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231 BAPTÊME DES HÉRÉTIQUES (CONTROVERSE RELATIVE AU) 232

pliqsitas et alios cxsola confessione fidei. L. XI, ind. iv, Episl., lxvii.P. /.., t. lxxvii, col. 1205, 1206.

Il est à remarquer qu’il n’est plus question du baptême ; et si la primitive imposition des mains in pœnitentiam du décrel d’Etienne a cédé la place soit à l’imposition des mains ad Spiritum Sanctum, soit à la confirmation, soit à une proiession de foi orthodoxe, c’est là une mesure disciplinaire que l’Église a adaptée aux diverses circonstances de temps, de lieux et de personnes. Il n’en reste pas moins que le pape Etienne a eu raison contre les rebaptisants.

IV. Le baptême des hérétiques après saint Cyprien.

La controverse entre saint Cyprien et le pape saint Etienne relativement à la validité du baptême des hérétiques s’acheva sans schisme, mais aussi sans réussir à introduire l’uniformité dans la pratique ecclésiastique. Chacun des partis continua à admettre les hérétiques convertis, soit par la simple imposition des mains, soit par la collation du baptême, selon qu’il regardait le baptême donné et reçu dans l’hérésie comme valide ou comme nul. C’était là ce qu’il aurait fallu décider tout d’abord ; après quoi il importait de bien caractériser la nature du rôle du ministre, dans la collation de ce sacrement, et du sujet, dans la réception du baptême. A Rome, on tenait pour valide tout baptême conféré avec la formule trinitaire, quelle que fût la toi ou la dignité de ministre ; et on estimait que, même dans l’hérésie, on pouvait recevoir la rémission des péchés, secundum quod credidit. Episl., lxxiii, 4, P. L., t. iii, col. 1112. Tout opposé était le point de vue des rebaptisants. Ce n’est que peu à peu que ces divers points devaient se préciser et que la notion du sacrement devait se dégager.

Dès le début du ive siècle, les donatistes, tirant des principes de saint Cyprien la conséquence qu’ils renfermaient, déclarèrent nul tout baptême conféré par un ministre indigne, fut-il orthodoxe ; ils se mirent à baptiser quiconque venait à leur parti, même de l’Église catholique, parce que les ministres catholiques, étant traditeurs, ne pouvaient conférer validement le.baptême. Ils furent condamnés. Saint Optât de Milève reconnaît la validité du baptême des donatistes, qu’il tient non pour hérétiques mais seulement pour schismatiques ; il n’admet pas le baptême conféré par les hérétiques. De schism. donatist., 1. I, n. 10, 12 ; 1. V, n. 3, P. L., t. xi, col. 903, 1018. Il condamne le baptême des hérétiques parce qu’ils n’avaient pas la vraie foi sur la divinité. En 314, le concile d’Arles eut à se prononcer sur la coutume africaine. Plaçant la question sur son vrai terrain, les Pères de ce concile tinrent pour valide le baptême conféré selon la forme indiquée par l’Évangile cl pratiquée par l’Église, abstraction faite de l’orthodoxie ou de la moralité du ministre. Ils exigèrent qu’on interrogeât les hérétiques sur le symbole ; s’il était acquis qu’ils avaient été baptisés selon la formule trinitaire, l’imposition des mains suffisait pour les admettre ; dans le cas contraire, la collation du baptême était requise. Can. S, Hârdouin, t. i, col. 265. Or, pour certains hérétiques, la question à poser devenait inutile, car il était certain qu’ils n’employaient pas la formule baptismale requise ou qu’ils la défiguraient complètement ; pour eux, la collation du baplé catholique s’imposait. Ce fut en particulier le cas dis disciples de Paul de Samosate, spécialement visés par le canon 19 du concile de Nicée, Ilardouin, t. i, col. 331, et dont, un siècle plus tard, Innocent I" dis, ut qu’ils ne baptisaieni pas au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Epist., xxii, . r >, Hârdouin, 1. 1, col. 1018, ou Epist., xvii, 5, P. L., t. xx, col. 533. Le cas des paulianistes ne resta pas isolé ; car le concile de Laodicée, cm. 8, Hârdouin, t. i, col. 781, soumit au baptême certains montanistes qui ne conservaient plus la formule orthodoxe que Terlullicn leur reconnaissait de son temps. Adv. Prax., 2, P. L., t. il, col. 157. Dans d’autres cas, on hésita sur la validité du baptême conféré. Saint Athanase, quand on lui oppose que les ariens baptisent selon la formule trinitaire, réplique : ils la faussent ; leur baptême est vain et inutile. Cont. arian. orat., ii, 42, P. G., t. xxvi, col. 237. Il en est d’autres qui ne l’entendent pas davantage dans le sens de l’Église ; tels, les manichéens, les phrygiens, les paulianistes. lbid. Saint Basile le Grand connaît les décisions prises contre les cathares, les encratites et les hydroparastates ; il sait que certains évêques d’Asie n’en acceptent pas moinsleur baptême ; il rejette le baptême des pépusiens et des encratites, Epist., clxxxviii, can. 1, P. G., t. xxxii, col. 664-669 ; au sujet des femmes qui, après avoir fait vœu de virginité dans l’hérésie, l’ont violé en se mariant, il dit : to-jto’jç… aveu Paim’<7|j.oc : oç y]’Ey.xXY)<rt’a o-j 7rapaôs-/ETat, Epist., cxcix, can. 20, P. G., t. xxxii, col. 720 ; il signale enfin l’usage de Césarée vis-à-vis des encratites, des saccophores et des apotactites : nous ne les recevons pas sans leur avoir conféré notre baptême. La raison en est que ces hérétiques n’ont pas la véritable foi en Dieu. Basile n’ignore pas l’usage contraire de Rome et de quelques provinces d’Asie ; il ne le blâme pas, mais il désirerait qu’un synode réduisit toutes ces divergences à l’unité. Ibid., can. 47, col. 732. Saint Cyrille de Jérusalem, Procatech., 7, P. G., t. xxxiii, col. 345, déclare qu’à Jérusalem on ne rebaptise que les hérétiques, parce que leur premier baptême n’est pas un véritable baptême.

