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BAPTÊME D’APRES LES PÈRES GRECS ET LATINS

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donner droit aux sacrements et finalement lui assurer le salut éternel.

Rémission de tous les péchés par la justification.

Nous avons dit précédemment que, suivant la doctrine des Pères, le baptême effaçait la souillure originelle. Pour la rémission des péchés en général, les textes sont si nombreux qu’il suffira de signaler les plus caractéristiques. Quand nous descendons dans l’eau (baptismale), dit Hermas, nous y recevons la rémission de nos péchés antérieurs, Mand., iv, 3, Opéra Pair, apost., édit. Funk, t. i, p. 396 ; notre vie est sauvée par l’eau (baptismale), Fis., ni, 3, ibid., p. 358 ; nous descendons morts dans l’eau (baptismale) et nous en remontons vivants. Simil., ix, 16, ibid., p. 522. Nous entrons pleins de souillures et de péchés dans l’eau et nous en sortons remplis des fruits de justice. Pseudo-Barnabe, Epist., xi, 11, ibid., p. 36. Tertullien voit dans le baptême l’effacement de tous les péchés, De bapt., 1 ; De psenit., 6, P. L., 1. 1, col. 1197, 1238 ; Vabsolutio mortis, la régénération, Adv. Marc, i, 28, P. L., t. il, col. 280 ; une seconde naissance. De bapt., 20, P.L., t. i, col. 1224 ; De anim., 41, P. L., t. il, col. 720. Dans la collation du baptême il y a lieu, dit-il, de distinguer deux actes, l’un matériel, qui consiste à plonger le baptisé dans l’eau, l’autre spirituel qui est la délivrance du péché. De bapt., 7, P. L., t. I, col. 1207. La peine due au péché est elle-même enlevée. Exempta reatu, eximitur pana. De bapt., 5, ibid., col. 1206. Sans le baptême on ne peut recevoir la rémission de ses péchés. Origène, De exhort. mari., 30, P. G., t. xi, col. 600 ; In Luc, homil. xxi, .P. G., t. xiii, col. 1855. D’après saint Cyrille de Jérusalem, le baptême remet tous les péchés, Cat., iii, 15, P. G., t. xxxiii, col. 448 ; efface dans l’âme et dans le corps toutes les marques du péché, Cat., xviii, 20, ibid., col. 1041 ; abolit en Dieu le souvenir de nos fautes. Cat., iii, 15 ; xv, 23, ibid., col. 445, 904. D’après saint Chrysostome, le baptême efface tous les péchés, In Gen., homil. xxvii, 1, P. G., t. lui, col. 241 ; dans ce sacrement on meurt et on renaît, In Colos., homil. vii, 2, P. G., t. lxii, col. 346 ; on y meurt comme le Christ est mort sur la croix, In Hebr., homil. ix, S, P. G., t. lxiii, col. 79 ; que le catéchumène descende dans ce bain salutaire et les rayons du soleil seront moins purs que lui, quand il remonte de l’eau sacrée. Ad illum., 1, 3, P. G., t. xlix, col. 226 ; In 1 Cor., homil. xl, 2, P. G., t. lxi, col. 348. D’après saint Jérôme, le baptême fait de nous des hommes complets et nouveaux, Epist., lxix, 2 ; car tout est purifié par lui, ibid., 3, P. L., t. xxii, col. 655, 656 ; tous les péchés sont eilacés. In Isa., i, 16, P. L., t. xxiv, col. 35. C’est ce qu’exprime saint Augustin : Baptismus abluit quidem peccata omnia, prorsus omnïa, faclorum, dictorum, cogitatorum, sive originalia, sive addita, sive quee ignoranter, sive quæ scienler admissa sunt. Conl. duas epist. Pelag., III, ni, 5, P. L., t. xliii, col. 350. Rien n’empêche le néophyte d’aller au ciel : Si conlinuo [post baplismum] consequatur ab hac vita migratio, non erit omnino, quod hominem obnoxium teneat, solutis omnibus quse tenebant… Nihil Itabet rémora ?, , quia minus ad régna cœlorum mox migret. De peccat. mer. et remiss., 1. II, c. xxviii, n. 46, P. L., t.xLiv, col. 179. Quelque graves que fussent les péchés antérieurs au baptême, la pénitence canonique n’en frappait aucun ; elle était réservée aux péchés commis après la réception de ce sacrement. Le baptisé était donc un homme régénéré, purifié, sanctifié. Telle était, même au iie siècle, l’idée qu’on se faisait du baptême, dans certains milieux, qu’on en était venu à croire qu’il n’y a pas, pour l’homme, d’autre conversion ni d’autre rémission des péchés ; qu’après l’initiation baptismale on devait se conserver pur et sans tache, ne plus pécher, sous peine de ne plus rentrer en grâce. Une telle permanence de la grâce baptismale eût été l’idéal. Mais cet idéal était difficilement conciliable avec l’état de la nature déchue et la misère morale inséparable de la condition humaine. La régénération donnée par le baptême ne constituait pas l’impeccabilité. Le baptisé, le fidèle pouvait toujours succomber. Et dans le cas d’une chute, toujours possible et trop souvent réelle, il ne fallait pas songer à recourir de nouveau au baptême, puisqu’il ne se réitère pas ; mais alors quel parti prendre ? Traiter la chute des fidèles comme une chose indifférente ou sans importance ? Ce fut la solution de quelques hétérodoxes condamnés par Hermas comme des casuistes sans conscience, de vrais docteurs du mal, Sim., ix, 19, Opéra Pat. apost., édit. Funk, t. I, p. 538, et par saint Irénée, comme des hérétiques ou des cyniques. Cont. User, I, 6, 3 ; il, 32, 2, P. G., t. vii, col. 508, 828. Exiger de la part des fidèles, par un rigorisme excessif, aussi dangereux que faux, la nécessité de la continence, et imposer ainsi l’héroïsme comme un devoir ? Quelques esprits exagérés ne s’en firent pas faute. L’ascétisme absolu, intégral, tel qu’il se manifeste dans la littérature apocryphe, l’Évangile selon les Égyptiens, les Acla Pétri, les Acla Thomse, les Acta Pauli et Theclæ, devint la prétention des encratites et même celle de quelques fidèles, au cœur généreux, mais à l’esprit étroit. Voir t. I, col. 362. C’était mutiler l’œuvre du Christ en rendant inutile le sacrement de pénitence. De là les tentatives d’Hermas pour rendre l’espoir au baptisé qui avait le malheur de succomber ; pour démontrer que tout péché a droit au pardon s’il est l’objet d’un repentir sincère et qu’il reste au pécheur un moyen de rentrer en grâce et d’assurer son salut compromis. Cf. J. Réville, La valeur historique du Pasteur d Hermas, Paris, 1900 ; M’J r Batiffol, dans Éludes d’histoire et de théologie positive, Paris, 1902, p. 47 sq. De là, dès l’apparition du montanisme, les décisions de l’Eglise pour affirmer et préciser le rôle de la pénitence dans la réconciliation des pécheurs. C’est dire qu’à la discipline baptismale dut s’ajouter, comme un complément nécessaire, la discipline pénitentielle, chargée, après le baptême, de réparer la chute des fidèles. Comment, dans quelle mesure, par quels moyens, au milieu de quelles difficultés, c’est ce dont il sera question à l’article consacré au sacrement de pénitence.

