Confess., 1. X, c. xxiir, P. L., t. xxxii, col. 793. Elle est la parfaite connaissance de la vérité dont on jouit. De beata vita, n. 35, P. L., t. xxxii, col. 976. Elle n’est certaine et perpétuelle que dans la vision de Dieu. De serm. Dont, in monte, 1. ii, c. xii, n. 43, P. L., t. xxxiv, col. 1288. La vision concerne Dieu tout entier, mais ne le comprend pas totalement. Serin., cxvii, c. iii, n. 5, P. L., t. xxxviii, col. 663. Cf. Kranich, Ueber die Empfanglichkeit des menschlichen Natur fur die Gùter der ubematùrlichen Ordnung nach der Lehre des hl. Augustinus und des hl. Thomas von Aquin, Paderborn, 1892.
6. Fausses opinions sur la béatitude.
Celle des académiciens, qui la placent dans la recherche même du vrai. Contr. acad., 1. I, c. n sq., P. L., X. xxxii, col. 908 sq. Celles d'Épicure (volupté), des stoiciens (vertu). Serm., cxli, c. viii, P. L., t. xxxviii, col. 812.
La béatitude n’est pas dans les richesses, même inamissibles. De beata vita, n. 11, P. L., t. xxxii, col. 965. Elle n’est pas dans les biens terrestres. Epist., CLV, c. ii, n. 6, P. L., t. xxxiii, col. 669. Elle n’est pas dans la santé, ni dans sa propre santé ni dans celle de ses amis. Epist., cxxx, c. v, ibid., col. 498. Elle n’est pas dans la vie sociale. De civ. Dei, 1. XIX, c. v, P. L., t. xxxviii, col. 631. Notre béatitude n’est pas de ce monde. Enarr. in Ps. xxxii, n. 15, 16, P. L., t. xxxvi, col. 293, 29't ; Confess., 1. IV, c. xii, n. 18, P. L., t. xxxii, col. 701 ; De civ. Dei, 1. XIV, c. xxv, P. L., t. xii, col. 433.
7. Le bonlteur terrestre.
Notre bonheur en ce monde est au dedans de nous. De serm. Dom. in monte, I. I, c. v, n. 13, P. L., t. xxxiv, col. 1236. Il consiste à courir de la multiplicité vers l’unité et à rester dans l’unité. Serm., xcvii, c. vi, n. 6, P. L., t. xxxviii, col. 587. Ce que nous cherchons n’est pas ici-bas, De Trin., 1. IV, c I, n. 2, P. L., t. xlii, col. 887, mais si nous observons les commandements de Dieu, nous l’avons en espérance. Enarr. in Ps. cxviii, serm. i, n. 2, P. L., t. xxxvii, col. 1503. Il est tout en espérance. De civ. Dei, 1. XIX, c. iv, xx, P. L., t. xli, col. 631, 648.
8. Le bonlieur parfait.
C’est le bonheur de la vie future, De Trin., 1. XIII, c. vii, P. L, t. xlii, col. 1020, caractérisé par l’absence de maux et de concupiscence, par l’amour de Dieu et du prochain. Epist., cxxxvii, c. v, n. 20, P. L., t. xxxiii, col. 525. Il est là, ubi non dicitur : pugna, scd gaude. Enarr. in Ps. cxlii, P. L., t.xxxvii, col. 1862. C’est le régne de la paix et de l’amour de Dieu. Ibid., col. 1860, 1862. C’est bene velle et posse quod velis. De Trin., 1. XIII, c. vi, P. L., t. xlii, col. 1020. C’est jouir de Dieu, nourriture des bienheureux. Serm., cxxxvii, c. v, P. L., t. xxxviii, col. 799 ; Enarr. in Ps. xxxii, serm. H, n. 18, P. L., t. xxxvi, col. 295 ; De civ. Dei, 1. XXII, c. xxx, P. L., t. xli, col. 801. C’est Dieu tout en tous. Serm., lvi, c. iv, P.L., t. xxxviii, col. 376 ; clviii, c. ix, ibid., col. 867.
9. Moyens de parvenir à la béatitude.
a) Connaître dans quel bien elle se trouve. Tous ceux qui la veulent n’y parviennent pas, Epist., civ, c. IV, n. 12, P. L., t. xxxiii, col. 393, à cause de leur ignorance. De lib. arbitr., 1. I, c. xiv, P. L., t. xxxii, col. 1237. C’est cependant la science par excellence. Epist., cxviii, c. i, n. 6, 7, P.L., t. xxxiii, col. 435. Le remède à cette ignorance est la foi dans l’autorité divine. De Trin., 1. XIII, c. vii, xix, P. L., t. xlii, col. 1020-1033, et la lecture des Écritures. Epist., civ, P. L., t. xxxiii, col. 393.
