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BELGIQUE


dations charitables. Mais le parti libéral, poussé par les loges, cria au rétablissement de la mainmorte. Le peuple trompé méconnut ses intérêts et se souleva contre les coments. Le projet de loi lut retiré, le ministère libéral vint au pouvoir et le mouvement cessa. Depuis lors, les communautés religieuses ont continué de se développer et de se dévouer à la charité et à l’enseignement et n’ont plus été inquiétées malgré les efforts souvent renouvelés des loges. On peut voir une courte notice sur les communautés religieuses établies en Belgique, sur les œuvres auxquelles elles se vouent et sur le nombre de leurs maisons dans l’excellent ouvrage de l’abbé Ch. Tynck, Notices historiques sur les congrégations et communautés religieuses du XIXe siècle, Louvain, 1892.

IV. Missions.

La liberté d’association, garantie à tous les Belges sans distinction, a permis aux communautés religieuses non seulement de se vouer à toutes les œuvres d’enseignement et de charité que réclame la Belgique, mais encore aux missions. Les jésuites de la province belge ont obtenu la mission de Calcutta et du Bengale occidental qui est très florissante ; ils ont à Calcutta un archevêque et un très grand collège ; par ordre de Léon XIII, ils ont érigé récemment un grand séminaire dans l'île de CeIan ; ils possèdent à Turnhout une école apostolique, qui en 30 ans, a fourni plus de 300 missionnaires. Les capucins ont la mission du Punjab et un évêque à Labore ; les conventuels sont en Herzégovine et à Jérusalem ; les frères mineurs sont en Chine où le corps du P. Flavien, martyrisé, en 1899, a été retrouvé sans corruption quarante jours après son martyre ; ils ont une école apostolique érigée récemment à Selzæte ; les Pères, dits de Picpus, ont les missions d’Océanie et une école apostolique récemment fondée à Aerschot sous le nom du père Damien, l’apôtre des lépreux de Molokaï.

Le séminaire américain, fondé à Louvain en 1857, pour fournir des prêtres séculiers aux États-Unis et dont les élèves suivent les cours de théologie à l’université, comptait, en 1884, deux archevêques et six évêques au concile de Baltimore et environ trois cents prêtres répandus dans les divers diocèses de l’immense république, tous sortis de ce collège. Depuis lors, il n’a cessé d’envoyer chaque année en Amérique de vingt à trente prêtres. On connaît le fécond apostolat du père Desmet parmi les Indiens des Montagnes-Rocheuses. C’est maintenant unévêque sorti du séminaire américain qui évangélise ces sauvages.

En 1862, quatre prêtres du diocèse de Malines se réunirent à Scheut, près de Bruxelles, et fondèrent la congrégation du Cœur immaculé de Marie, pour les missions de Mongolie et de Chine. Leurs labeurs ont porté d’heureux fruits en Mongolie et dans la nord de la Chine. En 1891, la mission comptait 14 prêtres indigènes, 4 séminaires et plus de 60 missionnaires. En 1901, les missions de Mongolie ont beaucoup souffert ; elles ont eu leurs martyrs, comme les autres missions de Chine, et depuis la paix, un missionnaire de Scheut a encore été massacré. En 1888, la congrégation de Scheut, par ordre de la Propagande et du pape, s’annexa le séminaire établi à Louvain par les évêques belges pour les missions du Congo. Depuis lors, la congrégation de Scheut n’a cessé d’envoyer chaque année plusieurs ouvriers évangéliques dans cette immense contrée. Le séminaire établi à Louvain pour les missions de Mongolie et du Congo compte actuellement de trente à quarante étudiants en théologie.

