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BARSUMAS


Un des actes les plus importants de Barsumas fut la fondation de l’école de Nisibe, vers 490, pour continuer la célèbre école des Perses qui avait existé à Édesse. Celle-ci était devenue en effet, sous l’évêque Ibas, le foyer du nestorianisme à Edesse ; à la mort d’Ibas (28 octobre 457), son successeur expulsa les principaux professeurs et étudiants nestoriens, qui se réfugièrent en Perse ; parmi eux Barsumas, Acace et Narsès. Enfin l’école des Perses fut définitivement détruite en 489 par ordre de l’empereur Zenon. Barsumas fonda alors l’école de Nisibe, qui fut dirigée par Narsès, et lui donna ses premiers statuts. Ces statuts ne sont pas conservés, mais on possède ceux de son successeur, Elisée ou Osée, promulgués en 496 et édités avec d’autres règlements postérieurs par M. Guidi, Gli statuti délia scuola Nisibena, dans Giorn. délia soc. as. il., 1890, t. iv, p. 165-19.").

On ne connaît pas la date exacte de la mort de Barsumas. On sait seulement qu’en 496, son successeur Osée était évêque de Nisibe depuis quelque temps déjà. D’après Bar Hébræus, les évêques occidentaux dirent à Acace, lorsque celui-ci fut envoyé en ambassade à Conslantinople : « Nous avons appris que le Catholicos, ton prédécesseur, a été tué iniquement par l’un de tes évêques qui a promulgué des canons impurs, et tu ne l’as pas réprimé. Nous t’ordonnons de le déposer à ton retour, sinon nous vous déposerons tous deux. » Acace aurait promis de déposer Barsumas et aurait nié être nestorien, mais à son retou 1’en Orient il aurait appris que Barsumas était mort, tué, selon quelques-uns, dans une église par des religieuses du Tourvbdin. En réalité, Acace semble avoir été nestorien et, après son retour de Constantinople, où Balas l’avait envoyé (485-487) pour demander à Zenon de l’aider dans la guerre contre les Huns, il reçut encore une lettre de Barsumas qui se plaignait de l’hostilité du parti romain à Nisibe contre lui et contre le roi de Perse, et qui lui demandait d’anathématiser ses ennemis et de les menacer d’une dénonciation au roi. Il est peu vraisemblable, comme le raconte’Amr, Bibl. orient., t. iii, p. 383, que les habitants de Nisibe aient alors demandé à Acace de déposer Barsumas et qu’il les ait apaisés par ses sages paroles en leur demandant de lui indiquer un meilleur évêque. Il n’est pas vraisemblable non plus que Péroz ait envoyé Barsumas en ambassade près de Zenon comme le raconte’Amr, p. 19-20. — En somme, il semble plus probable, comme le rapporte aussi Bar Hébrœus d’après une autre source, que Barsumas mourut paisiblement à Ninive et que l’on montrait son tombeau dans l’église de Saint-Jacques.

II. Écrits.

Il nous reste six lettres de lui, publiées, puis traduites par M. Braun. Les quatre premières ont un sujet commun : la rétractation de tout ce qui a été fait à Beit-Lapat contre Baboé, la reconnaissance d’Acace, le refus de paraître à un nouveau synode à cause de la guerre entre les Perses et les Boinains. Les deux dernières ont un but plus particulier ; l’une demande à Acace d’intervenir dans un différend survenu entre un évêque et ses diocésains, l’autre lui annonce l’envoi de cent dariques pour ses œuvres et lui promet une rente annuelle de cinquante. D’après Êbedjésu, liarsumas composa des oraisons pour les défunts, des commentaires et des hymnes, une liturgie, des exhortations et des lettres. Assémani, Bibliotheca orient., t. m a, p. 66.

O. Braun, Des Barsauma von Nisibis Briefe cm deu Katholilcus Akak, dans les Actes du X’congres international des Orientalistes, Genève, 4894, Leyde, 1896, part. iii, p. 83-101 ; M., Das Buch der Synhados, Stuttgart et Vienne, 1900, p. 59(54, 74-83 (on y trouve une milice sur liarsumas et Acace <t la traduction allemande des lettres de. Barsumas) ; Bar Hébrœus, Oironicon eccles., édlt. Abbeloos et Lamy, Louvaln, 1872, i. ii, col. 01-77 ; Assémani, Bibliotheca orientons, Rome, 1710-1728, t. i, p. 340 sq. ; t. in a, p. no, 890 sq. ; i. ni », p. lxxvii-lxxx ; iiecijuii, Acftj martyrum et sanctorum, Paris, 1891, t. ii, p.03l 034 (martyre de Baboé) ; Gismondi, Maris, Amri et Slibx de patriarchis Nestorianorum comment aria, part. ii, Amri et stibæ textus versio latina, Rome, 1897, p. 17-21 ; R. Duval, La littérature syriaque, Paris, 1899, p. 170, 177, 345, 346. Lune des hymnes de Barsumas est conservée au British Muséum, Catal. Wright, p. 130, et à Cambridge, ms. add. 2036, fol. 133.

