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BAPTÊME D’APRÈS LE CONCILE DE TRENTE


qu’un ne renaît de l’eau… » On ne peut, sous peine d’anathème, lui donner une signification métaphorique, l’interprétation de Calvin est condamnée. Rien n’est dit sur la matière prochaine.

Le canon 4e définit la validité du baptême donné par les hérétiques qui le confèrent au nom de la Trinité. Le concile ne parle donc qu’indirectement de la forme. C’est dire qu’il n’a pas voulu définir que le baptême administré au nom de Jésus est et a toujours été nul. Ce qui le prouve, c’est que cette proposition n’avait pas été mise au nombre des erreurs à condamner, c’est que la rédaction primitive du canon 4e ne contenait pas les mots : au nom du Pure, etc. Si l’assemblée les a ajoutés, c’est afin qu’on ne l’accusât pas de soutenir que le baptême donné par des hérétiques est valide, quelle que soit la forme employée. Voulant faire connaître la vraie formule, les Pères se servent des mots consacrés par l’emploi qu’en ont fait le IVe concile de Latran et Eugène IV. Denzinger, Enchiridion, n. 357, 591. Cette réserve était d’autant plus nécessaire que les anciens conciles avaient proclamé la nullité du sacrement conféré par les partisans de sectes qui altèrent la forme trinitaire. Aussi, le catéchisme du concile de Trente, loc. cit., n. 15, 16, laisse entendre que la controverse n’est pas tranchée, il dit même : nommer Jésus-Christ, c’est nommer aussi le Père et le Saint-Esprit. Voir col. 272.

Le concile n’a pas rédigé de canon sur les cérémonies accessoires du baptême ; il mentionne incidemment la profession de foi faite par les parrains, sess. VII, De bapt., can. 14, la demande du catéchumène : « Je veux la foi qui donne la vie éternelle, » et la réponse du ministre, l’usage d’imposer des habits blancs au néophyte. Sess. VI, c. vu.

Effets.

1. Erreurs. — Luther a, dans un sermon

de 1519, fait un petit traité de l’efficacité du baptême. Le catéchumène est plongé dans l’eau, puis retiré ; il y a mort du vieil homme, naissance d’un homme nouveau, justification et régénération. Serni. v. d. heil. hoclnv. Sakr. der Taufe, n. 3, t. x, p. 2594-2595. Une alliance est conclue entre le néophyte et Dieu. L’homme déclare qu’il veut mourir à la faute, être délivré de la mort et de Satan. Dieu donne son Esprit qui rend la nature apte à recevoir un jour ses faveurs. Les deux contractants s’engagent à persévérer, le premier dans son désir, le second dans la promesse du salut. Op. cit., n. 11, 12, p. 2598, 2599. Cette alliance est déjà un signe extérieur qui distingue le catéchumène et l’incorpore au peuple du Christ. Op. cit., n. 1, 19, p. 2593, 2602. Elle le console ; il sait qu’un jour Dieu l’affranchira de la faute, de la mort, de Satan. Op. cit., n. 4, 5, 8, 9, p. 2595-2598. Sans doute, en cette vie, la concupiscence, le péché se manifeste, et cette tendance au mal est une véritable faute, mais, en vertu de l’alliance, Dieu s’est engagé à ne plus la voir, à ne plus l’imputer, à ne plus la condamner. Si cette consolante convention n’existait pas, toute faute, si minime tut-elle, serait mortelle et condamnerait l’homme. Op. cit., n.6, 7, etc., p. 2596-2598 sq. ; Schrift wider die Bulle des Antichrists, t. xv, p. 1743-1744. En vertu de la même alliance, le chrétien s’est engagé encore à mourir au péché. Dès cette vie, il commence déjà à le faire, son existence et sa mort sont la continuation du baptême. Serm. v. il. heil. hochw. Sakr. der Taufe, n. 23-27, t. x, p. 2605-2608. Et c’est pourquoi, le baptême, c’est la pénitence. Si le néophyte tombe, il lui suffit de se rappeler joyeusement l’alliance baptismale. Les péchés lui sont remis s’il croit qu’à cause de l’alliance, Dieu ne veut plus les imputer. Inutile d’imaginer un autre remède, une seconde planche de salut, quoi qu’en ait dit saint Jérôme. Faire pénitence, c’est retourner au bap1.i, i.’et à la foi. Op. cit., n. 19-23, p. 2604-2605 ; De ri-pt. b’alnjl., n. 82-87, t. xi.x, p. 62-70. Dieu ne pouvant mentir, l’alliance demeure toujours. Aucune faute ne

