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une cause de décadence et de corrnplion plutôt que d’accroiubement. Charlevoix, Histoire de "’* France ; Faillon, Histoire de la colonie française en Canada, t. iii, p. 210 ; Lettres de Marie de l’Incarnation, lettre i.xxiii : liaillj de Taurines, La nation cana--, -, in-12, Paris, 1894, p. 12 ; Ferland, Court d’histoire du Canada, t. n. p. 12 ; Le Clercq, Établissement de la foi dans la Nouvelle-France, 2 in-12, Paris, 1690. Au nom de M ; r de Saint-Vallier se rattache la fondation de I hôpital général de Québec, œuvre i ; ui coûta à son fondateur beaucoup d’argent et encore plus de soucis. M-> de Saint-Vallier et l’hôpital général de Québec, w 8°, Québec, 1882. Nous avons dit plus haut-que le séminaire et les cures avaient été unis par M : i r de Laval. Le nouvel évoque rompit avec cet état de choses et, par un arrêt du conseil d’État du Il février 1692, il obtint que désormais le séminaire s’occuperait seulement de former le clergé, et, par exception, de pourvoir aux missions, qu’aucune cure ne lui serait unie à l’avenir sans l’approbation de l’évéque. Il obtint de plus que les 8000 livres que le roi donnait annuellement, sur son domaine d’Occident, pour suppléer à Insuffisance des dimes, allassent par tiers au séminaire, aux curés et aux églises. S’il n’était fastidieux d’y revenir, nous parlerions ici des querelles de l’évéque et du gouverneur, M. de Frontenac, au sujet de la vente des liqueurs aux sauvages. Entre l’autorité civile et le pouvoir ecclésiastique ce fut là une source intarissable de discussions pendant toute la domination française.

En 1690, l’amiral anglais Phipps avait attaqué Québec avec 32 vaisseaux. Frontenac pourvut à la défense, tandis que l’évéque exhorta, dans une lettre pastorale, les Canadiens à se conduire vaillamment en se conliant en la sainte Vierge. Apres d’inutiles efforts, les Anglais disparurent ; et le prélat, pour accomplir un vœu, dédia à X.-f). de la Victoire l’église de la basse ville. Debout encore, elle reste comme un monument de la protection du ciel.

Rapportons encore à cette période la construction du palais épiscopal de Québec, la publication d’un catéchisme pour le diocèse, l’établissement des conférences ecclésiastiques, la tenue des premiers synodes, et la fondation, à. Montréal, d’un hôpital général et des frères hospitaliers de Saint-Joseph ou frères Charon (1700). L’ère des grandes missions est passée ; cependant de la Molhe-Cadillac avec cent Canadiens et un missionnaire fonde la ville et la colonie de Détroit (1700). Le séminaire de Québec envoie des apôtres aux Tamorois, entre la rivière des Illinois et l’Ohio ; les récollets prennent les missions de l’île Royale ou Cap-Breton. De leur côté, les jésuites évangélisent les Miamis, les Sioux. les Outaouais, les Illinois et se maintiennent parmi les Iroquois, sinon pour y cueillir des fruits nombreux, du moins pour dissiper les préjugés de ces peuples contre les Français, les empêcher de pactiser avec les Anglais de la NouvelleYork et procurer ainsi la sécurité de la religion an Canada.

L’époque est en effet venue des assauts furieux et répétés de l’Angleterre et de ses colonies, c’est-à-dire du protestantisme, contre la petite colonie catholique dont le gouvernement français, imprévoyant de l’avenir, se désintéresse de plus en plus. Dès la fin du xviie siècle ont cessé les émigrations vers la Nouvelle-France. <*n ne voit plus de ces grands convois faisant voile vers I Amérique toul chargés de populations nouvelles pleines de foi et d’énergie. La colonie ne compta plus pour s’accroître que sur sa propre vigueur et sur quelques immigrations individuelles. En dépil des guerres qui marquèrent le début du xviir siècle, la population canadienne s’élevail en 1718 à 18000 âmes ; el le recensement de 1739, le dernier qui fui hit sous la domination française, nous la montre atteignant le chiffre de 12000, Celait bien peu pour résister à un adversaire qui comp tait, en 1708, 202000 individus, et qui allait croisant chaque année par de continuelles immigrati ras. I. die Burtout était bible, ta population atteignant* peine 2000 habitants d’origine française.

