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BAPTISTE DE SALE — BAPTISTÈRES


différents, appartenait à une famille noble de Pavie. Pieux et savant religieux des mineurs observants de la province de Gènes, il achevait, le 13 décembre 1483, dans son couvent de Levanto, un ouvrage qui parut l’année suivante sous ce titre : Summa casuum ulilissima… quse Baptistiniana nuncupatur, Novi, 1484. Hain, Repertorium bibliographicum, indique, sans les avoir vues, des éditions de Bile, 1485 ; Venise, 1485, 1486. La Somme fut certainement réimprimée à Spire en 1488 et à Nuremberg la même année. Le vieil auteur, il le dit lui-même, consacrait son temps à revoir son ouvrage et il en donnait une nouvelle édition augmentée sous le titre de Rosella casuum, et la signait de son nom de famille per fratrem Baptistam Trovamalam, Pavie, 1489. La Rosella casuum fut imprimée de nouveau à Venise en 1495, 1498 et 1499, à Paris en 1499. Elle reparut encore sous le titre de Summa Rosellpe de casibus conscientiee à Strasbourg en 1516 et à Venise en 1549. La Summa est rédigée suivant l’ordre alphabétique en l’orme de dictionnaire, disposition imitée peu d’années après par le B. Angelo Claretti de Chivasso dans sa Summa angelica, ainsi que par d’autres auteurs et que peut-être il n'était pas le premier à employer. Cet ouvrage, composé « au prix de nombreuses veilles et de sueurs abondantes » , dénote une étude très développée de la théologie morale et du droit canon. Aujourd’hui il n’est plus qu’une rareté bibliographique. Le Père Trovamala vivait encore en 1494.

Trithème, Catalogus scriptorum ecctesiasticorum, Cologne, 1531 ; Hain, Repertorium bibliographicum ; Copinger, Supplément to Hain’s Repertorium ; Sbaralea, Supplementum et casligatio ad scriptores ord. minorum, Rome, 1806.

P. Edouard d’Alençon.

    1. BAPTISTÈRES##


BAPTISTÈRES. La collation solennelle du baptême exigeait des locaux spéciaux, assez vastes pour recevoir la foule des baptisés aux grandes solennités des veilles de Pâques et de la Pentecôte, et contenant des piscines appropriées à la cérémonie. On les a appelés baptistères ou, chez les Grecs, -.ptoTiTT^pia, lieux d’illumination.

On a découvert d’antiques baptistères dans plusieurs catacombes de Rome. Au cimetière de Pontien, on voit encore la bassin creusé dans une niche. Ce baptistère, richement décoré au vie siècle, a continué à être employé à la collation du baptême. Certains vestiges permettent de croire à l’existence de baptistères analogues aux cimetières de Sainte-Priscille et de Sainte-Félicité. Dans ce dernier, un aqueduc, visible encore, devait alimenter autrefois un bassin creusé au pied d’un escalier et servant sans doute de baptistère. A Priscille, un escalier conduit à une crypte qui a la forme d’un baptistère, quoique rien ne prouve qu’il ait servi à cet usage. H. Marucchi, Éléments d’archéologie chrétienne, Rome, 1900, t. ii, p. 63, 304, 366 ; Id., Nuovo bulletl., 1901, p. 71 sq. ; J. Zettinger, Die àltesten Nachrichten ùber Baptisterien der Sladt Rom, dans Rom. Quartalsch. , 1902, p. 326-349. Voir col. 238.

Plus tard, quand l'Église n’eut plus à se cacher, on construisit sub dio des édifices dans lesquels on conférait le baptême en grande solennité. Le Liber pontificalis rappelle, en particulier, la construction du baptistère de Latran par saint Silvestre (314-335), édit. Duchesne, t. i, p. 174, 192. II. Marucchi, Eléments, < à01, t. iii, p. 93-97. Sur le baptistère du Vatican, bâti par saint Damase, voir ibid., p. 118, et sur celui de Sainte-Sabine, achevé par Sixte III, p. 184. Eusèbe transcrit le discours prononcé pour la dédicace de la basilique de Tyr, où il est question d’une oi’xo ; (j.éi’ktto ; spécialement destinée à ceux qui, avant de pénétrer dans le temple pour y participer aux mystères eucharistiques, avaient besoin de se purifier par l’eau et l’Esprit-Saint, II. E., x, 4, P. G., t. xx, col. 868 ; il désigne, sous le nom d’IHopa, des édifices particuliers que Constantin se plut à élever autour des basiliques, à Nicomédie et à An tioche, Vita Const., iii, 50, ibid., col. 1109, et dont l’un était consacré à l’administration du baptême. Saint Cyrille de Jérusalem parle de l’oiV.o ; pa7m<TTr)p£o’j. Cat., xix, 2, P. G., t. xxxiii, col. 1068. Le Testamentum D. N. J. C, édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 22, 24, ordonne de placer le baptistère dans l’atrium qui entoure la diaconie. Il doit avoir vingt et une coudées de long pour préfigurer le nombre complet des prophètes et douze coudées de large à cause des douze apôtres. Il n’a qu’une entrée, mais trois sorties, et comme l’autel, il est couvert d’un voile.

