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223 BAPTÊME DES HÉRÉTIQUES (CONTROVERSE RELATIVE AU)

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col. 644, fit-elle espérer qu’il en serait de même dans la question du baptême. Quoi qu’il en soit, Denys atteste que, dans le cas en litige, l’ancienne coutume d’Egypte se bornait à une imposition des mains suivie de prières. Eusèbe, H. E., vii, 2, P. G., t. xx. col. G41. Il partage, quant à lui, la manière de faire de son prédécesseur Héraclas et ne soumet pas les hérétiques à un nouveau baptême. Eusèbe, H. E., VII, 7, P. G., t. xx, col. 619. Il sait que des synodes en ont décidé autrement et, vu la gravité de la question, il a cru devoir adresser les plus expresses supplications à l’évêque de Rome, ainsi qu’aux prêtres romains, Denys et Philémon. Eusèbe, H. E., vii, 5, P. G., t. xx, col. 645. Du reste, Etienne mourait le 2 août 257 ; la persécution de Valérien éclatait ; Cyprien périt sous le glaive en 258 ; quant à Firmilien, il ne mourut qu’en 269, à Tarse, au moment où il se rendait au synode d’Antioche pour y condamner Paul de Samosate. D’autre part, saint Cyprien n’a pas rétracté, avant sa mort, son sentiment sur la rebaptisation des hérétiques. Ernst, Der angebliche Widerruf des hl. Ci/prian in der Ketzertauffrage, dans la Zeitschnft fur katliolische Théologie, 1895, p. 234-272.

II. Thèse des rebaptisants.

1o Les documents relatifs à la controverse du baptême des hérétiques, réunis dans Migne, P. L., t. iii, col. 1008 sq., ont donné lieu, de la part des donatistes d’abord, des protestants et des gallicans ensuite, à de graves imputations. Depuis la réforme, on s’en est servi pour essayer de prouver que la conduite de Cyprien et de Firmilien n’allait à rien moins qu’à rejeter la tradition comme règle de foi et à infirmer l’autorité de l’Église et l’infaillibilité du pontife romain. Les traiter d’apocryphes, ainsi que l’ont essayé, pour quelques-uns, Missori, Dissertatio crilica in epistolam ad Pompeium, Venise, 1733 ; Molkenbuhr, Binse dissertationes de Firmiliano, 1790, P. L., t. iii, col. 1357 sq. ; Tournemine, Conjectures sur la supposition de quelques ouvrages de saint Cyprien et de la lettre de Firmilien, dans les Mémoires de Trévoux, décembre 1734, a. 118, p. 2246 sq., et, plus récemment, Tizzani, La célèbre contesa fra san Stefanoe san Cypriano, Rome, 1862, et Bouix, Le célèbre conflit entre saint Etienne et saint Gyprien, dans la Revue des sciences ecclésiastiques, 1803, t. vil, p. 211-232, 305-320, 419-437, 518-545, n’est pas une œuvre de saine critique Ils doivent rester acquis aux débats. De Smedt, Dissert, sélect., diss. VII, proœm. I, Paris, 1876, p. 219 sq. ; Ernst, DieEchlheit des Briefes Firmilians im Ketzertaufstreil in neuer Beleuchtung, dans la Zeitschrift für katliolische Théologie, 1894, p. 209-259. Quelle est donc la valeur de la thèse des rebaptisants ? Ont-ils réellement porté atteinte à l’autorité de la tradition et à l’infaillibilité du pontife romain ? Ont-ils vu dans l’objet de la controverse une question de foi ou de discipline ?

2o La thèse des rebaptisants peut se formuler de la manière suivante : il n’y a qu’un baptême et il n’est que dans l’Église catholique. Epist., lxxiv, 11, P. L., t. iii, col. 1136. Les hérétiques, étant en dehors de l’Église catholique, ne peuvent pas donner ce qu’ils n’ont pas.

Il n’y a qu’un baptême : rien de plus vrai ; mais la question était de savoir s’il est exclusivement dans l’Église catholique ou s’il ne peut pas se trouver, à un titre quelconque, même en dehors de l’Église. Celle question préjudicielle, nullement discutée, chacun la regardait comme déjà résolue : Etienne, en acceptant comme valide le baptême conféré par les hérétiques, à la condition qu’il eûl été administré selon la formule trinitaire ou au nom de Jésus-Christ ; les rebaptisants, au contraire, en le rejetant comme nul, malgré l’emploi de la formule prescrite et l’autorité du nom de Jésus-Christ ; Epist., i, .., 7 ; lxxv, 9, 12, P.L., t. iii, col. 1 1 13, 1162, 1160, uniquement parce qu’il était conféré parties ministres étrangers à l’Église. Epist., lxx, 1 ; lxxiii, 1 ; lxxiv, 3 ; lxxv, 7, 14, P. L., t. iii, col. 1138, 1110, 1130,

1161, 1167. L’hérésie, n’étant pas l’épouse du Christ, ne peut enfanter des enfants à Dieu ; la génération et la sanctification ne peuvent se trouver que dans l’épouse du Christ. Epist., lxxiv, 6, P. L., . ni, col. 1132.

