non accipiet (anima) bona Ma ineffabilia, sicut neque punietur, P. G., t. LUI, col. 371 ; t. lxi, col. 336 ; S. Cyrille d’Alexandrie, Adversus anthropomorphitas, c. xvi : neque operis alicitjus retrïbutionem aliqui consecuti sunt, P. G., t. r.xxvi, col. 1105. Mêmes idées, autant ou même plus accentuées, chez un certain nombre d’auteurs du Ve au xii c siècle : Théodoret, In epist. ad Heb., xi, 39-40 ; User et. fabul. compendium, I. V, c. xx, P. G., t. lxxxii, col. 770 ; t. i.xxxiii, col. 518 ; Pseudo-Alhanase, Quæslioncs ad Antiochum ducem, xx, xxi, P. G., t. xxviii, col. GIO ; André et Aréthas de Césarée en Cappadoce, Comment, in Apocalypsim, c. xvii, P. G., t. evi, col. 272, 51)0 ; Œcumenius, Comment, in epist. ad Heb., c. xvi, P. G., t. exix, col. 422 sq. ; Théophylæte, Enarrat. in evangel. Lucpr, xxiii, 43 ; Exposit. in epist. ad Heb., xi, 40, P. G., t. cxxiii, col. 1104 sq. ; t. cxxv, col. 366 ; Euthymius, Comment, in Lucam, c. lxxxi, P. G., t. cxxix, col. 1092.

VI. Justification du dogme défini par Benoit XII. — Par son objet total, la constitution Benedictus Dens touche à de graves questions eschatologiques, dont le plein développement ressort à d’autres articles de ce diclionnaire. Voir Ciel, Enfer, Jugement, Limbes, Purgatoire. Son objet propre et spécifique se restreint à cette double affirmation : les âmes justes jouissent au ciel de la vision intuitive ; les âmes pécheresses sont déjà soumises aux peines infernales. Par là, Benoit XII a précisé et fixé le sens de cette formule plus générale, contenue depuis longtemps dans la croyance explicite de l'Église relativement aux âmes S’parées de leurs corps : mox in cœlum ascendunt, mox ad inferna descendunt ; il a tranché ce problème : ces âmes, que vont-elles faire au ciel, et que vont-elles faire en enfer ? Cette définition se justifie par l'Écriture et par la tradition ; non toutefois que celle-ci soit indépendante de celle-là, car elle la suppose et sert plutôt à en déterminer le sens exact.

Preuves scriptural res.

Au temps de Jean XXII,

on se préoccupait peu de distinguer entre l’assertion générale qui a pour objet l’existence de la vision béatilique et l’alternative du ciel ou de l’enfer, pour les âmes séparées, et l’assertion spéciale qui porte sur la jouissance de la vision béatifîque ou l’endurance des peines infernales avant la résurrection des corps et le jugement dernier. Pourtant la distinction est nécessaire. L’existence de la vision béatifîque et la promesse qui nous en a été faite sont explicitement contenues dans la sainte Ecriture : Matth., xviii, 20 ; Apoc, XXII, 4 sq. ; I Cor., xiii, 12 sq. : videmus nunc per spéculum et in senigmate, Unie autem facie ad faciem ; I Joa., iii, 2 sq. : scimus quoniam cum apparuerit, similes ci erimus, quoniam videbimus mou sicuti est. Mais dans ces passages et an Ires du même genre, l'époque reste indéterminée : tune, cum apparuerit. D’autres textes n'énoncent, directement et par eux seuls, que la fixation du sort des âmes aussitôt après la mort, et la rétribution faite alors d’après les mérites ou les démérites, par exemple, Eccli., XI, 27 sq. Dans le Nouveau Testament, rien n’est changé pour les impies : le mauvais riche mourant et enseveli de suite en enfer où il brûle, Luc, xvi, 22, 21, reste l’image du sort réserve' aux âmes de ceux qui meurent en étal île péché mortel. Il en va tout autrement pour les justes ; leurs âmes ne descendent plus, comme autrefois, dans les limbes, car depuis la

mort et l’ascension du Sauveur, le ciel est ouvert aux

âmes pures ; en y entrant le premier, JéSUS nous a frayé'

le chemin. Heb., ix, 17 sq. ; x, 19 si). Doctrine fondamentale à laquelle se raitai he immédiatement le dogme primitif de la descente de Notre-Seigneur aux enfers, et de son rôle libérateur à l'égard des âmes saintes qui s’y

trouvaient détenues depuis le commencement du monde : Eccli., xxiv, 45 ; Zach., ix, M ; Eph., iv, 8 : ascendens in altum captivam duxit captivitatem. Aussi saint Paul désirait-il mourir, pour être avec le Christ. Phil., i, 23.

