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BARNABÉ (ÉPÎTRE DITE DE SAINT) — BARNABITES

appeler, non les justes, mais les pécheurs, » Matlh., IX, 13 ; £arn., , 9, p. 14 ; « Dieu jugera sans faire acception de personnes, » 1 Pet., I, 17 ; Uarn., IV, 12, p. 12, sont insérés sans observation spéciale. En dehors de ces trois emprunts textuels, plus de soixante passages accusent une relation étroite avec les divers livres du Nouveau Testament. Seules, les Épitres de saint Paul aux Colosses et à Philémon, celle de saint Jude, la seconde et la troisième de saint Jean ne donnent lieu à aucun rapprochement de pensées ou d’expressions.

2° Baptême, vie chrétienne, eschatologie. — L’auteur, familier avec les écrits de saint Paul, s’adresse à « des fils de dilection et de paix » , Barn., xxi, 9, p. 58, se dit 7repi[/Y)u, a. Barn., IV, 5, p. 10, 18. Il connaît la merveilleuse efficacité du baptême, qui est de remettre les péchés, çépov atpeatv àu, apTicov. Barn., xi, 1, p. 34. Faisant allusion au baptême par immersion, il écrit : « Nous entrons dans l’eau, pleins de péchés et de souillures, et nous en sortons pleins de fruits. » Barn., xi, 11, p. 36. « Avant de croire, notre cœur est un cloaque de corruption, rempli du culte des idoles, et la demeure des démons ; mais, en recevant la rémission des péchés, nous devenons des créatures nouvelles, complètement transformées, et le vrai temple spirituel de Dieu. » Barn., XVI, 7-10, p. 50. Pour atteindre au royaume de Dieu et jouir de la gloire, le fidèle doit passer par les afllictions et les tourments. Barn., vii, 11, p. 24 ; il doit suivre la voie de la lumière et de la justice, confesser ses péchés et s’appliquer à la prière avec une conscience pure, Barn., xix, 12, p. 56 ; car le chemin des ténèbres conduit à la mort éternelle et au supplice. Barn., xx, I, p. 56. Le jour du Seigneur est proche. Barn., xxi, 3, p. 56. Dieu a créé le monde en six jours. Il s’est reposé le septième : ce qui veut dire que Dieu consommera tout en six mille ans ; le septième jour, jour de repos, est celui où le Fils de Dieu mettra un terme à l’iniquité et jugera les impies et changera le soleil, la lune et les étoiles ; c’est le jour que nous célébrerons dans un magnilique repos, quand nous aurons été justifiés, que l’iniquité sera détruite et que tout sera renouvelé. Ce sabbat, qui mettra fin à tout, sera le commencement du huitième jour, c’est-à-dire du monde futur. Barn., XV, 1-8, p. 46-48. C’est là le chiliasme. C’est pourquoi, ajoute l’auteur, nous célébrons dans la joie le huitième jour (celui que la Didaché appelle le dimanche), car c’est le jour où Notre-Seigneur est ressuscité. Barn., XV, 9, p. -48.

Anges.

H y a des anges : les uns, porteurs de

lumière, sont lions et président à la voie du salut, qui mène l’homme à Dieu et à la récompense ; les autres sont les démons, Barn., xvi, 7, p. 50, ministres du Mauvais, TrovYipb ; "Apyoïv, Barn., iv, 13, p. 12 ; du Noir, ô uiXoc ;, Barn., iv, 10, p. 12 ; de Satan, Barn., xviii, 1, p. 52 ; ils président à la voie des ténèbres, ’inspirent le mal et ont trompé les Juifs, en leur faisant transgresser les ordres de Dieu. Barn., ix, 4, p. 28.

Christologie.

ha christologie de l’épître de Barnabe

est assez développée. L’incarnation et la rédemption sont nettement enseignées. Jésus-Christ, vrai Fils de Dieu, Barn., v, 9, p. 14, est venu dans la chair, Bar » ., v, 11, p. 16, pour détruire la mort et prouver la résurrection, Barn., v, 6, p. 14, pour sauver les hommes, v, 10, p. 11, et effacer le péché, v, 11, p. 14. Il a souffert sur le bois, v, 13, p. 16, a étécrucifié, vii, 3, p. 22. C’est dans son sang qu’il a lavé- le péché, v, 1, p. 12 ; et c’est par sa passion qu’il a racheté l’homme, vii, 2, p. 22. Mais il est ressuscité, le huitième jour, et est monté’aux cieux, xv, 9, p. iS ; il viendra juger les vivants et les morts, VII, 2, p. 22, 1rs impies, xv, 5, p.’16 ; il mettra un terme à l’iniquité, renouvellera toul et se reposera magnifiquement le septième jour, c’est-à-dire à la fin du monde et avanl le commencement du monde futur, xv. 5, p. 46, En attendant, il nous a donné une loi nouvelle, vraie loi de liberté, qui a une oblation nullement faite

par les hommes, Barn., il, 6, p. 6 ; le sacrifice d’un cœur contrit, d’un cœur glorifiant Dieu en odeur de suavité, il, 10, p. 6. Mais il faut se garder de pécher, sous prétexte que nous sommes protégés par ce testament de Notre-Seigneur, IV, 6, p. 10. La passion de Jésus est un modèle de la nôtre ; car ce n’est que par les afflictions et les tourments que nous pourrons parvenir au royaume, voir Dieu et le posséder, vii, 11, p. 24. D’où la nécessité pour le baptisé d être le vrai temple de Dieu, de faire de bonnes œuvres, de suivre la voie de la justice et d’éviter celle de l’iniquité, seul moyen d’assurer son salut et de trouver grâce au jour du jugement. L’auteur demande qu’on se souvienne de ses conseils et qu’ainsi son amour et sa vigilance produisent un bon effet, xxi, 7, p. 58.

