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BAPTÊME DANS L’EGLISE ANGLICANE


de l’administrer avec la formule traditionnelle. Ceux même qui ont conservé l’usage de baptiser les entants, admettent parfois à la communion les adultes non baptisés qui leur viennent. Par contre, certains presbytériens d’Amérique rebaptisent les catholiques qui passent à leur secte.

Les baptistes, répandus surtout en Angleterre et en Amérique, ainsi que les mennonites d Allemagne et de Hollande, ne baptisent que les adultes, et considèrent comme non avenu le baptême conféré aux enfants. « Xous croyons, disent les baptistes, que le baptême est, pour les chrétiens volontairement morts au monde et au péché, l’emblème frappant et solennel de l’ensevelissement et de la résurrection avec Christ, à qui ils sont unis par la foi, pour vivre en lui d’une vie nouvelle et sainte. Nous croyons, d’après l’ordre du Christ, son exemple et celui des apôtres, que l’immersion des croyants doit précéder l’admission dans l’Église locale et la participation à la communion. » Confession de foi et principes ecclésiastiques des Églises évangéliques dites baptistes, Paris, 1895. Les baptistes affirment que baptiser signifie étymologiquement « plonger, immerger » , et que l’immersion totale peut seule représenter l’ensevelissement du chrétien avec le Christ, selon la parole de saint Paul, Rom., vi, 4 : Consepulti enim sumus cum illo per baptisnvum in mortem. ils confèrent donc le baptême par l’immersion dans un bassin ou dans un ileuve. Le néophyte, revêtu d’une longue robe, descend dans l’eau ; le ministre y descend lui-même, et y plonge complètement le néophyte en prononçant les paroles sacramentelles. Voir !. Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, 1. 1, p. 245 sq. ; Ph. Wolft, Le baptême, l’alliance et la famille, Paris, 1860, p. 75 sq. Jusqu’au commencement du XIXe siècle, les baptistes, à peu d’exceptions près, n’admettaient à leur communion que ceux qui avaient reçu leur baptême. Beaucoup sont devenus moins exigeants ; il en est qui confèrent le baptême par infusion, et qui acceptent des membres baptisés ailleurs que chez eux. Les prétentions exclusives des intransigeants ont soulevé de vives querelles ; le pasteur Ph. Wollf, op. cit., p. 293, déclare que c’est « un vrai retour au papisme » . Cf. Ad. Duchemin et L. Monod, Le baptême et la liberté chrétienne, Paris, 1875. D’après C. Werner, Le baptisme, Montauban, 1896, p. 15, en France « environ un tiers des Églises libres ont renoncé au baptême des entants et pratiquent l’immersion des croyants, mais sans taire de ce rite la condition d’entrée dans l’Église » .

Les quakers ne reconnaissent d’autre baptême que le baptême de l’Esprit, dont le baptême d’eau n’était qu’une ombre. Ils se fondent surtout sur le texte de saint Matthieu, ni, 11 : Ego quidem vos baptizo in aqua in psenitentiam ; ipse autem vos baplizabil in Spiritu Sancto et igni, où saint Jean-Baptiste annonce, prétendent-ils, l’abolition du baptême d’eau par Jésus. Le temps des figures est passé ; et la profession de la foi au Christ et la sainteté de la vie sont de meilleurs signes de christianisme qu’une ablution extérieure. B. Barclay, Theologise verse christianæ apologia, Amsterdam, 1676, th. su, c. ni-v. Les salutistes n’administrent pas non plus le baptême.

Cf. J. A. Mohler, Symbolique, trad. franc., Besançon, 1830 ; K. F. Nosgen, Symbolik, Gutersloh, 18’.17 ; K. I’icard, " ait. ii, pitême, dons ^Encyclopédie des sciences religieuses de LichtenliergcT, Paris, -1H77, t. h ; Hagenbach, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 6e édit.. Leipzig, 1888, p. 587-591 ; J. Corblet, Histoire dogmatique, liturgique et archéologique du sacrement du baptême, Paris, 1882, t. H, p. 58U sq., donne une abondante bibliographie.