.Mais, une fois au ciel, lésâmes saintes y jouissentelles de la vision béatifîque ? Beaucoup, et parmi eux Benoît XII, ont invoqué les paroles dites par JésusChrist au bon larron : Ilodie mecum eris in paradiso. Luc, XXIII, 43. Il ne peut s’agir du paradis terrestre, mais il s’agit du paradis spirituel : Aujourd’hui même vous jouirez avec moi de la béatitude, de cette joie souveraine qui est l’apanage de mon royaume. S. Augustin, Tract., CXI, in Joa., n. 2 : lalronis anima a pristinis facinoribus absoluta, et illius minière jam beata, P. L., t. xxxv, col. 1860 ; J. Knabenbauer, Comment, in evang. seeundum Lucam, Paris, 1896, p. 619 sq. Interprétation sérieuse, mais qui n’a pas pour elle l’unanimité des Pères et des commentateurs. Saint Paul, dans sa seconde épître aux Corinthiens, donne l’argument péremptoire. Après avoir dit, au début du c. v, que, si cette demeure terrestre où nous habitons se dissout, Dieu nous donnera une autre demeure qui ne sera point faite de main d’homme, une demeure éternelle dans les cieux, l’Apôtre s’abandonne à des sentiments d’ardent désir et de ferme espérance, ꝟ. 6 sq. : Audentes igitur semper, scieutes quoniam dum sumus in corpore, peregrinamur a Domino (per fidem enim ambulamus, et non per speciem) : audemus autem et bonam voluntatem habemus magis peregriuari a corpore, et présentes esse ad Dominum. Voici donc ce que Paul sait : tant qu’il demeure en son corps mortel, il est comme un exilé, loin du Seigneur. Et la raison, donnée incidemment, il est vrai, mais donnée clairement, c’est qu’icibas nous marchons à la lumière de la foi ; nous n’atteignons pas le Seigneur par la vue, qui suppose la présence de l’objet. Pour l’atteindre de la sorte, il faut cesser ce pèlerinage terrestre : finiatur via, et veuiamus ad palriam ; non potest videri tempore fidei, viilebitur lempore speciei. Nunc enim per fidem ambulamus, tune per speciem. S. Augustin, Serm., XXVIII, c v, P. L., t. xxxviii, col. 180. Et voilà pourquoi Paul préférerait quitter son corps ; pourquoi, comparant ailleurs ces deux alternatives : d’une part, demeurer en cette vie pour le bien des fidèles ; d’autre part, mourir et être avec le Christ, dissolvi et esse cum Christo, il proclame ce second terme de beaucoup le meilleur, multo magis melius. Phil., i, 23. Son espérance avait réellement pour objet, non pas seulement l’entrée au ciel, mais la possession, la vision de Jésus-Christ, son Seigneur.Xoir S. Thomas, Sum. llieol., l a II*, q. iv, a. 5 ; Petau, De Deo, 1. VIII, c. xiii, n. 6 : illustra Itic locus, et ad quæstionem noslram imprimis accommoda tus ; Benoit Justiniani, In omnes B. Pauli apost. epistulas explanalio, in-fol., Lyon, 1612-1613, t. il, p. 240 sq.

Par là se trouve complétée la doctrine de saint Paul sur la vision intuitive, qu’il avait décrite, I Cor., XIII, 12 : videmus nunc per spéculum et in œnigmate, tune autem facie ad faciem, etc. Entre la vie présente et celle où la vision faciale a lieu, l’opposition est marquée par ces termes : nunc et tune. Toute la question était de savoir quand cesse la vie de maintenant, et quand commence la vie d’alors : aussitôt après la mort, ou seulement au jour du jugement dernier ? Dans sa seconde épître, l’Apôtre tranche l'équivoque. Le nunc oppose la vie présente comme temps du pèlerinage terrestre au lune de la vie future et immortelle, dont le commencement clôt ce pèlerinage : Ergo cum viderimus eum sicuti est, jam transict peregrinatio nostra, s. Augustin, loc. cit., col. 181. Alors, par le fait même de la vision, cessent la foi et l’espérance théologales. I Cor., xiii, 10, 17 ; Boni., viii, 24. Et cette vision mettant l'âme dans la jouissance immédiate île ce qui faisait auparavant l’objet de sa foi et de son espérance, est