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BACON — BADE


Les monographies ou études concernant Bacon sont nombreuses, trop nombreuses peut-être. Dans beaucoup le « docteur admirable » est, en etlet, mal connu, souvent méconnu. De ce chef, leur lecture exige les plus grandes précautions. On peut consulter spécialement : 1’sur sa vie et ses ouvrages : Véadding, Annales minorum, a. 1266, n. 14 ; 1278, n. 26 ; 1284, n. 12 ; Scriptores ord. min., Rome, 1650, p. 309 ; Oudin, De script, eccles., Leipzig, 1722, t. iii, p. 190-193 ; S. Jebb, préface de l’Opits majus, Londres, 1733, Venise, 1750 ; Sbaralea, Sujiplementum ad script.. Rome, 1806, p. 642 ; Dictionnaire biographique, art. R. Bacon ; Daunou et V. Leclerc, Hist. litt. de la France, Paris, 1842, t. XX, p. 227-252 ; V. Cousin, dans Journal des savants, mars-juin, août 1848, et décembre 1859 ; J. S. Brewer, R. Bacon opéra qwedam, etc., Londres, 1859, p. ix-lxxxiv ; Wood, Antiquitates univ.’oxon., dans J. S. Brewer, op. cit., p. i.xxxv-c ; E. Charles, R. Bacon, sa vie, ses ouvrages, ses doctrines. Paris, 1801 ; H. Siebert, Roger Bacon (thèse de doctorat), Marbourg, 1861 ; L. Schneider, R. Bacon O. M., eine Monographie als Beitrag zur Geschichte der Philosophie îles 13 Jnhrli. nus den Quellen, Augsbourg, 1873 ; Kirchenleooikon, art. R. Bacon ; Ch. Jourdain, Discussion </< quelques points de la bibliographie de R. Bacon, Paris, 1874 ; A. Sturkahn. Dus Opus majus des Franziskanermônchs R. Bacons, dans Kirchl. Monatschrift, 1883, p. 267-287 ; Realencylopâdie fur protest. Théologie und h’irche, 3’édit., Leipzig, 1896, art. Baco ; J. H. Bridges, The « Opus majus » , Londres, 1897-1900, t. I, p. xxixxxvi ; — 1’sur son action SCIENTIFIQUE : V. Cousin, Cours d’histoire de la philosophie, 2’série, IX* leçon ; E. Charles, op. cit. ; E. Saisset, Précurseurs et disciples de Descartes, Paris, 1862 ; Schneider, op. cit. ; Werner, Die Psychologie, Erkenntnislehre und Wissenchaftslehre des R. Bacon ; Die Kosmologie und allgemeine Naturlehre des B. Bacon, dans Abhandlungen der Wiener Akademie, 1879 ; C. Narbey, dans Revue des questions historiques, t. xxxv, p. 115-166 ; Léon de Kerval, dans Revue franciscaine, juin-novembre 1885 ; C. Pohl, Das Verhaltniss der Philosophie zur Théologie bei R. Bacon, Neustrelitz, 1893 ; A. Parrot, R. Bacon, sa personne, son génie, ses œuvres, etc., Paris, 1894 ; P. Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, Paris, 1895, t. ii, p. 329-369 ; S. A. Hirsch, Early english hebraists : B. Bacon and his predecessors, dans la Jewish quarterly review, octobre 1899 ; J. H. Bridges, op. cit., p. xxxvi-xcii ; De Wulf, Histoire de la philosophie médiévale, Louvain, 1900, p. 330-336, qui étudie sa vie et ses doctrines philosophiques, mais avec peu d’exactitude ; J. I. Valenti, dans la Science catholique, février 1902 ; — 3° sur ses travaux bibliques : Humphred Hody, De Bibliorum textibus originalibus, Oxford, 1705 ; Vercellone, Étude sur la Vulgate, dans Analecta juris po>itificii, mai et juin 1858 ; H. de Valroger, Introduction aux livres du N. T., Paris, 1801, t. I, p. 501 sq. ; C. Trochon, Essai sur l’histoire de la Bible dans la France chrétienne au moyen âge, Paris, 1878, p. 66-76 ; P. Martin, La Vulgate latine au xiir siècle d’après Jt. Bacon, Paris, 1888 ; Le texte parisien et la Vulgate latine, dans le Muséon, 1889, t. VIII, p. 444-466 ; 1808, t. ix, p. 301-316 ; S. Berger, Des essais qui ont été faits à Paris au xiir siècle pour corriger la Vulgate latine, dans la Revue de théologie et de philosophie, Lausanne, 1883, et tirage à part ; De l’histoire de la Vulgate en France, Paris, 1887 ; Quant notifiant linguss hebraiese habuerunt christiani medii sévi, Paris, 1893 ; 3. Soury, dans Bibliothèque de l’école des chartes, 1893, p. 733 ; H. Denifle, dans Archiv fur Litteratur, etc., t. iv, p. 263 sq. ; E. Mangenot, dans Dictionnaire de la Bible, art. Correctoins. Cf. U. Chevalier, Répertoire des sources Itist. du moyen âge, Bio-bibliographie, col. 208, 2437-2438.

