Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

205

BAPTÊME D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

206

cipline. De schism. donat., iv, 4 ; v, 3, P. L., t. xi, col. 1032, 1050. Voici comment l’interprète saint Augustin : La lotion dont parle le Christ n’est autre que le baptême qui purifie l’homme tout entier ; mais l’homme en contact avec le siècle, foulant la terre avec des sentiments humains comme avec’les pieds, contracte par son commerce terrestre de quoi dire à Dieu : pardonnez-nous nos offenses, par suite de quoi se faire encore purifier par Celui qui, après avoir purifié les apôtres, voulut de plus leur laver les pieds. In Joa., te. LVII, 1, P. L., t. xxxv, col. 1791. Ailleurs il dit : Qui lotus est non hab et necessilatem iterum lavandi, c’est-à-dire d’être rebaptisé ; car rebaptiser est une faute qui appelle les rigueurs de la pénitence. De bapt. cont. donat., il, 14, 19, P. L., t. xliii, col. 138. Le unum baptisma de l’Épître aux Éphésiens servit à Tertullien, à Cyprien et à Firmilien pour prouver que ce baptême unique ne pouvait se trouver que dans l’Église catholique ; ils ne voyaient pas que le baptême conféré par les hérétiques n’était autre que celui de l’Église et ne rompait pas l’unité du baptême, mais ils savaient fort bien, d’après l’enseignement et la pratique de l’Église, que le unum baptisma marque l’impossibilité de la réitération du baptême ; et c’est ce point spécial que fuit ressortir Cyrille de Jérusalem dans sa procatéchèse. Procat., 7, P. G., t. xxxiii, col. 315. Reste le texte de l’Épître aux Hébreux ; celui-ci aussi doit s’entendre de l’impossibilité de recourir à un nouveau baptême pour rentrer en grâce avec Dieu, si on a eu le malheur de pécher après le baptême reçu. C’est ainsi que l’explique saint Ambroise, De psenit., II, II, 8, P. L., t. xvi, col. 498. Les cathares exploitaient ce texte pour prouver l’impossibilité de se relever par la pénitence après la chute qui suivait le baptême. Saint Épiphane de leur répliquer qu’il s’agit là, non de la pénitence, mais du baptême, et que c’est le baptême qui ne se réitère pas. Hær., lix, 2, P. G., t. xli, col. 1020. Saint Jérôme en concluait que le remède aux fautes commises après le baptême n’était pas dans un second baptême, mais dans la pénitence, contrairement à l’assertion erronée de Montan et de Novatien. Adv. Jovin., ii, 3, P. L., t. xxiii, col. 298, 299. La non-réitération du baptême ne faisait doute pour personne parmi les catholiques. Saint Augustin se demande : Quid sit perniciosius, omnino non baptkari an rebaplizari ? Et il répond : Judicare difficile est. Debapt. cont. donat., il, 14, 19, P. L., t. xliii, col. 138. C’est qu’on regardait, en effet, la réitération du baptême comme un attentat sacrilège. Aussi la voit-on énergiquement réprouvée par les Canons apostoliques, can. 47, Hardouin, Act. concil., t. I, col. 38, P. L., t. lxvii, col. 147, qui ordonnent la déposition de tout évêqueou prêtre qui se la permettrait. Cf. Const. apost., VI, 15, P. G., t. I, col. 948. Léon le Grand écrit : Scimus inexpiabile esse facinus quolies… cogitur aliquis lavacrum, quod regenerandis semel tributum est, bis subire. Epist., clxvi, , ad Néon., P. L., t. uv, col. 1194. Enfin, le baptême est une régénération, et de même qu’on ne naît qu’une fois, on ne peut renaître qu’une fois. Augustin, In Joa., tr. XII, 2, P. L., t. xxxv, col. 1848.

