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BAPTÊME DES INFIDÈLES — BAPTÊME PAR LE FEU


catholiques durent traduire la lettre Postremo mense. Peu d’actes pontificaux ont joui d’une aussi grande publicité. Les décisions du pape ont été complétées par quelques réponses des Congrégations romaines, mais ces solutions ne contredisent pas l’enseignement de Benoit XIV, elles l’adaptent seulement à des cas nouveaux ou aux circonstances de temps et de lieu.

L’enseignement de Benoit XIV est exposé, justifié, dans les ouvrages des théologiens, saint Alphonse de Liguori, Ballerini-Palmieri, Marc, Haine, Lehmkuhl, Génicot, etc., qui ont été cités au cours de l’article.

C. Ruch.

    1. BAPTÊME DE DÉSIR##


2. BAPTÊME DE DÉSIR. Voir Charité.

3. BAPTÊME DE SAINT

Voir Jean-Baptiste (Saint).

    1. JEAN-BAPTISTE##


JEAN-BAPTISTE.

    1. BAPTEME DE SANG##


4. BAPTEME DE SANG. Voir Martyre.

    1. BAPTÊME PAR LE FEU##


5. BAPTÊME PAR LE FEU. Cette dénomination a servi à désigner des choses bien différentes. Certains hérétiques ont admis et pratiqué un baptême réel par le feu. Des Pères de l’Eglise ont donné à cette expression la signification d’une expiation par le feu dans l’autre vie. — I. Pour certains hérétiques. II. Pour les Pères de l’Église.

I. Pour certains hérétiques.

L’auteur du De rebaptismate, 16, 17, P. L., t. iii, col. 1201-1202, parle des disciples de Simon le Mage qui tenaient le simple baptême d’eau comme un baptême mutilatum et decurtatuin et prétendaient qu’eux seuls avaient le baptême de Jésus-Christ integrum atque perfectuni. Ce baptême consistait ut quam mox in aquam descendenmt, statim super aquam ignis appareat. Ils appuyaient leur prétention de posséder seuls le baptême parfait sur la parole de saint Jean-Baptiste : Ipse (Christ us) vos baptizabit i n Spiri tu Sancto et ig ni. Matth., iii, 11 ; Luc, iii, 16. L’auteur de ce traité ajoute que, pour soutenir l’erreur adulterini hujus, immo internecini baptismatis, quelques-uns de ces hérétiques avaient composé le livre intitulé Paidi prædicatio. Ils disaient, entre autres absurdités, que, tandis que Jésus était baptisé par Jean-Baptiste, ignem super aquam esse visum. E. von Dobschùtz, Das Kerygma Pétri, dans Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1893, t. xi, fasc. 1 er, p. 127-128, suspecte ces données, fournies par un polémiste, car on ne peut pas dire avec précision quelle secte hérétique faisait apparaître une flamme à chacun des baptêmes qu’elle conférait. Saint Irénée, Cont. hmr., , xxi, %P. G., t. vii, co) 657, 660, ne mentionne pas le baptême de feu parmi les baptêmes des hérétiques. L’auteur du De rebaptismate ne sait pas quel moyen était employé pour procurer cette apparition. Était-ce un jeu, pareil à ceux qu’on attribue à Anaxilaus ? Voir S. Irénée, Cont. hser., I, xiii, 1, P. G., t. vii, col. 580. Si c’est un feu naturel, comment l’obtenir ? N’est-ce pas une simple apparence, ou l’œuvre du malin par la magie ? M. von Dobschiitz propose d’identifier cette secte avec les anthropiens, mentionnés par saint Cyprien. Epist. ad Jubaian., P.L., t. iii, col. 1112. Matter, Histoire critique dugnosticisme, Paris, 1828, t. i, p. 220, reconnaissait en elle les sectateurs de Ménandre, confondus par les anciens avec les sectes simoniennes. M. l’abbé Giraud, dans sa thèse inaugurale. Ophitæ Lille, 1884, p. 256-260, la rattache aux ophites qui dispensaient le baptême d’eau aux psychiques et le baptême de feu aux pneumatiques. Cf. Matter, Hist. du gnosticisme, t. il, p. 230, 233. Sur l’apparition d’une flamme au baptême de Jésus, voir la double manière dont elle est présentée dans les écrits non canoniques. E. von Dobschiitz, op. cit., p. 129-131. On cite souvent les séleuciens et les hermiens au nombre des partisans du baptême de feu. Mais saint Phi-Jastre, Hser., lv, P. L., t. xii, col. 1170, et saint Augustin,

Hser., lix, P. L., t. xlii, col. 42, disent seulement qu’ils rejetaient le baptême d’eau. C’est par pure conjecture qu’on a prétendu qu’ils baptisaient par le feu.