Contre elle se portèrent toul d’abord les efforts de la Nouvelle-Angleterre. Apn a avoir r< sistédeux foien 1704 et en 1707, Port-Royal fut pris 1710) el trois ans plus tard le traite d’Utcechl 1713 cédait à l’Angleterre l’Acadie, Terre-Neuve et la baie d’Hudson.

La terre acadienne avait vu dès 1604 des missionnaire français se lixer sur ses tivei parmi les Micmacs et les Abénakis. Plus tard étaient venus les jésn i col lets et les Pères pénitents. De 1685, < l’époque d dispersion violente des Acadiens par Lawrence en 1 les missionnaires de cette contrée appartinrent surtout à Saint-Sulpice et au séminaire de Québec. Leur succession n’y fut jamais interrompue. Ils furent jusqu’à six à la fois. Parmi les plus célèbres citons MM. Geoffroy, Baudoin, Trouvé, de Brestay, Métivier, de la Gondatie, de Miniac. Chauvreux et Desenclaves, tous prêtres de Saint-Sulpice ; Petit, Thury. Gaulin, du séminaire de Québec. Les jésuites eurent aussi une mission chez les Abénakis du voisinage, et un de leurs missionnaires, le P. Rasles, fut tué par les Anglais. Charlevoix, Histoire de laNouoelle-France, t. ii, 1. XX. La population catholique française, soutenue et consolée par son cl s’était multipliée en dépit des persécutions des Anglais. En un demi-siècle elle s’était portée de 2000 à près de 15 000. bbé Casgrain. Les sulpicient en Acadie, Québec, 1897 ; ld., Un pèlerinage au paysd’Évangeline, Québec, 1888 ; Ed. Richard. Acadia, 2 in-12. Montréal, 1*895. Il serait trop long de rappeler ici par quelle suite de vexations les Acadiens. à qui le traité d Ttrecht avait permis de se retirer ailleurs, s’ils le voulaient, la cession de leur pays à l’Angleterre, à qui peu après la reine Anne avait accordé la libre possession de leurs biens, s’ils consentaient à rester, furent graduellement préparés, par des gouverneurs tels que Nicholson (1714), Caulfield (1716), Pbilipps (1720), Armsti aux

violences inouïes et froidement calculées qui ont voué la mémoire de Lawrence à l’exécration de l’humanité et qu’a immortalisées Longfellow dans son touchant poème A’Êvangeline. Ed. Richard. Acadia Hist linsks of a lost chapter of American histonj, 2 Montréal. 1895.

Pendant que se déroulaient ces événements douloureux pour la religion, le Canada jouissait d’une paix relative. Mais l’on pressentait de toutes parts que les effoi l’Angleterre et de ses colonies se porteraient bientôt conti e ce boulevard de la foi catholique. Au lieu d’envoyer des hommes, la France s’obstinait à construire à grands frais d’inutiles fortifications à Louisbourg et à Québec. En vain, des gouverneurs, comme de Vaudreuil et de la Galissonnière, réclamaient-ils des convois de colons. Le ministère avait d’autres vues et préférait des forlep Isidore Lebrun. Statistique dès deux Canadas, in-S", Paris, 1835 ; Gaillv de Taurines, La nation cauadt, p. 32.

En 1713, Ms » de Saint-Vallier, après 13 ans d absence, dont 5 de captivité en Angleterre, était revenu à Qui Il vécut jusqu’en 1727. soutenant par ses lettres et ses visites les missionnaires et les fidèles de son vaste diocèse, qui s’étendait de Terre-Neuve à la Louisiane. Il fit de riches donations aux divers établissements du pays. On les a évaluées à 600000 livres. Son successeur. M » « Duplessis-Mornay, n’alla jamais au Canada. Il gouverna son diocèse par un administrateur. Ses infirmités l’obligèrent à démissionner en 1733. Il fut remplace par

M Dosquet Le nouvel évéque avait été sulpici membre de la communauté de Montréal. Sur le conseil 1 de M. Tronson, il s’était donné aux Hissions étran

qui manquaient de sujets, et c’est là qu’on l’avait pris

pour l’élever sur le siège de Québec Il s’appliqua sur-