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CAMPANELLA

O

, la hâte et t ujouradans la fièvre ; sa borne est rude

et négligée ; il n’; i pas le sens de l’art. Par contre il est mreus el énerf ique, i mule quelque fois en des traita pénétrants ; et set | nies phi losophiques pour le fond, renferment des mots de génie. L’étendue de ses connaissances es) énorme, mais elle est chaotique, comme chez beaucoup de ses contemporains. Il a abordé tous les domaines de la philosophie et de la science, sauf les mathématiques.

Quoi qu’il ait pu en penser lui-même, Campanella n’a pas créé de système philosophique original. Sa philosophie est composite, et, sous des noms nouveaux, on retrouve des idées et des théories déjà vues. Il se réclame souvent de saint Thomas, mais quelquefois bien à tort. Sa foi tenace dans l’astrologie, qu’on retrouve chez la plupart des hommes de la Renaissance, est une des faiblesses de son esprit. Ses idées et ses écrits politiques ont plus spécialement arrêté l’attention des écrivains modernes ; et peut-être cette partie de son œuvre est-elle la plus personnelle et la plus neuve. Il est vrai que sur ce terrain on se trouve en présence d’un grave problème, déjà longuement débattu, mais non encore élucidé. Les uns croient à la réalité de sa conspiration et à ses projets de république universelle dont la Cité du soleil aurait été le code social. D’autres, en acceptant le jugement rétrospectif de Campanella lui-même, voient dans ses tribulations la conséquence de son caractère .aventureux et de ses idées novatrices ; et, pour eux, la Cité du soleil, comme l’Utopie de Thomas Moore, n’est qu’une fiction philosophique. Les deux points de vue ne manquent d’ailleurs pas de vraisemblance.

Mais là où Campanella se place au premier rang, c’est dans le mouvement qui a ramené à l’étude des sciences de la nature. Campanella a le culte passionné de l’observation et de l’expérience. Il ne veut d’autre base à la philosophie que la connaissance du monde, qu’il appelle le livre de Dieu. Il a, comme beaucoup de ses contemporains, des illusions sur ce que peut la science en face de l’univers ; mais il n’en a pas moins dépensé son activité et ses forces à créer le grand courant qui a abouti à nos connaissances modernes du cosmos et de l’ordre social. Dans ce domaine, on doit rappeler sa défense énergique de Galilée, parce que, au dire d’Amabile, le grand historien de Campanella, elle fut la meilleure, et qu’elle contient, de fait, des vues d’une rare pénétration et d’une grande justesse.

A son culte passionné de la nature, Campanella a joint une antipathie égale contre les doctrines d’Aristote. Pour lui le péripatétisme, c’est ce qui cache la vérité à l’esprit humain, et personne ne s’est employé plus que lui à renverser la philosophie régnante dans les écoles. A ce titre, Campanella est encore un homme de la Renaissance ; mais sa passion contre Aristote est injuste et peu clairvoyante, car nul n’a le droit d’ignorer qu’aucun penseur de l’antiquité n’avait proclamé plus haut que le fondateur du Lycée le principe de l’expérimentation comme base des connaissances humaines, et n’avait fait autant que lui pour la création des sciences naturelle-. Rectifier les idées erronées d’Aristote, en maintenant l’observation et l’expérience à la hase de l’étude de la nature, c’était demeurer fidèle à sa méthode et continuer sa pensée.

Campanella s’est efforcé d’appliquer à la théologie ses idées réformatrices. Cette Bcience doil s’établir, d’après lui, selon le livre des Écritures et le livre de la nature, les deux livres de Dieu. Sun essai de théologie d’après les sciences n’a pas vu le.jour, bien qu’il soit écrit, en partie du moins. Toutefois il a publié son manifeste dans le De gentilismo non retinetldo, où il s’etloive de

dégager la théologie de la philosophie païenne, surtout de celle d’Aristote. L’Atheitmua triumphatut est une apologétique conçue Belon ses idées, en viie des besoins

religieux Bpéciaux à son temps. Elle a un cachet d’un

modernisme et marque une étape dans l’histoire de l’apologétique. Enfin, Campanella a écrit un ouvi sur la prédestination et les questions connexes. Cet écrit e-t né a l’occasion di : ionDeauxiliU. Cam panella prend position entre le thomisme 1 1 le molinisme. Il rejette la prédestination ante / rita

ci les prédéterminations du premier ainsi que la science moyenne du second. Pour lui. Dieu veut sauver tous les hommes. Il donne à chacun une grâce ou secours commun que la volonté rend efficace ou non par l’usage du libre arbitre. Quant à la manière de sauvegarder la science divine à l’égard de faits singuliers contingi qui ne trouvent d’aucune façon en Dieu leur racine, il croit y donner une satisfaction suffisante par sa théorie de la présencialité des choses dans l’éternité dhine, pour laquelle tout est présent. Campanella n’a oublié qu’une chose, toute capitale qu’elle est : c’est d’établir que les choses peuvent être présentes à Dieu autrement que par le moyen de la causalité, en vertu de laquelle la cause première produit, et par suite détermine, tout ce qui a raison de cause seconde.

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>, , lla ne’rastelli, li NapOtt, lit Homa ed in Porigi.i m-s -. 1^s7 ;

ki. /Vu Tommaso Pignatelli, la sua congiurae lasuamorta,