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CANADA (PROTESTANTISME)


siennes. Lorsqu’en 1843 se forme en Ecosse la libre Église protestante d’Ecosse (Free protesting Church), qui se sépare de l’Église établie dont elle condamne la servilité à l’égard de l’autorité civile, aussitôt la même division éclate parmi les presbytériens des provinces maritimes, et tandis qu’au Nouveau-Brunswick la majorité reste fidèle à l’Église établie, dans la Nouvelle-Ecosse elle se rallie à l’Eglise libre ; dans Ontario, sur 68 ministres, 23 se prononcent pour l’Église libre. En 1844, il y avait au Canada 265000 presbytériens et 185 ministres.

Entre 1845 et 1875 un mouvement de rapprochement se produit entre les divers rameaux presbytériens. Dans les provinces maritimes toutes les sectes affiliées à l’Église d’Ecosse s’unissent entre elles, vers 1808, tandis que les rameaux de l’Église libre s’allient avec les autres dissidents. Un mouvement semblable se dessine dans Ontario, et aboutit en 1861 à l’organisation du synode de l’Église canadienne presbytérienne.

Enfin en 1875 presque toutes les Églises presbytériennes Concluent une union générale. Pour arriver à cette entente, elles ont dû s’arrêter à des points admis par tous et rédigés en trois articles qui forment la base de leur union. Les voici : 1° les Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament étant la parole de Dieu sont la seule règle infaillible de la foi et des mœurs ; 2° la Confession de foi de Westminster constituera la règle de subordination de cette Église ; le grand et le petit catéchismes seront adoptés par l’Église et désignés pour servir à l’instruction du peuple. Il est bien entendu que rien de ce qui est contenu dans les susdits confession et catéchisme touchant l’autorité civile ne sera regardé comme sanctionnant aucun principe ou opinion en désaccord avec la pleine liberté de conscience en matière religieuse ; 3° le gouvernement et le culte de cette Église seront conformes aux principes et à la pratique reconnus dans l’Église presbytérienne, ainsi que le porte la « Eorme du gouvernement de l’Église presbytérienne » et le « Directoire du culte public de Dieu ». On le voit, cette base est assez large pour prêter à une union extérieure qui n’exclut presque aucune division de croyances. Depuis, les presbytériens du Dominion ont augmenté d’année en année. En 1897 ils étaient 800000 et avaient 1 179 ministres. Aujourd’hui ils sont 850000 et comptent i 300 ministres, répartis dans 6 synodes. Ils ont des missions aux Nouvelles-Hébrides, à la Trinité, en Corée, aux Indes et en Chine.

Méthodistes.

La secte des méthodistes compte un peu plus d’un siècle au Canada, et déjà, parmi les sectes protestantes, elle est devenue la plus nombreuse (017000). Elle apparut d’abord dans les provinces maritimes vers 1779. Quelques familles l’apportaient d’Angleterre. Ellese recruta parmi les soldats nombreux qu’entretenait le gouvernement dans la Nouvelle-Ecosse et bientôt parmi les loyalistes, si bien qu’à la mort de John VVestey (1791) elle avait trois foyers dans la Nouvclle-Écosse.

Jusqu’en 1828, le nrv’thodisme au Canada vécut sous la tutelle des conférences méthodistes des Etats-Unis et sous la forme épiscopalienne que Westey avait cru devoir adopter pour l’Amérique, lies 1794, la Conférence île NewYork lit du Canada un district particulier relevant d’elle. En I8K), elle en érigea deux : Haut-Canada el Bas-Canada. Les méthodistes n’étaient alors que 2863. La gui rre de 181-2 ayanl éclaté, les citoyens américains des États-Unis reçurent des autorités anglaises l’ordre de repasser la frontière : parmi eux la plupart des ministres méthodistes. Les divisions politiques ameim ren en 1824, l’eiection d’uni’Conférence canadienne ;

t. quatre ans plus tard, 1828, l’organisation du méthodisme canadien en Église distincte.