D’autres gnostiques appliquaient un fer rouge sur les oreilles des baptisés. Clément d’Alexandrie, Eclogse ex Script, prophet., 25, P. G., t. IX, col. 709, affirme que Jésus n’a baptisé personne par le feu et rapporte une parole d’IIéracléon, suivant laquelle certains agissaient de la sorte pour réaliser la parole de Jean-Baptiste : Jésus baptisera dans le Saint-Esprit et dans le feu. Matth., iii, 11. L’auteur des Phdosophoumena, 1. VII, 32, P. G., t. xvi c, col. 3339, nous apprend que certains disciples de Carpocrate marquaient au fer rouge l’oreille droite de leurs partisans.

Deux écrits gnostiques, conservés en langue copte, parlent encore d’un baptême de feu. Le second livre de Jeu, qui remonte à la seconde moitié du IIe siècle, distingue trois baptêmes, ceux de l’eau, du feu et du Saint-Esprit. Jésus prie son Père de baptiser ses disciples par le feu, de leur pardonner leurs péchés et de les purifier de leurs iniquités. Si le Père exauce cette prière et réserve les disciples de Jésus pour le royaume de la lumière, qu’il donne un signe dans un feu de parfums aromatiques. Au même instant parut dans le feu le signe que Jésus demandait, et il baptisa ses disciples et il les marqua de l’étoile avec le sceau delà Vierge de lumière, qui doit les introduire dans le royaume de lumière. Et les disciples se réjouirent d’avoir reçu le baptême de feu et le sceau qui remet les péchés et d’avoir été comptés au nombre des élus du royaume de lumière. Le livre reproduit l’image du sceau. C. Schmidt, Gnostische Schriften in koplischer Sprache ans dem Codex Brucianus, dans les Texte und JJntersuchungen, Leipzig. 1892, t. viii, fasc. 1, 2, p. 202-203 ; Koptisch-gnostiche Scliriften, Leipzig, 1905, t. I, p. 309 sq. La Pistis-Sophia, autre ouvrage gnostique, que Harnack, Ueberdas gnostiche Buch Pistis-Sophia, dans Texte, Leipzig, 1891, t. vii, fasc. 2, p. 101, croit d’origine égyptienne et qu’il rapporte à la seconde moitié du iiie siècle, parle aussi du baptême par le feu. Jésus ressuscité révèle à ses disciples les mystères de la lumière et il leur apprend qu’il y a trois baptêmes, ceux de la première offrande, de la fumée et du souffle de la lumière sainte. La /idèle Sagesse, trad. franc, dans Migne, Dictionnaire des apocryphes, Paris, 1856, t. i, col. 1280. Quel est ce baptême de feu ? Pour Kôstlin, Das gnosliche System, p. 169, c’est probablement un acte de réconciliation par lequel les fidèles qui ont péché se préparent à une eucharistie. Pour Harnack, op. cit., p. 93, le mystère de lumière, dont le baptême de feu faisait partie, était une sorte de sacrement de pénitence. C. Schmidt, op. cit., p. 492 sq., y reconnaît un sacrement de baptême. Le baptême de la première offrande ne diffère pas du baptême d’eau ; les baptêmes du feu et du Saint-Esprit sont deux autres baptêmes. Tous trois ont les mêmes rites et ne sont que des modifications du baptême gnostique.

Au témoignage d’Ecbert, Adversus catharos, serm. viii, Maxima bibliotheca veterum Palrum, Lyon, 1677, t. xxiii, p. 615, les cathares du xiie siècle conféraient le baptême à leurs partisans dans un lieu obscur au milieu de flambeaux allumés, afin de les baptiser dans le Saint-Esprit et dans le feu. C’était le consolamentum ou baptême de Saint-Esprit. Voir t. i, col. 679. Le controversiste observe que ce baptême n’est pas conféré in igné, mais juxta ignem ; il propose à ces hérétiques de jeter leurs candidats dans des bûchers ardents, s’ils veulent réaliser à la lettre la parole de l’Evangile, Matth., iii, 11, et il leur rappelle avec une cruelle ironie les noms de leurs partisans qui ont été récemment brûlés vifs. Cf. Douais, Les albigeois, Paris, 1879, p. 255-257.

J. de Hammer, Mysterium Baphomelis revelatum, in-fol., Vienne, 1818, a prétendu que le baptême de feu des gnostiques avait été continué et reproduit dans le