G. Dklorme.

    1. BADE (Colloque de)##


BADE (Colloque de). On donne ce nom, dans l’histoire de la réforme protestante, à une conférence religieuse qui se tint, du’21 mai au 8 juin 1526, à Bade, en Argovie.

Entraînés par Zwingle, les Zurichois venaient de rompre avec l’ancienne Eglise, et les autres cantons, aigris contre eux, réclamaient une discussion publique à laquelle prendraient part les théologiens des deux partis et où l’on s’efforcerait de rétablir l’unité religieuse. Après bien des lenteurs et des retards, les négociations, commencées des 1524, aboutirent enfin, et la réunion projetée fut convoquée pour le l(i mai 1526 dans la pelile ville de Bade. Outre les députés des douze cantons, on y vit paraître les envoyés des évéques de Constance,

Baie, Lausanne et Coire. I)u côté des catholiques les principaux théologiens fuient le célèbre Jean Éck, qui

devait tenir le premier rang dans la discussion, Jean Faber, vicaire général de l’évêché de Constance, le franciscain Thomas Murner, professeur de théologie à Lucerne, Jacques Lemp, de Tubingue, et le docteur Louis Ber, chanoine de Saint-Pierre à Bâle. De leur côté les zwingliens étaient représentés par Œcolampade. Berthold Haller, de Berne, Henri Linck, de Schaffhouse, Jean Hess, d’Appenzell, Ulrich Studer, de Saint-Gall. Jacques Immeli et Wolfgang Weissenburg, de Bàle. Zwingle, alléguant qu’il craignait pour sa sécurité, refusa d’y paraître. Érasme, qu’on avait également invité, s’excusa, prétextant une indisposition, mécontent aussi, peut-être, de ce que, peu de temps auparavant, les amis de Zwingle l’avaient outragé dans un écrit anonyme (lettre du 25 mai 1526, fortissimo Helvelwrum nationi in concilio Badensi).

Le colloque s’ouvrit solennellement le 21 mai 1526, sous la présidence de l’abbé d’Kngelberg, Barnabe Bùrkli, du docteur Ber et de deux laïques, le chevalier Jacques Stapfer, de Saint-Gall, et l’avoyer Jean Honegger, de Bremgarten. Dès l’avant-veille, 19 mai, on avait affiché aux portes des églises et de l’hôtel de ville les sept thèses suivantes sur lesquelles devait porter principalement la discussion : 1° Le corps et le sang de Jésus-Christ sont véritablement présents dans le sacrement de l’eucharistie ; 2° Us sont offerts comme véritable sacrifice dans la messe pour les vivants et pour les morts ; 3° On doit invoquer Marie et les saints comme des intercesseurs auprès de Dieu ; 4° On ne doit point abolir les images de Jésus-Christ et des saints ; 5° Après cette vie il y a un purgatoire ; 6° Les enfants, ceux mêmes des chrétiens, naissent en péché originel ; 7° Ce péché est effacé par le baptême du Christ, non par celui de saint Jean.

Ces thèses avaient été rédigées par Eck. Murner y ajouta ces deux autres : 1° Croire que, dans le sacrement de l’union du corps et du sang de Jésus-Christ, notre Sauveur est présent sous les deux espèces, l’y adorer et le vénérer ne doit point être regardé comme une idolâtrie, puisque l’Écriture sainte l’enseigne. On ne peut pas non plus accuser de sacrilège celui qui n’administre au peuple que sous une seule espèce, comme s’il ravissait méchamment l’espèce du vin au peuple chrétien ; 2° On ne peut point soutenir par aucun passag de l’Écriture sainte qu’il soit permis, en matière de biens terriens ou de personnes, de dépouiller le prochain de son ljien, sans aucune sentence juridique, et seulement par voie de fait, sous quelque prétexte que ce soit ; mais on doit regarder toutes ces manières de procéder comme injustes, malhonnêtes et offensantes. — Cette dernière thèse était dirigée contre les sécularisations et usurpations de biens ecclésiastiques dont la réforme avait été l’occasion.

Les discussions s’engagèrent le 21 mai. Elles durèrent dix-huit jours. A elle seule, la première thèse occupa une vingtaine de séances. Défendue par Eck, elle fut combattue par Œcolampade auquel s’adjoignirent, à la lin, Jacques Immeli et Ulrich Studer. Le 29 mai on passa à la seconde thèse ; ce fut Bertbold Haller, secondé par Œcolampade, qui l’attaqua. Œcolampade combattit aussi la troisième proposition. La quatrième fut attaquée par Henri Linck, Jean Hess, Dominique Zilli.de Saint-Gall, et Œcolampade. A la cinquième s’opposèrent Jean Hess etMathias Kessler, du canton d’Appenzell, Benoit Burgower et le diacre Wolfgang Wetter, de Saint-Gall, et encore Œcolampade. Les deux dernières thèses de Eck ne furent attaquées de personne, non plus que les deux propositions de Murner, et la conférence fut close le 8 juin. Ainsi qu’il était à prévoir, l’entente complète ne se lit point. Si la grande majorité des ecclésiastiques et des théologiens présents se rangèrent au sentiment de Kek, les protestants refusèrent de souscrire les propositions débattues (à l’exception de la première sur la présence réelle qui fut admise par quelques-uns) ! C’est