Néanmoins, les attaques contre la secte nouvi Ile

ient nombreusi Les anglicans, l’évéque Strachan

en tête les accusaient de sympathie pour la république

américaine contre l’Angleterre et leur disputaient dans l’Assemblée législative le droit de célébrer les mariages, de posséder des immeubles pour leurs réunions, refusant de reconnaître leur existence légale. Sous ces inlluences et sous d’autres, les méthodistes, au moins en très grande quantité, s’agrégèrent à la Conférence britannique (1834) et en acceptèrent la forme presbytérienne ; tandis qu’un fragment, tout en se proclamant indépendant des États-Unis, préféra garder la forme épiscopalienne.

Depuis, les méthodistes sont allés se multipliant surtout dans la province d’Ontario, où ils sont près de 700000 sur 917 000 dans tout le Canada. Leurs sectes sont nombreuses. Nommons la secte westeyenne, organisée par Elder Ryan en 1829. Séparée de la Conférence d’Angleterre en 1840, unie de nouveau en 1847 ; accrue en 1854 et 1874 de plusieurs autres sectes, elle porte aussi aujourd’hui le nom d’Église méthodiste du Canada et compte un nombre d’adhérents de beaucoup plus considérable que celui des autres sectes. Nommons encore l’Église méthodiste épiscopalienne, l’Église primitive méthodiste, enfin l’Église libre méthodiste et L’Église chrétienne de la Bible.

Les doctrines des méthodistes n’ont rien de particulier au Canada. Elles sont celles de Westey sur la justification, le témoignage de l’Esprit et la sanctification.

Ils ont plus de 1 900 ministres répartis entre les 8 conférences que renferme le Dominion. Ils tiennent une conférence générale tous les 4 ans dans un lieu déterminé à l’avance. Les délégués sont des ministres el des laïques en nombre égal. Les élus ont plein pouvoir ; cependant ils doivent respecter les points suivants : 1° ne changer, ni altérer aucun article de religion, ni établir aucune règle nouvelle de doctrine contraire à ce qui est actuellement établi ; 2° ne point toucher au système de l’amovibilité des ministres ; 3° ne rien changer aux règles de la société qu’aux trois quarts des voix ; ne rien changer à la base de l’union en ce qui regarde la constitution, les droits et privilèges des ministres et des laïques qu’aux trois quarts des suffrages. Outre cette conférence générale, il en est de particulières et annuelles qui s’assemblent dans chaque division territoriale, appelée conférence. Il y a de plus les assemblées de districts ; et encore, des comités, des sociétés, soit pour aviser aux nominations, soit pour fixer les émoluments, soit enfin pour promouvoir l’extension de la secte et de ses œuvres.

4° Baplist.es. — Leur centre est dans les provinces maritimes où leur nombre atteint 13O0C0 ; alors qu’ils ne sont que 116 000 dans Ontario. Ils paraissent être venus au Canada de l’Ile de Jersey vers 1700. Ils se propagèrent lentement. En 1774 ils avaient 4 temples dans ces contrées. En 1800 se forma leur première association. Ils en eurent deux en 1821, l’une pour la Nouvelle-Ecosse, l’autre pour le Nouveau-Brunswick. Plus tard (1847), cette dernière province se divisa en deux associations, l’une pour l’Est, l’autre pour l’Ouest ; et la Nouvelle-Ecosse en trois : l’Est, le Centre et l’Ouest. En IS97, les baptistes avaient 405 temples dans les provinces maritimes et 496 dans le reste du Canada. Dans la province de Québec, ils n’ont jamais pu s’implanter profondément ; et le recensement de 1901 indique qu’ils n’y sont qu’au nombre de 8 480.

III. ÉTAT Ai. M il. DES SECTES. — A ces seeles protestantes, les principales au Canada, s’en ajoutent un grand nombre d’autres moins importantes : luthériens, COngrégationalisteS, disciples du Christ, frères unis dans

le Christ, adveniisies, quakers, universalistes, unitariens et d’autres encore. Toutes ces sectes prises ensemble forment à peu près les 58 100 de la population Canadienne ; les catholiques seuls en lui nient les 42, 1U0.