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BARBELITES — BARBERINÎ


pour en imposer aux simples, ainsi que le remarque Théodoret, Hser. fab., i, 13, P. G., t. lxxxiii, col. 361. Or, à le faire dériver de Barba Elo avec llilgenfeld et Lipsius, il signifierait la divinité quadruple, par allusion à la tétrade qui, au dire d’Irénée, procède de Barbulo. Cont. hxr., I, xxix, 1, P. G., t. vii, col. 691. A le faire dériver de la racine Balbal, très usitée dans les Targums, comme le préfère le Dictionary of Christian biography de Smith, Londres, 1877-1887, il suggérerait mieux l’idée de la contusion primitive, du germe chaotique, d’où Dieu tire le monde, surtout si l’on peut l’identifier avec Babel, dont il est question dans les Philosophumena, V, iv, 26 ; X, vii, 15, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 228, 233, 235, 495, 496. Amélineau propose d’y voir les mots hébreux qui signifient Fils du Seigneur. Essai sur le gnosticisme égyptien, Paris, 1887, p. 243. Ce nom étrange ne fut pas le seul en usage parmi les gnostiques. On le retrouve plus tard avec celui d’Abrasax et de Trésor, le Trésor des manichéens, à côté de ceux, non moins étranges, d’Armagil, de Balsamus et de Leucibora, dont les priscillianistes d’Espagne se servaient pour donner à leur doctrine un cachet mystérieux et ésotérique. S. Jérôme, Epist., lxxv, 3, P. L., t. xxii, col. 687 ; Cont. VigiL, vi, P. L., t. xxiii, col. 345 ; In Amos, iii, 9, 1. I, P. L., t. xxv, col. 1018. Il est difficile, faute de renseignements précis, d’indiquer exactement soit la nature soit le rôle de Barbelo dans la théogonie et la morale des gnostiques, ses partisans. Quelques détails permettent cependant d’entrevoir la vérité. D’une part, la conception de cet éon femelle servait à expliquer la création, en donnant un principe féminin et passif au Dieu, principe mâle et actif, qui le fécondait. Dans la nature les créatures provenant de l’union de deux agents de sexe différent, la plupart des gnostiques crurent qu’il n’en pouvait être autrement à l’origine, en firent une loi de leur théogonie et distribuèrent leurs éons par couples ou syzygies. D’autre part, Barbelo, mère de la vie, jouait un rôle dans la rédemption pour délivrer l’élément divin égaré sur la terre et en butte à la persécution des éons inférieurs ; c’est elle qui donna à Jésus rédempteur son vêtement de lumière et son corps céleste. Enfin elle était le terme auquel devait parvenir l’âme humaine à la fin de ses transmigrations, le centre auquel elle devait s’unir et se fixer après avoir traversé les mondes intermédiaires.

Saint Irénée, le premier qui parle de Barbelo, signalait déjà la grande multitude de gnostiques qui avaient imaginé cet éon femelle, comme l’éon auquel devait se manifester tout d’abord le Père innommable. Appelée à la lumière, Barbelo entra joyeusement dans la vie et donna naissance à une tétrade. Cont. hser., I, xxix, 1, P. G., t. vii, col. 691. Saint Irénée n’en dit pas davantage, peut-être parce que, de son temps, le système où Barbelo jouait le rôle dont il a été question n’était pas encore complètement arrêté. Mais saint Épiphane, beaucoup mieux renseigné, soit parce qu’il avait lu la plupart des livres apocryphes, cù les gnostiques puisaient leur doctrine, soit parce qu’il avait été sollicité, en Egypte, de faire partie de la secte, est plus explicite, sans toutefois nous révéler tout le fond du système. Il parle de Barbelo, d’abord à propos des nicolaïtes ; il dit qu’elle a été projetée par le Père ; il la place en tête de l’Ogdoade ; il fait naître d’elle Iadalbaoth ou Sabaoth, celui qui prit insolemment possession de l’Hebdomade et osa se proclamer seul Dieu, ce qui arracha des larmes à sa mère, Hser., xxv, 2, P. G., t. xli, col. 321 ; il la montre apparaissant aux archons sous les formes les plus belles pour essayer de les séduire et de leur reprendre son pouvoir perdu. Ibid., col. 324. Ailleurs, au sujet des gnostiques, il signale l’un des livres, intitulé Noria, où ils puisaient leurs erreurs, et qui n’était autre qu’une vie légendaire de Noé. Hxr., xxvi, 1, P. G., t. xli, col. 332. Puis, rangeant les barbélites parmi ces