Les baptistères étaient des bâtiments assez spacieux pour y permettre la collation du baptême à un grand nombre de compétents à la fois ; de forme octogonale, hexagonale, carrée ou ronde, possédant au centre une cuve ou piscine, avec l’eau nécessaire, où devait descendre le néophyte ; S. Ambroise, Epist., xx, 4, P. L., t. xvi, col. 995 ; Prudence, Peristepli., xii, v. 34, P. L., t. lx, col. 562 ; Socrate, H. E., vii, 17, P. G., t. lxvii, col. 773 ; S. Isidore, De of’fic, il, 25, 4, P. L., t. lxxxiii, col. 821 ; à la fois séparés du temple mais assez rapprochés de lui, et dans la même enceinte, pour montrer qu’ils en formaient le vestibule et en ouvraient l’entrée ; dédiés d’ordinaire â saint Jean-Baptiste, en souvenir du baptême de Jésus-Christ ; ornés avec la plus grande magnificence de peintures, de mosaïques, de marbres, où tout avait une signification symbolique. C’est ainsi que la vasque affectait parfois la forme d’un tombeau pour rappeler le consepulti cum Cliristo de l'Épitre aux Romains ; le cerf inarquait le désir qui poussait les compétents à se désaltérer dans l’eau de la vie et du salut, S. Jérôme, InPs. xli, P. L., t. xxvi, col. 949 ; le poisson ou 1°T/Quç désignait par son mystérieux anagramme la race des enfants de Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur : Nos pisciculi seenndum "IyOuv, dit Tertullien, De bapt., i, P. L., t. I, col. 1198 ; la colombe évoquait le souvenir de la descente du Saint-Esprit au baptême de Notre-Seigneur. Voir, pour l’archéologie, Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, art. Baptistère.

Saint Paulin de Noie, après avoir félicité son ami Sévère d’avoir élevé un temple en l’honneur de Dieu, lui proposait, au commencement du Ve siècle, de laire inscrire dans le baptistère de ce temple les vers suivants, pour bien marquer la nature d’un tel édilice et le mystère de régénération qui s’y accomplissait :

Hic reparandarum generator fons animarum Vivum divino lumine (lumen agit.

Sanctus in hune cœlo descendit Spiritus amnem, Coelestique sacras fonte maritat aquas.

Concipit unda Deum ; sanctamque liquoribus almis Edit ab aeterno semine progeniem.

Mira Dei pietas ! Peccator mergitur undis, Mox eadem emergit justificatus aquæ.

Sic homo et occasu felici functus et ortu, Terrenis moritur, perpetuis oritur.

Culpa périt, sed vita redit ; vêtus interit Adam Et novus aeternis nascitur imperiis.

Ad Sever. Epist., xxxii, 5, P. L, t. lxi, col. 332. On ignore si Sévère donna suite â l’idée que lui avait suggérée son ami ; mais il est vraisemblable que saint Paulin dut exécuter au baptistère de son église de Noie le projet dont il faisait part â Sévère. Il est certain en tous cas que, quelques années plus tard, le pape Sixte III (432-440) fit graver sur l’architrave du baptistère du Latran huit distiques, qui exposent le résumé de la foi chrétienne sur le baptême. Libe" pontificalis, édit. Duchesne, t. i, p. 236. Ces vers sont reproduits plus haut. Voir col. 243.

Saint Grégoire le Grand interdit très formellement de construire des baptistères dans les oratoires privés, Epist., 1. II, epist. xix ; 1. IX, epist. lxx, lxxxiv, P. L., t. lxxvii, col. 548, 1007, 1015, et même dans les monastères, Epist., 1. III, epist. lix, ibid., col. 657 ; il ordonna qu’ils fussent consacrés en même temps que