Un canon du concile de Constantinople de 381, le 7e, bien que d’addition postérieure, mais reconnu et accepté plus tard par le concile in Trullo, constate l’usage de l’Église à la réception des hérétiques : ariens, macédoniens, sabbatiens, novatiens, quartodécimans, appollinaristes ne sont pas soumis au baptême, parce qu’ils l’ont reçu validement ; il en est autrement pour les eunomiens, les montanistes et les sabelliens. Hârdouin, t. i, col. 813. Gennade dit clairement : lllos qui non sanctse Trinitatis invocatione apud Itxreticos baptizali sunt et veniunt ad nos, baptizari debere pronuntiamus, non rebaptizari. Car le baptême des disciples de Paul de Samosate, de Proclus, des borborites, des photiniens, des montanistes, des priscillianistes est nul. De dogm. Eccl., lii, P. L., t. lviii, col. 993. Bref, à partir du ve siècle, grâce surtout à saint Augustin, la validité du baptême, de l’aveu général, dépendait de la fidèle observation de la formule trinitaire. Il ne fut plus question de le réitérer, mais de le conférer à quiconque ne l’avait pas reçu validement ; mais comme le seul fait d’avoir reçu le baptême de la main d’un hérétique ou d’un schismatique constituait un acte illicite, il resta entendu, dans la pratique de l’Église, qu’on ne devait admettre les convertis, qu’en leur imposant les mains ou en leur donnant la chrismatio. Cf. J. Ernst, Der /il. Augustin ùber die Enlscheidung der Kelzertauffrage durch ein Plenarconcil, dans la Zeitschrift fur kat/iolische Théologie, 1900, p. 282-325 ; Id., Die Ketzertaufangelegenheit in der altchristlichen Kirche nach Cyprian [Forschungen zur christlichen Litteratur und Dogmengeschichle, de Ehrhard et Kirsch, Mayence, 1901, t. II, fasc. 4).

Sources. —

S. Cyprien, Epist. ad Januariwn, ad Quintum. ad Steplianum, ad Jubaianum, ad Pompeium, i.xx-lxxiv, P. L., t. iii, col. 1036, 1103, 1046, 1100, 1128 ; Concilia Carthaginensia, I, II, III, de baptismo, P. L., t. iii, col. 1030, 1046, 1052 ; Firmilîen, Epist., lxxv, inter Cypriani epist., P. L.. t. iii, col. 1 154 ; Anonyme, De rebaptismate, P. I… t. iii, col. 1183 sq. ; Eusèbe, II. E., vii, 2-9, P.C. t. xx, col, 640 sq. ; S. Jérôme, Dialogus adv. Luciferianos, /’. /.., t. xxiii, cul. 163 sq. ; S. Au : i ! tin, De baptismo contra donatistas, P. /.., t. xi.m, col. 107 sq. ; Contni Cresconium, ii, 81 ; ni, /’./… t. xi.ui, cet. 489 sq. ; Contra Gaudentium, n./’. /… t. m.iii, col. T’it sq. ; Evist., xciii, 10, P. L-, t. xxxiii, col. 338 sq. ; S.Basile, Ad Ampnilochium,

ICl>ist. eau., i, ii, CLXXXVIII, CXCIX, J’- G., t. xxxii, col. 668

sq. ; Vincent de Lérins, Gommonit., vi, /’. /.., t. i., cul. 045, 0'a>.