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    1. BAPTÊME D##


BAPTÊME D.’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

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n’empêchèrent un grand nombre de catéchumènes de retarder le baptême jusqu’à leur lit de mort, soit afin de pouvoir se livrer plus longtemps et en toute liberté à leurs criminelles habitudes, soit pour se soustraire aux graves obligations de la vie chrétienne, soit aussi grâce à l’erreur novatienne, par la crainte de ne pouvoir plus être pardonnes, s’ils venaient à succomber après leur baptême : autant de misérables calculs qui trop souvent aboutissaient à ce que ces imprudents fussent surpris par la mort sans avoir pu être baptisés ou ne reçussent le baptême que dans les conditions les plus défavorables. De là, dans les sermons des Pères, tant d’insistance contre ceux qui retardaient indéfiniment la réception du baptême. On peut en voir des exemples dans YHomil., xiii, in baplismum du pseudo-Basile, P. G., t. xxxi, col. 424 sq.jdans Grégoire de Nazianze, Orat., xl, 14, P. G., t. xxxvi, col. 376 sq. ; dans Grégoire de Nysse, ht differ. bapt., P. G., t. xlvi, col. 415 sq. ; dans Chrysostome, In Art. apost., homil. i, 6-8, P. G., t. lx, col. 23 sq. ; homil. xxiii, 4, ibid., col. 182. Outre les surprises de la mort, si soudaines, si imprévues, qui rendaient impossible la collation du baptême, que pouvait-on attendre de bon d’un sacrement reçu dans les angoisses de la mort, quand le malade n’est plus à lui et que de tous côtés on n’entend que des gémissements ? Saint Grégoire de Nazianze, Orat., XL, 11-14, P. G., t. xxxvi, col. 373-376, mais surtout saint Chrysostome tracent un tableau de ce baptême conféré in extremis, où le malade regarde l’entrée du prêtre, non comme sa délivrance et son salut, mais comme sa condamnation et sa fin. Ad illum., i, P. G., t. xlix, col. 224. Cette détestable habitude finit par disparaître.

Ce baptême des cliniques, l’Église le regardait cependant comme valide. Saint Basile écrit à la veuve d’Arinthée que son mari, à l’article de la mort, avait été purifié de tous ses péchés par le baptême qu’il venait de recevoir. Epist., cci. xix, 2, P. G., t. xxxii, col. 1001. Saint Ambroise observe que, si le sentiment des novatiens était fondé, c’est-à-dire si les péchés commis après le baptême étaient réellement sans remède, tout le monde aurait raison de différer la réception du baptême jusqu’à la mort. De psenit., II, xi, 98, P. L., t. xvi, col. 521, L’Église décida dune de ne pas refuser le baptême à ceux qui le demandaient à leur lit de mort ; mais, pratiquement, elle exigea un témoignage probant que le malade avait bien eu l’intention de recevoir le baptême. A défaut de celui du malade lui-même, elle se contenta de celui de ses proches, ainsi que le spécifie le IIIe concile de Carthage, tenu en 397, can. 34, Hardouin, Act. concil., t. i, col. 964 ; et, à défaut de l’un et de l’autre, elle estima suffisant le fait que le mourant s’était fait inscrire au rang des catéchumènes et n’avait pas manifesté d’opposition formelle. C’est ainsi qu’à cette demande : faut-il baptiser, à ses derniers moments, un catéchumène non peiens neque loqui valens ? saint Augustin répondit : Oui, on ne doit pas le traiter autrem < nt que les petits enfants, et cela quand même il serait adultère. De conjug. miidl., I, xxvi, 33 ; xxviii, 35, P. L., t. xl, col. 469, 170. Et à cette autre question : que penser du baptême donné à un catéchumène longtemps éprouvé, mais subitement privé de l’usage de la parole ? saint Fulgence répondit qu’on avait bien agi en le baptisant et que le baptême lui assurait le salut vu sa conduite passée qui n’avail pas été révoquée. Epist. adFerrand., XII, viii, 19, 1’. /.., t. lxv, col. 388. Car, quando non defuilsano credendi et confitendi volunlas, mm obfuit iti/irnto tacendi nécessitas. Ibid., vi, 16, col, 386.

Baptême des morts.

Le baptême, à l’époque des Pères, était regardé comme tellement nécessaire que plusieurs hérétiques, , et même certains catholiques, en vinrent à vouloir en faire bénéficier ceux qui étaient morts sans avoir pu le recevoir, Voir plus loin un article spécial sous le même titre.