b) La bonne vie. De beata vita, c. iii, n. 17, P. L., t. xxxii, col. 968 ; De mor. Eccl. calh., 1. I, c. xiii-xv, ibid., col. 1321. Elle consiste à imiter Dieu, De civ. Dei, 1. VIII, c. viii, P. L., t. xli, col. 233 ; à ressembler à Dieu, similem Deofieri, ibid., 1. IX, c. XVII, col. 271, dans le culte de Dieu, ibid., 1. X, c. iii, col. 280, dans l’amour chaste de Dieu, comme l’ont enseigné les platoniciens. Ibid-, 1. X, c. i, col. 277.
r) La grâce d’en haut. L’homme ne peut réaliser le bonheur parfait par ses propres forces. Enchirid., c. CV-CVIII, P. L., t. XL, col. 282. Nous sommes heureux de Dieu, en Dieu, par Dieu. De Trin., 1. VI, c. v, P. L., t. xlii, col. 928. Celui-là seul rend l’homme heureux qui a fait l’homme. Epist., clv, c. i, P. L., t. xxxiii, col. 667, 669, 670. L’homme en péchant a perdu la béatitude, mais non la faculté de la recouvrer. De lib. arbit., 1. III, c. vi, P. L., t. xxxii, col. 1280. C’est un don de Dieu. Serm., cli, c. vii, P. L., t. xxxviii, col. 812.
d) L’incarnation du Christ rend croyable la béatitude éternelle. De Trin., 1. XIII, c. ix, P. L., i. xlii, col. 1023. Par le Christ seul, nous pouvons efficacement parvenir à la béatitude surnaturelle. Cont. Jul. pel., 1. IV, n. 19, P. L., t. xliv, col. 747.
Harnack, Lehrbuch der Dogmenr/cschichte, Fnbourg-en-Brisgau, 1897, t. iii, p. 87, 125 ; Uebenvegs-Heinze, Grundriss der Gesch. der Phil., Berlin, 1898, t. ii, p. 132 ; Gonzalez, Hist. de la phil., Paris, 1890, t. H, p. 76 sq. Voir t. I, col. 2432-2434.
3° Pseudo-Denys l’Aréopagite.
Le mol béatitude,
[j.a/.apiÔTï) ;, non 6Ù6xt[xov ; « , n’est prononcé qu’accidentellement dans les Noms divins, c. i, n. 4, 5, P. G., t. iii, col. 592-593 ; point dans la Théologie mystique. Il se trouve une fois dans la Hiérarchie céleste, appliqué à Dieu, avec cette formule de réserve : « pour parler à la manière humaine. » C. iii, n. 2, P. G., t. iii, col. 165. Par contre, il est courant dans la Hiérarchie ecclésiastique. Du sens qui lui est attribué en maints endroits de ce livre, on peut conclure que si le mot est absent des autres ouvrages du pseudo-Denys, la chose signifiée y est partout présente. En effet, elle est attribuée aux personnes de la Trinité. Eccles. hier., c. il, n. 7, P. G., t. iii, col. 396. Elle est décrite agissante dans l’administration du baptême, par la communication d’elle-même, en rendant le baptisé intime à Dieu et participant des faveurs célestes. Ibid., n. 4, col. 400. C’est dans cette divine et transcendante béatitude que se trouve le salut des hommes et des anges ; c’est par elle que sont déifiés ceux qui doivent l'être, chacun à sa manière, les bienheureux selon un mode plus spirituel, les vivants de ce monde, plus imparfaitement. Ibid., c. i, n. 3, 4, col. 373-376. Les séraphins sont heureux par les très « bienheureuses contemplations » auxquelles ils vaquent, ibid., c. iv, n. 5, col. 480, le peuple fidèle, par les « bienheureuses contemplations » des saints mystères. Ibid., c. iii, col. 428. Le livre de la Hiérarchie ecclésiastique n'étant qu’une application concrète des lois platoniciennes de diffusion de la bonté divine et de communion de toutes choses, selon l’ordre hiérarchique, au bien transcendant qui est Dieu, qui sont le fond de la doctrine de Denys, nous pouvons conclure de ces citations, confirmées par leurs contextes, que la doctrine de la béatitude est sous-entendue, quand elle n’est pas exprimée par des termes équivalents, dans les passages innombrables des Noms divins où il s’agit de l’action ou de la participation du bien parfait. Voir Lien. La notion de la béatitude dyonisienne est donc la notion platonicienne, adaptée aux exigences d’un système, où les exemplaires platoniciens sont, soit fondus, à l'état d’attributs, de « noms divins » , dans l’unité de la superessence divine, soit identifiés avec les membres de la hiérarchie angélique. De Dieu par les hiérarchies jusqu’aux êtres infimes descend un courant illuminateur et béatificateur qui remonte en aspirations et désirs d’union, par les mêmes intermédiaires, jusqu'à la suprême bonté, laquelle, après cette vie, peut être objet pour les justes de jouissance directe, de vision intuitive.
Telle nous semble l’idée centrale du pseudo-Denys. Elle a exercé une influence considérable sur la doctrine théologique de la béatitude, conçue comme divinisation, objective de la nature intellectuelle.
Uberwegs-Heinze, Grundriss, 1898, t. ii, p. 138-139.