Éditions. — Nous avons déjà signalé en tête de l’article les meilleures éditions, parues postérieurement à la découverte récente des manuscrits grecs. Celle d’Hilgenfeld, Der Brief der Barnabas, Leipzig, 2e édit., et de Ph. Bryennios, dans sa Didaché, Constantinople, 1883, suit de préférence le codex constantinopolitanus ou hierosolymitaniis. Celle de Gebliardt et Harnack, Patrutn apostolicorum opéra, 2e édit., Leipzig, 1878, s’appuie de préférence sur le codex sinaiticus. L’édition de Funk, Patrutn apostolicorum opéra, Tubingue, 1881, tient compte des deux manuscrits et signale les variantes.

Travaux. — Nous ne signalerons que quelques-uns des plus récents : Hefele, Dus Sendschreiben des Apostels Barnabas…, Tubingue, 1840 ; Franke, Zeitschrift für luther. Théologie, 1840 ; Hilgenfeld, Die ai>ostolisclien Vâter, Halle, 1853 ; Freppel, Les Pères apostoliques, Paris, 1860 ; Kayser, Ueber den sog. Barnabasbrief, Paderborn, 1866 ; Muller, Erklàrung der Barnabasbrief es, Leipzig, 1869 ; Wieseler, Der Brief des Barnabas, dans Jahrb. f. deutsche Théologie, 1870, t. xv ; Riggenback, Der sog. Brief des Barnabas, Bâle, 1873 ; Heydecke, Dissert, qua Barnabx epistola interpolata demonstratur, Brunswick, 1874 ; Donaldson, The apostolical Futhers, 1874 : Braunsberger, Der Apostel Barnabas, Mayence, 1876 ; GudenSin, ReligionsgescliichtlicheStudien, ’Leipzg, iS16 ; Cunningha.m, The Epistle of Barnabas, Londres, 1877 ; Funk, Der Barnabasbrief, dans Theolog. Quartalschrift, 1884, t. lxvi ; 1897, t. lxxix ; ces deux études remaniées ont été publiées par l’auteur dans Kirchengeschichtl. Abhandlungen und Untersucltungen, Paderborn. 1809, t. ii, p. 77-108 ; Arnold, Qusestionum de compositionc et fontibus Barnabx ejiistolse…, Konigsberg, 1886 ; Voiler, Der Barnabasbrief, dans Jahrb. f. protest. Théologie, 1888, t. xiv ; Weiss, Der Barnabasbrief, Berlin, 18s8 ; M"’Duchesne, Saint Barnabe, dans les Mélanges de J.-B. de Bossi. Paris, 1892 ; P. Batiffol, La littérature grecque, Paris, 1897, p. 10-11 ; P. Ladeuze, L’épître de Barnabe, Louvain, 1900, extrait de la Bévue d’histoire ecclésiastique, de Louvain, 1900, t. i ; A. Ehrhard, Die altchristliche Litteratur und ihre Erforschung von 188’i-l<J00, Fribourg-en-Brisgau, 1900, p. 81-86 ; O. Bardenhewer, Geschischte der altkirchlichen Litteratur, Fribourg-en-Brisgau, 1902, t. i, p. 86-97. Littérature plus complète dans la 3e édit.on des Patr. apostol. opéra de Harnack ; dans le Répertoire dessources historiques, de Chevalier, col. 223, 2442 ; dans Bibliog. Synojisis, de Ricliardson, p. 16-19. Voir Bardenhewer, Patrologie, Fribourg-en-Brisgau, 1894, p. 38-39 ; trad. fram ;., t. I, p. 63-65 ; Smith, Dictionary of Christian biography, 2e édit., Londres, 1900 ; Kirchenlexikon, Fribourg-en-Brisgau, 1883.

G. Bareili.e.


BARNABITES. Cet ordre religieux fut fondé’à Milan, au commencement du xvr siècle, sous le nom de clercs réguliers de saint Paul, leur patron, par saint Antoine-Marie Zaccaria de Crémone et les vénérables Barthélémy Ferrari et Jacques-Antoine Morigia, gentilshommes milanais. Le pape Clément Nil l’approuva

en 1533, Paul III le plaça sous la dépendance i lédiate

du saint-siège par les bulles de 1535 et 1543, Jules III ratifia les confirmations précédentes en 1550. En 151."). ces religieux furent mis en possession d’une ancienne église de Milan dédiée à saint Barnabe : d’où le nom, devenu populaire, de barnabites. Chronologiquement, ils arrivent au second rang dans l’ordre des clercs réguliers, dont ils partagent, à peu de différences près, le genre de vie. Le chapitre général, cinnposé des principaux membres de la congrégation, se réunit tous les