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BARLAAM — BARLAAM ET JOSAPHAT

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affirmations relatives aux quatre caractères de l’Église romaine. Ces textes étaient les suivants : des lettres des papes, à partir de saint Clément, attestant qu’ils avaient pourvu, de par leur office, au gouvernement de l’Église universelle ; des passages de saint Ambroise, de saint Grégoire le Grand et de saint Jérôme sur la procession du Saint-Lsprit ex Filio ; les décrets d’un concile œcuménique où auraient été définies les questions pendantes entre les deux Églises et dont les Grecs n’avaient point connaissance. Nous ne savons si Barlaam envoya ces textes ; dans la réponse que nous possédons, il s’attache à prouver que les Grecs, en désobéissant à l’Église romaine, ne sont pas seulement des schismatiques, mais encore des hérétiques. Sa définition de l’hérésie est intéressante, surtout avec les explications qui l’accompagnent : Quid ergo hxreticus est et paradogmatista ? Qnem posl binant admonitionem fugiemus" ? An cote ille qui sapit et dicil aliqnid in dogmalibus ila opposilum alicui eorunt quse vel in sacra Scriptura aperte dicuntur, vel in generalibus conciliis expresse delerminata sunt, ul cum hoc sit tollatur illud, et cum illud non sit non possit hoc esse : alque talis ad Ma repugnantia est ex ea quse viluperatur Iiœresis, col. 1311. Le concile général que les Grecs ignoraient, et dont Barlaam se réclame sans le désigner autrement qu’en citant sa définition sur la procession du Saint-Esprit ex Pâtre Filioquc tanquam ex uno principio, est le IIe concile œcuménique de Lyon (1274). Dans cette lettre, Barlaam parle aussi de la question du pain azyme. — 6° Un traité encore sur la procession du Saint-Esprit ex Filio, prouvée par la sainte Écriture, col. 1314-1330. — 7° Enfin Barlaam a composé une Ethica secundum sloicos, col. 1341-1364. Comme le titre l’indique, l’œuvre n’a rien d’épiscopal, ni même de chrétien ; elle est du ressort des historiens de l’humanisme.

I. Œuvres. — Logisticx sive arithmeticx subtilius demonstratne libri VI (grec et latin), Strasbourg, 1572. Des œuvres écrites contre les latins une seule a été publiée, le Ilspï t » ; ? to3 Ilira & ? / ?, < ;, Oxford, 1592 ; rééditée plusieurs fois, notamment par Saumaise, en appendice à son De primatu papse, Leyde, 1645, elle a été insérée dans P. G., t. eu, col. 1255-1280 (en bas des pages, texte grec seul). Sur les autres écrits contre les latins cf. Fabricius, Bibliuth. grseca, Hambourg, 1808, t. xi, p. 464-468, ou P. G., t. CLI, col. 1240-1253, et Demetracopoulo, Griecia orthotioxa sive de Grœcis qui contra Lutinos scripserunt, Leipzig, 1872, p. 73-75. Le discours sur l’union prononcé devant Benoit XII et la bulle de Benoit XII qui le renferme se trouvent P. G., t. eu, col. 13311342 ; cf. Baynaldi, Annales eccles., ad an. 1339, n. 19-42. Les écrits pour les latins et l’Ethica secundum stoicos se trouvent (texte latin), P. G., t. eu, co !. 1255-1282, 1301-1330, 1341-1364. La première lettre de Barlaam à ses amis de la Grèce a été reproduite, en majeure partie, dans Baynaldi, Annales eccles., ad an. 1341, n. 71-81.

II. Vie.

l’Sources anciennes : Nicéphore Grégoras, Byzantinxhistorise, l.XI, c. x ; XVIII, vii, viii ; XIX, i ; XX, iv ; XXV, vm ; XXVII, viii ; XXIX, v ; XXX, II, iii, P. G., t. cxlvui, ml. 759-766, 1161-1162, 1167-1170, 1179-1200, 1245-1248 ; t. CXLIX, col. 21-22, 119-120, 203-206, 235-236, 239-240 ; du même, fragments d’un dialogue intitulé Florentius, P. G., t. cxlix, col. 643-648, cf. P. G., t. cxi.viii, col. 761 ; Grégoire Palamas, Hayioriticus tomus de quietistis, P. G., t. ci., col. 1225-1236 (Barlaam y est combattu sans être nommé) ; Pbilotée, patriarebe de Constantinople, Gregorii l’nlamx cticuntium, P. G., t. Cl.I, col. 584-612 ; Nil, patriarche de Constantinople, Gregorii l’alanix encomium, P. G., t. CLI, col, 66.", ; Tomi synodici très in causa palamitaruin, P. G., t. CLI, col. 679-774, cf. P. G., t. CLII, col. 12’il-1253, 12694273, 1273-1284, <<i Coleti, Sacrosancta concilia, Venise, 1731, t. xv, col. 559-562, 613-614 ; deux lettres à Barlaam, l’une d’Alexis Calochète, /’. G., t, eu, col, 1282, l’autre de Démétriua i il mus, I. < ;.. t. eu, col. 1283-1301 ; Jean de Cyparisse, Palamiticarum transgressionum, serm. i, c. iii, P. G., t. clii, col. 680-681 ; Jean Cantacuzène, Histor., 1. H, c. xxxix-xi. ; III, xcvm ; IV, xxiv, /’. a., t. ei.m, col. 661-682, 1287-1288 ; t. ci. iv, col. 193-198 ; du même (sous le pseudonyme du moine Christodule), fragments du Contra Barlaam ci Acyndinwn, P’/’., t. ei.iv, col. 693-710 ; Georges Phranzès, Chronicon mujus, 1. 1, c. xxxix ; IV, xxii, P. G., t. CLVI, col. 667-668, 1017-IiiIm.

