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BARLAAM ET JOSAPHAT — BARNABE (ÉPITRE DITE DE SAINT)

graphica latina, p. 979-982. Au XIIIe siècle, apparaissent les versions françaises de Gui de Cambray, de Chardry et d’autres anonymes. A la fin du XIVe siècle, l’histoire de Barlaam et Joasaph est transportée sur la scène et devient le Mistère du roi Advenir (= Abenner). On connaît aussi un texte provençal. Les rédactions italiennes se distinguent en deux classes ; les unes donnent le texte étendu de la Storia, les autres des résumés de la Vila. Il existe aussi, dans le même idiome, des recensions poétiques et des adaptations dramatiques. L’Espagne possède bon nombre d’histoires de Barlaam et Joasaph, et il y a même une version en irlandais. Vers 1220, Rodolphe d’Ems traduit la légende en allemand et, dans le même siècle, l’évéque Otto donne en vers allemands un résumé du roman. En ancien anglais, il existe quatre versions abrégées, et en ancien norvégien un texte qui remonte au xiiie siècle, d’où est venue la traduction danoise moderne. En suédois, on possède une traduction faite dans la seconde moitié du XVe siècle. Enfin le polonais et le tchèque ont aussi leur histoire de Barlaam et Joasaph. Voir, pour le détail de toutes ces versions, E. Kuhn, op. cit., p. 40-45, 50-74. « Ainsi, dit M. Gaston Paris, ce livre écrit au VIe siècle, par un inconnu, dans un coin de l’Afghanistan, en une langue qui est morte depuis mille ans, s’est répandu, en se transformant plus ou moins, chez tous les peuples civilisés, et les récits qu’il renferme ont enchanté — après les bouddhistes — les chrétiens, les musulmans et les juifs, c’est-à-dire la presque totalité de l’humanité pensante. » Poèmes et légendes du moyen âge, Paris, 1900, p. 194.

VII. La légende et la théologie.

Au point de vue théologique, l’ensemble des recherches que nous venons de résumer très brièvement sur la légende de Barlaam et Joasaph soulève une double question, celle des conséquences d’une erreur manifeste dans le martyrologe romain et dans le culte de l’Église catholique et celle de l’influence doctrinale du bouddhisme sur le christianisme. Il faut en dire quelques mots.

La légende dans le martyrologe.

Après ce qui vient d’être rappelé, il demeure indubitable que les saints Barlaam et Joasaph n’ont jamais existé. Leur histoire est pure fiction ; l’éditeur du martyrologe romain de 1583 s’est donc trompé en les insérant au catalogue des saints, et il a eu tort derechef d’ajouter que leurs Actes admirables ont été écrits par saint Jean Damascène. La relique d’Anvers n’est pas davantage authentique. Ces constatations ne sauraient plus être mises en doute, et une revue des plus orthodoxes, la Civiltà cattolica qui se rédige à Rome, sous le regard vigilant du pape, a reconnu la parfaite exactitude des récentes découvertes relatives au roman de Barlaam et Joasaph (n. du 17 novembre 1882, p. 431 sq.). Toutefois ces découvertes n’ont pas d’autre conséquence et n’atteignent pas la portée qu’y attribuent certains rationalistes. « Le saint-siège n’enseigne point, dit Benoit XIV, que tout ce qui a été inséré dans le martyrologe romain est vrai, d’une vérité certaine et inébranlable… C’est ce qu’on peut parfaitement conclure des changements et des corrections ordonnés par le saint-siège lui-même. » De servorum Dei beatificatione et canonizatione, 1. IV, part. II, c. xvii, n. 9. Même conclusion pour la relique de saint Josaphat. L’Église n’interdit nullement d’examiner, dans chaque cas particulier, l’authenticité d’une relique, et bien des fois elle a fait suspendre la vénération de celles qui ne lui paraissaient pas véritables. En somme, si l’erreur de l’insertion des saints Barlaam et Josaphat au martyrologe et de la vénération de leur relique, d’ailleurs presque ignorée, est fâcheuse, comme toute erreur en pareille matière, elle n’a pas, en réalité, l’importance qu’on semble, en certains milieux, vouloir y attacher. Une prochaine révision du martyrologe romain la fera sans doute disparaitre.

L’influence du bouddhisme sur le christianisme par le moyen de cette légende.

