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CAMISARDS — CAMPANELLA


Victime ? des camisards, récits, discussion, notices, documents, Paris, 1904.

F. Vernet.


CAMPANELLA Thomas. -
I. Vie. II. Écrits. III. Doctrines.

I. Vie.

Campanella naquit à Stilo, en Calabre, le 5 septembre 1568. Il reçut au baptême le nom de Jean Dominique, et celui de Thomas quand, vers l’âge de 14 ans, il entra dans l’ordre des frères prêcheurs. Novice et étudiant dans divers couvents de sa province, spécialement à Nicastro et à Cosenza, il donna des signes de la précocité de son intelligence, en même temps que de l’indépendance de son caractère et de son esprit. En 1590, il est à Naples, où il publie, à l’âge de 22 ans, son premier ouvrage, Philosophia sensibus demonstrata, un manifeste en faveur de la philosophie naturaliste de son compatriote Bernardino Telesio. Nous le trouvons à Rome en 1591-1592, puis à l’université de Padoue du mois d’octobre 1592 jusque vers la fin de 1594. La hardiesse de ses idées lui crée de graves difficultés, qui le mènent à Rome devant le Saint-Office, où il est retenu jusqu’au mois de novembre 1597, étant alors absous. Il rentre en Calabre et habite le couvent de Stilo. A la fin du mois d’août 1599, une conspiration contre le gouvernement espagnol est découverte. Campanella est arrêté, le 6 septembre, et est considéré comme le chef de la conjuration. Un procès commence en Calabre contre les inculpés ecclésiastiques et laïques, et est repris à Naples. Campanella est accusé d’avoir voulu renverser la domination espagnole pour lui substituer le régime républicain. Divers chefs d’accusation d’hérésie sont en outre articulés contre lui. Un procès ecclésiastique et politique est conduit simultanément contre Campanella, mais le premier domine le second. Le 8 janvier 1603, il est condamné, au nom du Saint-Office, à la prison perpétuelle. Il est laissé dans les prisons de Naples jusqu’au mois de mai 1626, où il est élargi, mais pour être bientôt transporté à Rome, et remis entre les mains du Saint-Office. Le 6 avril 1629, il est rendu à la liberté. Une nouvelle conjuration ayant éclaté en Calabre, conduite par un disciple de Campanella, Thomas Pignatelli, l’ambassadeur de France à Rome, le marquis de Noailles, et le cardinal Barberini font partir Campanella pour la France, le 8 septembre 1631, afin de le soustraire à de nouvelles difficultés. Il habite à Paris le couvent dominicain de Saint-Honoré, demeure au service de Richelieu et du roi de France dont il reçoit une pension, ainsi que du pape. Il meurt le 21 mai 1639.

II. Écrits.

L’activité littéraire de Campanella a été considérable. Il avait composé des vers dès l’âge de 12 ans et publia, à 22 ans, son premier ouvrage philosophique. Il ne cessa d’écrire au milieu des agitations de sa vie, et pendant ses emprisonnements où on lui laissa une liberté relative. Un assez grand nombre de ses écrits sont restés inédits, soit pour avoir été confiés à des amis négligents, soit pour avoir été confisqués par le Saint-Office, soit pour d’autres causes. On a surtout édité do notre temps des écrits politiques et des lettres de Campanella. Il existe encore des ouvrages importants à l’état manuscrit.

Campanella avait lui-même communiqué à quelques-uns de ses amis des catalogues de ses œuvres. Jacques Gaflarel eu publia un sous ce titre : Th. Campanella de reformationc scientiarum index, Venise, L633 ; et Gabriel Naudé, un autre : Th. Campanella de libris propriis et recta ralione ttudendi syntagma, Paris, 1642. Ce dernier a été réédité plusieurs fois : Amsterdam, 1645, dans A. Grotii et aliorum dissertationes de êtudiis instit uendis ; Leyde, 1696, par Th. Crentus ; F. Malfitani, Th. Campanella de libris propriis et recta ralione studendi syntagma, con un discorso preliminare sulla vitue suite dottrine di Campanella,

Potenza, 1887. Campanella a lui-même dressé un autre catalogue de ses œuvres en vue d’une édition distribuée en dix volumes, mais qui ne fut que partiellement réalisée (Ralionalis philosophia pars quarta, Paris, 1638, p. 259, reproduit par d’Ancona, t. i, p. cccxxxvi). Quétif-Echard ont aussi élaboré de bons catalogues, bien qu’incomplets. Berti donne une suite de 88 écrits tant imprimés que manuscrits. Lettere inédite, p. 71-83. Enfin Amabile, dans ses deux importants ouvrages sur Campanella, fournit divers détails sur le nombre, la date et la nature des compositions de ce philosophe.

