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BAPTÊME D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

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en témoignage le célèbre baptême de Cloviset des Francs, Grégoire de Tours, De gloria cou f es., lxxvi, P. L., t. lxxi, col. 883, et même le jour de la Nativité de saint Jean-Baptiste. Grégoire de Tours, Hist. Franc, Via, 9, P. L., t. lxxi, col. 454.

L’Église romaine s’en tint aux deux dates primitives et ne cessa de protester contre cette extension abusive. Le pape Sirice, dans sa lettre à l’évêque deTarragone, réprouva l’usage espagnol : Quibus solis diebus, id est Pascatis et Pentecostes, ad (idem confluentibus generalia baptismalis tradi convertit sacramenta. Epist. ad Himer., il, 3, P. L., t. xiii, col. 1131 ; Ja(Té, Regest., t. i, p. 40. Saint Léon le Grand blâme assez vertement les évêques de Sicile de ce qu’ils baptisent à l’Epiphanie, car c’est contraire aux usages et à la tradition de l’Eglise romaine. Epist., xvi, 6, P. L., t. liv, col. 701. Dans une lettre aux évêques de la Campanie et du Picenum, il se plaint amèrement de l’habitude prise, contrairement à la tradition apostolique, de conférer le baptême aux fêtes des martyrs. Epist., clxviii, !, ibid., co. 1210. Le IL concile de Màcon, tenu en 585, fait entendre les mêmes plaintes. Can. 3, Hardouin, Acta concil., t. iii, col. 461. Les fêtes de Pâques et de la Pentecôte, telles étaient donc lesdatesordinaires de la collation solennelledu baptême ; c’est ce qui inspire à l’auteur du De pasclia cette apostrophe à la solennité pascale : Combien d’âmes purifiées par la grâce sortent aujourd’hui de l’urne baptismale, blanche armée s’élançant des ondes limpides, lavant au fleuve’du salut les vieilles souillures du péché ! DePasc., X, 89 sq., P. L., t. vii, col. 288. Il allait de soi que, la nécessité primant tout, on conférait le baptême à n’importe quelle date, lorsque le moindre retard pouvait offrir des dangers. C’est ainsi que Tertullien écrit avec justesse : Cccterum omnis dies Domini est, omnis hora, omne tempus habile baptismo. Si de solemnitate, interest ; si de gratia, nihil refert. De bapt., 19, P. L., t. I, col. 1222. C’est ainsi que saint Augustin remarque que la collation du baptême n’est pas exclusivement rattachée à la fête de Pâques, car la nécessité impose l’obligation de baptiser pertolum annum, à n’importe quelle date. £>erm., ccx, c. i, 2, P. L., t. xxxviii, col. 1018. Le pape Sirice, qui proteste contre la collation solennelle du baptême en dehors des deux dates fixées par l’usage romain, exige néanmoins qu’on admette au baptême, dès qu’ils le demandent, outre les enfants non encore parvenus à l’âge de raison, les malades, les soldats en campagne, les marins, et en général toute personne en danger de mort. Loc. cit. Chaque jour les prêtres pouvaient être appelés â conférer ainsi le baptême, en cas de nécessité, et c’est l’une des raisons qu’invoque le pape saint Innocent I er pour obliger les prêtres à la continence. Epist. ad Victric, ii, c. ix, 12 ; Epist. ad Exsuper., vi, c. i, 2, P. L., t. xx, col. 476, 497.

Rites et cérémonies.

