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BAPTÊME CHEZ LES SYRIENS

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tione (aquæ), non administrandus est baptismtis, nisi in domo alicujus, in articulo mortis. Cf. Badger, The Nestorians antl their Rituals, Londres, 1852, t. ii, p. 212. Les mêmes nestoriens exigent, pour la validité du baptême, que l’eau soit mélangée avec l’huile bénite. Les Syriens ne conservent pas dans les fonts L’eau baptismale, du moins longtemps. Ils consacrent l’eau toutes les fois qu’ils confèrent le baptême ; pour les maronites, cꝟ. 11. Dandini, S. J., Missione aposlolica al patriarcae Maroniti del monte Libano, Cesena, 1655, p. 107 ; lis nestoriens ont une rubrique spéciale : Et si alia persona variât, ut baptizetur, eadeni aqua adlribenda non est, sed recens afferenda est. Badger, ibid., t. il, p. 211. Il paraît pourtant qu’on peut conserver l’eau baptismale jusqu’au troisième jour. Après le baptême, beau est absoute. La prière de l’absolution des eaux dans le rituel maronite, contient ces mots : Sanctiftcalse sunt aquse istsc in Amen ; codent quoque Amen solvantur a sanctitate sua et fiant jux la priorem suam naturam.

Application de la matière éloignée ou matière prochaine.

En règle générale le baptême est conféré par immersion. Les nestoriens n’emploient que l’immersion ; les jacobites et les syriens unis emploient aussi l’infusion. Chez les nestoriens le prêtre plonge le sujet dans l’eau jusqu’au cou ; puis il pose sa main sur sa tête et l’immerge trois fois dans l’eau. Chez les jacobites et les maronites, le sujet se tient debout dans le baptistère ; le prêtre pose la main droite sur sa tête, et de la main gauche il verse de l’eau sur la poitrine, sur le dos, à droite et à gauche, soit pour tracer le signe de la croix, soit pour honorer la sainte Trinité. Saint Éphrem célèbre en termes enthousiastes cette immersion dans l’eau : « Descendez, frères signés [de l’huile des catéchumènes], revêtez Notre-Seigneur ; mêlez-vous à sa race. » T.-J. Lamy, Sancli Ephrœm syri hymni et sermones, in-i", Malines, 1882, serm. iv, n. 1, t. i, col. 43. « Descendez, mes frères, revêtez-vous du Saint-Esprit dans les eaux du baptême ; unissez-vous aux esprits qui servent Dieu. » Ibid., serm. v, n. 1, col. 49. « Les brebis du Christ sont dans la jubilation et entourent le baptistère. Dans les eaux elles revêtent la forme de la belle et vive croix par laquelle le monde est purifié, el du signe de laquelle il est marqué. » Ibid., serm. vii, n. 3, col. 63. « Moïse puisa [de l’eau] et désaltéra les brebis de Jéthro, prêtre du péché. Notre pasteur a plongé dans les eaux du baptême les brebis du grandprêtre de la vérité. » Ibid., serm. vii, n. 5, col. 65. L’immersion n’est pas nécessaire à la validité du baptême. Jacques d’Edesse ordonne au prêtre de baptiser l’enfant par infusion en cas de nécessité. Cf. Denzinger, Ritus orientalium, Wurzbourg, 1863, t. I, p. 18, 42.

Forme.

Les jacobites et les nestoriens emploient la formule : N. baptizatur. Quant aux maronites, ils ont la formule ordinaire : Ego te baptizo N. ; mais ils paraissent l’avoir empruntée aux latins, car elle ne se trouve dans aucun rituel ancien.

Effets.

1. Rémission de tous les péchés.

D’après le rituel jacobite le prêtre prie ainsi : Dedisti [Salvator] imhis fontem veræ purgalionis, qui purgai ub ontni peccato, aquas scilicet istas, quse per lui invocationem sanctificantur, per quas emundationem suscipimus, quæ in sancto sanguine data est nubis. Denzinger, Ritus orientalium, t. i, p. 274. Chez les nestoriens, le prêtre s’exprime ainsi : … Quemadmodum et hodie accessere isti fanvuli tui et ancillse tuse, et donum istud induerunt i/uod a peccali affectibus libérât. Ibid., p. 375. Sur L’enseignement d’Aphraate, voir t. I, col. L461. Saint Ephrem revient souvent sur ce premier effel du baptême : i Le baptême est plus grand que le petit fleuve du Jourdain ; par ses eaux et l’huile sont effacés ions les péchés… Par Le baptême sont effatoutes les iniquités cachées de l’âme. > Lamy, Sancti Ephrœm hymni et sermones, n. 5, 6, t. i, col. 51, serm. v ; cf. aussi col. 57, n. 9 ; col. 77, n. 6 ; col. 81, n. 10 ; col. 87, n. 20 ; t. ii, col. 803, n. 2. —