Première erreur : c’était méconnaître la notion même du sacrement, placer la validité là où elle n’est pas, confondre deux choses bien distinctes, l’illicéité et l’invalidité, et conclure à tort de l’une à l’autre : quod (le baptême) nos nec ratum possumus nec legilimum computare, quando hoc apud nos constet esse ILLICITUM, Epist., lxxiii, 1, P. L., t. iii, col. 1110. L’illicéité du baptême conféré par les hérétiques ne faisait doute pour personne ; mais l’illicéité n’entraîne pas nécessairement l’invalidité. Le baptême vaut par lui seul, dès qu’il est conféré selon la formule prescrite par Jésus-Christ. Il a sa valeur propre, son efficacité intrinsèque.

Deuxième erreur : les rebaptisants exagéraient le rôle du ministre dans la collation du baptême ; en réclamant l’orthodoxie et la moralité du ministre, ils avaient raison ; mais ils avaient tort en l’exigeant comme une condition absolument indispensable pour la validité du sacrement. Car la valeur du baptême est indépendante de celui qui le confère ; celui-ci n’est qu’un instrument ; quelles que soient son hétérodoxie et son indignité, il n’en confère pas moins validement le baptême ; c’est Jésus-Christ qui opère par lui.

Troisième erreur : les rebaptisants niaient qu’on pût recevoir dans l’hérésie la grâce de la régénération, la rémission des péchés, le Saint-Esprit, quelles que fussent du reste la foi et les dispositions du baptisé, parce que ce dernier se trourait communiquer avec des hérétiques exclus de l’Église. Epist., lxxiii, 4 ; lxxv, 9, P. L., t. iii, col. 1112, 1162. C’était la même confusion de l’invalidité avec l’illicéité. Car l’adulte, en acceptant le baptême de la main des hérétiques, peut, par ses mauvaises dispositions, mettre obstacle à l’efficacité pleine et immédiate du baptême ; il n’en reçoit pas moins validement le sacrement.

Ces divers points ont été admirablement mis en lumière par saint Augustin. Il n’y a sacrement, dit-il, que lorsqu’il est conféré avec la formule du Christ ; sans cette formule, pas de baptême, De bapt., vi, 25, 47, P. L., t. xliii, col. 214 ; avec elle le baptême peut exister, être donné et reçu même en dehors de l’Église. De bapt., i, 1, ibid., col. 109. Le sacrement est saint par lui-même, où qu’il se trouve, De bapt., i, 12, 19 ; v, 21, 29 ; vi, 2, 4, ibid., col. 119, 191, 199 ; à cause de Celui qui en est l’auteur, De bapt., iii, 4, 6 ; iv, 12, 18 ; 21, 28 ; v, 21, 29, ibid., col. 143, 166, 173, 191 ; car c’est Dieu qui est présent dans la formule évangélique et sanctifie le sacrement. De bapt., vi, 25, 47, ibid., col. 214. Le baptême peut donc se trouver chez les hérétiques. Bien qu’ils ne l’aient ni recte, De bapt., I, 3, ibid., col. 110, ni légitime, De bapt., v, 7, 8, ibid., col. 181, son efficacité est indépendante de celui qui le donne et de celui qui le reçoit, quels que soient leur mérite ou démérite, De bapt., iv, 21, 28 ; leur immoralité, De bapt., iii, 10, 15 ; leur perversité, De bapt., v, 3, 3 ; 21, 29 ; vi, 1, 2 ; 5, 7, P. L., t. xliii, col. 173, 144, 178, 191, 198, 200 ; leur erreur, De bapt., iv, 15, 22 ; ou leur foi. De bapt., ni, 14, 19, ibid., col. 168, 1 46. Il reste integrum par la vertu propre de sa formule, de quelque manière que l’entende celui qui l’emploie, De bapt., ni, 15, 20 ; iv, 12, 18, ibid., col. 148, 166 ; car, en réalité, c’est l’Église qui engendre des fils per hoc quod suum in cis habet. De bapt., i, 10, 14 ; 15, 23, ibid., col. 117, 122. In ista qusestione non esse cogitandum quis det sed guid det, aut quis accipiat sed quid accipiat, aut </uis habeat sot quid habeat. De bapt., iv, 10, ibid., col. 164. Dico sacramentum Christi et bonos et malos posse habere, possc darc, posse accipere ; et bonos quidem utiliter ci salulir’ttcr ; malos autan perniciose et pœnaliter. De bapt., vi, 2, 4, ibid., col. 199. Donc validité du baptême,