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BENOIT VIII — BENOIT XI


manique. A la mort de Serge IV, Grégoire, l’élu de la faction crescentienne, et Théophylacte, fils du comte de Tusculum, invoquèrent également la protection du roi de Germanie, Henri II. Ce prince, arrivé en Italie seulement en 1013, trouva Benoit installé et fortement soutenu dans Rome par sa famille ; il se déclara pour lui et reçut de sa main, ainsi que la reine Cunégonde, la couronne impériale (14 février 1014).

L’entente des seigneurs de Tusculum avec l’empereur garantissait l’ordre dans Rome dont la gouvernement temporel, en l’absence de l’empereur, était tout entier aux mains du senator omnium Romanorum, qui n’était autre que Romain, frère du pape, deuxième fils du comte de Tusculum. Renoît eut ainsi le loisir de s’occuper des affaires ecclésiastiques : un synode tenu à Rome en présence de l’empereur confirma la déposition d’Adalbert, archevêque de Ravenne, et d’après Bernon, abbé de Reichenau, qui s’y trouvait, Henri II y obtint de Benoit VIII qu’il admit le Credo ou symbole dans la liturgie de la messe romaine, De off. missse, c. ii, P. L., t. cxlii, col. 1060 ; un voyage du pape à Bamberg auprès de l’empereur fut l’occasion d’un renouvellement du privilège accordé par Otton à l’Église romaine ; dans un synode qui réunit le pape et l’empereur à Pavie en 1022, Henri II fit adopter pour l’Italie divers projets de réforme, tels que la défense pour les prêtres de se marier et celle de dissiper les biens d’Église. La mort du pape et de l’empereur la même année (9 avril et 13 juin 1021) empêcha de donner suite au projet d’entrevue avec le roi de France Robert le Pieux et d’extension de la réforme à son royaume.

Jafïé, Regesta pontiflcum, t. i, p. 506 ; Duchesne, Liber pontificalis, t. H, p. 208 ; Watterich, Pontiflcum romanorum vitx, t. I, p. 62, 700 ; Hefele, Conciliengeschichte, 2’édit., t. IV, p. 670 ; Wattenbach, Geschichte des rœmischen Papsttums, Berlin, 1876, p. 102 ; Hauck, Kirchengeschichte Deutschlands, Leipzig, 1896, t. iii, p. 518 ; Hirsch, Jahrb. des deutschen Reichs untèr Heinrich II, 3 vol., Berlin, 1862-1875 ; Sadée, Die Stellung Heinrichs II zur Kirche, léna, 1877 ; Lesètre, Saint Henri, Paris, 1901 ; Sickel, Das Privilegium Ottos I fier die rœmische Kirche, Inspruck, 1883.

H. Hemmer.

9. BENOIT IX, pape, successeur de Jean XIX, élu en 1033, démis du pontificat en 1045, mort vers 1048.

Fils d’Albéric de Tusculum, neveu par conséquent de Benoit VIII et de Jean XIX, Théophylacte avait de dix à douze ans quand son père le fit élever sur le siège pontifical sous le nom de Benoit IX. Ce fut un pape malfaisant, aussi dissolu dans ses mœurs que Jean XII. Il se procura l’appui des deux empereurs, Conrad II et Henri III, en mettant son pouvoir au service de leur politique.

Une révolte des Romains chassa Benoit dans l’automne de l’année 1044 et le remplaça en 1045 par Jean, évêque de Sabine, sous le nom de Silvestre III. Benoit réintronisé par la force, se démit, le 1 er mai 1045, du pontificat qu’il vendit pour une somme d’environ mille livres d’argent à Jean Gratien, archiprétre de Saint-Jean-Porte-Latine. Le nouveau pape, Grégoire VI, fut déposé comme simoniaque par Henri III, au concile de Sutri (1046), aussi bien que Silvestre III, et fut remplacé par Clément II (Noël, 1046). Ce pape mourut àPesarodès le 9 octobre 1047, on soupçonne Benoit IX de l’avoir fait empoisonner ; en tout cas il essaya de reprendre le pontificat et il se maintint à Rome du mois de novembre 1047 au 16 juillet 1048. Chassé de la ville par ordre de Henri III qui avait nommé pape l’évêque de Brixen (Damase II), Benoit disparut et l’on conjecture qu’il prit le froc ou plus probablement qu’il mourut prématurément par suite de ses désordres.