G. MOREL.

IV. Valeur du baptême mes anglicans et des pro Tl TANTS MX VEUX DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE. — 1° Principe général. — Fidèle à sa doctrine constante, l’Église

catholique a toujours reconnu la validité du baptême conféré par les hérétiques, pourvu qu’il ait été administré conformément à l’institution de Jésus-Christ, c’est-à-dire avec de l’eau naturelle et avec la formule trinitaire, aussi bien qu’avec l’intention de faire ce qu’elle fait elle-même. Voir col. 227-228. Le 23 juin 1830, la S. C. de la Propagande adressait au vicaire apostolique de Siam une instruction dans laquelle elle rappelait cette doctrine. File disait notamment que ni l’improbité du ministre, ni son infidélité ne nuisaient à la validité du sacrement, et elle résumait l’enseignement ecclésiastique au sujet des éléments essentiels du baptême. Ces règles générales doivent servir à déterminer, dans les cas particuliers, la validité ou l’invalidité du baptême conféré par les hérétiques. Collectanea S. C. de Propaganda fuie, Rome, 1893, n. 648. Par conséquent, il n’est pas permis de réitérer sous condition, promiscue et sans examen préalable, tous les baptêmes des hérétiques. Le 6 avril 1859, le Saint-Office a communiqué à l’évêque de Harlem cette réponse donnée, le 27 mars 1683, par la S. C. du Concile : Non esse rebajitizatidos (/tœreticos), nisi adsit dubium probabile de invaliditate baptismi. Collectanea S. C. de Propagauda fuie, n. 654. Le 20 juin 1866, le Saint-Office a obligé le vicaire apostolique des Galias à rapporter une décision par laquelle il ordonnait de rebaptiser tous les Abyssins schismatiques, même les prêtres. Collectanea, n. 656. Il semble donc bien que les évêques français et allemands qui imposent la réitération du baptême de tous les protestants convertis s’écartent des règles fixées par les Congrégations romaines. En effet, le 20 novembre 1878, le Saint-Office a indiqué la conduite à tenir, en résolvant ce doute : Utrum conferri debeat bajitismus sub conditione hærelicis qui ad catholicam fidem convertuntur c quoeumque loco proveniant et ad quameumque sectam perlineant ? R. Negalive : sed in conversione liœrelicorum, a quoeumque loco vel a quacumque secla venerint, inquirendum est de validitate baptismi in hseresi suscepli. Instituto igitur in siugulis casibus examine, si compertum fuerit, aut nullum, aut nulliter collatum fuisse, baptizandi erunt absolule. Si autem pro temporum et locontm ratione, investigatione peracla, nihil sire pro validitate, sive pro invaliditate detegatur, aut adhuc probabile dubium de baptismi validitate supersit, tune sub conditione secreto bajitizentur. Démuni si constiteril validum fuisse, recipiendi erunt lautummodo ad abjuralioneni seu professionem fidei. Collectanea, n. 660. Voir, pour l’abjuration des hérétiques, t. i, col. 75. C’était déjà en vertu des mêmes principes que, le 27 mai 1671, le SaintOffice consulté sur ce fait : Ministri heeretici, prolem fasciis suis involutatn baptizaluri, aquatn asuggestu ita comnvuniter effundunt, ut fascias, raro autem. ullum infantis membrum contingat, avait répondu : Si sit certum quod quis sic fuerit baptizatus ut aqua nullo modo partent corporis principalem cotiligerit, is est absolule baptizandus ; si vero sit dubium probabile quod leligerit, est sub conditione iterum baptizandus. Collectanea, n. 642.

2° Conduite à tenir, quand le baptême des Itérétiques est douteux. — 1. Quel doute est requis ? — D’après une instruction adressée, le 6 juin 1860, par le Saint-Office, au vicaire apostolique du Tche-Kiang, animadvertendum est hapiisma ne sub conditione quidem passim ac temere esse iterandum, et lutte solum conditione uti licere cum prudens et probabilis subest dubitatio un t/uis fuerit valide baptizatus quamadmothiiu traditur in Catechismorom., part. II, Dé sacrant, bapt., n. 57. Collectanea, n. 655. Avec Benoit XIV. De synodo diœces., 1. VII, c. vi, n. 2, in-K Venise, 1792, t. i, p. 171, le même tribunal a exigé des rationes vers probabiles et prudentes pour qu’il y ait des doutes fondés de l’invalidité du baptême ; un soupçon quelconque