2° Travaux modernes : L. Allatius, De Ecclesix orientalis et occidentalis perpétua consensiorie, Cologne, 1648, 1. II, c. xvi, xvil ; Fabricius, Bibliotlicca grseca, Hambourg, 1808, t. xi, p. 462-470, ou P. G., t eu, col. 1247-1256 ; And. Demetracopoulo, Grxcia ortliudoxa sive de Grxcis qui contra Latinos scripserunt et de eorum scriptis, Leipzig, 1872, p. 71-75 ; G.-A. Mandalari, Fra Barlaanio calabrese, mæstro del Petrarca, Home, 18-8. Voir, pour l’indication des autres ouvrages, U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge. Bio-bibliographie, col. 222, 2422.

F. Vernet.


2. BARLAAM ET JOSAPHAT. leur légende. I. Histoire de la démonstration du caractère légendaire.

II. Ressemblances avec l’histoire de Bouddha.

III. La recension grecque.

IV. Voie et intermédiaires par lesquels la légende a passé de l’Inde à Jérusalem.

V. Rapports du texte grec avec l’Apologie d’Aristide et l’ouvrage d’Agapet.

VI. Popularité de la légende.

VII. La légende et la théologie.

I. Histoire de la démonstration du caractère légendaire.

A la date du 27 novembre, on lit, dans le martyrologe romain, l’annonce que voici : Apud hidos Persis finitimos, sanctorum Barlaam et Josaphat, quorum actus mirandos sanctus Joannes Damascenvs conscripsit. C’est seulement à partir de l’édition de 1583 que les saints Barlaam et Josaphat figurent dans le martyrologe romain. Auparavant, ils n’apparaissent pour ht première fois, dans les calendriers de l’Occident, que dans le martyrologe d’Usuard (édition de 1515, avec les additions de Greven), dans celui qui porte le nom de Canisius, édité en allemand, en 1562, par Adam Walasser, et dans celui de Maurolycus, publié à Venise en 1568. Dans l’Église grecque, la mention au calendrier des saints Barlaam et Josaphat est plus ancienne, quoique rare. On ne la trouve point dans le ménologe de Basile, et seuls quelques synaxaires les mentionnent. Cf. H. Delehaye, Synaxarium ecclesiæ Constanlinopolilanse, 1902, col. 925. On signale une relique de saint Josaphat, un fragment de l’épine dorsale, qui était conservé à Venise et qui, en 1571, fut donné par le doge Luigi Mocenigo au roi de Portugal, Sébastien. Quand le prétendant Antonio dut fuir devant Philippe II, son fils Emmanuel offrit en 1633 la relique au monastère de Saint-Sauveur, à Anvers. Elle est aujourd’hui encore gardée dans la même ville, à l’église de Saint-André, clans la châsse dite des trente-six saints. Malgré ces témoignages de la liturgie en faveur des saints Barlaam et Josaphat, les écrivains ecclésiastiques se sont, de tous temps, préoccupés de l’authenticité de leur histoire et même de la réalité de leur existence. Bellarmin, De scriptoribus ecclesiasticis, Paris, 1658, p. 252, s’y montre lavorable, ainsi que Jacques de Billy, dans sa traduction latine des œuvres de saint Jean Damascène. Rosweyde, Vitse Patrum, Anvers, 1651, p. 339, fait de sérieuses réserves, qui ne sont pas admises par Léon Allatius, Prolegomena, p. xxvin.à l’édition de saint Jean Chrysostome par Lequien, Paris, 1712. II net, évêque d’Avranches, relève d’évidentes fictions, mais se déclare lié par le martyrologe romain. De l’origine du roman, 2e édit., 1678, p. 87. Tillemont est fort hésitant et ne voit pas le moyen de discerner le vrai du taux. Mémoires pour servir ù l’histoire eccles., 1703, t. x, p. 476. Enfin, Chastelain, Martyrologe universel, Paris, 1709, et dom Ceillier, Hist. gén. des auteurs sacrés et eccl., Paris, 1752, t. xviii, p. 150, se prononcent ouvertement contre l’authenticité de la légende. En ces derniers temps, on a eu enfin la clef de l’énigme. Dès le commencement du xvii c siècle, l’historien portugais Diego do Couto, Décoda quinta da Asia, 1. VI, c. ii, Lisboa, 1612, fol. 123 sq., avait été’trappe des ressemblances que présente l’histoire de Barlaam et de Josaphat avec la légende du Bouddha. Mais cette remarque avait complètement passé inaperçue. En 1859, M. Laboulaye, Journal <les Débuts. 26 juillet 1859, signala de nouveau ces analogies. Un an plus tard, cir