2. Du fait de la non-réitération du baptême les Pères ont cherché la cause et ils l’ont trouvée dans la marque profonde, permanente et indestructible qu’imprime le baptême dans l’âme du baptisé, et qui n’est autre que le character des Latins ou la (Tcppayi ; des Grecs. Le mot asayis se lit huit fois dans le Pasteur et vingt fois dans les Acta Thomse. Il est employé aussi dans la Secunda Clementis, c. vii, viii, Funk, Opéra Pat. apost., t. i, p. 153, 155, dans l’inscription d’Abercius, voir 1. 1, col. 62, et dans les Acta Philippi. Voir t. i, col. 358, 359, 360. Il désigne le baptême et la confirmation ou l’un de leurs effets. Au ive siècle, surtout en Orient, la doctrine se précise, et parmi les effets du baptême, les Pères mentionnent la <7çpay( ; sacrée, céleste, divine et indélébile à jamais. Cyrille de Jérusalem a bien soin de distinguer ce sceau baptismal de celui de la confirmation ; celui-ci, il l’appelle la (jeppayt’ç r ?ç xoivcovta ; to0 âyi’ou IIvs’j(j.aToç, le sceau de la communication du Saint-Esprit, que les Grecs désignent d’ordinaire par ces mots : aypayic, Swpeài : toû Ilve’jaaTos âyiou, tandis qu’ils désignent le sceau du baptême par ces autres : (rcppayt ; (iSaroç, Cat., iii, 4, P. G., t. xxxiii, col. 432 ; cjeppayt ; |rj<rrix^. Cat., I, 2, ibid., col. 372. Ce sceau s’imprime dans l’âme pendant que l’eau lave le corps, Cat., ni, 4, ibid., col. 429 ; au moment même du baptême, Cat., iv, 16, ibid., col. 476 ; dans le baptême même. Cat., xvi, 24, ?61d., col.952. Le sceau de la confirmation s’imprime, au contraire, après le baptême, Cat., xviii, 33, ibid., col. 1056, lorsque le front est oint du saint chrême. Cat., xxii, 7, ibid., col. 1101. Le sceau baptismal sert à nous faire reconnaître des anges et à mettre en fuite les démons. Cat., I, 3, ibid., col. 373. C’est, dit Chrysostome, le signe distinctif des soldats du Christ, In II Cor., homil. iii, 7, P. G., t. lxi, col. 418, qui nous marque dans l’âme comme la circoncision marquait les Juifs dans le corps. In Eph., homil. il, 2, P. G., t. lxii, col. 18. La circoncision juive a duré jusqu’à la grande circoncision, c’est-à-dire jusqu’au baptême, qui nous retranche du péché et nous signe du sceau de Dieu. Épiphane, Hser., viii, 5, P. G., t. xli, col. 213.

Au e siècle, saint Augustin devient le véritable théologien du caractère. Discutant avec les donatistes, il expose plus exactement les raisons pour lesquelles le sacrement de baptême ne pouvait être réitéré. Il distingue la grâce du caractère, et pour expliquer ce dernier, il reprend et développe les comparaisons anciennes. Dans le baptême, le Saint-Esprit produit un effet distinct et indépendant de la grâce sanctifiante, un effet que Simon le magicien a conservé, De bapt. cont. donat., ni, 16, 21, P. L., t. xliii, col. 149, que les hérétiques reçoivent. Ibid., v, 54, 34, col. 193-194. En raison de cet effet, le baptême est ineffaçable, comme la marque du soldat qui fait reconnaître les déserteurs, In. Ps., xxxix, 1, P. L., t. xxxvi, col. 433, qui demeure chez les apostats tellement que, lorsqu’ils se convertissent, on ne leur réitère pas le baptême. C’est le sceau royal des pièces de monnaie qui reste partout marqué, chez les ennemis et chez les étrangers. Serm., viii, n. 2, P. L., t. xlvi, col. 839 ; Sermo ad plebem Cœs., n. 4, P. L., t. xliii, col. 693 ; Cont. epist. Parmen., ii, 13, 29, 32, P. L., ibid., col. 72, 73 ; De bapt. cont. donat., v, 15, 20 ; vi, 14, 23, ibid., col. 186, 207, 208. Le baptême des schismatiques est, lui aussi, indélébile et on ne le leur renouvelle pas, quand ils rentrent dans le giron de l’Église. De bapt. cont. donat., vi, 9, 14 ; 14, 23 ; 15, 25 ; vii, 54, 103, ibid., col. 204, 207, 208, 244. Le caractère n’est pas un signe extérieur et visible, c’est un signe intérieur, un effet réellement produit dans l’âme par une sorte de consécration. Cont. epist. Parmen., ii, 28, P. L., t. xliii, col. 70 ; Epist., xcviii, n. 5, P. L., t. xxxiii, col. 362. Cette consécration, opérée au nom de la Trinité, fait que les baptisés appartiennent à Dieu ; elle introduit dans le troupeau du Seigneur, et le chrétien en demeure marqué comme la brebis porte la marque du propriétaire à qui elle appartient. Sermo ad plebem Csesar., n. 4, P. L., t. xliii, col. 693. Cf. Sasse, Institut, theolog. de sacramentis Ecclesiee, Fribourg-en-Brisgau, 1897, t. i, p. 98-105.

Mode d’efficacité.

En exposant les effets du baptême, les Pères ont bien cru que le sacrement opère par lui-même et produit dans les âmes la sanctification et la grâce. Ils ont démontré que son efficacité est indépendante du ministre qui la confère. C’est par l’action divine du Saint-Esprit que les effets sont réalisés. Voir plus haut. C’est Dieu qui est l’agent principal, le sacrement n’est qu’un moyen, mais un moyen nécessaire qui a son efficacité propre et intrinsèque. Elle vient de l’institution divine et elle n’est que l’application des