peut la résilier, faire perdre au chrétien son bonheur ; aucune, si ce n’est l’infidélité, la substitution des œuvres à la foi. Ibid., n. 21, 22, 23, t. x, p. 2604, 2605 ; De capt. Babyl., n. 86, 87, t. xix, p. 67, 70. Cette foi devient ainsi le seul devoir du chrétien, que le baptême l’a fait libre. Le néophyte n’est donc pas soumis aux ordres de l’Église : ni pape, ni évêque, ni homme, ni ange ne peuvent lui parler en maîtres. Les préceptes, les œuvres feraient oublier la voix de l’Évangile, la liberté du baptême. Une seule chose est prescrite : avoir la foi, mourir à la faute en se souvenant que Dieu, à cause de l’alliance, ne veut plus l’imputer. De capt. Babyl., n. 107-111, t. xix, p. 83-87. Aussi, les vœux sont-ils contraires à la liberté chrétienne. L’engagement de tous les chrétiens, c’est le baptême. Les vœux particuliers sont des lois nouvelles, lois humaines qui anéantissent la foi et la liberté chrétiennes, font oublier le sacrement. S’ils sont valides, pourquoi le pape en dispense-t-il ? Si le pape peut dispenser, les autres chrétiens le peuvent aussi. Op. cit., n. 113, 122, p. 90-98. Cette conception du baptême sous forme d’alliance perpétuelle une lois admise, on comprend quelle efficacité Luther accorde au sacrement. Sans doute il se compose de trois éléments : eau, formule, parole de Dieu. Mais ce qui est essentiel, c’est la promesse divine. L’eau ne contient pas une vertu cachée, comme le veulent les dominicains, Dieu ne sanctifie pas par sa seule volonté, ainsi que le disent les franciscains. Ce qui fait la valeur du baptême, c’est la foi à la parole du Christ : Celui qui croira et qui aura été baptisé sera sauvé. De cette confiance dépend le salut, c’est donc elle et non pas le sacrement qui justifie. Op. cit., n. 83, 94, 96, 97, p. 66, 74-76.

Telles étaient les idées de Luther quand parurent les anabaptistes. D’après eux, le rite du baptême est un signe purement extérieur, un bain quelconque, Hundsbad. C’est le symbole des peines auxquelles est soumis le chrétien, des bonnes œuvres qu’il lui faut accomplir. Luther, Vorrede auf Justi Menii Buch, n. 4, t. xx, p. 2195 ; Tischreden v. d. heil. Taufe, n. 23, t. xxii, p. 866 ; Mélanchthon, Judicium de anab., Corp. Réf., Brunswick, 1834-1860, 1. 1, p. 955 ; Adversus anab., t. iii, p. 33. Le baptême ne remet pas la faute originelle ; d’ailleurs s’il faut en croire Ménius et Mélanchthon, les anabaptistes niaient l’existence de ce péché. Le sacrement n’a pas non plus pour effet d’empêcher la concupiscence d’être imputée, car elle n’est pas une faute. Il est donc une simple initiation, une régénération, puisqu’il introduit dans une société d’hommes parfaits. Mélanchthon, De anab. ad Phil. Hass., t. iii, p. 197 ; Môhler, La symbolique, trad. franc., t. ii, p. 178-191. S’il en est ainsi, le baptême ne saurait être efficace que chez les adultes qui ont conscience de leurs actes et possèdent la toi. Voir plus loin.

La lutte contre les anabaptistes n’amena pas Luther à modifier notablement ses premières affirmât ions, mais elle l’obligea à dire et à redire que si le déiaut de foi chez lesujet peut rendre inefficace le sacrement, il ne l’annule pas. Predigt v. d. heil. Taufe, 1535, n. 33, 93, 108, t. x, p. 2536, 2575 sq., 2582. Luther insista aussi sur la valeur de l’eau baptismale dont il fit souvent le plus bel (loge. Elle est sainte, divine, heureuse, salutaire, sanctifiée par le nom du Très Haut, pénétrée de sa majesté, unie au sang du Christ. Op. cit., n. 11, 28 ; Catechismus major, n. 219-220, t. x, p. 152-153. Mais cette mystérieuse vertu, l’eau ne la détient que grâce à la promesse, élément essentiel du baptême ; la foi demeure toujours aux yeux de Luther ce qui rend le riteefficace. Prcd. v. d. heil. Taufe, 1535, n. 16, 26, t. x, p. 2523, 2532 sq. ; Cat. maj., part. IV, t. x, p. 153 sq. Les effets du sacrement sont aussi ceux que décrivait Luther, en 1519. Il y a régénération : Si le baptisé a la toi, le Saint-Esprit, le Christ viennent et demeurent en lui