Laissant de côté tout ce qui regarde la préparation éloignée au baptême avec la série de ses catéchèses ou scrutins, traditio et redditio symboli, et la série de ses rites particuliers, imposition des mains, exorcismes, insufllations, usage du sel, effeta, qui feront l’objet d’un article à part (voir Catéciiimi : nat), nous nous en tiendrons aux rites et cérémonies qui précèdent immédiatement la collation du baptême. Les saintes huiles ont été exorcisées et bénites, soit le jeudi saint, comme c’était l’usage romain, soit le samedi saint, comme l’insinuent les canonsd’Hippolyte, can. 116, 117. Achelis, Die Kanoncs Hippohjti, p. 95 ; Testamentum D. N. J. C, Mayence, 1899, p. 126. Il ne reste plus qu’à pénétrer dans le baptistère, où se fait très solennellement la bénédiction de l’eau baptismale. Mais, avant de procéder à la collation du baptême, le compétent doit manifester publiquement qu’il renonce au parti du démon : de là un triple renoncement en usage dans toute l’Eglise. Parmi les Pères latins, Tertullien, De cor., 3, P. L., t. ii, col. 79 ; De specl., 10, /’. L., t. i, col. 635 ; Ambroise, De myst., ii, 5 ; pseudo-Ambroise, De sacr., i, 2, 15, P. L., t. xvi, col. 390, 419 ; Hilaire, In ps., xiv, 14. P. L., t. ix, col. 306 ; Jérôme, Epist., cxxx, 7, P. L., t. xxii, col. 1113 ; Augustin, Epist., cxciv, 10, P. L., t. xxxiii, col. 889 ; De bapt. cont. donat., v, 20, 21, P. L., t. xliii, col. 190 ; De pecc.orig., 40, 45 ; De nupt., i, 20, 22. P. L., . xliv, col. 408, 426 ; parmi les Pères grecs, Origène, In Num., homil. xii, 4, P. G., t. xii, col. 666 ; Basile, De Spir. Semer, xi, 27, 66, P. G., t. xxxii, col. 113, 188 ; Canons d’Hippolyte, can. 119. C’est, tourné vers l’Occident et la main étendue, que le compétent renonce à Satan, Cy rille de Jérusalem, Cat., xix, 2-8, P. G., t. xxxiii, col. 1068-1072 ; puis, se tournant vers l’Orient, il s’attache à Jésus-Christ. Pseudo-Denys, Eccles. hier., Il, 2, 6, P. G., t. iii, col. 396. La formule de renoncement varie selon les lieux ; elle se compléta par une formule d’adhésion à Jésus-Christ, comme le marque le pseudo-Denys. D’après Chrysostome, à ces mots : Je renonce à Satan…, on ajoutait ceux-ci : Et je m’attache à vous, ô Christ. In Col., homil. vi, 4, P. G., t. lxii, col. 342 ; Ad illum., ii, 4, P. G., t. xlix, col. 239. Toutes ces cérémonies ont déjà pris une partie de la soirée et de la nuit. On est arrivé ainsi à l’heuredu gallicinium, comme disent les canons d’Hippolyte, can. 112. Achelis, op. cit., p. 94. Désormais tout est prêt ; le baptême va être conféré.

Les élus sont entièrement dépouillés de leurs vêtements ; mais les précautions sont prises pour ne point blesser les lois de la décence ; les hommes, sous la direction de l’un des membres du clergé, sont à part ; les femmes, également à part, sont aidées par d’autres femmes, can. 114 d’Hippolyte, p. 95, ou sont sous la direction des diaconesses. Const. apost., iii, 15, 16, P. G., t. i, col. 797 ; S. Épiphane, Hær., lxxix, n. 3, P. G., t. xlii, col. 744. Du reste, il n’y a pas à rougir d’une telle nudité qui rappelle celle de nos premiers parents au jardin terrestre ; Adam et Eve ne rougissaient pas avant leur faute. Cyrille de Jérusalem, Cat., xx, 2, P. G., t. xxxiii, col. 1080. L’auteur du De s~ingularitate clericorum, dans les œuvres de saint Cyprien, édit. Hartel, append., p. 189, ne comprend pas que in ipso baptismate cujusquam nudilas erubescat, ubi Adam et Evse renovatur. infantia, nec exponit sed potius accipit lunicam. Cf. pseudo-Denys, Eccles. hier., ii, 2, 7, P. G., t. iii, col. 306. Toutefois, la nudité n’était pas complète partout, car saint Chrysostome dit que les élus conservaient une tunique. Ad illum. cat., i, 2, P. G., t. xlix, col. 225. Outre l’immersion, qui rendait nécessaire ce dépouillement, il y avait la raison empruntée au symbolisme : l’élu, dans sa nudité, rappelait Adam, il rappelait aussi le nouvel Adam, le Christ sur la croix.

Avant de descendre dans la piscine baptismale, une triple interrogation avait lieu. On demandait à l’élu : Croyez-vous en Dieu le Père tout-puissant ? Croyez-vous en Jésus-Christ, son fils unique, Notre-Seigneur, né et mort ? Croyez-vous au Saint-Esprit, à la sainte Eglise, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair ? La formule de l’interrogation pouvait varier à quelques termes près ; elle renfermait en substance les dogmes principaux de la foi chrétienne. On confesse Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, dit Origène. In Exod., homil. viii, 4, P. G., t. xii, col. 351. L’une de ces questions est ainsi rappelée par saint Cyprien : Credis in vitam œternam et remissioncm peccatorum per sanctam Ecclesiamf Epist., lxx, 2, P. L., t. iii, col. 1040. Au moment du baptême, dit saint Hilaire, les élus doivent confesser qu’ils croient en Dieu le Fils, à sa passion et à sa résurrection, et huic professionis sacramento fides redditur. In Matth., xv, 8, P. L., t. ix, col. 1006 ; In ps., xiv, 14, P. L., t. ix, col. 306. Solemne est post Trinitatis confessionem interrogare : credis sanctam Ecclesiamf credis remissionem peccatorum’?