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BAR HÉBRÆUS — BARKOWICH

manuscrits à Paris et à Londres ; ce livre d’Hiérothée dû à Étienne Bar Soudaili (ve-vie siècle) était devenu très rare. L’exemplaire qui servit à Bar Hébræus se trouve à Londres au British Museum (ms. add. 7189 ; 2. Une liturgie composée par Bar Hébræus et traduite par Renaudot, Liturgies orientales, Paris, 1716, t. ii, p. 456.

III. OUVRAGES DE DROIT CANON. — Le Livre des directions, Ktaba dehûdoié, ou Nomocanon de Bar Hébræus a été publié par le R. P.  Bedjan, in-8o, Paris, 1898. La traduction latine de cet ouvrage, faite par Éloi Assémani, avait été publiée par le cardinal Mai dans Scriptorum veterum nova collectio, t. x. Tous les litiges, même purement civils, entre chrétiens orientaux, sont portés devant l’évêque ou le patriarche. Cet usage, confirmé par tous les califes et sultans successifs, subsiste encore aujourd’hui. Il en résulte que le droit canon des Orientaux ne peut, comme le nôtre, se borner à traiter des matières ecclésiastiques, mais doit donner des solutions pour tous les litiges ou constituer un cours complet de droit. C’est bien là le caractère du Numocanon de Bar Hébræus qui ne laisse d’ailleurs aucune place à la théorie, mais classe, sous les titres généraux, les décisions correspondantes des conciles, des Pères, des docteurs, et les lois des empereurs chrétiens qui avaient été traduites en syriaque et en arabe.

Notons seulement qu’il utilise la Didascalie des apôtres, p. 26, 87, 97, 480, comme il l’avait déjà utilisée dans l’Éthique, p. 171, 193, Nau, La didascalie, Paris, 1902, p. 166, et qu’il cite même le concile de Chalcédoine. Il traite, en quarante chapitres, subdivisés en sections, de l’Église et de son gouvernement, des sacrements, des jeûnes et des fêtes, des testaments, des héritages, des achats et des ventes, du prêt, des gages, des servitudes, de la société, de la tutelle, du dépôt, de l’usufruit, du commerce, de l’irrigation des terres, de la culture des terres désertes, des objets et des enfants trouvés, des serviteurs, de la libération des esclaves, du rapt, des délits les plus graves, des serments, des vœux, des jugements, etc. Le cardinal Mai, loc. cit., jugeait ainsi cet ouvrage : Est hujus libri dos præcipua, ut, nihil ei par aut simile in orientalis juris bibliotheca habeatur ; ne Ebedjesu quidem excepta opere, quod in re ecclesiastica uberrimum, res civiles multo parcius attingit. Sane Bar Hebræus canones orientales et græcos, interdum etiam africanos, late complectitur, sed et leges Cœsarum permultas, aliquando nominatim, plerumque vero anonymas, nectit ; quæ res postrema cruditis admodum jurisconsulte placebit, qui nostra ætate jus cœsareum criticamque ejusdem historiam tantopere ventillant ejusque fines quam latissime proferunt.

IV. OUVRAGES HISTORIQUES. — Bar Hébræus a composé une histoire universelle depuis la création jusqu’à son époque (1285). Elle est divisée en deux parties : 1o  Chronicon syriacum, édité avec traduction latine par Bruns et Kirsch, Leipzig, 1789, 2 vol., et réédité avec grand soin par le R. P.  Bedjan, Paris, 1890 ; 2o  Chronicon ecclesiasticum, édité avec traduction latine par Abbeloos et Lamy, 2 vol., Louvain, 1872.

Le Chronicon syriacum est consacré à l’histoire politique et civile de l’Orient. L’auteur nous avertit dans sa préface qu’il a comblé les lacunes des livres antérieurs, personne n’ayant écrit sur ce sujet depuis le patriarche Michel qui rédigea sa chronique quatre-vingts ans avant lui. Il a compulsé pour son travail les documents syriaques, arabes et persans réunis dans la bibliothèque de Maraga, ville de Perse, située non loin de Tauris, et l’une des capitales des Mongols. Sa source principale est toutefois la Chronique de Michel le Syrien qu’il se borne souvent à transcrire. Il divise son ouvrage en onze époques consacrées respectivement aux patriarches (Adam à Josué), aux juges (Josué à Saül), aux rois des Hébreux, aux rois des Chaldéens (Nabuchodonosor à Baltasar), aux rois des Mèdes (Darius le Mède), aux rois des Perses (Cyrus à Darius fils d’Arsam), aux rois païens des Grecs (Alexandre à Cléopâtre), aux empereurs romains (Antoine à Justin II), aux empereurs grecs chrétiens (Justin II à Héraclius), aux rois des Arabes et enfin aux rois des Huns.