gnostiques, il montre tous ces hérétiques arrivant au dernier degré de l’immoralité, se livrant à toutes sortes d’excès contre nature, non pas uniquement par plaisir, mais par devoir, pratiquant la communauté des femmes, parodiant la communion par Yesus seminis humani et menstrui sanguinis, aussi ignoble que sacrilège ; détails horribles qui concordent avec ce que rapporte Clément d’Alexandrie de certains hérétiques de son temps. Strom., il, 20 ; iii, 4, P. G., i. viii, col. 1061, 1132, 1133. Tous ces gnostiques en général, continue Épiphane, n’admettent de l’Ancien et du Nouveau Testament que ce qui pouvait servir à légitimer leurs débordements, mettant des blasphèmes sur le compte de Moïse et des prophètes, montrant la sanction de leur conduite dans les paroles et les actes du Christ, et s’autorisant du témoignage d’une foule de livres apocryphes. User., xxvi, 4-8, P. G., t. xli, col. 337 sq. Enfin il nous dit que l’Ogdoade est le séjour du Père, de Barbelo et du Christ, et que les âmes, s’élevant à travers tous les cieux jusqu’au ciel suprême, vont rejoindre Barbelo, la mère de la vie. Ibid., 9, col. 347. C’est tout à la fois le docétisme et l’antinomisme le plus effréné ; mais, dans cet ensemble de renseignements, il est impossible de faire la part qui revient en propre aux barbélites.

Théodoret fait sortir les barbélites de la secte valentinienne au lieu de la secte nicolaïte, Hser. fab., i, 13, P. G., t. lxxxiii, col. 361 ; mais, comme Épiphane, il les englobe avec les borboriens, les naasséens, les stratiotes et les phémionites, ainsi qu’il les appelle avec une légère différence d’orthographe pour les derniers, dans un même groupe, dont il traite le système de fable impie, et dont il déclare qu’il est impossible de signaler les cérémonies mystiques, tant elles dépassent ce que l’on peut imaginer de plus honteux. Ibid., col. 364.

La place qu’Épiphane et Théodoret assignent aux barbélites parmi les gnostiques est à remarquer. Qu’ils viennent des nicolaïtes ou des valentiniens, les barbélites prennent rang dans les plus bas fonds de la gnose et méritent la réprobation pour les excès de leur immoralité. Faut-il les confondre avec les borboriens ou ne voir en eux que les gnostiques appelés Fils du Seigneur, parce qu’ils étaient parvenus au suprême degré de l’initiation ? C’est ce dont il sera question à l’article Borboriens.

S. Irénée, Cont. hser., I, xxix, P. G., t. vii, col. 691-694 ; S. Épiphane, Hser., xxv, 2 ; xxvi, 1-9, P. G., t. xli, col. 321-324, 332-347 ; Théodoret, Hser.fab., t, 13, P.G., t. lxxxiii, col. 361-364 ; C. Schmidt, dans Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1896, p. 839 sq.

G. Bareille.

    1. BARBERINI Antoine##


1. BARBERINI Antoine, dit il Vecchio, frère d’Urbain VIII, né à Florence en 1569, se fit capucin à l’âge de 16 ans ; il avait rempli plusieurs fois les charges de gardien et de maître des novices, lorsqu’il fut créé diacre cardinal de Saint-Onuphre, le 7 octobre 1624. Il devient évêquede Sinigaglia, le 27 janvier 1626 ; mais il donna sa démission en 1628. Il échangea son titre cardinalice avec celui de Sainte-Marie du Transtévère et mourut le Il septembre 1646. Il a publié : 1° Constituliones synodales et décréta pro diœcesi Senegallensi, in-4°, Borne, 1627 ; 2° Constituliones et décréta pro monialibus suse diœcesis, in-12, Borne, 1628 ; 3° Tractatus de antiquo modo eligendi in religione capuccinorum, Borne, 1640 ; 4° Ordinaliones pro bono regimine religionis capuccinorum, Borne, 1640.

Ughelli, Italia sacra, 2° édit., Venise, 1717, t. il, col. 879 ; Ciacconio, Vitse et res gestx pontif. rom.etS. R. E.cardinalium, 2’édit., Rome, 1677, t. iv, col. 531-537.

J.-B. Martin.

    1. BARBERINI Bonaventure##


2. BARBERINI Bonaventure, né à Ferrare en 1674 et mort le 15 octobre 1743, entra à l’âge de 24 ans chez les capucins, dont il fut général. Il fut prédicateur apostolique pendant 19 ans. Benoit XIV le nomma à l’archevêché de Ferrare. On a de lui ; 1° Sermons et