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CAMISARDS
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expressif : <.le tous prie de vous repentir, car votre vie est courte, à cause que vous avés lail garde contre les Enfants de Dieu pour garder ses faux docteurs ; mais vous périrés et ions ceux <|ui onl fait garde… Dieu nous commande à vous détruire. Histoire générale de Languedoc, i. xiv. col. 1585 : Tel lui l’état d’âme créé par li is prophètes ; non seulemi ni on se repaissait de chimériques espérances, mais encore on croyait agir sous l’impulsion de Dieu et, parce que Dieu a commandait à détruire », on détruisait sans pitié ni merci.

Que faut-il penser de la sincérité des prophètes ? Le célèbre Antoine Court, le « restaurateur du protestantisme en France », qui les combattit, « J ï t a leur sujet : g J’ai vu un grand nombre de personnes, qui se disaient inspirées, de l’un et l’autre sexe ; je les ai examinées avec soin, mais je n’en ai vu aucune qui pût passer à la rigueur pour véritablement inspirée… Je lésai toujours renfermés dans deux classes : les uns m’ont paru à dessein contrefaire l’inspiration, et ce pouvait être ou di sir de gain, ou orgueil, ou fraude pie ; les autres étaient dans la bonne foi, et on ne pouvait tout au plus les taxer que d’être la dupe de leur zèle et d’une imagination échauffée par la piété, par le jeune, par l’ouïe ou la lecture des prophètes et par l’état où se trouvait l’Église de France. » Le pasteur Arnaud, qui cite ces lignes, op. cit., p. 60, est du méine avis, et, ce semble, avec raison. Comme les assemblées du disert, dit-il, « lurent présidées par des hommes sans culture que la persécution, les jeûnes, la lecture presque exclusive des livres prophétiques, les Lettres pastorales du célèbre Jurieu, qui faisait aussi des prophéties, et le manque d’écoles et de pasteurs avaient conduits à la plus grande exaltation religieuse, elles engendrèrent dans les troupeaux une piété maladive, qui, à son tour, donna naissance à l’illuminisme et à l’extase. » Une fois la guerre déchaînée, le rôle des prophètes ne pouvait que grandir. Y eut-il, dans leurs rani ; s, « des émissaires étrangers, cherchant à produire une sédition en France, comme nous avons vu des Arabes prêcher la guerre sainte en Algérie pour le compte des puissances européennes C’est ce qu’on pourrait se demander, avec Roschach, lue. cit., p. til I. Fn tout cas, il est plus difficile de considérer comme sincères les meneurs de la révolte, un Cavalier, un Roland, un Catinat, tin Ravanel, prophètes et soutiens des prophètes, que la plupart des comparses, enfants et femmes, qui figurèrent dans ces événements.

Une autre question qui se pose à propos des camisards est la suivante : Dans ces phénomènes prophétiques y eut-il du surnaturel’.' llip. Iilanc, De l’inspiration des camisards, Paris, 1859, a soutenu l’affirmative. « Des phénomènes prodigieux se sont manifestés chez les camisards, dit-il, p. 181 ; ces phénomènes sont certains : la médecine est impuissante à les expliquer ; ils sont dus, par conséquent, à une cause surnaturelle ; mais à coup sur le Saint-Esprit n’en est pas l’auteur ; » la conclusion, c’est qu’ils doivent être attribués au démon. Cf., dans le même sens, Gôrres, La mystique divine, naturelle et diabolique, trad. Ch. Sainte-Foi, Paris, 1855, t. v. p. 108-107 ; J.-E. de Mirville, Des espritset de leurs manifestations fluidiques. Pneumatologie, 3* « ’ « lit., Paris, 1854, p. 147-158. Ceci est loin d’être démontré. Il semble, au contraire, que tous les phénomènes vraiment authentiques du prophélisme camisard s’expliquent aisément d’une façon naturelle ; ce qu’il a de plus étrange

Ce SOnl des cas île catalepsie aujourd’hui bien connus el

qui n’ont rien de diabolique. Du reste, les contemporains ne recoururent pas à l’intervention du surnaturel pour

rendre compte de ces faits. Si. de la Uni], mile, .lurieu prit parti pour les prophètes, admit leur inspiration et alla jusqu’à dire o que Dieu n’avoit pas fait de si grandes

s depuis que le Christian isi Stoit établi. les

hommes de sens qui étaient sur place tinrent un autre langage. Brueys, tout en admettant que le démon a a

pu quelquefois avoir inspiré les fanatiques i, voit, dans Fanatisme des prophètes (de ceux qui uni sincères), ii une maladie de l’esprit, i avant i xismes et ses accès, comme la fièvre », lacile à communiquer, l que I on guérit, comme les autres, par de6 remèdes convenables, el dont bs Bimptomes, quelques suprémans qu’ils paraissent, n’ont pourtant rien que de naturel, et dont la canse rus, , it parfaitement connue. » Op. cit., t. ii, prélace ; cl. t. I, p. 147-148. I l.’cbier très choisies, Lyon, 171.">. t. i. p.’Sri, déclare qu’il n’v a qu’à représenter cette forme de religion prophétique telle qu’elle étoit, pour faire voir qu’elle ne tu-nt aucunement du prodige, et qu’elle n’a rien d’exl dinaire que l’imagination de ceux qui l’ont inventée, la crédulité des peuples qui l’ont suivie, et l’aveuglement OU la passion des personnes qui l’autorisent ».