2. Infusion de la grâce sanctifiante.

D’après le rituel jacobite le prêtre dit : Ut illustrati, innovati et gratia ac virtute repleti, etc. Denzinger, ibid, p. 211î. Pour le rituel maronite, ibid., p. 345, 346 ; pour le rituel nestorien, ibid., p. 375. Dans l’hymne m pour la fête de l’Epiphanie, saint Éphrem s’exprime ainsi en s’adressant aux baptisés : « Votre onction est plus excellente parce que le l’ère, le Fils et le Saint-Esprit sont descendus pour demeurer en vous… Vous êtes des vases de grâce ; conservez avec soin la justice, parce qu’il n’y a pas une seconde restauration. » Lamy, op. cit., t. i, col. 35, n. 16 ; col. 36, n. 19 ; cf. col. 49, serin, v, n. 1 ; col. 57, n. 9 ; col. 107, serm. XII, n.2. —

3. Rénovation intérieure de l’homme.

Nous lisons dans le rituel maronite : Venite, ditectissimi mei, estole filii Ecclesise et baplismi, qui vestram rénovât velustatem… Exuile vetustatem per aquas baptismi et induite stolam glorise in Spiritu Sancto ex aquis. Denzinger, ibid., p. 276, 347 ; cf. p. 373. Dans son hymne xxii sur l’Église et la virginité, saint Éphrem s’écrie : « Voici que le Seigneur a renouvelé dans le baptême ton vieil homme ; conserve la vie que tu as acquise par son sang. Il s’est construit un temple pour être sa demeure ; n’habite pas, ô vieil homme, à la place* de Notre-Seigneur dans le temple que le Seigneur a renouvelé ; ô chair, si tu habites dans ton temple d’une manière digne de Dieu, tu seras, toi aussi, le siège de son règne. » Lamy, op. cit., t. il, col. 775, n. 2. — 4. Filiation adoptive. — Baplisma sanctificatur filiosque uovos ac spirituales gignit. Denzinger, ibid., p. 274… Et adoptionem filiorum merearis per sanctum baplisma in sœcula. Ibid., p. 336. Quumque tempus illud… advenisset ail filiorum adoptionem in redemptionem corporum noslrorum, etc. Ibid., p. 375. — Tous ces effets sont admirablement résumés dans cette prière du rituel jacobite où le prêtre demande à Dieu de montrer que « les eaux [du baptême] sont des eaux d’expiation qui purifieut de toute souillure de la chair et de l’esprit, brisent les liens, remettent les péchés, éclairent les âmes ; qu’elles sont un bain de régénération, une grâce de filiation adoptive, un vêtement d’incorruptibilité, une rénovation par le Saint-Esprit ; des eaux enfin qui effacent toute souillure de l’âme et du corps » . Ibid., p. 275.

Ministre.

C’est le prêtre seul, même en cas de nécessité. Le baptême conféré par un laïque est invalide. En ce qui concerne les jacobites, le canon de Sévère d’Antioche, VIe siècle, rapporté par Bar-llébræus, en fait foi : Qui baptizati fuerint ab ris qui presbyteri facli non sunt, baptizentur ac si non fuerint baptizati. Denzinger, op. cit., t. I, p. 21. S’il y a danger de mort, et que le prêtre soit absent, il est permis au diacre de baptiser. Pour les nestoriens, cf. J.-S. Assémani, Biblioth. orient., Borne, 1719-1728, t. m b, p. 241 sq, Les canons jacobites prescrivent aussi au prêtre de baptiser à jeun, en dehors du cas de nécessité.

Sujet.

Autrefois on baptisait les catéchumènes. Dans son hymne vi pour la fête de l’Epiphanie, saint Ephrem tait évidemment allusion à cet usage : « La laine, dit-il, est une chose merveilleuse, qui prend toutes les couleurs, de même que l’esprit perçoit toutes choses. La laine reçoit son nom de la couleur dont elle est teinte. Ainsi vous, qui autrefois vous vous appeliez Ecoutants (Smù’é', audientes = catéchumènes), après avoir reçu le baptême, êtes appelés Recevants [Nsûbê’, accipientes [l’eucharistie]). » Lamy, op. cit., t. i, col. 57, 59, n. 11. Par cela même le sujet ordinaire du baptême (Hait les adultes. On sait que saint Éphrem lui même reçut le baptême à l ! et-(’iai’baia à l’âge de dix-huit ans. On comprend ainsi certains canons qui détendent