D’autres religieux belges sont allés au Congo et se sont établis dans différents districts : les Pères blancs au lac Tanganika, les prémontrés dans le Ouellé, les trappistes, les rédemptoristes et les jésuites occupent d’autres districts, de sorte qu’il y a actuellement au Congo quatre vicariats apostoliques. Les sœurs de la

Charité de Gand ont envoyé, en 1891, les dix premières sœurs pour élever les enfants nègres, les instruire et en faire des chrétiens. Les sœurs de Notre-Dame les ont suivies. Chaque année leur nombre s’accroît et avec elles le nombre de villages chrétiens de race noire. Ces religieuses aident puissamment les missionnaires dans leurs efforts pour civiliser et convertir les populations congolaises et les arracher aux marchands d’esclaves musulmans. Ce que les sœurs de la Charité et de Notre-Dame font pour le Congo, les filles de la Croix le tont pour Calcutta et les Indes, où elles ont dix maisons, et les ursulines de Thildonck pour Batavia. Enfin la Belgique contribue pour une large part à la subvention générale des missions par l'œuvre de la Propagation de la foi et par l'œuvre de la Sainte-Enfance, qui sont établies dans toutes les villes et dans toutes les paroisses des six évêchés du royaume. Voir sur ces missions Tynck, op. cit., p. 5, 14, 20, 25, 35-37, 52, et pour les détails les revues : Les missions de Mongolie et du Congo ; L'œuvre du P. Damien ; Le mouvement antiesclavagiste ; La mission du Kwango ; les Annales de la Propagation de la foi ; les Annales de la Sainte-Enfance.

V. Enseignement.

En accordant la liberté d’enseignement, le Congrès n’avait pas voulu mettre l’Etat hors du droit commun ; il avait décrété que l'État organiserait par de bonnes lois l’enseignement qui serait donné aux frais de l'État. Il est clair que l’intention du Congrès n'était pas de faire à l’enseignement privé une concurrence déloyale, mais plutôt de suppléer à son insuffisance et de le faire progresser par une noble émulation.

Enseignement supérieur.

L'État commenta par

l’enseignement supérieur. Une loi du 27 septembre 1835 érigea deux universités, l’une à Gand, l’autre à Liège. Comme il n’y a pas de religion d’Etat, les deux universités de l'État n’ont que quatre facultés : le droit, la médecine, la philosophie avec les lettres, enfin les sciences mathématiques, physiques et naturelles ; la théologie est exclue ; elle est laissée au clergé à qui elle appartient de droit. Mais il ne s’ensuit pas que l’enseignement doive être neutre, car autre chose est de ne pas reconnaître de religion d'État et autre chose de déclarer l'État athée. Une école des arts et manufactures et du génie civil fut annexée à l’université de Gand et une école des mines et des arts et manulactures à l’université de Liège. Les évêques avaient devancé l’Etat. Dès le 4 novembre 1834, ils avaient érigé une université catholique à Malines ; elle ne comprenait que trois Incultes : la théologie, la philosophie et les lettres, les sciences mathématiques, physiques et naturelles ; le 1 er décembre de l’année suivante, elle fut transiérée à Louvain et, en vertu d’un contrat conclu avec la ville, installée dans quelques-uns des locaux de l’ancienne université. Elle fut complétée par l’adjonction des facultés de droit et de médecine. Le pape Grégoire XVI, par brel du 8 avril 1834, autorisa la (acuité de théologie à conférer les grades de bachelier, de licencié et de docteur en théologie et en droit canon. Le grade de docteur en théologie fut conféré pour la première fois en 18't2. Le lauréat fut l’abbé Kempeneers, qui écrivit à ce sujet une savante dissertation De primatu romani ponti/icis. Ces grades ne procurent aucun avantage civil ; ils sont purement ecclésiastiques. Les loges maçonniques fondèrent presque en même temps l’université libre de Bruxelles, de sorte que, dès 1835, il y eut en Belgique quatre universités. Un jury central conférait les grades légaux de docteur en droit, en médecine, en philosophie et lettres et en sciences.

La loi du 15 juillet 1819 organisa plus complètement l’enseignement supérieur ; elle fixa le programme des cours et des examens légaux. Les grades légaux furent désormais délivrés par un jury mixte, composé en nom-