Tous les protestants n’applaudirent pas aux violences des camisards, et n’ajoutèrent point loi aux « visions » des prophètes ; beaucoup s’honorèrent en blâmant les unes et en méprisant les autres. Voir, par exemple, la lettre adressée par un synode protestant, tenu dans une ville étrangère, « aux fidèles des Cévennes, » et publiée par Louvreleuil, Le fanatisme renouvelé, réédit. d’Avignon, 1868, t. i. p. 127-136. Antoine Court, à qui le protestantisme est tant redevable, réagit efficacement contre l’illuminisme des prophètes. Un synode, réuni par ses soins, dans le désert, près de Nîmes, le il août 1715, et dans lequel s’assemblèrent les prédicateurs des Cévennes et du bas Languedoc, et quelques laïques, adopta, à la pluralité des voix, deux d crcls spécialement dm… s cintre le prophétisme : l’un interdisait la prédication des femmes et de toute personne non autorisée, l’autre ordonnait de s’en tenir à l’Écriture sainte comme à la seule règle de foi.

I. Sources.

On trouve des <]< cuments dans Histoire générale de Languedoc, Toulouse, IsTti. t. xiv ; A. de Buislisle, Correspondance des contrôleurs généraux avec les intendant* provinces, Paris, 1874, t. i ; A. Legrelle, La révolte des surds. Braine-le-Comte, Is ! 17. Les principaux écrivains catholiques si-nt : Fléchier, Mandemens et lettres pastoral t, I.y ii, 1712, p 12-166 (trois lettres pastorales, lune aux fidèles, la deuxième aux ecclésiastiques, la troisième aux religieuses de son diocèse). et Lettres choisies, Lyon, 1715, t. I, p. 203-00 ; Brueys, ancien calviniste, Histoire du fanatii itre temps, i

t. i ; Montpellier, 17(19. t. il ; 1713. t. ni. i v ; Louvreleuil, ci-devant curé de Saint-Germain de Calberte (dans les Cévennes), Le Janatisme renouvelé, 4 vol., Avignon, 1701-1706 ; 8’édit, A. 1868 ; Mémoires du maréchal de Villars, publiés par de Vogué, Paris, 1887, t. il, p. 145-169. Les principaux écrivains protestants sont :.lean Cavalier. Memoirs of the leurs o{ the (Crétines, !.. mires, 1726 (dictés au réfugié Galli, inexacts) ; M. Misson, Le théâtre sacré des Cévennes, Londres, 17

II. TRAVAUX.

Banier et Le Masciier. Histoire générale des cérémonies, mœurs et coutumes religieuses de tous les peuples du monde, Paris, 1741. t. iv. p. 240 248, 260-265 ; Histoire des Cévennes ou de la guerre des camisards - t de Lottt* le Grand, 3 vol., v’illefranche. 1760 ; —, mteur est A. Court de Gébelin, qui l’a rédigée d’après les manuscrits d’Antoine Court, son père) ; Ch Coquerel, Histoire des pasteurs du désert, Pans. 184) ; Alp. Dubois, Sur I : nota, Strasbourg, 1861 nlièsc de théologie) ; Edm. Hugues, Histoire de

lu restauration du protestantisme en France au xrnr siècle. Antoine Court. 2 vol., Paris, 1875 ; K. Roschach, Éludât historiques sur lu province de Langui 4700), t. III, dans Dévie et Valssete, Histoire générale de Languedoc, Ton 1876, t. mu. p- 543-912 ; O. Douen, les premiers pasteur* du

désert. 2 Vol.. Pari.-. 1879 ; F. PuSUX, Histoire de la réfOrmatUM

française, Paris, t. i : Eug. Bonnemère, Les dragonnades. Histoire des camisards sous Louis XIV, 4 <d.t. Paris. : / i Francs protestante, art. Bourbon-Mal a uz s (Arme Brousson (Claude), Castanet (André), Catinat, (.’." (Jean), Court (Antoini, Tans. 1881, 1882, iss’, . p ii, col

losT ; t. III, cl. 222-21 2, 1

siT : il. Mi nin. Essai sur F histoire administrative du l.w

endanl IHntendanci de Basville, i ira la

Grande Encyclopédie, t. viii, p. 1089-1090 ; - A, rc/ie

der Wuste. Halle. 1893, el dans Bealencyclopàdie, : édit-, Leipzig, 1897, t. m. p. Legrelle, op. cit.-, J.-B. Coudera,