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BAUTAIN — BAYLE

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1’La divinité de la révélation mosaïque se prouve avec certitude, etc.

3° La preuve tirée des miracles de Jésus-Clirist. sensible, etc. Nous trouvons cette preuve en toute certitude dans l’authenticité du Nouveau Testament, dans la tradition, etc.

5* Sur ces questions diverses, la raison précède la foi et doit nous y conduire.

6° Quelque faible et obscure que soit devenue la raison par le péché originel, il lui reste assez de clarté et de force pour nous guider avec certitude à l’existence de Dieu, à la révélation faite aux Juifs par Moise, et aux chrétiens par notre adorable Homme-Dieu.

C’està tort queDenzinger, Enchiridion, n. 121, donne, traduites en latin, comme étant les six propositions signées en 1840 devant M9 r R ; t’ss, celles qui furent souscrites en 1835 entre les mains de Ms r de Trévern. De Régny, L’abbé Bautain, Paris, 1884, p. 289. La différence entre les deux formules est d’ailleurs minime. Quatre ans après, l’abbé Bautain, ayant voulu fonder une communauté religieuse, dut justifier auparavant de la complète orthodoxie de sa doctrine, et signer une déclaration qui lui fut demandée par la S. C. des Évêques et Réguliers. Le 26 avril 1844, il promettait dans ce troisième formulaire :

1° De ne jamais enseigner que, avec les seules lumières de la droite raison, abstraction faite de la révélation divine, on ne puisse donner une véritable démonstration de l’existence de Dieu.

1’Qu’avec la raison seule on ne puisse démontrer la spiritualité et l’immortalité de l’âme, ou toute autre vérité purement naturelle, rationnelle ou morale.

3° Qu’avec la raison seule on ne puisse avoir la science des principes ou de la métaphysique, ainsi que des vérités qui en dépendent, comme science tout à fait distincte de la théologie surnaturelle qui se fonde sur la révélation divine.

4° Que la raison ne puisse acquérir une vraie et pleine certititude des motifs de crédibilité, c’est-à-dire de ces motifs qui rendent la révélation divine évidemment croyable, tels que sont spécialement les miracles et les prophéties, et particulièrement la résurrection de Jésus-Christ.

L’abbé Bautain s’intéressa toute sa vie, d’une façon spéciale, à la question théologique des rapports de la raison et de la foi. Il suivit d’un œil attentif l’affaire Bonnetty (voir Bonnetty) et surtout celle de Louvain (1860), où il intervint à titre privé, pour féliciter les professeurs Ubaghs et Laforèt (voir ces noms) d’avoir attiré l’attention des théologiens sur un point de la question qui était, selon lui, resté jusque-là inaperçu. La lettre, publiée dans l’Ami de la religion (26 avril 1860), semblait vouloir provoquer une discussion publique plus approfondie de la matière ; mais les professeurs de Louvain ne jugèrent pas à propos de rouvrir le débat. De Bégny, L’abbé Bautain, p. 419 sq. Bautain, qui était vicaire général de Paris depuis 185(3, accepta en 1853 les fonctions de professeur de théologie morale à la Sorbonne. Il occupa ce poste pendant neuf ans et y publia une partie de son cours, savoir : La morale de l’Évangile comparée aux divers systèmes de morale, Paris, 1855 ; La philosophie des lois, Paris, 1860 ; La conscience, Paris, 1861. Précédemment, il avait fait paraître les conférences qu’il avait prèchées à Notre-Dame-de-Paris en 1848, sous ce titre : La religion et la liberté considérées dans leurs rapports, Paris, 1848. Ses autres ouvrages n’ont qu’un rapport éloigné avec la théologie. L’abbé Bautain mourut à Paris le 15 octobre 1867. Pour l’appréciation de son système philosophico-théologique, voir Fidéisme.

De Régny, L’abbé Bautain, sa vie et ses œuvres, Paris, 1884 ; A. Ingold, Lettres inédites du P. Rozaven, dans le Bulletin critique, 5 avril et 25 juin 1902, p. 194-198, 353-360.

J. BELLA.MY.

    1. BAVA André##


BAVA André, théologien italien de la fin du xvie siècle ; il était né à Caragnolo dans le duché de Montferrat. On a de lui une Istruzione délia vita cristiana, in-8°, Turin, 1564-1567.

Hoefer, Nouvelle biographie générale, Paris, 1853.

