Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/328

Cette page n’a pas encore été corrigée
647
648
BENOIST — BENOIT III


fidèles : car les Bibles protestantes en langue vulgaire étant lues avec avidité par le peuple, il y avait un grand danger pour sa foi. Ne sachant pas suffisamment l’hébreu et le grec pour faire une nouvelle traduction, Benoist prit celle de Genève, qui était plus goûtée, en se contentant d’y changer des mots ou même des phrases suspectes pour lui donner un sens plus catholique. Mais les notes furent son œuvre toute personnelle. Cependant les changements, surtout par la faute des imprimeurs, ne mrent pas suffisants ; si ses intentions furent toujours droites, son œuvre laissa à désirer et fut condamnée par la Sorbonne, 15 juillet 1567 et 3 septembre 1569, et par Grégoire XIII le 3 octobre 1595. René Benoist prétendait donner un sens catholique aux passages incriminés ; mais les fidèles qui lisaient sa traduction pouvaient trop facilement, étant données les circonstances, y voir un sens protestant. Richard Simon, Hist. crit. du Vieiix Testament, 1. II, c. xxv, fait beaucoup de cas des notes de cette Bible, et prétend qu’en y réformant peu de choses, on aurait pu en faire un bon ouvrage. L’histoire de cette Bible et de sa condamnation se trouve dans d’Argentré, Collectio judiciorum de novis erroribus, Paris, 1728, t. il, p. 392-398, 404-411, 426-442, 534. R. Benoist ne voulut pas d’abord acquiescer purement et simplement à sa condamnation : et c’est sans doute ce qui porta la cour de Rome à lui refuser les bulles, quand il fut nommé par le roi à l’évêché de Troyes (1594). Après dix ans d’attente inutile, il se vit forcé de résigner en faveur de René de Brestay, grand archidiacre d’Angers. En 1598 cependant il s’était rétracté : ce qui lui permit de reprendre son titre de doyen de la faculté de théologie ; il était déjà surintendant du collège de Navarre. C’est à lui, dit Félibien, Hist. de Paris, t. ii, col. 1257, qu’on doit les réformes introduites alors dans l’université. Il mourut le 7 mars 1608, âgé de 87 ans, étant, comme on le fit alors remarquer, doyen de la faculté, doyen des curés et doyen des prédicateurs (il avait prêché plus de 50 carêmes). Son portrait a été gravé par Stuerhelt ; le cuivre est au musée d’Angers.

Niceron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, Paris, 1740, t. xii, p. 149, donne la liste de ses ouvrages ou brochures qui atteignent le chiffre de 159 : quelques titres, il est vrai, ne sont que des rééditions d’ouvrages précédemment publiés. Pour la liste complétée et rectifiée de ses ouvrages (165), voir J. Denais, Le pape des halles, Hené Benoist, in-8°, extrait de la Revue de l’Anjou, 1872, janvier, mars et juin ; Célestin Port, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, Angers, 1878, t. i, p. 307-313. Une grande partie de ses ouvrages se trouvent indiqués au Catalogue nouerai des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Auteurs, t. x, col. 900 sq. L’oraison funèbre de René Benoist fut prononcée par Victor Cayet, docteur en théologie : Oraison funèbre sur le trépas regrettable et enterrement honorable du révérend, vénérable et scientifique messire René Benoist, prononcé dans Saint-Eustache à l’heure et office divin de son enterrement dans ladite église, le lundy 10 mars 1608, Paris, 1608 ; réimprimée par le prince Aug. Galitzin à 100 exemplaires sous ce titre : Messire René Benoist, Angevin, confesseur du Roy Henri llll, Angers, 1864. Voir aussi Tombeau de M. René Benoist, conseiller et confesseur du Roy, doyen de la sacrée faculté de théologie et curé de Saint-Eustache à Paris, avec son épitaphe : à Messieurs de Saint-Eustache par G. Gérard, Ardenois, Paris, 1608.

E. Levesque.

1. BENOIT I", pape, successeur du pape Jean III, consacré le 3 juin 574, mort le 30 ou le 31 juillet 578.

Fils du Romain Bonilace, Benoit I er eut à faire face aux Lombards qui s’efforçaient de soustraire peu à peu l’Italie à la domination des empereurs d’Orient. Ce fut la difficulté des communications avec Byzance qui retarda la consécration de Benoît, élu peut-être peu de temps après la mort de Jean III arrivée le 13 juillet 573 ; mais il était de règle alors d’attendre l’approbation de l’élection. Une grande famine mit en évidence la charité de

ce pape qui mourut pendant le siège mis devant Borne par le premier duc lombard de Spolèle.