Plus tard, Jovinien prétendit que les baptisés ne peuvent être tentés par le diable, ni pécher ; il soutenait ainsi l’impeccabilité postbaptismale. Cf. S. Ambroise, Epist., lxiii, 22, P. L. t. xvi, col. 1196 ; S. Augustin, Hær., 82, P. L., t. xlii, col. 45. Mais saint Jérôme prouva que les baptisés n’ont pas ce privilège, il réfuta les arguments proposés par Jovinien, et il cita de nombreux passages scripturaires pour faire voir que les baptisés peuvent non seulement être tentés, mais encore succomber. Le remède est dans la pénitence. Adv. Jovin., 1. II, 1-4, P. L., t. xxiii, col. 281-288. Sa conclusion lut quod, excepto Deo, omnis creatura sub vilio sit, non quod universi peccaverint, sed quod peccare possint et similium ruina, stanlium metus sit. Ibid., 35, col. 333. Julien d’Éclane, ayant prétendu que l’évêque d’Hippone renouvelait l’erreur de Jovinien, saint Augustin réfuta cette calomnie et affirma que le chrétien non solum potest peccare post baptismum, verum etiam quia et bene reludans concupiscentise carnis aliquando ab ea trahit ir ad consensionem, et quant vis venialia, tamen aliqua peccata committit. Op. imperf. cont. Julian., 1. I, 98, 101, P. L., t. xlv, col. 1114-1115, 1116-1117. L’erreur de Jovinien a été aussi réprouvée par Pelage, Confessio scu libellus fidei, 25, P. L., t. xlviii, col. 491, et par Julien d’Éclane, Libellus fidei, I. III, 8, ibid., col. 520. Cf. Haller, Jovinianus, etc., dans Texte und Untersuch., nouv. série, Leipzig, 1897, t. il, fasc. 2, p. 19-20, 86, 95, 97101, 105, 133-142.

Infusion de la gràce et des vertus surnaturelles et droit à l’héritage céleste.

Baptisés, nous sommes illuminés, dit Clément d’Alexandrie, Pœdag., I, 6, P. G., t. viii, col. 281 ; illuminés, nous sommes des fils d’adop-