JalTé, Regesta pontiflcum, t. i, p. 519 ; Watterich, Pontiflcum romanorum vita". t. i, p. 71, 711 ; Gregorovius, Gesch. der St’idt Rom im Mittelalter, 4 édit., t. iv, p. 39 ; Hefele, Conciliengeschichte, i édit., t. iv, p. 7u6 ; Duchesne, Les premiers

IUCT. DE TllÙOL. CATIIOL.

temps de l’État pontifical, dans la Revue d’hist. et de litt. relig. , 1807, p. 205-212 (tirage à part, Paris, 1898) ; Hauck, Kirchengeschichte Deutschlands, Leipzig, 1896, t. iii, p. 559 ; Lorenz, Papstwahl und Kaisertum, Berlin, 1874, p. 69 ; Giesebrecht, Gesch. der deutschen Kaiserzeit, 4e édit., Brunswick, 1875, t. II.

H. Hemmer.

10. BENOIT X, pape, successeur d’Etienne IX (X), élu en 1058, déchu en 1059, mort vers 1080.

Le parti national romain s’était résigné de mauvaise grâce à accepter de la main des empereurs d’Allemagne une série de papes réformateurs. A la mort d’Etienne IX, tandis qu’Hildebrand était encore en Germanie, le parti des nobles, réunissant cette fois les Crescentius et les Tusculains, intronisa, le 5 avril 1058, l’évêque de Velletri, Jean, dit « le Mince » , qui prit le nom de Benoit X. L’élection avait été faite en violation formelle du serment prêté à Etienne de n’en faire aucune avant le retour d’Hildebrand. Les chefs du clergé romain s’étaient abstenus et avaient pris la fuite. Réunis autour d’Hildebrand à Sienne, au mois de décembre, ils élurent comme pape Gérard, évêque de Florence, qui fut Nicolas II ; assemblés a Sutri en janvier 1059, ils déposèrent Benoit X et bientôt après le chassèrent de Rome. Attaqué dans Galeria, Benoit se remit entre les mains de ses ennemis qui le confinèrent dans le monastère de Sainte-Agnès où il vécut, dit-on, encore vingt ans dans une étroite surveillance.

Jaffé, Regesta pontiflcum, t. i, p. 556 ; Duchesne, Liber pontiflealis, t. ii, p. 279 ; Watterich, Pontiflcum romanorum vitx, t. i, p. 203, 738 ; Gregorovius, Gesch. der Stadt Rom im Mittelalter. 4° édit., t. iv, p. 107 ; Hefele, Conciliengeschichte, 2’édit., t. iv, p. 798, 828 ; Hauck, p. 679 ; Giesebrecht, t. iii, p. 24, mentionnés pour Benoit IX.

H. Hemmer.

11. BENOIT XI, pape, successeur de Boniface VIII, élu le 22 octobre 1303, mort le 7 juillet 1304.

Né à Trévise en 1240, Nicolas Boccasini entra chez les dominicains à l’âge de quatorze ans, devint général des frères prêcheurs en 1296, cardinal en 1298, cardinalévêque d’Ostie en 1300. Sa fidélité à Bonitace VIII et la fermeté dont il fil preuve à Anagni lui valurent la tiare dans le conclave qui se tint au Vatican, après la mort de Boniface, sous la protection du roi de Naples, Charles II. Il fut élu à l’unanimité.

Le souci principal de son pontificat fut de mettre fin à la guerre religieuse en France. Sa bonté et son adresse naturelles lui en firent trouver le moyen sans qu’il en coûtât à la dignité du saint-siège. Les Colonna, alliés à Rome de Philippe le Bel, reçurent leur absolution et la restitution de leurs biens sinon de tous leurs honneurs ecclésiastiques, mais comme des coupables auxquels on pardonne (23 décembre 1303). Les démarches du roi de France lui-même furent accueillies avec fa’veur : le pape accorda successivement au roi l’absolution de l’excommunication qu’il avait encourue (25 mars 1304), à l’université de Paris la collation des grades, à tous les sujets du roi l’absolution des censures prononcées contre eux. Il n’excepta de cette mesure gracieuse que Guillaume de Nogaret. Ce dernier fut invité à comparaître ainsi que tous les Italiens qui avaient pris une part directe à l’attentat d’Anagni contre Boniface VIII, afin de subir le jugement du saint-siège (7 juin 1304).

La mort soudaine du pape à Pérouse (7 juillet 1304) donna lieu à des bruits d’empoisonnement qui ne manquent pas tout à fait de raisons et dont le soupçon tombe avec le plus de vraisemblance sur Guillaume de Nogaret.

Benoit XI a laissé un commentaire sur une partie des Psaumes et sur l’Évangile de saint Matthieu, un petit ouvrage sur les usages ecclésiastiques, enfin des discours. Il favorisa les ordres mendiants au profit desquels il révoqua les mesures restrictives de son prédécesseur, mais ses propres décisions furent annulées par son successeur, Clément V’, à cause des dissensions

II.

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