Hermas, au IIe siècle, ne fait pas allusion au baptême des morts ou pour les morts ; mais il imagine que même les justes de l’Ancien Testament avaient eu besoin du baptême d’eau pour entrer dans le royaume de Dieu. En conséquence, il l’ait descendre auprès d’eux les apôtres qui, après leur mort, viennent leur prêcher le nom du Fils de Dieu et leur donnent la T^payt ; du baptême qui était seule à leur faire défaut et qui, une fois reçue, leur ouvre les portes du ciel. SimiL, ix, 16, Opéra Pair. apost., édit. Funk, t. I, p. 532. Cette singulière hypothèse a été recueillie par Clément d’Alexandrie qui reproduit tout le passage d’Hermas. Strom., ii, 9, P. G., t. viii, col. 980. Clément, en effet, croyait à une mission des apôtres, mission posthume de prédication aux enfers, à l’imitation de celle de Jésus, qui permit aux anciens justes d’entrer au ciel ; il ne cite que le texte d’Hermas. Strom., vi, 6, P. G., t. ix, col. 268, 269. Ce n’est là qu’une opinion isolée qui est restée sans écho dans la littérature patristique.

X. RITES DE L’ADMINISTRATION SOLENNELLE.

Jours déterminés.

Bien dans l’Evangile ni dans la nature du baptême n’indique l’époque de l’année où l’on doit de préférence conférer ce sacrement. Dès le début on a baptisé selon les circonstances de temps et de lieu, mais plus tard on n’a baptisé chaque jour que les malades seulement, Ambrosiaster, Comment, in epist. ail Eph., iv, II, 12, P. L., t. xvii, col. 388 ; on n’a aucune preuve positive que, pendant les deux premiers siècles, on ait fait choix d’une date plutôt que d’une autre..Mais, selon toute vraisemblance, c’est la fête de Pâques et celle de la Pentecôte qu’on dut choisir pour la collation du baptême ; la première, parce que le baptême tire toute son efficacité de la Passion de Notre-Seigneur, parce qu’il rappelle par sa triple immersion la mort, la sépulture et les trois jours passés dans le sépulcre, et que dès lors il convenait de faire coïncider la régénération des fidèles avec l’anniversaire de la résurrection glorieuse de Jésus-Christ ; la seconde, parce que c’est le jour de la Pentecôte que les apôtres reçurent le baptême de feu et que saint Pierre baptisa les premiers convertis. De facultatil qu’il était, l’usage s’imposa facilement comme une loi, dès que l’Église s’appliqua à entourer la collation de ce sacrement de la plus grande solennité. Tertullien, en effet, indique ces deux dates mémorables, sans invoquer toutefois la tradition en sa faveur, mais en en donnant plutôt des raisons d’ordre dogmatique. De bapt., 19, P. L., t. I, col. 1222. Pour l’Occident, nous possédons, entre autres, les témoignages positifs île saint Jérôme, Dial. adv. Lucifer., 8, P. L., t. xxin.col. 172 ; lu Zach., III, c. xiv, 8, P. L., t. xxv, col. 1258, et de saint Augustin, Serm., ccx, 1, 2, P. L., t. xxxviii, col. 1018 ; De bapt. cont. douât., v, 6, 7, P. L., I. xi.m, col. 180. Pour l’Orient, ceux du pseudo-Basile, De bapt., homil. xiii, 1, P. G., t. xxxi, col. 424, et de saint Cjrille de Jérusalem dans ses catéchèses préparatoires à la grande fête pascale.

Vers le iv° siècle se manifeste la tendance à augmenter, dans le cours de l’année, les dates de la collation solennelle du baptême. C’est ainsi que s’introduisit en Orient l’usage de baptiser à l’Epiphanie, qu’on appelait la fête des Lumières. Grégoire de Nazianze le signale. Orat., xl, 21, /’. G., t. xxxvi, col. 392. l’n ami de saint Chrysostome, Sévérien de Gabales, écrivit vers iOI un traité aujourd’hui perdu, sur le baptême et ta solennité de l’Epiphanie. Cet usage oriental de baptiser à l’Epiphanie passa en Sicile, puis en Afrique, Victor de Vite, Persec. vandal., ii, 17, /’. /.., t. l viii, col. 216, et jusqu’en Espagne. Mans ce dernier pays on ajouta même la fête de Noël ainsi que l’anniversaire des apôtres et des martyrs. A Jérusalem, - on prit également l’habitude de baptiser au jour anniversaire de la dédicace de la basilique du Saint-Sépulcre. Sozomène, iI. ! ’.., ii, ’26, /’. G., t. lxvii, col. 1008. En Gaule, on baptisa, i. Noël, comme