Le Chronicon ecclesiasticum traite en deux parties, de l’histoire religieuse et ecclésiastique de l’Orient. La première partie commence à Aaron et donne de manière très concise l’histoire des grands-prêtres de l’Ancien Testament, puis développe l’histoire de l’Église syrienne occidentale et des patriarches d’Antioche jusqu’en 1285 ; un auteur anonyme l’a continuée jusqu’en 1495. La seconde partie consacrée à l’Église syrienne orientale renferme l’histoire des patriarches nestoriens et des primats jacobites (maphriens) de Tagrit jusqu’en 1286 ; elle fut continuée jusqu’en 1288 par Barsuma, le frère de Bar Hébræus, et jusqu’en 1196 par un anonyme. Ici encore la source principale de l’historien est la Chronique de Michel le Syrien qu’il transcrit.

À la demande de savants arabes, Bar Hébræus composa en langue arabe une recension de son Chronicon syriacum qu’il intitula Histoire des dynasties. Il conserva la division en onze époques ou dynasties. Cette histoire fut éditée, avec traduction latine, par Pococke, Oxford, 1663, traduite en allemand, par Lorenz Bauer, Des Gregorius Abulfaradsch kurze Geschichte der Dynastien, Leipzig, 1783-1785, et rééditée par Salhani, Beyrouth, 1890.

En somme, Bar Hébræus n’est dans toutes ses œuvres qu’un compilateur érudit et intelligent, un encyclopédiste ; il n’est pas un auteur original ; aussi n’a-t-il donné son nom à aucune théorie ni à aucune école, mais le nombre et la valeur scientifique de ses travaux en font, selon la parole d’Assémani, « le premier sans conteste des écrivains jacobites. »

L’autobiographie de Bar Hébræus dans Assémani, Bibliotheca orientalis, Borne, 1719-1728, t. ii, p. 248 sq., dans Rœdiger, Christom. syr., Halle, 1868, p. 47-62, et dans Chronicon eccles., édit. Abbeloos et Lamy, Louvain, 1872, t. ii, col. 431-487. Assémani, loc. cit., analyse longuement presque tous les ouvrages de Bar Hébræus. Pour les renseignements généraux, Rubens Duval, La littérature syriaque, Paris, 1899, passim (voir tables, p. 416) ; Wright, Syriac Literature, Londres, 1894 ; Noldeke, Orientalische Skizzen, Berlin, 1892, p. 253-273 ; L. Cheikko, Barhébræus, l’homme et l’écrivain, dans le journal arabe Al-Machriq, en 1897, et à part, Beyrouth, 1898 ; J. Göttsberger, Barhebräus und seine Scholien zur heiligen Schrift, dans Biblische Studien, Fribourg-en-Brisgau, 1900, t. v, fasc. 4, 5. On trouvera aussi des détails biographiques et bibliographiques dans Nau, Le livre de l’ascension de l’esprit sur la forme du ciel et de la terre, cours d’astronomie rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfarag, dit Bar Hébræus, 2e partie, traduction française, Paris, 1900, p. i-iv. Nous avions publié, six ans plus tôt, une notice sur l’auteur et l’ouvrage. Congrès scientifique international des catholiques tenu à Bruxelles du 3 au 6 septembre 1894, 6e section, p. 154-174.

F. Nau.

BARILE Jean-Dominique, théologien moraliste italien, de l’ordre des théâtins, vivait dans la première moitié du xviiie siècle ; on a de lui : 1o  Le moderne conversazioni giudicate nel tribunal coscienza, in-8o, Hume et Ferrare, 1716 ; 2o  Scuola di teologiche verita aperta al mondo cristiano d’oggidi, osia l’amor platonico smascherato, in-4o, Modène, 1716.

Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. ii, p. 505.

V. Oblet.

BARKOWICH François-Wenceslas, originaire de Venise, vécut dans la seconde moitié du xviiie siècle ; entré dans la congrégation des somasques, il y professa successivement les mathématiques, la philosophie et la théologie. On a de lui un traité Dell’esistenza, providenza e degli altri attributi di Dio, della natura de’miracoli, dell’immaterialità, libertà e immortalità