Quant aux infiltrations bouddhiques que le roman de Barlaam et Joasaph aurait pu faire pénétrer dans le christianisme, pareille thèse n’est pas soutenable. M. Gaston Paris a lumineusement exposé quel abîme sépare le bouddhisme de l’ascétisme chrétien. « Le monachisme chrétien n’a été grand que par les côtés où il s’est séparé du monachisme bouddhique, c’est-à-dire par l’amour de Dieu, soit sous forme de contemplation mystique, soit sous forme d’attachement passionné à la personne du Rédempteur, et par l’amour du prochain, manifesté dans les œuvres de miséricorde et de dévouement. » Op. cit., p. 201. Avant lui, M.Laboulaye, qui l’un des premiers a reconnu la légende du Bouddha dans le romande Barlaam et Joasaph, Journal des Débats, 26 juillet 1859, et M. Barthélémy Saint-Hilaire, Trois lettres à M. l’abbé Deschamps, Paris, 1880, p. 2, avaient conclu dans le même sens : « Il n’y a rien de commun, dit le premier, entre l’ermite qui soupire après la vie éternelle en Jésus-Christ et le bouddhiste qui n’a d’autre espoir qu’un vague anéantissement, » et le second a écrit cette phrase si nette qui résume toute la question : « Le bouddhisme n’a rien de commun avec le christianisme, qui est autant au-dessus de lui que les sociétés européennes sont au-dessus des sociétés asiatiques. »

J. Van df.n Gheyn.


1. BARLO W Edouard, pseudonyme adopté par le prêtre catholique anglais Booth qui, vers le commencement du XVIIIe siècle, remplissait secrètement dans son pays les fonctions de missionnaire. Booth mourut vers 1716 après avoir écrit un Traité de l’eucharistie, 3 in-4°.

Feller, Biographie universelle, Paris, 1838, t. i.

V. OlîLET.


2. BARLOW Guillaume, né dans le comté d’Essex, entra dans l’ordre de Saint-Augustin et prit à l’université d’Oxford le degré de docteur en théologie. Sous Henri VIII, il passa au protestantisme et se maria. H mourut, en 1568, évêque anglican de Chichester. On a de lui quelques ouvrages de polémique dirigés contre les catholiques : 1° Enterrement de la messe ; 2° Réponses à certaines questions concernant les abus de la messe, insérées dans l’Histoire de la Réformation de Burnet ; 3° La divine et pieuse institution du chrétien, que l’on désigne souvent en Angleterre sous le nom du Livre de l’Evêque, Londres, 1537,

Hœfer, Nouvelle biographie générale, Paris, 1853, t. lv, p. 522 ; Feller, Biographie universelle, Paris, 1838, t. I.

V. Odlet.


BARNABE (Épître dite de saint). — I. Histoire du document. II. Contenu. III. Authenticité. IV. Intégrité. V. Enseignements.

I. Histoire du document.

L’épître, dite de saint Barnabé, adressée à des inconnus par un auteur anonyme pour combattre, au moins indirectement, certaines prétentions juives et enseigner la voie du salut, a été connue de bonne heure et citée surtout dans le milieu alexandrin. On suit sa trace dans la littérature patristique du IIe siècle au IX e. Certaines comparaisons de textes permettent de croire qu’Hermas, Vis., 111, 4 ; Mand., n, 4, et Ram., xix, 5, 11 ; saint Justin, Dial. cum Tryph., XL, et Ram., vii, 6, 8, saint Irénée, Cont. hær., iv, 17, 6 ; v, 28, 3, et Ram., ii, 10 ; xv, 4, l’ont eue sous les yeux. Tertullien s’en sert dans deux passages, sans citer sa source, Adv. Marc, iii, 7 ; Adv. Jud., xiv, /’. L., t. ii, col. 331, 640, et Ram., vii, 4, 6, 8. Clément d’Alexandrie, qui n’approuve ni ce qu’elle renferme d’invraisemblable sur l’hyène, Pœd., ii, 10, P. G., t. vin, col. 500, ni son interprétation du Ps. I. Strom., ii, 15, P. G., t. viii, col. 1005, en cite de longs extraits. Strom., ii, 6, 7, 18, 20, P. G., t. viii, col. 965, 969, 1021, 1060 ; Strom., v, 8, 10, P. G., t. ix, col. 81, 96. Et Origène conjecture avec raison qu’elle a fourni à Celse son