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BELLARMIN


ajourner la publication ; elle eut lieu très à propos, au moment où Clément VIII se préparait à proclamer le grand jubilé de l’an 1600. Dans le 1. I, l’auteur résout avec clarté et méthode les questions dogmatiques relatives aux indulgences : leur nature, leur légitimité fondée sur le trésor spirituel de l'Église et le pouvoir qu’elle a de le dispenser, leurs variétés, leurs fruits et leur utilité, enfin les conditions nécessaires pour leur promulgation et pour leur application aux fidèles, vivants ou trépassés. Le 1. II est une réponse aux attaques des novateurs, Luther, Calvin, Hesshus et Kemnitz. C’est à tort que, dans la Selbstbiographie, p. 133 sq., Dollinger et Reusch ont prétendu voir une sorte d’opposition entre la doctrine contenue dans cet ouvrage et les réflexions d’ordre pratique que Bellarmin expose au P. Carminata dans une lettre privée du 5 septembre 1608. Voir Couderc, op. cit., t. I, p. 244 sq.

4° Becognitio librorum omnium Boberti Bellarmini… ab ipso… édita. Accessit correctorium errorum, qui typographorum negligentia in libros ejusdem cardinalis edilionis venetse irrepserunt, in-fol., Rome, 1607 ; in-8°, Ingolstadt, 1608. — Comme le titre l’indique, la partie principale de ce volume est une revue des ouvrages que Bellarmin avait publiés avant 1607 : « J’ai expliqué des passages obscurs, dit-il lui-même au début, j’en ai complété d’autres trop laconiques, ailleurs j’ai fait des corrections, mettant ainsi la dernière main à l’ensemble de mes œuvres. » Presque toules les remarques se rapportent aux Controverses, quelques-unes à l’opuscule De tvanslatione imperii. Sauf ce qui concerne le traité De gratia et libero arbitrio, les changements ou additions sont, en général, peu considérables, mais il en est qu’il est nécessaire de connaître, pour avoir sur plusieurs points importants la pensée exacte et définitive du cardinal. Ainsi, dans le traité De summo pontifice, 1. IV, c. viii, il révoque en doute la chute du pape saint Marcellin qu’il avait admise auparavant ; 1. V, c. IV, il précise la nature du royaume du Christ ; De eucharistia, 1. III, c. xiii, il explique en quel sens, d’après lui, la transsubstantiation peut se dire conversio adductiva ; De justi/icatione, 1. I, c. xvii ; 1. III, c. ix, il justifie ce qu’il avait dit de la loi comme causa fornialis inchoata justificationis, et de l’incertitude où nous sommes par rapport à notre sanctification. D’autres exemples se rencontreront au cours de cette étude. A la fin du volume il y a un correctorium ou longue liste d’errata se rapportant à l'édition des Controverses faite à Venise en 1596, édition qui, par la négligence de l’imprimeur, s'était trouvée plus défectueuse encore que celle d’Ingolstadt.

II. ŒUVRES DE POLÉMIQUE SPÉCIALE. — 1° De trans latione imperii romani a Grœcis ad Francus, adversus Matthiam Flaccium lllyricum, libri très, in-8°, Anvers, 1589(etnonl581). — Un des principaux champions du pur luthéranisme, Matthias Flack Frankowitz, avait publiée Bâle, en 1566, un livre De translatione imperii romani ad Germanos ; il y niait que l’empire romain eût été transféré des Grecs aux Germains par l’autorité pontificale ; si le fait avait eu lieu, ajoutait-il, ce transfert n’aurait été qu’un abus de pouvoir de la part des papes. Comme ce livre faisait beaucoup de mal dans les cours allemandes, Bellarmin en entreprit la réfutation en 1584, mais il semble que la publication ait été différée jusqu’en 1589. Dollinger, Die Selbstbiographie, p. 88. Dans le 1. I, l’auteur établit d’abord que l’empire romain a été réellement transféré des Grecs aux Francs par l’autorité du souverain pontife, Charlemagne n'étant parvenu à la dignité impériale par aucun autre titre ; puis il soutient, c. xii, qu’en déplaçant ainsi l’autorité impériale, le pape n’a fait qu’user de son droit et de son devoir de déposer les rois et les princes chrétiens, quand la cause du Christ et de l'Église le demande. Dans le 1. II, Bellarmin montre que ce pouvoir s’est appliqué