F. Nr.

    1. BARSUMAS (Bar Sauma)##


2. BARSUMAS (Bar Sauma), prêtre et archimandrite monophysite, le plus solide appui de Dioscore, archevêque d’Alexandrie, né près de Samosate, mort le 1° février 458.

Barsumas se retira dans une caverne pour y mener la vie érémitique ; il eut ensuite plusieurs disciples, qui racontèrent de lui des faits du plus grand ascétisme : il se serait fait disposer des appuis de manière à être tenu constamment debout et à ne pouvoir jamais s’asseoir ; il aurait jeûné des semaines entières. Ces récits, joints à ses luttes ardentes contre le nestorianisme qui envahissait l’Orient, le rendirent célèbre et le mirent hors de pair parmi les archimandrites. Les luttes religieuses portaient alors sur le mystère de l’incarnation. Nestorius avait été condamné à Éphèse (431) et Eutychés à Constantinople (448). Barsumas se plaignit à Théodose II de ce que le nestorianisme envahissait l’empire, aussi l’empereur convoqua un nouveau concile à Éphèse (Brigandage d’Éphèse, 419) et écrivit à Barsumas d’y assister « pour y représenter tous les archimandrites orientaux » ; il écrivit, dans les mêmes termes à Dioscore et à Juvénal, évêque de Jérusalem. Cf. Mansi, t. VI, col. 593. Barsumas rendit témoignage, par son interprète Eusèbe, à la foi catholique d’Eutychès et y souscrivit, ibid., col. 862 ; il condamna Flavien, évêque de Constantinople. Ibid., col. 927. Il ne faut pas oublier toutefois que les monophysites disciples de Dioscore et de Barsumas, condamnèrent dans la suite les eutychiens aussi bien que les nestoriens. Plus tard, au concile de Chalcédoine (451), Diogène, évêque de Cyzique, qui avait adhéré à tout ce qui avait été fait contre Flavien, ibid., col. 911, et avait absous Eutychès, ibid., col. 838, et tous les très révérends évêques, dont la plupart avaient imité Diogène, racontèrent que Barsumas avait tué Flavien, qu’il présidait au meurtre et disait : tue, qu’il avait bouleversé toute la Syrie et avait amené mille moines contre les évêques. Mansi, t. vii, col. 68. Eusèbe de Dorylée, condamné ainsi que Flavien au conciliabule d’Ephèse, et qui en appelait de cette condamnation, racontait de son côté que Flavien avait été poussé et foulé- aux pieds par Dioscore. Evagre, H. £"., il, 28, P. G., t. i.xxxvi b, col. 2’t92. Quoi qu’il en soit de ces tardifs repentirs et de ces récriminations, il est certain que Flavien, arrêté et condamné à l’exil, mourut trois jours après le Brigandage d’Éphèse, Acta sanctorum, februarii, t. iii, p. 17, et que Barsumas fut poursuivi par Pulchérie comme s’il était responsable de cette mort. Il reparut au concile de Chalcédoine et présenta avec d’autres archimandrites une supplique en faveur de Dioscore, mais fut expulsé. Mansi, t. vii, col. 65-68. On lui donna trente jours pour souscrire au concile de Chalcédoine ; il ne dut probablement pas souscrire ; et mourut ainsi anathématisé comme le meurtrier de Flavien et le satellite de Dioscore, le 1 « février 458.

Il est honoré comme un saint par les monophysites. Les Arméniens célèbrent sa fête le l, r février, jour de sa mort, et les monophysites syriens et égyptiens, le 3. Il écrivit quelques lettres. Mais ce ne fut pas par des écrits qu’il a^il sur son temps, ce fut par la réputation d’ascétisme qur lui firent ses disciples et par le zèle farouche et sauvage qu’il déploya contre les nestoriens et contre tous ceux qu’il cru ! pouvoir assimiler à ces hérétiques. Il ne donna sou avis au conciliabule d’Éphèse que par la bouche d’un moine interprète, Mansi, t. VI, col. 862, 927, ce qui nous autorise à croire qu’il ne savait pas le grec et qu’il devait avoir peine à