Jaffé, Regesta pontificum, 2’édit., t. I, p. 137 ; Duchesne, Liber ponliftcalis, Paris, 1886, t. i, p. 308 ; Paul Diacre, Hisloria Langobardorum, II, 10 ; iii, 11, édit. de Waitz, dans les Monumenta Germanise, Scriplores rerum Langob. et liai, sec. 6-9, Hanovre, 1878, p. 92, 119. Outre les histoires générales de l’Eglise, cf. Langen, Gesehichte der rœmischen Kirche von Léo I bis Nikolaus I, Bonn, 1885, p. 403 ; Gregorovius, Gesehichte der Stadt Rom in Mittelalter, 3’édit., Stuttgart, 1876, t. il, p. 19.

H. IlEMMER.

2. BENOIT II, pape, successeur de Léon II, élu en 663. consacré le 26 juin 684, mort le 8 mai 685.

Pontife pieux et zélé, Benoit dut attendre près d’un an la confirmation de son élection. Dans l’intervalle il se qualifie Benedictus presbyter et in Dei nonùne eleclus sanctæ sedis apostolicæ. Jaffé, 2125. Afin d’éviter au siège de Rome des vacances trop prolongées, l’habitude se prit de demander la confirmation de l’élection à l’exarque de Ravenne ; après Benoit II, la consécration des élus n’est plus différée que pendant deux mois environ ; mais il est tout à fait invraisemblable que les empereurs aient renoncé à leur droit de confirmation comme semblerait l’indiquer le Liber pontificalis, d’après lequel Constantin Pogonat aurait permis aux Romains ut j>ersona, qui electus fuerit ad sedem apostolicam, e vestigio absque tarditate pontifex ordinetur.

Benoit s’appliqua à faire accepter le VIe concile œcuménique et à faire condamner l’hérésie monothélite par les évêques d’Espagne, réunis en concile à Tolède (684), voir Tolède (Conciles de) ; il ordonna de restituer à Wilfrid, évêque d’York, le siège dont il avait été injustement privé. A Rome, on célèbre sa fête le 7 mai.

Jaffé, Regesta pont., t. I, p. 241 ; Duchesne, Liber pontifical is, Paris, 1886, t. i, p. 363. Vita Wilfridi, 42 sq., dans Gale, Hist. Brit. script., Oxford, 1691, t. i, p. 74. Outre les histoires générales de l’Église, voir les ouvrages mentionnés à propos de Benoit I", de Langen, p. 579, de Gregorovius, p. 07 ; Hefele, Conciliengeschichte, 2’édit., t. iii, p. 322.

H. Hem mer.

3. BENOIT III, pape, successeur de Léon IV, élu au mois de juillet 855, consacré le 29 septembre de la même année, mort le 7 avril 858.

Deux partis s’étaient trouvés en présence parmi les électeurs à la mort du pape Léon, arrivée le 17 juillet : le parti impérialiste et le parti pontifical ; ce dernier, très opposé à l’aggravation du protectorat exercé par l’empereur sur Rome, élut, aussitôt après la mort de Léon IV, le pape Benoit III ; mais le décret d’élection notifié à l’empereur Louis II ne fut pas approuvé par lui ; ses légats vinrent à Rome, ramenant avec eux le prêtre Anastase que Léon IV avait frappé de divers anathèmes, très probablement avec l’intention d’écarter un jour sa candidature. Anastase, conduit au Latran par les impérialistes, s’empara de la personne de Benoît ; mais la pression impériale ne put amener les clercs romains à résipiscence ; il fallut négocier avec Benoît, qui, après une nouvelle élection, fut réinstallé au Latran, consacré le dimanche suivant à Saint-Pierre. La sentence de déposition prononcée par Léon IV contre Anastase fut renouvelée par un synode qui le réduisit à la communion laïque.

Le gouvernement de Benoît, très ferme, prélude à celui du futur Nicolas I er, qui commence à exercer une grande influence : à la demande de Hincmar. Benoît approuve le IIe concile de Soissons célébré en 853 et reconnaît la primauté de Hincmar dans la province de Reims, Diœceseos Remensis, Jaffé, 2664 ; il mande à comparaître devant lui Hubert, un clerc de famille illustre, frère de la reine Theutberge, qui avait envahi les monastères de Saint-Maurice et de Luxeuil, Jaffé, 2669 ; défenseur des droits de l’épiscopat, il proteste contre des laïques de la Grande-Bretagne qui avaient