une seconde fois en 962, quand le pape Jean XII fit passer l’autorité impériale de la famille de Charlemagne et de la nation franque à la famille des Othons et à la nation saxonne. Le 1. III tend à prouver que l’institution des sept électeurs de l’empire est le fait du pape Grégoire V, en 996 ; thèse historique généralement abandonnée maintenant. Sur la question de droit, l’ouvrage De translatione imperii n’est qu’une application de la doctrine de l’auteur des Controverses sur le pouvoir indirect du pape dans les choses temporelles.

2° Judicium… de libro, quem lutherani vocant, Concordise, in-8°, Ingolstadt, 1585. — Les luthériens avaient publié Le livre de la Concorde d’abord en allemand, en 1580, puis en latin, en 1584. Bellarmin y signale de très graves erreurs contre le symbole des apôtres et de nombreuses faussetés ; il relève six erreurs sur la personne du Christ et soixante-sept mensonges. Dans une nouvelle édition, en 1599, il ajouta une Brevis apologia ; il y raconte, au début, quelle occasion l’avait amené à publier son Jugement de la Concorde.

3° Besponsio ad præcipua capita apologiæ, quæfalso calholica inscribitur, pro succcssione Henrici Navarreni in Francorum regnum, auctore Francisco Bomulo, in-8°, Rome, 1586. — Cet ouvrage ne figure pas dans les éditions des œuvres complètes du cardinal. Pendant longtemps on a hésité à lui en attribuer la paternité ; mais le doute n’est plus possible. Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, édit. C. Sommervogel, t. i, col. 1180. C’est la réponse à une apologie en faveur des droits de Henri de Navarre au trône de France, publiée à Paris en 1585 et qui paraît avoir eu pour auteur Pierre de Belloy. Bellarmin, désigné par ses prénoms de François Romulus, s’arrête à ce seul argument : Le chef suprême de l'Église, Sixte V, a déclaré Henri de Navarre hérétique notoire et relaps ; il l’a, comme tel, privé du droit de succession et l’a déclaré incapable de porter la couronne des rois chrétiens. Le développement contient quatre parties. L’auteur de l’apologie se dit faussement catholique ; son langage témoigne d’un hérétique, sinon d’un athée. Le secle des huguenots, à laquelle Henri de Navarre appartient, est une secte hérétique, que l'Église catholique a depuis longtemps condamnée. Le siège apostolique a le droit de déposer les princes hérétiques, et de les priver du droit de régner sur lès peuples catholiques. Ce serait donc faire acte d’imprudence et manquer de zèle pour la foi orthodoxe, que de ne pas faire tous ses efforts pour écarter du trône un prince hérétique, jugé et condamné par l'Église. Les idées émises sur le pouvoir du pape dans l'écrit De translatione imperii, c. xii, se retrouvent et sont même développées-dans la troisième partie du présent ouvrage.

4° De controversia Lovanii nuper exorta inter facultatem theologicam et professorem quemdam S. /. — Tel est le titre exact du petit traité que Bellarmin composa vers 1588, pour défendre Lessius contre la censure portée par la faculté de théologie de Louvain. On le trouve imprimé dans Liévin de Meyer, op. cit., t. i, p. 780 sq.. sous ce titre : Scriptum B. P. Boberti, Bellarmini in defensionem doctrines P. Lessii. Après avoir remarqué que les controverses relatives à la providence, à la grâce suffisante et efficace, à la prédestination et à la persévérance, viennent toutes d’une même source, la divergence de vues sur la manière dont Dieu concourt avec le libre arbitre, Bellarmin soutient que le système des prédéterminations physiques ne peut pas se recommander de la tradition catholique, la plupart des scolastiques et des Pères enseignant expressément que la volonté n’est pas prédéterminée dans les actes libres ; il justifie ensuite dans le détail les assertions de Lessius. Dans cet écrit, comme dans l'échange de lettres qui eut lieu à la même occasion, le professeur du Collège romain ne fait de réserves que sur deux points : l'élection à la gloire ex prsescientia meritorum, et la troisième