Nous signalerons seulement ici les œuvres philosophiques les plus importantes, et celles qui ont trait à la théologie. 1° Philosophia sensibus demonslrata, adversus eos, qui proprio arbitratu, non autem sensata duce natura, philosophati sunt, in-4°, Naples, 1591 ; 2° Prodromus philosophia instaurandæ, in-4°, Francfort, 1617 ; 3° Philosophise rationalis partes quinque, videlicet : Grammatica, dialectica, rhetorica, poetica, historiographia, Operum, t. i, in-4°, Paris, 1538 ; 4° Realis philosophia epilogisticse partes quatuor, hoc est, de rerum natura, hominum moribus, politica (cui Civitas solis jinicta est) et œconomica, in-4°, Francfort, 1623 ; 5° Disputationum in quatuor partes sua philosophia realis, Operum, t. ii, in-fol., Paris, 1637 ; 6° Medicinalium juxta propria principia libri septem, in-4°, Lyon, 1635 ; 7° Astrologicorum libri sex ; de siderali fato vitando, in-4°, Lyon, 1629 (aussi avec la date 1630) ; Francfort, 1630 ; 8° De sensu rerum et magia, in-4°, Francfort, 1620 ; Paris, 1637, suivi de : 9° Defensio libri sui de sensu rerum ; 10° Universalis philosophia seu melaphysicarum rerum juxta propria dogmata libri XV11I, t. iv, Operum, in-fol., Paris, 1638 ; 11° Civitas solis, pnetica idea Reipublica philosophica, Utrecht, 1643, trad. italienne, in-16, Lugano, 1850, et dans Ancona ; trad. française, dans Colet ; 12° Monarchia Messia, compendium in quo, per philosophiam divinam et humanam, demonstrantur jura summi pontifiais super universum orbem, in-4°, Jesi, 1633 ; 13° Délia libertée délia f élire suggettione allô stato ecclesiastico, in-4°, Jesi, 1633 ; 14° De monarchia hispanica discursus, in-24, Amsterdam, 1640 ; souvent réimprimé ; dernière édition, Berlin, 1840 ; 15° Apologia pro Galileo mathemalico Florentino, ubi dùquiritur, utrum ratio philosophandi, quam Galileus célébrât, faveat Scripluris, an adversetur, in-4°, Francfort, 1622, et dans le t. v des œuvres de Galilée, « ’dit. Alberi, Florence, 1853 ; 16° Scella d’alcune poésie filosofiche, in-4°, s. 1. [1622] ; 17° Poésie filosofiche, édit. G. G. Orelli, in-8°, Lugano, 1834, réédition dans d’Ancona. Un grand nombre d’autres poésies dans Amabile, Fra T. Campanella, la sua congiura, t. iii, et corrections des anciennes dans Amabile, Il codice, etc. ; 18° les lettres de Campanella se trouvenl dans les publications citées plus bas de Baldacchini, d’Ancona, Centofanti, Berti et Amabile ; 19° Atheismus triumphatus, seu reductio ail religionem per scientiarum veritates, in-4°, Rome, 1(531 ; Paris, 1(53(5, suivi de : 20° Disputatio contra murmurantes citra et ultra montes, in huilas SS. Pontificum Si.rti V et Urbani VIII adversus judidarios éditas ; 21° De gentilismo non relinendo (réédité, în-8°, Paris, 1693) ; 22° De pradestinatione, electione, reprobatione et auxiliis divinagratiæento thomisticus ; 23° les écri t s théologiques de Campanella sont restés inédits, et sitrouvent, linéiques autres, aux archives générales « les dominicains, à Rome.

III. Doctrines.

Campanella occupe une place importante dans l’histoire de la philosophie de la lienaissance. On tendait jadis à amoindrir son rôle, aujourd’hui on l’exagère peut-être ; mais l’exagération, il est vrai, porte sur toute une catégorie de penseurs de

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II y a peu à dire sur Campanella l cm. un. Il con l]