V. Oblet.

    1. BAVOSI Alphonse##


BAVOSI Alphonse, théologien italien, né à Bologne, mort le 5 mai 1628, chanoine régulier du Saint-Sauveur, et plusieurs fois général de son ordre ; il est l’auteur de quelques traités polémiques : 1° Controversise miscellaneæ, in-4 » , Venise, 1580, 1589 ; Bologne, 1607 ; Disputationes catholicœ- in quibus prsecipue Grœcorum quorumdam opiniones orthodoxae fidei rejiciuntur, in-4°, Venise, 1607.

Glaire, Dictionnaire des sciences ecclésiastiques, Paris, 1868 ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1892, t. i, p. 282.

V. Oblet.

    1. BAYLE Pierre##


BAYLE Pierre, né le 18 novembre 1647, au bourg du Cariât, dans le comté de Foix ; son père, Jean Bayle, exerçait en ce lieu les fonctions de ministre de la religion réformée. Pierre Bayle reçut au foyer paternel les premières leçons de latin et de grec ; envoyé en 1666 à l’académie de Puylaurens, il se mit à l’élude avec une ardeur extrême, lisant tout ce qui lui tombait sous la main, sans excepter les livres de controverse théologique. Il vint à l’université de Toulouse en février 1669 et suivit les cours de philosophie qui se donnaient au collège des jésuites. Les doutes que la lecture des controversistes catholiques lui avait inspirés sur la légitimité de la Réforme, s’accrurent alors dans les entretiens qu’il eut avec un prêtre catholique : il résolut d’abjurer le calvinisme et il le lit le 19 mars suivant. Cette conversion était trop rapide pour être durable : toutefois elle valut au jeune étudiant la protection de Bertier, évêque de Rieux, qui se chargea des frais de son entretien. En 1670, Bayle soutint avec éclat ses thèses dédiées Virgini Deiparse. Mais après un essai, d’ailleurs infructueux, pour amener au catholicisme l’aine de ses frères, il se prit à douter de sa nouvelle religion. Le culte excessif qu’il voyait rendre aux créatures lui ayant paru très suspect et la philosophie lui ayant fait mieux comprendre l’impossibilité de la transsubstantiation, il conclut qu’il y avait du sophisme dans les objections auxquelles il avait succombé et qu’il devait retourner au protestantisme. Il quitta donc Toulouse le 19 août 1670, abjura deux jours après et partit aussitôt pour Genève. Il y suivit les leçons du philosophe cartésien Chouet dont il adopta les idées. C’est à Genève qu’il rencontra Basnage et, grâce à l’obligeante amitié de celui-ci, il entra comme précepteur chez le comte de Dhona, puis chez un riche marchand de Bouen. Ce fut encore par l’entremise de Basnage que Bayle put obtenir une chaire de philosophie à l’académie protestante de Sedan. Après l’arrêt qui supprimait l’académie (1681), Bayle fut appelé à Botterdam pour enseigner la philosophie et l’histoire dans l’École illustre, qui venait de s’ouvrir en faveur des réfugiés français ; il devait y retrouver un de ses collègues de Sedan, Jurieu, à qui l’on avait confié la chaire de théologie. Désormais, l’histoire de sa vie se confond avec celle de ses livres.

Les premiers ouvrages de Bayle sont purement philosophiques : une dissertation métaphysique De tempore qui lui valut la chaire vacante à l’académie de Sedan ; son Système de philosophie, comprenant les leçons dictées à ses élèves ; une Dissertatio in qua vindicantur a peripateticorum exceptionibus raliones quibus aliqui cartesiani probarunt essentiam corporis sitam esse in extensione ; il y soutient contre un jésuite, le P. Valois, la théorie cartésienne sur l’essence des corps et la déclare incompatible avec la transsubstantiation définie par le concile de Trente ; enfin des observations critiques sur les Cogitationes rationales de Poiret ; elles se trouvent au t. IV des Œuvres diverses, La Haye, 1727. Il donne en 1682 ses Pensées diverses, écrites à un docteur de Sorbonne à l’occasion d’une comète qui parut au mois de décembre 1080. L’ouvrage parut d’abord sous le voile de l’anonyme et sous le titre de Lettre à M. L. A. D. C, docteur de Sorbonne, où il est prouvé par plusieurs raisons tirées de la pliilosophia et de la théologie que les